Tu fous quoi Alan là ? Tu prépare un spectacle muet pour Rain ou quoi ? Tu crois que tu vas ouvrir la bouche sans qu'aucun son ne sorte, et que l'image d'après affichera les dialogues que tu aurais voulus lui dire ? Non tu préfères la fuite, tu es tellement perdus que c'est la seule solution qui te viens à l'esprit en ce moment. Et pourtant, Dieu sait que tu en aurais un paquet de choses à lui dire.
Tu croises son regard le temps de quelques secondes, ne parvient plus à y lire la moindre expression. Pas que tu y parvenais complètement par le passé, mais tu ne ressens plus la même chose qu'il y a quelques semaines lorsque tu plongeais ton regard dans ses prunelles bleutées. A peine le temps de te poser sur ton siège et de faire face à ton bureau que la demoiselle derrière toi parvient à contredire ton excuse. Pas bien compliqué de toute façon, tu as surement sortis l'excuse la plus moisis du siècle en cours ! Cette remarque arrive d'ailleurs à te faire sourire et faisant pivoter la chaise pour lui faire face, tu te surprends à lui sortir ceci de but en blanc:
"On dirait que je suis moins bon que toi quand il s'agit de mentir..."
C'est bas Alan. Mais c'est la vérité, tu es un piètre menteur à côté d'elle. Et tu ne le dis pas méchamment, tu le sais au fond de toi. Tu sais que tu es incapable d'être méchant avec qui que ce soit plus de quelques heures, que tu es même bien trop gentil et que c'est pour ça qu'il t'arrives toutes ces merdes. La preuve de ce léger sourire en coin quand tu lui fais cette remarque. Tu es rancunier, mais pas méchant. Mais elle te demande ce que tu voulais dire, tu n'en as pas la moindre idée toi non plus. Tu voulais lancer une discussion, détendre cette atmosphère tendue, mais puisqu'elle te le demande, autant lui poser la question qui te taraude depuis toutes ces semaines:
"Pourquoi tous ces mensonges Rain ?"
J'aimerais bien savoir, c'est une des questions qui arrive à m'empêcher de dormir quand je me met à penser à ça. Et malgré toutes mes réflexions, je n'ai pas trouvé la moindre réponse qui me parait acceptable et justifiée. Peut-être en as-tu une toi ?

La tension dans ton corps commence à se relâcher. Qu'il soit plus dans la pièce, entrain de préparer quelque chose pour te sustenter dans la cuisine à côté joue en ta faveur. Ça te fais te relaxer, sans même que t'aie eu conscience du stress que ça provoquait en toi. Tu respires, ton regard passe à nouveau sur le cadre renversé à côté de toi... alors tu soupires et t'en dérobe. Heureusement, tu n'as pas à attendre longtemps, avant de le voir revenir vers toi avec un sandwich.
Classique. Simple. Alan quoi.
Le Alan que tu connais. Celui qui, quand il te sort avoir des devoir à faire, t'arrache un faible sourire et une mini raillerie après son bluff, avec une question sur ce qu'il pensait vraiment.
T'aurais pas du.
Instantanément, sans même qu'il ouvre la bouche, tu sais que t'as mal fait. Tes muscles recommencent à se tendre, ta respiration ralentit...
Tu ne veux pas redevenir amie avec lui ! Ou pour être plus exacte, tu ne veux pas qu'il redevienne ton ami. Tu veux qu'il continue à te détester, non pas lui demander s'il se sent bien. Tu veux qu'il t'ignore la prochaine fois qu'il te voit, pas qu'il accoure à ton secours.
Et surtout, surtout, tu ne veux pas savoir ce qu'il penses de toi.
...
Ta main à mi chemin entre ta bouche et le plat se fige à la suite de sa remarque.
Aie.
Ça te fais mal. Tu l'as cherché, mais ça fait mal.
Ton sourire de travers ne dure que le temps que tu l'efface : Ne surtout pas lui montrer tes faiblesses. Le laisser continuer, et ne pas répondre tout de suite.
"Pourquoi tous ces mensonges Rain ?"
Tu relève la tête vers lui, affichant l'expression la plus neutre que tu puisse te créer.
"Parce que c'est plus simple ainsi " avoue tu "On n'aura jamais pu te reprocher ce que tu ne pouvais savoir. " tu hausse les épaules "Et puis tu sais, après un moment, ce ne sont plus des mensonges qu'une réalité alternative"
Tu te gardes sous silence le fait que tu ne lui as jamais mentit avant qui ne parle du putois. Il ne faut pas qu'il arrête de te détester voyons.

Tu l'as voulus Rain, c'est toi qui nous a mené à cette situations des plus étranges. Tu aurais pu te contenter de bouffer ton sandwich dans ton coin, faire semblant de croire à mon mensonge bidon. Mais tu m'as fait cette remarque qui, je dois l'admettre, m'a quelques peu piqué au vif et a déclenché cette réponse un poil cinglante de ma part. Tes yeux se relève vers moi, de ce regard toujours aussi neutre et qui m’énerve tant. Pourquoi toujours vouloir cacher ce qu'il y a au fond de toi Rain ? Je n'arrive pas à comprendre cette manie chez toi et pourtant j'y ai réfléchis longuement, très longuement même.
Plus simple ? Tu es en train de me dire que tu as facilité notre situation en faisant ce choix de me cacher des choses Rain ? Parce que je ne trouve pas que la galère dans laquelle nous sommes actuellement soit "simple", comme tu aime à me le dire de ce ton tout aussi neutre que tes yeux posés sur moi.
"Donc tu m'as protégé ? C'est ça ?", demandais-je, cette fois-ci d'une voix tout aussi absente de sentiments que la tienne avant d'ajouter d'un ton bien plus blasé: "Tu es une héroïne dans l'histoire en fait ! Tu as entretenus une relation avec le pauvre petit Alan qui venait de se faire larguer, tu as soigné son petit cœur et tu lui as caché tout tes petits secrets pour éviter que celui-ci ne soit heurté grièvement une nouvelle fois ! Je devrais peut-être te dire merci non ?".
Bon ok là j'ai peut-être un peu perdus mon calme, ce calme que j'essayais de montrer en apparence à Rain pour ne pas montrer que cela me touche. Je lui ai déjà montré, elle le sait maintenant, mais je ne voulais plus qu'elle soit au courant qu'elle m'a fait du mal en me cachant tout ça. Je crois que c'est raté...
Soupirant pour tenter de retrouver une respiration qu'on pourrait qualifier de "normale", je me lève et vais me coller à ma fenêtre pour ne plus avoir à poser les yeux sur toi. Du moins, c'est que je pensais, mes pensées défilant une nouvelle fois à vitesse grand V, se stoppant sur une seule et même question, toujours la même. Me retournant, je me dirige vers toi et m'assois au pied du lit pour te regarder le plus sérieusement du monde. Comme si j’espérais que ce rapprochement m'aide à lire plus facilement en toi alors que ce ne sera surement pas le cas. Après un court silence, je te demande:
"Pourquoi ce bouclier ? Qu'est ce que tu cache de si important derrière cette façade ? Parce que je l'ai vu ton vrai visage, peut-être pendant de court instants seulement, mais je sais que ce n'est pas celui que j'ai sous les yeux en ce moment.". Je te pointe du doigt avant d'ajouter: "Ça ! Ce n'est pas la vraie Rain !"
Mon regard perçant ne quittera pas le tien cette fois, il est bien trop occupé à scruter le moindre signe qui me ferait penser que la vraie toi resurgit.

Tu l'as voulu, tu l'as eu.
Encore une fois, c'est exactement ce que tu voulais : Qu'il te déteste, qu'il s'énerve, que tes paroles le dégoûtent de toi. Tu ne peux pas lui en vouloir s’il commence à te cracher au visage tes 4 vérité.
Wait… what ? Comment est ce que tu peux encore passer pour la bonne petite amie ? Certes, dans son histoire il te traite de menteuse mais… il dit que tu l'as fait pour son bien…
Tu n'as pas dû être très claire dans tes paroles. Tu n'as pas dû bien lui expliquer que tes mensonges n'avaient aucunement pour but de le protéger, autant qu'ils étaient là pour te protéger toi, ton père, son organisation. Pas lui…
Il ne semble pas comprendre que si tu étais avec lui, ce n'est pas pour soigner son cœur… le tien étant tout aussi blessé que lui l'était. Il tourne tes paroles contre lui même.
Merde.
Parles Rain! C'est pas le moment de manger ! Tu crois que tu fais bien de garder le silence, le suivant des yeux tandis qu'il s'enfuit de nouveau devant ton regard?
Comment depuis le début, il crache ses paroles, puis s'en va… parce qu'il n'aime pas te faire mal. Alors que toi, tu l'as tout simplement brisé.

Il revient enfin. Tu soutiens son regard, encaisse ses nouvelles questions. Et là, tu craque.
"Qu’est ce que t'en sais?" Tu grimace. "Que connaît tu de la vrai Rain?" ajoute tu, reprenant instantanément une expression plus calme, moins affecté ( Tu n'y peux rien, t'as grandi comme ça). Chacune de tes paroles suivie par un silence, pendant lequel tu ne veux pas qu'il réponde "Tu ne l'as jamais rencontré. La vrai Rain est celle qu'on accuse de recèle de drogue, d'usurpation d'identité et de 10 autres chefs d'accusations. La vrai Rain est celle qu'on a arrêté un soir qu'elle était chez son petit ami. Elle te plaît cette Rain ?" Tu reprends ton souffle, t’étant emporté sans le savoir "Arrête de te poser dans le rôle de la victime Alan." Cette fois tu te lève, mettant de la distance entre  vous, à la recherche de ...  de tes chaussures "oui je t'ai mentis. Quel surprise! C'est ce que la vrai Rain fait, puisque tu semble tellement vouloir faire sa connaissance."  Tu trouves une chaussure que tu essaie de mettre en continuant. "Oh et si je l'ai fais, c'est pas pour te protéger tu sais. C'est pour me protéger moi. Tu peux pas témoigner si tu sais rien."
Tu trouves l'autre chaussure que tu garde dans la main quelques minutes. Puis tu le regarde. "C'est ce que j’aimais dans notre relation. Tu ne connaissais pas la vrai Rain. Ce que tu savais te suffisait. Et je n'avais même pas besoin de mentir la plus part du temps"
Tais toi Rain. Elle est passé ou ta résolution de rien dire ?
Au diable
"Alors arrête de te faire du mal s'il te plaît. Move on. Passe à autre chose. Je ne suis pas du tout ce qu'il te faut en ce moment." Ni jamais.

La vraie Rain... Une question que je ne me posais pas par le passé puisque je n'étais pas au courant de tes deux visages, du double jeu auquel tu jouais durant tout ce temps. Ai-je bien fait de te provoquer ainsi ? Visiblement non. Ta réaction ne se faisant pas attendre, ton honnêteté surgissant, pour une fois, afin de m'expliquer qui tu es réellement. Ou du moins, qui tu penses être réellement, parce que je n'ai pas le même point de vue que toi sur la question. Tu t'agaces, tu t'emportes même, et vient me sortir une connerie de plus tandis que tu te lèves pour vraisemblablement fuir cette discussion qui te déplaît.
"Et toi arrête de te poser dans le rôle de la fille infréquentable et dangereuse...", te répondais-je sur le même ton blasé que le tien avant que tu ne reprennes ton speech.
Tu sembles persuadée que toutes ces histoires de drogue me font flipper, mais la vérité c'est que je n'en ai rien à foutre. Je t'ai déjà dit que ce n'est pas pour ça que j'ai cette rancœur envers toi. La Rain modelé par son père, ce vioc à la gueule de mafieux, celle qui a dû subir une éducation difficile, je ne la connaissais pas et cela m'allait très bien. La vraie Rain, c'est celle qui a un jour croisé ma route et qui a réussis à me remonter le moral d'une manière inattendue, celle qui a un jour accepté de m'aider à faire une tarte aux fraises pour ma mère très malade ou encore celle qui est au courant que les nuits d'orages, j'ai besoin de quelqu'un pour me rassurer. La vraie Rain, c'était ce pilier qui me maintenait solidement sans s'en rendre compte. C'est celle-là la vraie Rain pour moi, pas cette fille venimeuse que tu essaye de me faire gober présentement.
Te voir fuir une nouvelle fois m’énerve intérieurement, m'effraie même. Oui j'ai peur. Une peur qui passe au delà du ressentiment que j'ai à ton égard. Peur de ne plus jamais te revoir., de perdre mon pilier. Et pourtant, tu enfiles cette deuxième chaussure et je ne fais pas le moindre geste pour te retenir, n'esquisse pas le moindre son pour répondre à tes mots qui me demandent de passer à autre chose. Je reste là à te regarder, ton regard croise finalement le mien alors que tu t'apprêtes à quitter cette pièce. Est ce que tu peux y lire que j'ai envie que tu restes ? Apparemment non. Tu fais volte face et disparaît, puis j'entends la porte claquer, provoquant en moi un mélange de déception et d'énervement.
"T'as même pas finis ton sandwich !", que je gueule en envoyant valdinguer l'assiette dans un geste d'agacement, de colère même. De toute façon, ça ne peut pas être plus dégueulasse que ça ne l'est déjà dans cette chambre...

Mes billes bleutées parcourent ma chambre et je ne peux que constater l'évidence. Je suis... Seul. Soupirant longuement comme pour me rassurer, je viens poser ma tête sur l'oreiller qu'elle a utilisée cette nuit, son parfum me parvenant aux narines. Une inquiétude, peut-être irrationnelle, m'envahit. Et comme à chaque fois, ma respiration s'emballe, je me sens oppressé dans cette chambre, l'inquiétude se transforme en une peur des plus étranges. "Tu ne vas pas finir seul Alan" me répétais-je d'une voix basse pour tenter de me rassurer. Sans grand succès... Depuis l'annonce de la mort prochaine de ma mère, cette peur de me retrouver tout seul a fait son apparition en plus des cauchemars chaque nuit. Peut-être que les deux sont liés d'ailleurs, je ne sais pas. C'est pourquoi j'essaie de trouver quelqu'un pour me tenir compagnie la majeur du temps, que je suis dorénavant comme un fardeau pour mes amis en ce moment. Macy, Willa, Talya, Arizona, Scarlett, Iris... Je ne peux pas les solliciter tous les jours. Je relève le cadre photo qui était renversé, mes yeux se posant sur le sourire de Rain et le mien, mais qui ne me procure aucun réconfort malheureusement. Fermant les yeux, j'essaye d'inspirer et d'expirer le plus calmement possible mais ne parviens pas à m'apaiser, à ôter ces idées noires de mon esprit. J'opte finalement pour la seule alternative, j'attrape mon téléphone et envoie un SMS à la fille qui vient de quitter les lieux il y a quelques minutes maintenant. Sur son écran, il s'affichera:

"Rain ! Reviens s'il te plaît ! Me laisse pas seule !"

Je ne peux désormais qu'espérer qu'elle lise ce SMS et se décide à revenir. Sinon, je ferais comme d'habitude, je subirais cette crise, parfois pendant quelques minutes seulement, parfois pendant des heures...

Tu passe la main dans tes cheveux, les indisciplinant encore plus si c’était possible, pour te créer une tignasse à peu près potable devant le reflet que te renvoie la vitre. Cette musique un peu orientale, dispensé par les baffle grésillant du magasin semblait presque malvenue après le chaos que tu viens de vivre, et que tu ressasse encore. Tu attends que la dame devant toi finisse de compter ses sous, trépignant sur place, haletant presque, alors que ça fait plusieurs minutes que tu as quitté la chambre d’Alan en trombe pour finir ici… dans cette queue… à attendre ton tour et demander “un paquet de cigarettes s’il vous plaît” peu importe la marque. Tu en pointe une au hasard, qu’il te dépose sur le comptoire, n’attends même pas qu’il prenne le billet que tu lui as glissé,que tu sors un bâton de nicotine et le toque entre tes lèvres, devant le regard outré de sa femme près de la caisse. “Quoi?” aboie tu… Tu n’allais pas l’allumer à l'intérieur, tu n’es pas aussi grossière, même si toute ta dégaine laissait penser le contraire. Ton manteau long cachait mal ta mini jupe, et le haut décolleté. Ton maquillage estompé sur ton visage, ainsi que ta coiffure d’après fête ne criait pas “ange”. Fallait la comprendre... Ou pas. T’en avais strictement rien a foutre. T’avais juste envie que tes jambes t'emmènent chez Hakeem, accompagné par la cigarette que tu viens d’allumer, de laquelle tu inspire profondément.
Rien.
ça ne change rien à la situation.
ça ne change rien au bruit de vaisselle cassé que tu as entendu en sortant en trombe de chez Alan, ça ne change rien à ses paroles, à son “Arrête de te poser dans le rôle de la fille infréquentable et dangereuse” qui a reçu un soupire dédaigneux en réponse de ta part. Ne comprends t ‘il donc pas? Il ne saisit pas que tu ne te fais passer pour rien de la sorte ? Que tu ES ça, ce stéréotype de la fille à problème? Que tu es réellement aussi infréquentable qu’il le penses?
Non, peut être pas.
Et la cigarette avec laquelle tu voulais te réconforter ne fait que provoquer en toi une nouvelle quinte de toux.
Saleté de putain de bordel de merde …. !
Ton langage n’arrives pas totalement à traduire la rage que tu ressens. La frustration. Le dégoût. La douleur… Ce chapelet de jurons n’est interrompus que quand ton téléphone se met à vibrer dans ta poche…. Alan… Ne manquait plus que ça. Qu’est ce que t’as oublié?
“Rain! Reviens s’il te plait! Ne me laisse pas seul”
MERDE !
Crie tu.
Heureusement que le parc à cette heure de la journée n’était pas aussi plein. Seule quelques paires de yeux te scrutent et remettent en question ta santé mentale, tandis que tu jette ta cigarette avec frustration, et que tu rebrousse chemin.
Pourquoi tu me fais ça? Arrête ! S’il te plait arrête !
Penses tu.
Pensées que tu garde jusqu'à arriver sous l’immeuble des Mather.
Pourquoi tu es la Rain?
Tu stoppes net. Lèves la tête, regarde vers sa fenêtre beaucoup trop loin pour être visible.
Pourquoi t’es revenue? Qu’est ce que tu vas faire? Dire… Prends une décision.
Suivant tes propres conseils, tu sors ton téléphone
“Tu n’es pas seul, tu n’as jamais été seul. Mais je ne suis pas celle qui sera la meilleur des compagnies”
Envoyé.

Cette angoisse me serre le cœur, pourtant déjà si meurtri ces dernières semaines, je n'avais vraiment pas besoin de ça en plus. Et j'en ai marre d'être un poids pour mes amis, de les forcer à rester avec moi parce que je ne peux rester seul, je déteste ça. Je décide donc d'affronter celle-ci courageusement, seul, dans l'espoir que ce sentiment horrible disparaisse dans quelques minutes seulement. Mais tu n'es pas courageux Alan, moins que tu le pensais, puisque tu te saisis très vite de ton portable pour envoyer un SMS à la demoiselle ayant quitté les lieux quelques minutes plus tôt pour lui demander de revenir entre deux respirations qui se veulent calmes mais qui ne le sont pas le moins du monde. "Quelle tristesse...", pense-tu. Dans quel état lamentable tu es franchement !

De longues secondes s'égrainent, des secondes qui paraissent des minutes pendant lesquels tu regardes frénétiquement l'écran de ton téléphone dans l'espoir d'y voir un nouveau SMS. Mais il ne vient pas... C'est compréhensible, vous n'arrêtez pas de vous prendre le chou depuis plusieurs jours, tu n'es surement pas celui qu'elle veut voir en ce moment Alan. Comme quoi les choses ont bien changés ! Ou bien... La vibration dans ma main m'annonce un nouveau message et c'est bien la jeune femme qui me l'écrit. Essayant de me rassurer comme elle peut, me confiant que je ne serais jamais seul. Il y a pourtant une épidémie autour de moi, ma mère qui ne devrait pas tarder à s'en aller et toi Rain, qui est forcée de m'abandonner pour cette histoire dont je ne comprends toujours pas les tenants et les aboutissants.

Néanmoins, cette discussion, bien que par SMS seulement, a le don de me calmer, de me changer les idées. Ma respiration reprends son rythme normale, mon cœur se desserre, l'angoisse disparaît peu à peu. Je me lève et essaye de marcher un peu dans ma chambre tandis que je continue de répondre à cette discussion, n'abordant pas toujours des sujets dont j'aime parler, mais qui ont cependant un effet positif sur moi présentement. Passant devant la fenêtre, j'ai l'impression de t'apercevoir. Non, c'est bel et bien toi qui me réponds d'en bas et je reste quelques minutes à t'observer tapoter sur ton téléphone dans le froid. Tu es revenue Rain ? Pourquoi ? Parce que je te l'ai demandé ? Et pourquoi tu n'es pas montée ? Toutes ces questions déboulent dans mon esprit à vitesse grand V, ne m'apercevant même pas qu'un léger sourire vient de faire son apparition sur mon visage. Je t'aperçois lever lentement la tête vers ma chambre et je me jette sur le côté, me bouffant le rideau et arrachant la tringle dans le même temps qui tombe dans un bruit aussi sourds que celui de mon corps trouvant le parquet. Dis moi que tu n'as pas vu ça ? Je crois que c'est impossible qu'elle n'ait pas vu... Et pourquoi j'ai fais ça ? Non c'est évident, on se parle enfin, même si ce n'est que par message, et je ne voulais pas casser ce moment. Je sais que tu es en bas, que je pourrais descendre, mais une nouvelle fois, je ne trouverais rien à dire en face de toi. Je vais me contenter de cet échange de SMS, en espérant que tu ne m'ais pas vu me rétamer lamentablement. Mais après tout, tu le sais que je suis maladroit non ? Tout comme toi qui ne fait pas exprès de renverser ton verre sur mon pantalon n'est-ce-pas ? Une pensée qui me tire de nouveau un léger sourire sur le bout des lèvres...