Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibilityEfrain ♦ I'm in California dreaming about who we used to be,when we were younger and free
I LOVE HARVARD
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    Efrain ♦ I'm in California dreaming about who we used to be,when we were younger and free
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    Lien du postSam 10 Nov - 17:35
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    Elle avait décidé de se rendre à une conférence dont elle avait entendu parler sur la situation des homosexuels en Russie. Depuis l'enfance, elle n'avait jamais perdu son côté militant, ses convictions ou ses ambitions humanitaires. Les mêmes traits de caractère qui ont poussé sa mère à risquer à sa vie, et à le payer de sa vie.  Et donc, au grand désespoir de son père, qui a toujours voulu l'assagir et qui préférerait sans doute, qu'elle ait d'autres rêves que de vouloir sauver le monde, au bout du monde. Mais rien n'y faisait. Quelque chose en elle la poussait à être ainsi. D'ailleurs, elle était bien tentée par un prochain départ : pas plus tôt que ce matin, elle s'était renseignée sur les offres de missions humanitaires. C'était comme une drogue, comme un besoin, comme un échappatoire. Il suffisait d'un peu, d'un rien, d'un signe pour qu'elle prenne ses billets d'avion. En arrivant sur les lieux de la conférence, elle scruta la pièce à la recherche d'une place disponible. Seulement, son regard s'arrêta sur un visage qui lui semblait familier, si familier.  Cependant, son esprit pouvait lui jouer des tours, cela faisait des années qu'ils ne s'étaient pas revus, on ne sait jamais. En même temps, si c'était vraiment lui, elle ne pouvait passer à côté, tant pis, si elle se trompait, tant pis si il ne la reconnaissait pas. «Efrain ? » Ces traits n'avaient pas changé, cela ne faisait plus aucun doute, c'était bien lui.


    @Efrain Delarosa
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    Lien du postDim 11 Nov - 18:50
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    Peut-on réellement envisager d’animer une conférence sur la situation homosexuelle en Russie sans me compter parmi les auditeurs ? Non. J’ai passé tellement d’heures là-bas, sur le terrain, à prendre en charge de pauvres jeunes adultes abandonnés par toute leur famille à cause d’une vulgaire préférence sexuelle qu’il m’est impossible de ne pas faire le déplacement lorsque d’autres se décident à mettre le phénomène en lumière. Je voulais une bonne place, dans les premiers rangs pour pouvoir interpeler les intervenants en cas de besoin, d’où mon arrivée avec autant d’avance. Pas loin de trois quart d’heure à vaquer sur internet depuis mon smartphone à la recherche d’informations sur les personnes censées animer le débat. Leur nom ne me dit rien, mais leur parcours laisse plutôt admiratif. Ce sont tous des gens qui ont voyagé, certains noms sont cités par l’association qui m’a permis d’intervenir en Russie également. Il y a du solide et tout ceci me rassure, ce ne sont pas des guignols qui prétendent tout savoir qui s’avanceront d’ici quelques minutes pour prendre la parole, ce sont des gens comme moi, des gens qui ont pris une claque dans la gueule en pénétrant sur le territoire Russe et qui, depuis, ne parviennent pas à oublier… A se dire qu’une telle situation est encore envisageable en 2018. Nos actions sont peut-être minimes à l’échelle d’une société toute entière, mais il n’existe aucun feu qui puisse prendre sans une petite braise pour l’allumer. Une voix m’interpelle et m’arrache à mes pensées, je relève la tête, délaisse mon écran du regard et… « Nyssa ?! » Jamais je n’aurais cru la retrouver ici, jamais je n’aurais imaginé la retrouver dans un tel contexte. J’ai du mal à trouver le bon moyen de réagir, d’exprimer ma joie de la revoir. Il y a tellement d’eau qui a coulé sous les ponts. Pour autant, je choisis d’écouter mon cœur, me redresse et la prend dans mes bras. « Il y a tellement longtemps, comment tu vas ? »
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    Lien du postMar 27 Nov - 13:54
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    En venant ici aujourd'hui, tu ne t'attendais pas à le retrouver ici. Efrain, il représentait beaucoup pour toi. Pas seulement pour l'attachement que tu avais pour lui, mais pour tout ce qu'il représentait : sa liberté, son engagement, son envie de rendre le monde meilleur, l’enfance. Secrètement, quand tu étais enfant, il représentait un peu ton prince charmant idéal, ton amoureux secret, ton double certains diraient même. Puis, la vie en avait décidé autrement, tu en avais décidé autrement : si tu faisais ce que tout le monde attend de toi, tu ne serais pas Nyssa sinon. Tu étais libre comme le vent. Revoir Efrain te replongeait des années en arrière. Vous étiez restés en contact ces dernières années, notamment pour les grands événements. Tout comme avec sa mère avec laquelle tu avais encore des contacts réguliers. Tu suivais Efrain au travers des réseaux sociaux et admirais ses combats pour un monde meilleur, luttant contre les injustices. Alors, tu ne t'attendais pas à le voir là aujourd'hui, tu le pensais sur le terrain. Il n'avait pas changé, il avait conservé des traits de son enfance. Le revoir, cette étreinte, c'était comme retomber en enfance, retrouver cette sensation de liberté. D'ailleurs, le regard que tu portais sur lui était encore celui d'une enfant, en admiration devant lui , ce petit regard malicieux et tendre à la fois « Efrain ! »  alors qu'il te prenait dans ses bras. Cela te faisait tellement plaisir de le revoir. « C'est vrai, trop longtemps même. » dis-tu avec ton plus beau sourire, se reculant légèrement pour mieux le regarder. « Mais qu'est-ce-que tu fais là ? Je ne savais pas que tu étais à Boston. »  

    @Efrain Delarosa
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    Lien du postMer 12 Déc - 22:51
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    Est-ce si surprenant que cela de retomber sur Nyssa ici, à cette conférence sur la situation des homosexuels en Russie ? Pas vraiment, le contraire serait peut-être plus étonnant à vrai dire. Elle et moi, nous avons toujours partagé ce besoin réactionnaire de nous engager contre toutes ces inégalités, toutes ces injustices et souffrances réservées à de jeunes gens n’ayant rien à se reprocher. Peut-on vraiment les accuser d’aimer ? Peut-on vraiment s’indigner de voir deux personnes heureuses sous prétexte qu’elles sont du même sexe ? Depuis quand l’hétérosexualité est-elle considérée comme LA solution ? Nos parents nous ont élevé dans un milieu qui remet tout en question et ne cesse de se questionner sur tout ce qui est acquis ou devrait l’être. Le journalisme est formidable, de ce point de vue, et nous n’avons jamais vraiment été autorisés à juger sans réfléchir et enquêter. De quoi acquérir une méthodologie digne de ce nom avant même d’entrer sur les bancs de l’université. Nyssa, elle a toujours eu beaucoup d’importance pour moi, une fille comme elle, on se doit de la chérir, des individus aussi gentils et aimants de sa trempe sont malheureusement trop peu nombreux. Les années passant, notre quotidien évoluant dans des positions parfois opposées, nous nous sommes naturellement éloignés sans pour autant complètement perdre contact. Qu’est-ce qu’un petit message pour souhaiter un bon anniversaire, qu’est-ce qu’un vulgaire SMS pour les dates importantes, me direz-vous… Probablement pas grand-chose si ce n’est une preuve, si encore fallait-il en fournir une, de notre attachement mutuel. Je n’ai jamais oublié de lui écrire un texto pour l’anniversaire de la mort de sa mère, un moment qui l’a tant fait souffrir, qui nous a tant fait souffrir tous les deux. Ses parents, ils ont toujours été comme une deuxième famille pour moi et vice versa pour Nyssa… Les souvenirs remontent à une allure folle alors que je la serre fort contre moi, incapable de réaliser qu’elle est là, bien là, en chair et en os. « Je suis sur Boston de manière plus ou moins régulière depuis sept ans… Mais je fais de nombreux allers et retours suivant les manifestations et sommets auxquels je prends part… Je rentre tout juste de Russie, j’y ai passé toute l’année dernière à lutter pour les droits des adolescents homosexuels… » Ma présence ici apparait encore plus logique dans un tel contexte. « Et toi alors, t’es de passage à Boston ? » Je marque une pause pour la regarder longuement, elle a grandi… Ma petite Nyssa s’est transformée en une femme, renversante. « Raconte moi ta vie, tout ce qui ne tient pas sur un vulgaire SMS ! » J’ai tellement de choses à rattraper.
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    Lien du postSam 22 Déc - 19:31
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    Non ? Quoi ? Il était régulièrement sur Boston, et vous étiez à chaque fois passés à côté de l'un et l'autre ? C'était trop dommage d'avoir perdu autant de temps. Oui, vous vous suiviez par les réseaux sociaux, enfin surtout toi : tu ne manquais jamais une de ses publications, relatant ses nombreux voyages et combats, les sommets et manifestations auxquels il participait. Clairement, tu admirais son engagement, sa liberté, son petit côté révolutionnaire, sa manière de combattre les injustices avec autant de passion. Telle une groupie, tu buvais les paroles d'Efrain, qui te donnait à chaque fois envie de tout plaquer et partir avec lui à l'autre bout du monde. A côté, ta vie te paraissait si terne, à tel point que tu ressentais ce besoin de repartir bientôt en mission humanitaire. Si tu avais choisi médecine, c'était pour aider les gens. D'ailleurs, tu n'hésitais pas à aller pratiquer en dispensaires pour ceux et celles qui n'ont pas les moyens d'avoir accès aux soins. Mais, rien de comparable à côté d'Efrain, tu ne risquais pas ta vie. Il venait de passer un an en Russie à lutter pour les droits des adolescents homosexuels dans ce pays, tu comprenais mieux sa présence ici aujourd'hui. Tu fis un petit non de la tête lorsqu'il te demanda si tu étais de passage sur Boston. « Non je vis ici depuis plusieurs années maintenant.Il y a tellement de choses à te raconter, mais pas aussi passionnantes que toi. Enfin pas aussi passionnante que ta vie. Non pas que tu ne sois pas passionnant, tu l'es. Je m'arrête là sinon je vais encore passer pour la fan adolescente.». Ton admiration et ton adoration allaient vite se voir si tu continuais ainsi, tu sentais déjà tes joues se rosir. La conférence n'allait pas tarder à commencer, les gens commençaient à prendre place. « Tu veux y assister ? De mon côté, je suis sûre que je vais apprendre plus de choses avec toi me racontant ton année autour d'un verre mais je ne voudrais pas te priver si c'est la conférence du siècle. » Tu mourais tellement d'impatience qu'Efrain te raconte ses aventures de justicier.


    @Efrain Delarosa
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    Lien du postDim 23 Déc - 22:19
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    Le monde est sacrément petit et putain de grand à la fois. Quelles étaient les chances pour que l’on se retrouve tous les deux dans le même patelin sans jamais se croiser ? Depuis combien de temps sommes nous aussi près l’un de l’autre sans même le savoir ? Rien de tel pour me frustrer, moi qui aurais aimé utiliser tout ce temps perdu pour la retrouver, pour redécouvrir cette fille qui, à une époque, fut ma meilleure amie. Une sœur, ni plus ni moins. Aujourd’hui, elle l’est toujours, cette sœur… Elle s’est juste naturellement éloignée de moi avec les années. Le quotidien est parfois insoutenable, même avec la meilleure volonté du monde, on ne peut pas toujours garder un contact hyper régulier avec les autres. Pour autant, je suis tellement fier de nous, du chemin parcouru depuis toutes ces années. Nyssa est une jeune femme époustouflante, elle a tracé sa route et n’a rien à envier à personne, je puis vous l’assurer. Un large sourire ne cesse d’étirer mes lèvres avec une intensité plus ou moins constante, elle n’a pas changé. « C’est dingue, je suis là plus ou moins régulièrement depuis six ans, on aurait pu passer tellement de moments ensemble. » Rien n’arrive sans raison, l’heure n’était tout simplement pas venue… « Écoute, c’est avec grand plaisir que j’irais boire un verre avec toi. Cette conférence ne m’apportera surement pas grand-chose de toute manière, ce qu’ils vont dire est loin, très loin de ce que j’ai pu voir de mes propres yeux. Le sujet est beaucoup trop édulcoré, si tu veux mon avis. » Sans un mot de plus, j’attrape ma veste et quitte l’amphithéâtre. Place au Starbuck juste en face, un Gingerbread latte et une petite sucrerie en guise de collation et des fauteuils confortables au fond du café pour le côté intimiste. « Tu m’as tellement manqué, miss Haynes ! » J’ai souvent pensé à elle, surtout l’an passé. Mon année en Russie n’a pas été évidente. J'ai beaucoup appris là-bas, je n'hésiterais pas à y retourner dès que possible pour aider ces pauvres adolescents isolés, ces jeunes adultes abandonnés par un gouvernement homophobe et rigide, érigés comme la honte d'une nation toute entière.   
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    Lien du postVen 28 Déc - 14:04
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    Oui, c'était tellement fou ! S’être retrouvés dans la même ville tellement de fois et être passés à côté l'un de l'autre. En y repensant, c'était du gâchis, clairement. Les choses auraient peut-être été différentes, peut-être plus simples, qui sait. Mais, on ne refait pas le passé. Une chose est sûre : la distance n'avait pas affaibli la force de vos liens. Tu avais toujours considéré Efrain comme un frère. Tu ne manquais pas de frères, certes mais Efrain, c'était un peu le grand frère que tu n'avais jamais eu. Ces dernières années, tu aurais bien eu besoin de lui, pour te dire d'arrêter tes conneries, quand cesser de faire ta tête de mule, te raisonner, te protéger. Toi qui avait un petit tempérament à en faire qu’à ta tête, c'était comme si Efrain te canalisait. Il avait des pouvoirs sur toi. Peut-être parce que vous étiez pareils, fait du même bois, animer par le même besoin de liberté. En tout cas, tu ne cachais pas ton bonheur de le retrouver aujourd'hui. « Ca n'arrivera plus. Maintenant que je t'ai retrouvé, je ne te lâche plus » T'agrippant à son bras, tu le volais à cette conférence. Si tu ressentais des scrupules pour cela ? Aucun ! Il était bien meilleur expert du sujet que l'ensemble des intervenants réunis. Tu ne devais pas être la seule à le penser. Et si le destin vous avait réunis aujourd'hui, c'est qu'il y avait une raison et certainement pas celle de perdre votre temps ici. Vous traversiez donc la rue pour vous rendre au Starbucks d'en face, où vous vous installiez à une table avec fauteuil après avoir commandé. « Oh toi aussi Delarosa ! »  Tes mains viennent se poser sur les siennes. Il t'avait tellement manqué ! « Tu sais, j'ai souvent pensé à toi. Quand ta mère m'a dit que tu étais parti en Russie, j'aurais dû prendre plus de nouvelles, j'aurais dû être là pour toi … je suis désolée »  Tu avais l'impression de ne pas avoir été une très bonne amie, pas très présente pour lui ces dernières années. « Rassure-moi et dis-moi que tu ne repars pas dès demain » Le destin n'allait quand même pas vous faire cela, ce serait si cruel de vous séparer alors que vous veniez à peine de vous retrouver.

    @Efrain Delarosa
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    Lien du postDim 30 Déc - 18:28
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    Toutes ces années, tout ce temps perdu alors que nous étions là, l’un à côté de l’autre, sans même le savoir. Nous formons une équipe sacrément étrange n’est-ce pas ? Incapables de demander les informations essentielles, celles qui peuvent te permettre d’éviter qu’une telle situation se produise… Celles qui sont censées te sortir de ton ignorance. L’heure n’est plus aux regrets, nous ne pourrons de toute manière pas revenir sur ce qui a été fait précédemment… Je préfère me concentrer sur cette joie que j’éprouve à l’idée de la retrouver et de pouvoir la serrer à nouveau dans mes bras. Cela fait tellement longtemps après tout. Ce retour, au-delà d’un bon throwback sur ce qui constitue probablement les meilleures années de ma vie, je le perçois comme une promesse : La promesse de pouvoir à nouveau compter sur cette personne qui compte comme très peu d’autres gens dans ma vie. La promesse d’avoir cette épaule présente en chair et en os sur laquelle me reposer en cas de pépin, chose que je m’interdisais de faire par téléphone, sms ou whatsapp pour ne pas l’inquiéter à distance… Vous savez ce que c’est, surtout quand vous êtes loin et que vous ne pouvez rien faire de là où vous êtes, il n’y a rien de tel pour te miner le moral à toi aussi. « Attention, ça ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd, je saurais te rappeler tes paroles si on s’éloigne à nouveau ! » Pourvu que ça n’arrive pas… C’est parfois lorsque vous retombez nez à nez avec certaines personnes que vous vous rendez compte qu’elles manquaient encore plus à votre vie que vous ne pouviez l’imaginer. L’heure n’est plus à la participation à une telle conférence, j’aurais d’autres occasions d’y aller plus tard et de m’énerver sur le contenu présenté. Tout ce qui m’intéresse à ce stade, c’est ma meilleure amie. « Tu n’as pas à t’en vouloir pour rien du tout… Je suis revenu de là-bas grandi et plus fort même si ça n’a pas été facile. » Un euphémisme. « J’suis pas sûr que j’aurais pu être honnête en te racontant ce qui se passait là-bas par téléphone… Je n’aurais probablement pas osé par peur que tu te tracasse. » La réalité est effrayante. « Je n’imaginais pas que la situation était aussi grave. Sur place, il a fallu dès la première minute que j’intervienne pour sortir un gosse de la panade dans laquelle il était fourré… Trois homophobes voulaient le tabasser pour punir son homosexualité, pour le guérir et le ramener à la raison… Comme s’il s’agissait d’une maladie quelconque que l’on peut traiter avec un vaccin préventif ! » Rien que d’en parler et je sens mon sang bouillir. « Les mentalités évoluent lentement là-bas, les gens n’osent pas affirmer leur soutien, ils n’osent pas brandir leur ouverture d’esprit… C’est comme s’il s’agissait d’une mauvaise chose, d’un délit alors que merde… En 2018, la pensée critique et l’ouverture d’esprit c’est tout ce qui t’ouvre des portes. » Et voilà, je suis parti, incapable de m’arrêter… Note à tous les copains qui voudraient me lancer sur le sujet : NE JAMAIS LE FAIRE. « Là-bas, je me suis fait insulter, parfois malmener mais personne n’a jamais trop osé s’en prendre à moi, carrure oblige… Il n’empêche que j’ai bataillé encore et encore, je suis même allé jusqu’à intervenir en plein milieu d’une cérémonie religieuse anti-homosexuel pour tenter de faire entendre à ces gens que l’humain est, par nature, conçu pour aimer sans barrière, sans aucune frontière… Que chacun d’entre nous était susceptible de tomber amoureux du jour au lendemain d’une personne du même sexe… » Je vous laisse imaginer l’impact que ça a eu… Zéro ! « Je suis rentré de là-bas à la fois enrichi par toutes les rencontres que j’ai pu faire, le cœur léger en me disant que tous ces gosses que je suis parvenu à sortir de la rue et de la galère avaient un toit et des gens de confiance sur qui compter… D’un autre côté, j’en suis ressorti épuisé, complètement vidé… Il me faudra encore quelques mois au minimum pour songer à repartir… » Oh que oui, ce serait impossible à l’heure d’aujourd’hui… Je ne suis pas assez blindé psychologiquement pour supporter tout cela. « Tu m’auras donc dans les pattes pour un long moment. »  
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