Il fait froid et il y a beaucoup trop de vent pour que cette journée se passe correctement. Je suis morte crevée après avoir passé la nuit à regarder les étoiles. J'adore les nuits d'observation, c'est ma partie préférée dans mes études. Mais j'aime beaucoup moins quand elles sont suivies par une matinée de cours. Je vais être comme un zombie à essayer de suivre alors que je ne rêve que de retrouver mon lit. J'ai envisagé de sécher les cours sauf que ça ne me ressemble pas et que j'ai encore moins la motivation pour me récupérer mon retard plus tard. Alors je préfère aller en cours quitte à m'endormir sur mon banc. Juste avant, je décide de passer prendre un café, seul solution si je veux tenir plus de vingt minutes. Je me dirige vers le starbucks le plus proche, tête baissée pour faire face au vent. Je me sens pousser vers l'arrière à chaque pas mais je continue ma route. Plus vite j'arrive à destination, plus vite je récupère un café et plus vite je suis au chaud et à l’abri. Après un temps qui me semble beaucoup trop long pour un trajet aussi court, j'arrive enfin dans la boutique. Je suis directement accueillie par la bonne odeur de café et par le chauffage. Oh le bonheur. Pour un peu, je resterais ici toute la matinée à somnoler devant mon café. Il me faut une grande dose de motivation pour demander ma boisson à emporter. Un café noir pour une fois, il fait trop froid pour mon habituel frapuccino aux colorants. J'attends patiemment qu'on me serve ma boisson avant de me mettre directement à la boire, quitte à me brûler la langue. Après quelques gorgées je me retourne direction la sortie et mon cours. Vu le vent, il va me falloir un sacré temps pour arriver jusque-là. Et là, je le remarque, à moitié enfoncé sur sa chaise comme s'il voulait disparaître. Malaki. A peine je pense à lui que je me retrouve à trébucher, manquant par la même occasion de renverser mon précieux café. Je me rattrape le plus rapidement possible en espérant qu'il n'ai rien vu. C'est la fatigue. c'est juste la fatigue. J'essaye de me convaincre même si pour le moment, je n'ai aucune espèce de crédibilité. "Salut" Je m'approche de sa table pour discuter avec lui un moment en me répétant de rester détendue.

Je le vois et j'ai l'air d'une conne. Je le vois et je préférais être dehors sans le vent que d'affronter ce moment. Depuis que j'ai posé les yeux sur Malaki, à moitié enfoncer sur sa chaise pour une raison obscure, je ne cesse de me répéter de rester cool et détendue. Or je suis tout sauf cool et détendue. Je perds mes moyens, je fais n'importe quoi et je passe pour la dernière des idiotes. Café en main, je manque de me casser la figure en essayant d'avancer. Alors que ça ne me ressemble absolument pas. J'ai appris à marcher avec des talons à quatorze ans en me baladant avec un bouquin sur la tête. Là, je porte une vieille paire de baskets recouvertes de terres mais ultra confortable. Normalement aucune chance que je me casse la figure. Pourtant, c'est bien ce qui a faillit m'arriver et je sens le rouge me monter aux joues. De gêne pour mettre pris les pieds dans un tapis invisible mais aussi parce je le vois légèrement remonté sur sa chaise. Malaki, quelle connerie vas-tu encore me faire faire ? J'arrive devant sa table et lui balance un vague salut, toujours en essayant de la jouer détendue. A force de me le répéter, ça va bien finir par arriver. Je vais bien finir par rester calme en sa présence et arrêter de me comporter comme si j'avais douze ans. Ce qui n'est visiblement pas pour toute suite vu que je manque de faire tomber la chaise quand il propose de m'asseoir avec lui. "Ça va ça va." Tant pour répondre à sa question que pour me rassurer moi-même. "Et toi ?" Contrairement à Malaki, mon accent à presque disparu. La faute à Boston où je vis depuis trop longtemps maintenant. La faute aussi à moi qui ne rentre pas suffisamment souvent à la maison. Mais avec l'arrivée d'Emily sur Boston, les raisons pour aller en Angleterre sont de moins en moins nombreuses. "Je me disais bien que c'était bizarre de te voir sans Saskia. Vous êtes toujours collés l'un à l'autre normalement." Saskia et Malaki, c'était un duo. C'est ultra rare de ne pas les voir ensemble. A se demander s'ils n'ont pas marre de l'autre de temps en temps. Mais je comprends. Je comprends même très bien. On était comme ça avec Emily à une époque, avant que je ne fasse tout foirer. Je bois une gorgée de café pour me maintenir éveillée puis je souris à Malaki. "Tu n'as pas cours ce matin que tu viens boire un café ?"