( remember tonight, for it is the beginning of always )
w/ MHJ

Assise sur le comptoir du barman, les jambes croisées, ta bouteille de whisky à la main. T’humectes tes lèvres pour récupérer la moindre goutte de ce nectar divin. Liquide qui s’infiltre et s’empare de tout ton être. Amputant tes sens. Brouillant ta vision. Te privant de ta capacité à penser. Pensées qui s’entremêlent, qui s’entrechoquent. Rien n’a plus de sens. Ta vie n’a plus de sens. T’es perdue, Hae. Désorientée. Ton âme s’est égarée. Eparpillée en mille morceaux. Tout comme ton coeur d’ailleurs. T’as l’impression de ne plus rien ressentir en fait. Douleur perceptible. Torture qui perdure. Emotions qui te dominent depuis qu’il t’a repoussé. Et t’arrives juste pas à te l’ôter de la tête. T’arrives pas à remonter à la surface. Tu te noies Hae. Persuadée que tu n’étais désormais plus aucune utilité pour personne. Cette peine que tu ressens, elle irradie dans tout ton corps. S’étant créé une place dans ton coeur. Coeur qui saigne. Coeur morcelé. T’aimerais que cette douleur s’arrête. Par pitié, qu’elle se taise. T’avais entendu des rumeurs. Comme quoi boire était le meilleure des remèdes pour les peines de coeur. Rumeur fondée. Plus l’alcool s’immisçait doucement dans tes veines et plus t’avais l’intuition que ça fonctionnait. Finissant par ne plus rien ressentir. Déconnectant tes neurones une à une. Le barman te dévisageait. Longuement. Comme une bête de foire. Toi qui affectionnais la discrétion, préférant être invisible, t’étais particulièrement sans-gêne et bruyante ce soir. Adressant la parole à des inconnus. Te montrant tactile et particulièrement joueuse. Parce que l’alcool avait le don d’amplifier ce côté « bisounours » ancré en toi. Raison pour laquelle t’évitais de boire. Histoire de ne pas finir assez régulièrement dans les bras d’un étranger. Ennui perceptible sur les traits de ton visage. Ne te complaisant plus dans la désolation et dans la solitude. T’avais besoin de compagnie. Chaleur humaine tant désirée. Saisissant ton téléphone pour appeler Leith. Persuadée qu’il décrocherait. Persuadée qu’il serait capable de venir te rejoindre. Quand bien même il se faisait tard. Sourire béat qui vient naitre sur tes lèvres dès lors qu’entends un « Allo » à l’autre bout. Son à peine audible. A peine perceptible. Mais c’était suffisant pour toi. « Chaaaaaaton, tu fais quoiiii ? Je m’ennuie là ! L’autre qui fait la tronche à côté de moi, bah il est pas très intéressant. Il ne veut plus s'amuser avec moiii. Tu viiiiiens ? » tu t’écris, la voix stridente. N’étant même plus capable de discerner le vrai du faux. Le réel et l’irréel. Ne t’étant même pas rendue compte que cette voix ne lui appartenait pas.

( remember tonight, for it is the beginning of always )
w/ HW

Tu avais bossé toute la journée et tu t'étais prévu une soirée tranquille, à dormir. Ça n'avait absolument rien d'excitant pour le vendredi soir d'un étudiant, mais il y avait des soirées où après n'avoir fait que réviser, se retrouver à ne rien faire ça avait du bon. Ça te permettait de te relaxer, de vider ton esprit, de rattraper les quelques heures de sommeil que tu manquais. Alors quand tu sentais ton cellulaire vibrer sur le matelas de ton lit, la sonnerie résonnant de plus en plus fort près de ton oreiller, ce n'était qu'un euphémisme de dire que t'avais la tête dans le cul. Tu grognais, avant que ta main avance à tâtons jusqu'à agripper ton téléphone, qui s'illuminait. Ton premier instinct fut de froncer tes sourcils, et de plisser tes yeux que tu venais d'entrouvrir. Surement tu étais bien trop fatigué pour arriver à distinguer les lettres sur ton écran, qui se mixaient devant tes pupilles. Surement y avait-il une erreur quelque part, ou quelqu'un avait voulu te faire une farce et était entré dans ton portable afin de changer tous les noms de ton répertoire histoire de t’embarrasser lorsque tu déciderais d'envoyer un message à quelqu'un. Parce qu'il n'y avait aucune possibilité pour que le prénom d'Hae-Won te fasse face si tard dans la soirée. Et bizarrement, t'étais de suite un peu plus réveillé. Etait-ce Noël ? Est-ce que les dieux avaient enfin décidés que tu avais accompli ton quota de bonnes actions pour ta vie de jeune adulte et qu'ils souhaitaient te récompenser d'une aussi belle manière ? C'était si... Inattendu. Mais loin d'être déplaisant. Alors avant que la communication coupe et qu'elle se retrouve en discussion avec ton répondeur, tu raclais ta gorge ensommeillée et tu décrochais. « Allo. J'attendais que tu m'appelles. » Et ça faisait bien quelques semaines qu'elle te faisait attendre. Tu pouvais comprendre : elle n'avait pas la meilleure image de toi. La vie avait fait l'erreur de vous faire rencontrer en soirée, et elle avait fait connaissance avec une personnalité de toi qui était bien plus effrontée et fonceuse qu'à l'habitude. Le Min-ho qui prenait un peu plus les devants et qui se laissait aller à draguer à droite à gauche. Et ce n'était pas le genre de personnalité qui avait fait craquer Hae-Won, loin de là. T'avais fini par piquer son téléphone et y inclure ton numéro de toi-même lorsqu'elle ne te voyait pas, et tu avais cru que le lendemain, à la vu des vingtaines de selcas qu'elle trouverait dans sa galerie, elle t'enverrait un petit message. T'avais pas été chanceux. Pas avant ce soir. Tu entendais enfin sa voix au bout du fil, et un petit rictus amusé prenait place sur tes lèvres, alors que tu te redressais sous les draps. « Chaton ? Tu m'as déjà upgradé aux petits surnoms ? » Est-ce que, si tu devenais sérieux deux petites secondes, ce n'était pas la meilleure nouvelle de l'année deux mille dix-huit right here ? Elle t'avait appelé chaton. Pas que tu trouvais avoir vraiment le minois du félin, mais tu acceptais gracieusement cette promotion que tu trouvais bien méritée - c'était bien plus joli que tous les autres noms qu'elle avait pu te sortir d'autres soirs. T'étais encore dans ton euphorie de l'avoir au téléphone, quand petit à petit, tu te sentais mal à l'aise. Gêné. Ce n'était pas par rapport à elle, pas vraiment. Mais c'était comme si ton sixième sens prenait lentement possession de toi et tentait de t'alerter de quelque chose. T'avais ce sentiment en toi, comme un mélange de peur et de culpabilité et de nervosité, comme si t'avais fait un truc qu'il ne fallait pas que tu fasses mais que tu avais oublié quoi. Et ça déclenchait une petite alarme en toi, une alarme qui te disait d'être prudent, mais surtout de faire quelque chose. Si tu te réveillais deux secondes et que tu prenais le temps de te poser et d'analyser la situation, tu remarquais que peut-être, tout ne semblait pas normal. Sa voix stridente, le fait qu'elle t'appelles toi quand jamais encore elle n'avait utilisée ton numéro... Ça te faisait mal au cœur mais ça ne concordait juste pas. Maintenant que tu y réfléchissais, ça n'avait pas de sens, c'était pas logique. Elle demandait que tu viennes la voir, qu'elle voulait s'amuser, et tu ne l'a connaissais peut-être assez peu, mais ça semblait si différent des fois où tu avais croisé la jeune fille. Alors tu collais ton écran un peu plus près de ton oreille, et tu répondais. « Tu sais que c'est Min-ho à l'appareil, hm ? » Tu souhaitais déjà vérifier ce détail, afin d'essayer de doser si elle allait vraiment bien et savait ce qu'elle faisait ou si tes sens n'avaient pas tord. Tu passais ta langue sur tes lèvres, te levant de ton lit. « Hey princesse, est-ce que tu pourrais me dire où tu es exactement ? Est-ce que tu es chez toi ? L'homme à tes côtés dont tu me parles, est-ce que c'est ton coloc ? » Tu demandais prudemment, ne souhaitant pas la brusquer, ne voulant pas qu'elle se referme sur elle-même et qu'elle raccroche. Mais peut-être que tu te faisais du soucis pour rien. Peut-être qu'elle était chez elle à se plaindre de son colocataire qui voulait dormir alors qu'elle s'ennuyait. Peut-être qu'elle n'était pas en danger. Peut-être.

( remember tonight, for it is the beginning of always )
w/ MHJ

Pensées confuses qui tournoyaient. Réagissant violemment à cette nouvelle quintessence qui prenant possession de ton corps, de ton système nerveux. N’étant plus capable de discerner convenablement les visages qui te faisaient face. Vision trouble. Clignant plusieurs fois les paupières, pensant que cela t’aiderait à te maintenir consciente. Tu luttes, Hae. Tu te bats. Contre tes sentiments. Contre ce trou béant qui s’agrandit de jour en jour dans ta poitrine. A quoi bon lutter au final ? Pourquoi te battre ? T’avais tout perdu. Ta dignité. Ta fierté. Ton âme. T’avais mal Hae. Terriblement mal. Toi qui pensais vainement que l’alcool pourrait t’aider à guérir ces maux qui te tourmentent. T’avais tord, tout simplement. Parce que cette douleur persiste. Elle demeure ancrée au fond de ton être. Incapable de t’en débarrasser. Tu peux faire semblant, Hae. Tu peux sourire et prétendre que tout va pour le mieux. Mais tu ne peux te mentir à toi-même. Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, c’est prendre le risque de la perdre. A tout instant. A tout moment. Et toi, Hae, t’avais juste l’impression d’avoir été le dindon de la farce. Ayant cette douloureuse sensation d’avoir été trahie. Lâchée. Abandonnée. Sentiment désagréable. T'aimerais juste du réconfort. T'aimerais juste cette personne qui trouvera le courage de plonger un regard compréhensif dans le tien et te répondre qu'il sait que tu mens, quand tu annonces que tu vas bien. T'aimerais juste qu'on te reconnaisse à ta juste valeur. Etais-ce trop demandé ? Lentement, tu sombrais. Plongée dans la tourmente. Sans espoir de pouvoir un jour remonter à la surface. La dépression t'attendait. Tapie dans l'ombre. Prête à te saisir et à te maintenir captive. Ton esprit vagabonde. Regardant tour à tour les différentes personnes qui pouvaient potentiellement te tenir compagnie. Aucune ne semblait correspondre. Alors, t'avais décidé de prendre les choses en main. Buvant une nouvelle gorgée à chaque fois. Inspirant. Expirant. Jusqu'à ce qu'il finisse par décrocher. J'attendais que tu m'appelles. Tu fronces les sourcils, mettant de l'ordre dans tes pensées incohérentes. Ne désirant pas le faire fuir. T'avais prévu de l'appeler ? Vous aviez convenu de vous joindre dernièrement ? Tu penches la tête sur le côté, pensive. Aucun détail important le concernant ne te revenait en mémoire. Il devait se tromper. Te confondre avec une autre. Pour changer. "T'attendais mon appel ? Je me souviens pas... Tu dois confondre encore... Tu sais... Toi et tes conquêtes... C'est pas très sympa hein..." tu lâches, le ton chargé de reproches. Nectar circulant dans tes veines qui amplifiait chacune de tes émotions. Bon. T'avais l'habitude avec Leith. Alors, dans ta grande générosité - et surtout parce que tu voulais qu'il te rejoigne - tu décidais de ne pas lui en tenir rigueur. Chassant cette mine boudeuse que tu affichais quelques instants plus tôt pour laisser place à un tendre sourire. "Aloooors, tu viens ou pas ? ça commence à tourner..." t'ajoutes, sentant progressivement le sol tanguer. N'ayant absolument pas l'habitude de ressentir de telles sensations. Sentant perdre trop rapidement le contrôle de ton corps. Tu titubes, t'accrochant désespérément au bras d'un jeune inconnu. "Eh baaah. C'est pas passé loin. Merci toi !" tu t'adresses à lui, un sourire radieux pour le remercier. Puis, tu finis par t'en détacher pour te reconcentrer sur ton colocataire. Ne comprenant pas pourquoi il te faisait de telles remarques sur son surnom attribué. Un moment maintenant que t'avais décidé de l'appeler ainsi. ça n'avait jamais semblé le déranger avant. Alors pourquoi perdait-il son temps à t'en parler maintenant ? T'avais dû mal à suivre. Ainsi qu'à former des phrases qui avaient un minimum de sens. T'étais juste un déchet, Hae. Pathétique. "T'aimes pluuuuuuus chaton ? Pourquoi ? Bon, moi je t'attends heiiiin" tu réitères une énième fois. Espérant cette fois-ci qu'il finisse par comprendre ce que tu attendais de lui. Mais Leith, il avait décidé de te taquiner. Débitant des propos incohérents. Tu sais que c'est Min-ho à l'appareil, hm ? Min-ho ? T'as dû mal à saisir, là. Etait-il en train de jouer avec ta personne ? Leith, il te semblait différent. Adrénaline qui poussait tes limites à leur extrême. Fatigue apparente sur les traits fins de ton visage. T'hallucinais, Hae. Décidément. Ce n'était pas Min-ho ? Pourtant, t'avais appelé le bon numéro. Aussi loin que tu puisses t'en souvenir. Tu plissais les yeux, essayant de rassembler le peu de lucidité qui te restait. "Min-ho ? C'est qui ça Min-ho ? Aaaah... Minmin tu veux dire ? MINMIIIIIN c'est toi ? Pourquoi t'as le téléphone de Leith chaton ? Tu.. Tu peux meeee le passer ? S'il te plaiiiiiit. Je... Je crois que je vais vomiiir" tu lui révèles, éclatant de rire nerveusement. L'inconnu qui t'observait depuis le début du coin de l'oeil - et accessoirement celui qui t'avait servi de support pour te retenir de tomber - finit par venir à ton encontre, passant habilement son bras autour de ta taille. T'empêchant probablement de tomber à la renverse. "Oooh mon sauveur, encore toi ! Merci, j'ai failliii tomber" tu le remercies, ne pouvant retenir ce rire incontrôlable. Désirant simplement quitter cet établissement. Fuir. Comme tu sais si bien le faire. "L'homme à côté de moiiii ? Mon coloc ? Hein ? Mais nooooon minmin c'est pas luii... Rooooh. T'es nul hein ! C'est... Euh.. Tu t'appelles comment déjà ?" tu demandes ouvertement à l'inconnu, jonglant entre deux conversations. Ayant gravement sous-estimé les capacités de ton cerveau. "Greggy il s'appelle, Minmin, tu le connais ? Mon adresse ? aaaaaah.... Je suis... euh au Driiiink, c'est bien ça Greggy - tu rajoutes à l'intention de l'inconnu, décidément trop proche à ton goût. Il acquiesce de la tête, visiblement bien trop occupé à essayer de capter ton attention. T'es oùùùù Minmin ?" tu interroges l'interlocuteur qui demeurait à l'autre bout du combiné. Mais la question qui te taraudait depuis quelques minutes n'était pas de savoir où il se trouvait. Mais, plutôt de savoir de qui diable pouvait-il s'agir ?