La vie reprend peu à peu son cours. Tu as un horaire de dingue, tu jongles entre la vie d’étudiant, médecin généraliste, père de famille et accessoirement membre à part entière des dwarfs. Tu ignores comment tu fais pour survivre à un rythme de vie aussi hallucinant, mais t’y arrive. Aujourd’hui, après avoir passé l’avant-midi à l’université, t’es de garde jusqu’aux petites heures du matin. Uniforme enfilé, tu profites de l’heure qui te reste pour avaler un morceau tout en avançant tes travaux en cardio. T’as le nez collé au bouquin, t’es à fond dans ton truc si bien que ton sandwich est en train de se décomposer dans ta main depuis cinq bonnes minutes au moins. Le silence te fait du bien. C’est rare dans un endroit aussi achalandé et avec autant d’employés d’avoir la paix. D’ordinaire, t’as une traînée de femelle collé aux basques. Après, tu t’es envoyé presque la totalité des infirmières de l’hosto. Ton crayon de plomb glisse sur ta feuille vierge lorsque la voix de Shay remonte jusqu’à ton conduit auditif. Tu n’y crois pas trop, puisque c’est une endroit réservé au personnel, mais en levant les yeux tu t’aperçois qu’elle est bel et bien devant toi, en chair et en os. Un sourire malicieux voit le jour sur ton visage, t’aime le fait qu’elle enfreint les règles pour venir te parler. ‘’ En effet, ce n’est pas un endroit pour toi. ‘’ Tes billes lunaires se posent sur son ordonnance et tu te met à rire. ‘’ La sainte vierge prend ses précautions, j’suis fier de toi. ‘’ Tu lui adresse un clin d’oeil avant de te pencher sur tes notes à nouveau. ‘’ J’vais pas te supplier de rester. ‘’ T’es clairement pas comme ça. T’es du genre vivre et laisser vivre. ‘’ Si tu comptes rester ici par contre, j’vais te filer un joli uniforme d’infirmière. ‘’ Tu lèvres les yeux sur elle pour lui adresser un clin d’oeil, après quoi tu te lèves pour te rendre dans la salle mit à disposition pour se changer. Y’a des rechanges pour tous et chacun au cas ou un truc malencontreux se produit et hop, tu en prend un une taille trop petite pour le lui tendre. ‘’ Ça passera mieux si un superviseur vient à passer par là, ni vu, ni connu. ‘’ Tu la fixes, tout en la défiant du regard d’enfiler cette magnifique tenue.

Shay est la version de toi-même au féminin, même s’il faut avouer que tu n’es pas du type matérialiste. Tu te fous éperdument de porter un jogging et un simple t-shirt parce que t’es tellement séduisant que même un sac de poubelle renverrait l’image d’un vêtement de marque sur toi. Pour ce qui est du reste, cette façon qu’elle a de se la péter, de se croire supérieur au reste de la populace, c’est tout toi. Arrogant à souhait. ‘’ Cette salle est parfaite comme elle est, elle permet de décrocher, de faire le vide. ‘’ Dis-tu d’une voix enjouée tout en terminant de lire ta phrase. C’est vrai, pas besoin d’avoir une déco à tout casser, les hôpitaux sont ce qu’ils sont. Le blanc reste la meilleur option. Une fois ton bouquin refermé, ton attention se porte sur son ordonnance. T’as qu’une envie et c’est celle d’éclater de rire. Tu aimes bien la taquiner depuis que tu sais qu’elle a choisi les Currier plutôt que les Pfo comme confrérie. Shay chez les saintes vierges, on aura tout vu. Tu lui dis que tu ne comptes pas la supplier de rester et sans grande surprise elle te répond du tac au tac en te servant un truc futile. Pour le coup, ça te fait bien marrer. ‘’ J’ai passé l’âge de chouiner pour les femmes. Désolé chérie ‘’ Tu fais allusion ici aux nourrissons qui pleurent à gorge déployés pour obtenir le sein ou le biberon. Quoi qu’il en soit, tu finis par lever ta carcasse de son siège pour te diriger dans la petite pièce d’à côté. Tu fais signe à ton amie de te rejoindre et sa réaction ne tarde pas à venir. De ton côté, tu lèves les yeux au ciel, exaspéré par son comportement de fille riche et capricieuse, faudrait qu’elle revoit son choix de confrérie pour le coup. ‘’ J’en ai rien à foutre de tes fringues. C’est une jolie robe d’infirmière fraîchement lavée. Tu crois qu’on porte des trucs sales ici, t’es tarée ou quoi ? ‘’ Tu déposes l’ensemble sur le crochet qui lui était attribué avant de venir la rejoindre dans la pièce principale. ‘’ Hâte qu’ils te virent dans ce cas. ‘’ Souffles-tu en laissant une de tes mains glisser dans ton imposante frange. ‘’ Je n’ai pas encore commencé. Je sais à quelle heure je rentre, mais jamais quand je sors. J’peux passer plus de quarante-huit heures ici avant de revoir la lumière du jour. ‘’ Tu hausses simplement les épaules. C’est ça la vie de médecin, surtout lorsqu’il y a un énorme manque d’effectif à combler. ‘’ Toi tu retournes en cours ou t’es de repos aujourd’hui ? ‘’ À ces mots, tu attrapes ton gobelet à café que tu termines en deux gorgées.