Une main tenant fermement un sac plastique remplit, tu arpentais les rues du centre ville, cherchant un bâtiment dans lequel tu n'étais encore jamais entré depuis tes deux ans dans Boston. Il était presque midi et tu avais décidé d'aller payer une petite visite surprise à Hae-Won depuis ce qu'il s'était passé le vendredi précédent. Tu l'avais laissé dormir chez toi en vu de l'état dans laquelle tu l'avais retrouvé, et t'espérais qu'elle allait maintenant mieux après avoir passé toute la journée de samedi à décuver. Néanmoins tu voulais en être sûr et tu savais que quelques mots répondu à la va-vite derrière un écran de téléphone portable n'arriverait pas à soulager ton cœur inquiet. Tu avais donc prévu de passer chez elle maintenant que tu savais où elle logeait, apportant nourriture et sodas - un combo bien meilleur que l'alcool pour tenter de soigner les peines de cœur - et une fois arrivé au bon étage tu frappais à la porte, espérant qu'elle ne te rejette pas et qu'elle ne te trouve pas sans-gêne pour avoir eu cette idée. Fallait pas que tu penses aux mauvaises éventualités, ça te rendait nerveux maintenant. Merde... Tu maudissais silencieusement les battements de ton cœur, avant de tourner ton visage à l'entente de la porte qui s'ouvrait. Mais ce n'était pas les beaux yeux d'Hae-Won qui rencontraient les tiens. « Nono ..? » Tu réussissais à murmurer, déconcerté pendant quelques trop longues secondes. Tes yeux clignaient une fois, puis deux, et ton cerveau t'envoyait des souvenirs de lorsque tu n'étais qu'adolescent, accolant ceux-ci à l'homme que tu avais devant toi. Tu te repris. « Je... Excuse-moi, j'ai du toquer à la mauvaise porte... » Mais qu'est-ce qu'il faisait là ?

La période des examens étaient lancés et le français était totalement en panique à l’idée de ne pas réussir. Un traumatisme qu’il garde de sa période du lycée avec ce stress constant de ne pas être le meilleur de sa classe. Il l’était toujours, mais il avait très souvent des troubles du sommeil et un trouble de l’appétit par la même occasion. Comme maintenant en fait, il peinait à manger correctement et ne voulait pas dormir tant qu’il ne connaissait pas par cœur sa leçon. Aujourd’hui ne changeait pas, après avoir passé son examen de cet après-midi, il était à peine rentré qu’il s’était remis dans ses études pour celui d’après-demain. Il fut pourtant dérangé par la sonnerie de la porte, quittant son ordinateur en grommelant. Il partit ouvrir la porte en jogging avec ses lunettes de vue sur le nez. Quand il ouvrit la porte en grand, il resta bouche bée en croisant le regard d’une personne de son passé. Il n’aurait jamais pensé retrouver son premier amour au-devant de sa porte, surtout ici à Boston. « Minho mais… » Oui, il ne savait plus quoi ajouté par la suite. C’est quand le blond reprit la parole qu’il cligna finalement des yeux et referma sa bouche. Il se racla la gorge sans aucune raison et passa une main dans ses cheveux. « Ca dépend, je suis en colocation alors tu recherches qui leith ou haewon ? » dit-il en arquant un sourcil. Il penchait quand même plus pour hae et il se demandait bien ce qu’il venait faire ici en cette fin de journée.

T'avais seulement prévu d'aller voir Hae-Won. Peut-être qu'elle t'aurait ouvert grand la porte en te voyant arriver avec de la nourriture et comme seule préoccupation son bien-être, ou peut-être que ses préjugés l'aurait rattrapé comme avant et qu'elle aurait préférée que tu rebrousses chemin, ayant peur que tu aies de mauvaises intentions derrière tes actes de premiers abords altruistes. T'avais plusieurs scénarios en tête, et tu t'étais préparé mentalement pour toutes les éventualités, histoire que tu ne sois pas trop déçu si ça ne se passait pas comme tu l'aurais voulu. Ce que tu n'avais par contre absolument pas prévu était le fait de tomber nez à nez avec ton premier amour tout en recherchant la porte de l'appartement d'Hae-Won. Ton prénom quittait ses lèvres, et il semblait tout autant choqué que toi de te voir apparaître en ce dimanche midi. Après tout, absolument rien ne vous prédestinait à vous retrouver ici, à Boston. Tu t'excusais de le déranger, étant presque certain de t'être trompé de numéro de porte,  quand il venait à ta rescousse. Tes yeux s'élargissaient légèrement en reconnaissant le prénom d'Hae, et tu venais acquiescer d'un mouvement de tête. « Je venais voir Hae... Tu sais si elle est là ? » Tu lui demandais tes yeux ne pouvant qu'observer un long moment les traits de son visage qui avaient un peu changé au fil des années. « Je voulais savoir si elle allait mieux depuis vendredi. » Au moins physiquement, puisque tu supposais que les maux de son cœur mettraient plus de temps à guérir.

S’il pensait être tranquille ce soir pour bien réviser, c’était totalement loupé. Quelqu’un vient le déranger alors qu’il était dix-neuf heures passées. Le français s’était levé pour ouvrir la porte, ne s’attendant certainement pas à faire face à Minho. Ça faisait bien longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus tous les deux. Après quelques paroles brèves, il sut qu’il était là pour Haewon sa colocataire et il ne put s’empêcher d’être un peu sceptique. « Nan, elle est pas là mais elle ne va pas tarder je pense » dit-il en haussant les épaules. Il n’était pas au courant à propos de cette histoire de vendredi. Il recula pour lui laisser la place d’entrer. « Tu peux entrer et l’attendre, ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vu tous les deux. » dit-il en haussant les épaules. « Je t’offre une bière ? » dit-il en s’avançant vers le frigo pour piquer deux bières à Leith. Il n’allait pas lui en vouloir, entre colocataire ça se faisait amplement. Il lui fit signe de le suivre et s’installa sur le canapé, ouvrant les deux bières devant lui. Il était bizarrement stressé à l’idée de se retrouver en face de lui. Que devenait-il au juste ?

Tu lui expliquais que tu étais venu voir Hae-Won, mais elle n'était pas encore rentrée. C'était peut-être une bonne chose si tu y réfléchissais deux secondes, si elle avait prit le temps de sortir ça voulait sûrement dire qu'elle allait mieux, qu'elle n'avait pas eu envie de passer son dimanche enfermé dans sa chambre à pleurer son ex. Nohan t'invitait à l'attendre à l'intérieur, et tu t'inclinais plusieurs fois pour le remercier, avant de le suivre chez lui. « Merci beaucoup. Oui ça fait bien... Quatre ans ? » Tu réfléchissais, essayant de compter rapidement dans ta tête. C'était triste quand tu y pensais. Avant d'avoir été ta première vraie histoire il était un ami que tu chérissais et savoir que vous n'aviez pas réussi à garder contact était une déception pour toi. Tes lèvres s'étiraient dans un sourire à son offre et tu acquiesçais. « Je veux bien, merci. » Silence. Puis tu soulevais doucement ton sac plastique pour lui montrer. « T'as déjà mangé ? J'en commande toujours trop alors si t'en veux... » Tu ne savais pas vraiment quand Hae-Won rentrerait alors pourquoi ne pas dîner en attendant ? C'est pas comme si elle t'en voudrait.

Le français était tout de même septique de voir Minho devant son pallier pour voir sa colocataire Haewon. Il y avait anguille sous roche et il sentait que quelque chose se tramait entre les deux. Ça faisait en tout cas un bon moment qu’ils ne s’étaient pas vu tous les deux. Malgré qu’ils aient terminé leur relation du bon pied, la distance et la gêne sûrement les a pas mal éloignés quand même. « Oui c’est ça, plus ou moins quatre ans depuis que j’ai quitté Seoul pour ici » dit-il en souriant légèrement. Il l’invita à entrer par la suite dans son appartement l’invitant à boire quelque chose et à attendre le retour de Haewon si elle comptait rentrer. Les études allaient être difficiles pour la suite mais il pouvait se donner du temps de repos un peu. « Je n’ai pas encore mangé en effet, c’est gentil » dit-il en buvant une gorgée de sa bière en bouteille. « Sinon d’où tu connais Haewon ? Tu es là depuis quand ? » dit-il en arquant un sourcil. Toujours aussi curieux le bridé, on ne le changera jamais de ce côté-là. Il était tout de même bien curieux de voir ce qu’il avait apporté comme nourriture.

Ça semblait si loin le lycée quand tu y repensais. Tu te souvenais de toi adolescent, travaillant sur un exposé avec Nohan dans ta maison familiale, et volant des baisers à chaque occasions dès que la porte de ta chambre se refermait. Tu te souvenais de ses joues de bébé et de son sourire mutin qui te faisait ravager. Tu te souvenais de ses moues tristes et de la manière dont il venait se réfugier dans tes bras lorsque quelque chose n'allait pas avec les autres élèves. Et d'une certaine manière, t'avais l'impression que ces quatre années s'étaient passées à une vitesse folle, et t'avais l'impression de n'avoir fait qu'étudier et dormi le reste du temps. « Tu te sens bien ici ? » Tu te rappelais de quelques messages envoyés avant qu'ils ne deviennent bien moindres, de son déménagement qui s'était bien passé et de son enthousiasme face à ce nouveau pan de sa vie. Mais tellement avait pu se passer depuis. Tu entrais ensuite dans l'appartement, posant ta veste sur le porte-manteau, avant de l'inviter à manger avec toi ce que tu avais acheté. Il te passait une bière et tu mordais un instant ta lèvre à sa première question.  Comment lui dire qu'Hae-Won et toi, vous ne vous connaissiez pas si bien que ça ? Était-ce indispensable de lui expliquer votre relation en long et en large ? « On s'est rencontré plusieurs fois en soirée. Elle m'a appelée l'autre soir quand elle n'allait pas bien. Histoire de cœur. » Tu lui racontais globalement, mais il en savait peut-être plus que toi sur ce dernier point étant donné qu'il était son colocataire. Tu venais poser sur une table ton sac plastique, en sortant ce que tu avais commandé. « J’entame ma deuxième année. C'était difficile de me faire à la vie ici au début. C'est si... Différent. » Tu avouais doucement, avant de lui lancer un petit sourire. «J'espère que t'aime le japonais. »

Le français a toujours été faible à l’époque bien que ça l’ait pas mal aidé pendant un moment. Minho a été plus qu’un soutient, Nohan l’a vraiment aimé à cette époque. Son premier amour, sa seule relation homosexuelle, sa première fois. Il a été beaucoup de chose pour lui, un soutient inespéré quand les choses allaient plus que mal pour lui. Il n’aurait jamais pensé se retrouver dans une telle situation avec lui. « Ouais, je vis ici depuis un moment tu sais » dit-il en haussant les épaules. C’était un peu comme chez lui bien que Paris lui manquait par moment -mais pas Seoul pour être honnête. Finalement, Minho entra dans l’appartement accueilli par une bière, alors qu’il avait sûrement de quoi manger à son tour. « Ca doit être sûrement à cause du fameux Zed n’est-ce pas ? » dit-il en secouant la tête. Elle lui en a déjà parlé, son ex-colocataire se rapprochement et maintenant le fait qu’il ait plus d’intérêt pour une autre demoiselle. Elle n’a pas de chance Haewon, mais elle mérite tellement. Finalement, on parla rapidement de ce qu’ils faisaient ici comme étude. Cela faisait deux ans qu’il était ici mais il ne l’a jamais vraiment croisé. « On ne s’est même pas croisé en un an » dit-il en secouant la tête doucement. « Tu as oublié ? J’adore ça » dit-il avec un sourire au coin des lèvres alors qu’il reposait sa bière sur la petite table pour regarder ce qu’il avait pris.

Tu acquiesçais d'un mouvement de tête quand il te rappelait qu'il vivait ici depuis un moment. Tu oubliais par moment que la situation était encore différente pour Nohan. Il était né en Europe et avait beaucoup déménagé tout au long de son enfance et adolescence ce qui l'avait obligé à voir les choses différemment et à s'adapter rapidement dans de nouveaux environnements. Alors que toi, de ton côté, à part les quelques voyages fait durant les vacances, t'avais passé toute ta vie à Séoul, tu n'avais connu que ça. Et passer d'un système à un autre, d'une culture à une autre, n'avait pas été facile au départ. Passant ton index autour du bord de la canette de bière, tu retenais une petite grimace lorsqu'il prononçait le nom de Zed. « Celui-là même. Tu le connais bien ? » Tu ne savais de lui que ce dont Hae-Won avait voulu te partager, mais ça t'avait suffit pour te faire une idée générale du bonhomme. Et ce n'était pas du positif. Peut-être que Nohan connaissait mieux l'énergumène. « C'est vrai que c'est bizarre. Mais c'est si grand ici et pour tout avouer, je ne me suis pas forcément mêlé tant que ça aux gens. » Tu grimaçais. T'allais aux occasionnelles soirées, et tu ne refusais pas de parler ou de rencontrer du monde, mais quand tu avais la possibilité, tu avais plus passé tes journées enfermé à parfaire tes connaissances qu'à agrandir ton cercle d'ami. Ce n'était pas si difficile de te rater toute une année. Tu déposais sur la table sushis, soupes, sashimis et raviolis, sans oublier les fameuses baguettes. Il te rappelait qu'il adorait la nourriture japonaise, et tu ne pouvais que replonger quelques instants dans le passé. « Tu me piquais toujours mes sashimis et ma soupe miso. » Tu te souvenais dans une petite moue amusée, tes yeux croisant les siens. Ce qu'il ne fallait vraiment pas faire lorsqu'on était amoureux pour faire plaisir à son partenaire... Les sacrifices fait juste pour voir l'un de ses sourires. Tu lui laissais volontiers ta soupe, mais tes sashimis étaient précieux pour toi et vous vous battiez toujours pour savoir qui aurait la chance de manger le dernier.

Bizarrement, ça ne le choquait pas qu’il était venu ici pour voir Haewon ou plutôt qu’il l’ait connu dans une situation déprimante. Nohan avait bien compris que Zed ne s’intéressait pas à Haewon de la même manière qu’elle. C’est sûrement pour ça qu’il ne la porte pas dans son cœur. « On peut dire ça ouais » dit-il en haussant les épaules. Il n’est pas spécialement ami avec lui mais il est le colocataire de Roméo son frère, donc il le connaît un minimum tout de même. Ca ne l’étonnait pas non plus qu’il n’ait pas été se mêler aux autres. Il faut dire que la culture coréenne restait tout de même différente de celle américaine. Nohan a eu la chance d’avoir pas mal voyagé dans sa vie et d’être avant tout français. « Ca ne m’étonne même pas pour le coup que tu ne t’es pas mêlé au monde » dit-il avec un sourire au coin des lèvres. Sa bière en main, il comptait bien la terminer pour sonner son moment de pause avant de reprendre ses révisions draconiennes. Finalement la bouffe japonaise sortit pour le plus grand bonheur du français qui en avait déjà l’eau à la bouche. « Oui, c’est vrai, ils étaient meilleurs quand c’était les tiens » dit-il en lui faisant un clin d’œil. Leurs regards se croisèrent quelques secondes avant que l’étudiant en dentisterie se retourne pour commencer à manger un premier sashimi. C’était le moment de voir qui allait manger le dernier n’est-ce pas ? S’il s’écoutait, il engloutirait déjà tous les sashimis juste pour embêter un peu le coréen.