Tu le connais, Magnus. Tu sais reconnaître ses expressions, tu sais détecter lorsque quelque chose ne va pas. Et là, tu le sens. Un truc cloche et il ne te le dit pas par lui-même, alors tu lui poses la question. Parce que quand bien même tu te sens mal concernant ta mauvaise rencontre de cette nuit, t’aimerais autant que ton petit-ami soit mieux dans ses baskets que tu peux l’être. Alors, lorsqu’il t’avoue finalement qu’il a oublié cet enfant dans une maison en flamme, tu t’en veux. Ton estomac se noue, ta gorge se bloque. « Si je ne t’avais pas appelé, rien de tout ça ne serait arrivé. J’y réfléchirai la prochaine fois. Et je suis bien heureuse qu’il s’en soit sorti… je m’en serais réellement voulue si ce n’était pas le cas, je l’aurais mal vécu. Vraiment. » T’insistes sur ce point, parce que tu n’en restes pas moins coupable. Peu importe qu’il s’agisse d’une faute professionnelle de la part du norvégien, il n’empêche que si tu ne l’avais pas appelé pour vider ton cœur, il aurait pu réaliser son travail correctement et ne pas risquer la vie d’un enfant innocent. Tu l’aurais gardé sur la conscience, s’il avait fini par arriver quelque chose à ce garçon. Vous finissez par parler de ton agression, et plus précisément de ton agresseur. Lorsque Magnus te parle d’effectuer un portrait robot, ta première réaction est de penser à la police. Et ça, tu veux l’éviter à tout prix. Tu sais pertinemment que ce type s’en sortirait trop bien pour ce qu’il t’a fait subir, et hors de question que ce soit le cas. Cependant, Magnus vient vite te rassurer en t’indiquant qu’il ne comptait pas mêler la justice à cette histoire. « Désolée, je pensais que tu voulais qu’on laisse cette affaire aux mains de la justice… » soupires-tu. T’es fatiguée, physiquement et moralement. Ca t’a bouffé toute ton énergie cette histoire, alors autant dire que tu te serais bien passé de croiser ce type. Pour autant, ce qui t’a le plus choqué dans cette histoire, c’est la réaction des gens. T’es loin d’être née de la dernière pluie, mais t’avais cet espoir en toi que les gens seraient pas aussi bêtes qu’on le dit. Qu’ils viendraient en aide à une victime avant qu’un drame n’arrive. Qui sait ce qui aurait pu t’arriver après tout, et leur aide aurait pu changer les choses. « Je suis loin d’être crédule, tu le sais. Mais je pensais réellement que face à une telle situation, les gens réagiraient davantage. En tout cas, je tâcherai de ne pas reproduire la même réaction si je vois quelqu’un dans une situation similaire… » Le point positif, c’est que ça t’aura ouvert les yeux sur certaines choses de la vie face auxquelles tu ne t’étais pas encore retrouvée. Inspirant puis expirant un grand coup, tu tentes de te calmer du mieux que tu le peux. Car quand bien même tu ne sembles pas ne pas tenir en place, à l’intérieur, t’es particulièrement agitée. Et t’aimerais tout autant calmer les choses. Lorsque ton petit-ami reprend finalement la parole, tu restes bouche bée l’espace d’un instant. Tu ne parles pas, aucun mot ne passe entre tes lèvres. Aucun bruit. Tu te contentes de réfléchir, de retourner la situation dans tous les sens possibles pour t’assurer de la suite à donner. Il veut que tu emménages avec lui et sa sœur, et que vous officialisiez votre couple. Probablement pour éviter de vous retrouver dans la même situation mais avec Kala cette fois-ci. « D’accord, j’accepte. Mais tu ne penses pas que ta sœur réagira aussi mal qu’Alec ? J’aimerais autant éviter une énième dispute, je ne suis pas certaine d’en avoir la patience, tu sais… » lui avoues-tu alors. Il faut dire qu’avec tous les rebondissements de ces derniers jours, t’es pas certaine de tenir face à une nouvelle gueulante. Mais t’apprécierais totalement d’enfin officialiser les choses, de ne plus avoir à vous cacher et de pouvoir passer plus de temps ensemble.