Je ne rentrais pas dans le débat quant à mes sois disants mensonges. Il fallait que je m’ancre dans le crâne que je n’étais qu’un inconnu pour elle, que je reste dans ce rôle, dans cette distance, que je reste stoïque à ses reproches, parce que l’ignorance était sécurité pour elle, pour moi, pour l’ensemble de mes proches. Alors je saisis la poignée après un au revoir un peu froid, prêt à partir lorsqu’elle reprit la parole pour me retenir à son tour. Moi j’avais quémandé mes chaussures un peu plus tôt, c’est de la plus ou moins même excuse qu’elle se servit pour interrompre ma sortie. Ses sous vêtements. Elle les voulait.  « Je ne les ai pas jetés non… » répondis-je d’abord. « Mais tu m’excuseras, je ne les ai pas sur moi, ils n’étaient pas à ma taille… » répliquai-je avec une note d’humour, espérant en vain alléger l’ambiance tendue. Silence pesant. Et la blondinette se risqua à la briser alors. Quand j’avais supposé quelques minutes plus tôt ne pas lui plaire, elle me retourna la question. Ses yeux croisèrent les miens, dans lesquels brillait une lueur surprise. Comment pouvait-elle en douter quand chacune de nos rencontres était une occasion de plus de craquer ? Bien sûr qu’elle me plaisait… Mais la question était en fait un leurre, un piège… Cherchant à me faire avouer, trop en dire, des paroles qui pourraient alimenter ses doutes. Je secouais la tête : « Lucky, on ne se connaît pas… Pas encore… Alors forcément, pour l’instant, l’attraction n’est que physique. » Et la revoilà perdue dans ses affabulations, imaginant que ma présence ici et notre attirance signifiait forcément quelque chose. « T’es comme ça avec tous les mecs qui veulent coucher avec toi ou c’est juste pour m’embêter ? » Je les imagine, ceux qui étaient passé dans ses draps et dans ses bras, se voir accusés d’être Cole… Ouais, non, en fait, je ne préférais pas imaginer. Et elle faisait volte face pour disparaître dans une autre pièce. J’hésitais un instant. Regard vers l’entrée, puis vers la porte de sa chambre… Je finis par laisser mes pas la rejoindre, quand la sagesse aurait voulu que je m’en aille. Je finis par la rejoindre, m’agenouillant devant son lit sur lequel elle s’était laissée tomber, je saisis doucement l’un de ses pieds meurtris en annonçant : « T’as des pansements ? Je t’aide à te soigner et après je m’en vais… Je suis très demandé, j’ai tout un répertoire de filles qui crèvent d’envie de jouir en criant mon prénom, tu sais, Daniel, Da-Niel. » prononçai-je, en accentuant bien mon nouveau patronyme.

"où  tu veux, quand tu veux..." Ouh, je ne devrais pas dire ça. Jouer avec le feu. Encore... Mais après tout, c'est ce qu'un inconnu pourrait lancer à une jolie jeune femme comme Lucky non ? D'ailleurs quand je lui répliquais en ronchonnant si c'était avec tous les mecs qui s'intéressaient à elle qu'elle réagissait ainsi elle m'expliqua alors que c'était à cause du prof. "Moralité : ne jamais coucher avec un prof." Ouais j'aurais pu conclure 'ne jamais coucher avec un inconnu' mais c'était me planter une épine dans le pied et tuer toutes éventuelles chance de terminer la nuit dans ses bras. Enfin c'était ce que j'étais censé faire. Sortir de son appartement. Bye bye. Faire abstraction de cette attraction qui était toujours là. Magnétique. Et pourtant, je me permis d'ajouter : "Une chance pour toi, je ne suis pas prof. Ni tueur à gage." On sait jamais que ça ferait re pencher la balance en ma faveur et lui donnerait de nouveau envie de goûter mes lèvres... Mais Lucky se dirigeait vers sa chambre. Regard sur la poignée de la porte d'entrée. Regard vers la porte de sa chambre... J'avais beau me dire que je devais m'en aller, je n'arrivais jamais à résister avec Lucky dans les parages. Alors me voilà, la rejoignant, m'agenouillant devant elle pour l'aider à se soigner, provoquant, reprenant son expression pour désigner mon supposé harem de conquêtes... L'expression de la jeune femme était assez parlante en soit. Pas besoin de prononcer le moindre mot. D'un petit geste elle m'indiquait la localisation des fameux pansements réclamés. Sourire mauvais quand elle joua les polies en affirmant ne pas vouloir les faire attendre. Et ce fut son tour de se la jouer provocatrice, baladant son pied ensanglanté sur moi, laissant ça et là quelques traces écarlates. Mes doigts retournèrent se saisir de sa cheville pour la bloquer... "Hey attention !" Je relachai son pied, m'écartant alors pour aller m'emparer des bandages, revenant alors finir mes soins auprès de la grande blessée. Plaies pansées. Job de toubib en herbe accompli, je me remis donc debout. "T'as d'autres bobos ailleurs?" Questionnai-je, prêt à jouer au docteur encore un peu avec elle. Sauf que mon regard vrilla sur mon torse et mon épaule. J'étais encore plus dans le thème halloween avec mon look zombie et mon T shirt tacheté de sang. Mais loin de la remercier pour avoir rendu mon déguisement plus réaliste, je ronchonnai : "Mon T shirt est fichu, tu m'en dois un neuf..." Puis j'attrapai les pans de mon haut et le retirai, l'envoyant à la jeune femme, me retrouvant torse nu devant elle. "Moi je te soigne et toi tu bousilles mes tenues... C'est pas fair-play ça mademoiselle...".

« Je suis quincy, je te l’ai pas déjà dit ? Les oranges auraient jamais recruté un dangereux pervers sexuel. » Y’avait que les Eliots pour désigner un harceleur de première en guise de VP, non ? Ha quelle était pratique l’étiquette quincy, que je m’amusais à la sortir en long, en large et en travers. Peut être qu’en fait, j’allais m’y faire, et m’amuser à jouer encore davantage les caméléons. Et là c’était le quincy gentil docteur, qui venait de s’occuper avec soin de ses petits petons meurtris. Sauf que mademoiselle en plus d’être méfiante était désormais insatisfaite, objectant que j’aurais du attendre sa douche pour la soigner. « Je te rappelle que j’ai une longue, très longue, liste d’attente… » C’est elle même qui avait attaqué un peu plus tôt sur les probables nombreuses conquêtes qui m’attendaient… Sauf que l’idée de la demoiselle sous la douche, c’était chargé de souvenir. Et que mon numéro d’homme ultra demandé, j’allais peut être pas le jouer bien longtemps et j’allais probablement docilement accepter le passage de la blonde sous l’eau. D’ailleurs, je ne mis que quelques secondes avant d’ajouter : « Ok, je te refais ça après ta douche… Si tu me laisses te regarder. » Ok, elle avait peut être raison, avec le sourire vicieux que j’arborais j’avais surement l’air de l’obsédé qu’elle avait supposé que j’étais un peu plus tôt. Mais moi aussi j’avais des armes en stock, et le prétexte de la chemise tachée était parfait pour la retirer, réclamer qu’elle m’en offre une nouvelle ou bien qu’elle se charge du pressing, certes, mais surtout excuse parfaite pour m’exhiber devant elle torse nu, fier de mes kilos perdus et de mon corps désormais plus athlétique. Elle se levait pour se rapprocher de moi, ses doigts hésitant venant effleurer ma peau en déclenchant des frissons le long de mon échine. Mes prunelles plongées dans les siennes, le cœur tambourinant, chamade assourdissante, oubliant un peu plus toutes les bonnes résolutions que j’avais pris quelques minutes plus tôt quand j’avais été à deux doigts de quitter son logement. Elle était là, devant moi, douce torture que cette proximité, que ses lèvres narguant les miennes, son souffle se jouant du mien. Ma bouche résistait à l’appel de la sienne, me refusant à être celui qui céderait et pourtant… Mes mains venaient s’ancrer sur ses hanches pour l’attirer à moi, ne liant pas nos lèvres mais plaquant nos deux bassins l’un contre l’autre, histoire de lui faire sentir l’effet qu’elle avait sur moi. Malgré le tissu de mon pantalon et du sien, collée ainsi contre moi il lui était impossible d’ignorer la bosse qui déformait désormais le tissu de mon bas. Même pas besoin de m’embrasser pour m’embraser, elle avait toujours eu ce talent. Et le simple jeu de nos bouches se cherchant avait suffit à réveiller complètement mon désir. Mes doigts coururent ensuite sur son haut pour commencer à en défaire les boutons en annonçant : « Je t’aide à te déshabiller… Pour ta douche ? »

« Si tu penses pouvoir prendre ton pied toute seule… Euh panser ton pied toute seule, débrouille toi. » Le lapsus était volontaire. Bien sûr. Le sourire amusé et le regard joueur également. J’étais encore là, elle me retenait pas oui, et pourtant je ne bougeais pas, m’enlisant dans un jeu dangereux auquel j’aurais mieux fait de renoncer. Mais lorsqu’une fois torse nu, provocateur, je me retrouvais finalement provoqué, électrisé par ses doigts se baladant sur mon torse, c’était trop tard. Je ne répondais plus de rien et j’étais tout à fait incapable de sortir de là. Je l’attirais, lui faisant ainsi sentir combien cette simple proximité entre nous suffisait à me raidir. Mes mains s’attaquaient à son costume, nos regards accrochés et piquante elle s’amusa à reprendre la condition pour que je m’occupe de ses blessures. Regarder. Ne pas toucher. « Il n’a jamais été question de ne pas toucher, tu inventes des règles là… » protestai-je, mes doigts venant s’ancrer sur sa taille, sentant déjà qu’elle allait me filer entre les doigts. Mais trop tard, en effet, elle se dérobait, plusieurs pas en arrière à reculons. Se laissant bouffer du regard. Je la suivis, hypnotisé, avec cet espèce de sourire conquis et des étincelles dans les yeux, ne manquant rien du striptease qu’elle m’offrait, même si elle se cachait en partie avec une certaine pudeur. Lorsqu’elle se retrouva sous le jet, cette vision ne fit que raviver un peu plus les souvenirs endormis. Cette douche. Cette fois. Ces mots. Ce moment… J’en étais presque complètement déconnecté de la réalité, me réveillant en quelque sorte lorsque le son de sa voix retentit près de moi. Elle était en peignoir, le flash était fini. J’étais de nouveau Daniel. J’étais de nouveau un espèce d’inconnu bizarre pour elle. Mais sa main se glissait dans la mienne et l’électricité réapparut aussitôt entre nos peaux. Mes doigts voyagèrent, caressant doucement son visage, en en dessinant lentement les contours, jouant un instant avec une mèche de ses cheveux mouillés. Et avec une lenteur calculée, mes phalanges s’aventurèrent plus pas, venant subtilement ouvrir son peignoir pour se faufiler en dessous, effleurant sa poitrine, d’abord avant de voyager dans son dos, glisser le long de sa colonne, la touchant à peine, puis je remontai jusqu’à ses épaules pour tomber le vêtement… Sourire réjoui. « Je t’ai pas touchée là… » Ou presque. Mais le résultat était le même, elle était complètement nue devant moi. Mon érection était loin de se calmer et je ne me donnais pas dix secondes avant de flancher, de craquer et de finir par capturer ses lèvres…