Brisbane, 22h30, mai 1991. Les premiers cris d'Ethan se firent entendre de manière assez tonitruante, signe de bonne santé du nouveau né, prêt à entamer le début de sa vie sous les meilleures auspices. Cela aurait pu être une belle histoire, mais ce n'était pas celle d'Ethan. A peine avait-il été nommé, qu'il fut laissé aux services sociaux chargés de le faire adopter, de préférence à l'étranger afin qu'on ne puisse jamais soupçonner son existence. Après avoir passé quelques semaines à l'hôpital, son destin fut enfin scellé: L'Angleterre serait sa terre d'asile. C'est ainsi qu'il fut recueilli par les Flaherty, une famille des plus normales, bénéficiant d'un nom qui autrefois était signe de noblesse, mais dont il ne restait que le prestige aujourd'hui. En effet, Donald était avocat, et bien que gagnant raisonnablement sa vie, il ne pouvait se permettre de dépenses superflues. Victoria avait quant à elle décidé d'abandonner son poste d'enseignante pour devenir femme au foyer et élever à temps plein cet enfant qu'ils n'espéraient plus. En effet, celle-ci avait eu un accident étant plus jeune qui la privait du bonheur d'avoir des enfants. Manque qui fut heureusement comblé lorsqu'Ethan pointa le bout de son nez et illumina leurs vies.

5 avril 2005, Londres. C'est ce jour là que les parents d'Ethan lui demandèrent de s'asseoir car ils devaient lui annoncer quelque chose. Celui-ci pensait alors qu'il allait avoir un petit frère ou une petite sœur qui viendrait sans doute mettre fin à la solitude qu'il ressentait malgré les quelques amis qu'il avait au collège. Il était loin de s'imaginer qu'en fait, ceux-ci avaient décidé qu'il était maintenant assez grand et mature pour connaître la vérité sur ses origines. Adopté... il avait été adopté. Accuser le coup fut le plus difficile, surtout lorsque cela se même à un début de crise d'adolescence déjà amorcée. Malgré un dossier scolaire parfait, Ethan commença à se laisser influencer par les mauvaises personnes. Ayant appris qu'il venait d'une famille plus qu'aisé, il se prit au jeu et décida de côtoyer ce milieu, certes très fermé, de la jeunesse dorée londonienne. Profitant de son nom de famille, enfin, le "faux", il s'entoura de la noblesse anglaise qui fréquentait le lycée privée auquel ses parents l'avaient inscrits. En effet, s'ils n'avaient pas trop d'argent, ils ne voulaient rien laisser au hasard concernant son éducation et son avenir. Il ne fallut pas longtemps pour qu'il se mette à boire, et profiter de la naïveté des petites bourgeoises qui découvraient la vie en même temps que lui. Véritable playboy à son arrivée au lycée, il dépensait sans compter, mettant encore davantage ses parents dans l'embarras. Ceux-ci qui comprenaient sa rébellion au début, se retrouvaient impuissants.Ce n'est que lorsque la mort vînt frapper à leur porte qu'il se rendit compte à quel point il avait été bête et injuste. Son père fut terrassé l'année de ses 18 ans par un cancer qui ne lui avait laissé que quelques mois à vivre. Une épreuve qui allait changer son avenir du tout au tout.

4 septembre 2009, Bar de Soho. Suite à la mort de son père, Ethan n'avait eu d'autre choix que de se trouver un travail rapidement afin de subvenir aux besoins de la famille. Aucun de ses amis de lycée n'avait voulu lui adresser la parole depuis qu'ils avaient enfin appris qu'il était en réalité "sans le sou", ou du moins pour eux. Très solitaire et aigri, il se renferma sur lui même, préférant se réfugier dans la littérature et le cinéma qui l'aidaient à s'évader, à oublier son quotidien morne et insipide. Le soir, il officiait comme barman dans un bar chic de Soho. Il lui arrivait même d'ailleurs de servir ses anciens amis, qui se faisaient un plaisir de lui rappeler la où était sa place. Qu'est ce qu'il pouvait détester ces gosses de riche... il ne comprenait même pas comment il avait pu vouloir faire partie de ce milieu auparavant. Côté coeur, on pouvait parler de véritable désert affectif. Le sexe à l'inverse, lui permettait de profiter d'un instant de chaleur, un semblant de connexion affective l'espace d'une nuit. Affection, qui lui manquait cruellement depuis que son père s'en était allé et que sa mère, telle qu'il la connaissait était partie avec lui.

24 janvier 2014, Maison de Flaherty. Rentrant d'une soirée de boulot éreinté, Ethan s'écroula sur son lit tout habillé. Il fut néanmoins réveillé par un étrange silence qui enrobait l'atmosphère. En effet, il avait l'habitude de bénéficier des talents de cuisinière de sa mère, qui venaient lui chatouiller les narines, agissant presqu'aussi efficacement qu'un réveil matin. Se frottant les yeux, il émergea tant bien que mal et jeta ses affaires embaumées de cigarette et d'alcool dans la corbeille à linge, pris une douche rapide et enfila un caleçon et un t-shirt pour se diriger vers la cuisine. Il chercha des yeux sa mère un moment, puis vînt naturellement frapper à la porte de sa chambre. Une fois, puis deux... il entreprit d’entrebâiller la porte, l'appelant fébrilement. Il était trop tard. Il la trouva la allongée, près d'un flacon de médicament vide. S'effondrant sur le sol, il éclata en sanglots, pleura encore et encore. Non seulement sa famille biologique n'avait pas voulu de lui, mais maintenant c'était sa véritable famille, ceux qui l'avait élevé qui venaient de disparaître à jamais. C'est seulement plus tard qu'il découvrit une lettre, dernier vestige des pensées de sa mère qui lui léguait tous leurs biens. Elle expliquait entre autre qu'elle avait fait cela pour lui assurer une meilleure vie, une vie digne de lui. Ce qu'elle n'avait pas compris, c'est que sans elle, sa vie n'était même plus digne d'être vécue.

17 septembre 2014, King's College London. Voulant oublier cette tragédie au plus vite, Ethan s'empressa de vendre la maison dans laquelle il avait vécu pour aller vivre dans un petit appartement près d'Hackney. Bien plus modeste, mais qui lui permettait désormais d'abandonner son boulot afin de découvrir - un peu tard certes - les bancs de la fac. Il commença des études de droit anglo-américain et brilla immédiatement auprès de ses professeurs de par sa culture (qu'il avait entretenu au travers de ses lectures) et de son envie d'apprendre qui était presque insatiable. Après un bachelor qu'il obtint sans grand problème, ses professeurs l'incitèrent à partir étudier aux Etats-Unis afin de parfaire son cursus, et surtout de se faire des contacts. Rebuté à l'idée d'aller vivre outre-atlantique au début, Ethan fut convaincu lorsqu'il découvrit que le peu de famille qui lui restait habitait en fait Boston. En effet, depuis qu'il s'était retrouvé seul, il avait suivi de près les moindres faits et gestes de la famille Maxwell, et n'avait pas manqué une miette de la vie dissolue que vivait son "frère", véritable golden boy qui n'avait sans doute jamais touché une éponge de sa vie. Il se décida donc à postuler dans plusieurs universités de la côte est et fut accepté à Harvard, faculté dont la réputation n'était plus à faire. Armé d'une bourse complète, et même d'un stage au bureau du procureur de Boston dégoté par l'un de ses professeurs de Londres, il ne tarda pas à faire ses bagages direction le Massachussets.

15 août 2018, Université d'Harvard. Après une rentrée anticipée et quelques cours de bienvenue, Ethan avait enfin trouvé ses marques. Bien qu'il lui ait fallut quelques semaines pour s'habituer à l'accent américain qu'il considérait comme un véritable affront à la langue anglaise, il était désormais comme un poisson dans l'eau. C'est presque sans effort qu'il finit par se retrouver en présence de sa soeur, une soeur qu'il n'avait jamais vu qu'en photo. Meg était magnifique, intelligente et sympa. En tout cas c'est ce que lui avait dit Willa, l'une de ses amis avec qui il avait commencé à coucher peu après son arrivée à Boston. Il n'attendit pas longtemps avant de l'aborder et de lui avouer qui il était vraiment. Bien que son plan initial était de lui gâcher la vie, il changea son fusil d'épaule lorsqu'il comprit qu'elle aussi avait vécu une histoire similaire à la sienne, et qu'il ne pouvait pas lui en vouloir d'être une enfant pourrie gâtée. Tout ce qu'il voulait c'était faire payer à ses soi-disant parents de l'avoir abandonné, d'avoir nié son existence, comme s'il ne méritait pas leur amour. Par contre, sans avoir encore rencontré son frère Elliot, il connaissait sa réputation, ses habitudes et s'attendait déja à ce qu'il le déteste. Qui oserait donc prétendre vouloir prendre la place de Monsieur Elliot ? Ethan se fichait bien de l'héritage, ou même de cette famille d'ailleurs. Tout ce qu'il voulait c'était comprendre... comprendre et surtout se venger de ceux, qui comme ses parents à l'époque avaient voulu le reléguer au rang de fantôme.