zoey & jonah

could you try me like a junkie

Tout était flou, lointain, inintéressant. La musique de mauvais goût, les corps qui se liaient, s'emmêlaient les uns aux autres, l'odeur de nicotine embaumant les lieux d'une douce façon brûlerait presque les yeux, l'alcool coulait à flot et dans ses veines bleues gisaient une quantité débordante d'un mélange de tequila et de whisky bon marché. Mais non, là encore ça n'était pas assez, ça ne l'était jamais vraiment. Dans sa tête, un orchestre symphonique venait de s'y installer pour jouer de mille et un instruments bruyant, tambourinant contre ses tempes, assez pour qu'il en ait mal au crâne. Ses doigts abîmés étaient venus se glisser dans ses cheveux désordonnés, tirant brusquement dessus comme si ce geste pourrait désespéramment l'aider un peu. La drogue lui avait jusqu'ici plutôt bien réussi et il s'était dit qu'une petite dose, là, juste maintenant, ça pourrait peut-être lui faire du bien. Alors, dans un élan de courage, de force et de volonté inespérée, il avait tiré son propre corps jusqu'à l'étage de cette fichue maison qu'il ne connaissait pas le moins du monde, grimpant les marches avec une difficulté infinie. C'était dur d'être sobre, plus qu'il ne l'était d'arrêter la drogue. Le manque perpétuel était là, sans arrêt, à nous rappeler combien nous n'étions rien sans elle, combien notre vie manquait d'artifices, combien nous avons besoin d'elle. Il avait céder aux avances de sa douce, peut-être était-il irrécupérable finalement. Les poches pleines de substances acheté la veille, il parvenait à la première salle de bain trouvée. Dans la précipitation et la hâte de se sentir enfin revivre, il se contentait de claquer la porte à l'aide de son pieds avant de venir s'asseoir près des toilettes, à même le sol, adossé contre la paroi carrelée de la baignoire. Il extirpait quelques pochons qu'il balançait près de lui, puis cette cuillère qu'il avait piqué dans la cuisine, suivi de près par son élastique bleu qui ne le quittait plus ces derniers temps. Jonah ôtait durement son sweat, le corps désormais vêtu d'un t-shirt. Ce genre d'habitudes, de vieilles manies ne se perdaient pas, elles semblaient toujours profondément encrées en lui. Il saisissait son pochon d'héroïne, en versant doucement une quantité calculé dans la cuillère sous laquelle ensuite, il passait la flamme de son briquet pour faire fondre cette divine et nocive poudre blanche. Le rituel était toujours le même ; élastique fermement serré autour du bras, l'aiguille délicieusement remplie dans une veine apparente, et une fois l'injection administré, il était parti vers une dimension dans laquelle enfin, il était pleinement heureux, dans laquelle il n'était plus malade, une dimension qui au-delà d'être imaginaire, lui offrait tout ce qu'il ne possédait pas dans la réalité.