Déménager à Boston, ça coûte une fortune. J'suis pas vraiment riche mais après avoir beaucoup travaillé cette été et durant les deux dernières années, j'ai réussi à récolter de l'argent pour m'acheter une voiture. Je comptais attendre la fin de mes études mais à force de voyager entre la maison, l'hôpital et Harvard... Je pense qu'une voiture peut m'être utile déjà. En plus, comme ça j'ai pas besoin de payer des déménageurs. J'ai pas de gros meuble de toute façon, rien dans le loft ne m'appartenait. Bref ! J'ai tout mis dans ma voiture et j'ai pris ma place sur le siège passager. J'ai mon permis de conduire depuis des années déjà... mais conduire, ça fait un sacré bout de temps que je ne l'ai pas fait. J'ai fais Sam quelque fois en soirée bien sûr, en accompagnant mes copines mais... c'est tout. Je ne me rappelle même pas de la dernière fois, en plus. J'devais être entrain de réfléchir un peu trop quand j'ai percuté ta voiture avec la mienne. J'ai loupé la lumière rouge, ou quoi ? Peut-être que c'est toi, j'sais pas. J'suis larguée. Le choc n'a pas été énorme... en tout cas, je vais bien, physiquement. Plus de peur que de mal, comme on dit. Cependant, je fige en fixant mon volant. Je cherche à comprendre ce qu'il venait de se passer. Finalement, j'ouvre la portière et sors de ma voiture, pour aller voir les dégâts.

J'étais pensif. Pas mal de choses me traversaient l'esprit dernièrement, depuis le retour à Harvard, les priorités se bousculaient et les scandales faisaient leur retour en force. J'étais pas encore sorti de cet enfer malheureusement. Mine de rien, je me sentais franchement pas à ma place. Je voulais pas rester aux États-Unis, encore moins compte-tenu du bras de fer qui avait lieu en ce moment entre ce pays et le mien. Il me paraissait normal de vouloir être chez moi, prêt à répondre à toute éventualité... mais non. J'étais coincé dans ce pays, dans cette ville, dans cette école de merde. Super. Heureusement ce n'était que temporaire. Bref, je réfléchissais beaucoup et réfléchir au volant, ça arrive souvent mais ce n'est pas forcément conseillé... Un choc me ramena bien vite à la réalité et ne me la fit pas quitter heureusement pour moi. J'avais percuté une autre voiture, mais c'n'était pas violent. Moi qui avais l'habitude de rouler comme sur un circuit, ce n'était pas le cas cette fois comme j'avais la tête ailleurs. Quelle chance, ou pas. Remis de ma surprise, je sortis en claquant la portière. Mais t'es tarée où quoi ?! hurlai-je, le tout accompagné d'innombrables insultes en russe... jusqu'à ce que la fille sorte de sa voiture, jusqu'à ce que je te reconnaisse. Super. Manquait plus que ça. Est-ce qu'un autre mieux pouvait mieux décrire la situation ? Clairement, j'avais pas envie de te voir et là nous y étions bien forcés. Un simple regard à la portière de ma voiture me fit soupirer longuement, elle était bonne pour le garage... quant à la tienne, le capot s'était plié et l'huile fuitait. Clairement mauvais. Bref. Jackpot.

J'avais clairement la tête ailleurs. J'ai fais l'erreur d'être trop à l'aise dans une situation où j'aurais dû être plus nerveuse... Ça fait trop longtemps que je n'ai pas conduit pour me permettre de laisser rien qu'une main sur le volant et un œil à peine concentré devant moi. Dans tous les cas c'est dangereux, j'ai eu de la chance que la collision ne soit pas trop extrême. Après être resté quelques secondes, je sors de la voiture pour marcher jusqu'à l'avant et constater que le capot est plié. Fuck. Ma voiture est sorti du concessionnaire cette semaine quoi... Elle est neuve ! Ça m'aurait autant fait chier si elle avait 2 ou 3 ans mais putain, encore plus en sachant qu'elle a même pas une semaine et que les assurances vont me coûter une fortune à l'avenir. J'entends du russe, une voix que je connais en plus. Je relève les yeux. Tu te fous de ma gueule ? Que je dis, en découvrant qui tu es. Tu t'es plains en même temps que moi, après m'avoir vu aussi. Je tourne la tête de nouveau vers ma voiture pour prendre une note mental des dégâts. Ouais, ça va me coûter cher putain. Je soupire en relevant les yeux vers toi. Tu sais pas conduire ? Ou bien tu reniflais un peu trop ma culotte, peut-être ? Pour le coup... je ne savais absolument pas quoi te dire. Car en vrai, j'ai pas la moindre idée de ce qu'il s'est passé, j'avais pas la tête à ça du tout. C'est peut-être même ma faute... mais je ne voudrais pas l'admettre devant toi.

Moi je me foutais de ta gueule ? Je savais bien que ce n'était pas une question qui attendait de réponse, t'avais probablement pas envie de me voir non plus. J'me demandais bien pourquoi d'ailleurs ? Mon regard se reporta sur nos voiture encastrées. On aurait roulé plus vite, ça aurait probablement pu être bien plus grave parce que même à notre vitesse, elles avaient pas bonne mine. Et ma voiture coûtait une blinde, super. Heureusement l'argent n'était pas un problème pour moi. Pour toi, c'était déjà plus sous surveillance... quand bien même tu ne sois pas dans le besoin, tu ne pouvais pas dépenser sans compter et cette dépense imprévue risquait de t'étrangler quelques temps. Quelle culotte ? Celle que j'ai accrochée à la poignée de ta porte ? T'as pas reçu mon cadeau ? Même pas lavée, juste au cas où t'oublierais c'qu'elle signifie, ricanai-je en te dévisageant. C'est quoi ton problème Andy ? T'es plus foutue d'te regarder dans un miroir alors t'as décrété que t'allais me traiter comme de la merde ? Pas d'problème. J'ai l'habitude que les gens m'aiment pas, mais toi ça me faisait déjà chier davantage, c'est pas comme si on se connaissait pas depuis de longues, longues années, et ça me faisait amèrement regretter ce qu'il s'était passé au vu du résultat.

T'as accroché ma culotte à ma porte ? Putain, j'ai même pas remarqué. Est-ce qu'un de mes colocs s'en ait occupé ? Puis comment est-ce que tu sais où j'habite ? Damn, c'est un peu creep là. Elle est où ma culotte maintenant ? Bref oui, les femmes sécrètent des fluides quand elles sont excitées, move on. Te voir rire c'est rare, alors te voir rire de moi c'est carrément insultant. Je te regarde, sans émotions. Tu m'impressionnes pas pour deux secondes. Peut-être que t'es juste une merde, t'y a pensé, à ça ? Je fronce les sourcils. Ouais peut-être bien que j'regrette d'avoir couchée avec toi, mais le blâme je n'ai pas à le prendre seule. Tu savais que j'étais en couple et tu t'es acharnée sur moi quand même toute la soirée... et maintenant tu défonces ma voiture ? Tu viens me porter ma culotte chez moi alors que j't'ai même pas donné mon adresse ? ...Tu me stalkes, t'en a pas eu assez c'est ça hm ? Je ne regrette pas réellement d'avoir couché avec toi, je ne pense pas réellement à ce que je dis. Je regrette d'avoir été en couple au moment où on l'a fait et comme tu dis, c'est probablement plus facile pour moi de te rejeter la faute dessus ou de rejeter la faute sur Lauri. Depuis que t'es de nouveau dans ma vie, tu fous l'bordel. Et maintenant j'ai plus de mec, plus de voiture, donc même plus de moyen d'finir mon déménagement pour fuir mon ex. Je soupire et me retourne pour regarder l'auto. J'ai l'impression d'avoir dépensée l'argent accumulé de mes nombreuses heures de travail... pour rien.

Peut-être que j'étais juste une merde ? J'l'avais jamais été avec toi mais tout compte fait, il était peut-être temps que j'commence à l'être. Je préfèrerais me faire couper la main que retourner ma veste envers les personnes que je connaissais très bien et qui comptaient, mais ton comportement ne faisait aucun sens et je n'avais pas l'intention de courber le dos et me laisser battre sans riposter. Je t'écoutais en silence puis quand t'eus terminé, je sifflai, impressionné. Je dois avouer que tu m'impressionnes là. Je me suis trompé sur pas mal de points ces derniers jours. J'me suis trompé en pensant que t'étais une grande fille capable de prendre ses propres décisions et d'assumer ses choix, j'me suis trompé aussi sur l'importance de notre contact de longue date. La seule merde que j'voie ici, c'est celle qui m'parle d'acharnement comme si je l'avais violée alors qu'elle était clairement pas dernière dans la course au flirt et qu'elle a insisté quand j'lui ai dit de se rhabiller. T'avais la dalle Andy et t'aurais baisé n'importe qui parce que tu voulais qu'ça arrive, point barre. A quel moment j'ai foutu l'bordel ? Tu m'donnes un sacré rôle et une bien belle importance en disant ça, alors que finalement, j'n'en avais pas tant que ça. Et comme ça t'étais plus avec ton mec ? Surprenant. Lui aussi tu lui avais dit que c'était de sa faute quand vous aviez rompu ? Je reportai mon regard sur nos voitures, agacé et contournai la mienne pour chercher les papiers du constat. Le plus vite on aurait terminé, le plus vite je pourrai me barrer. J'avais suffisamment entendu d'âneries pour la journée.

Tu t'es trompé sur pas mal de choses sur moi ? Je t'écoute parler jusqu'à la fin de ton speech, mais clairement, la dernière phrase est venu me chercher. J'avais la dalle et j'aurais baisé n'importe qui pour tromper Lauri. Je t'ai envoyé ma main au visage, j'pari que tu l'as pas vu venir tellement c'était rapide. Moi, j'ai dis que le blâme je n'avais pas à le prendre seule et te voilà entrain d'essayer de me retourner le cerveau. Je te quitte aussi pour aller m'asseoir dans la voiture et chercher les papiers. Après les avoirs trouvé, je me penche sur le volant pour prendre le temps de me calmer. Les flics se garent près de nos voitures et viennent cogner à ma porte pour me demander de sortir. J'ai jamais eu d'accident, moi. J'sais pas du tout ce que je dois faire... et je sens le moment venir où j'vais devoir admettre que j'sais pas du tout ce qui est arrivé. Là, j'ai juste envie de rentrer chez moi.

Paf. Touchée. A la gifle que je m'étais reçue, j'avais très clairement titillé une corde sensible. Tant mieux. La baffe était pas ce que je voulais, mais te blesser, oui. Parce qu'avec ton comportement je l'étais aussi. J'avais commis l'erreur de penser que ça ne changerait strictement rien entre nous, de penser que ma tentative d'être là par la suite, aussi mauvaise soit-elle, éviterait que ça ne nous impacte trop. De toute évidence, j'avais vu la vierge, parce qu'on était très loin de notre relation d'avant. Tu retournais dans ta voiture et je fis de même, soupirant longuement en cherchant les papiers alors que les sirènes des voitures de police approchaient, jusqu'à se garer près de nous. A croire que le moment des règlements de comptes n'était pas terminé. Si nous avions été en bons termes je t'aurais laissé me donner la responsabilité à 100% pour te minimiser les frais, mais là c'était cuit. Hors de question. Je sortis de ma voiture quand un agent s'approcha ainsi que quelques témoins, qui donnèrent rapidement leur version avant de repartir. Feux en panne, on avait tous les deux forcé le passage. Forcé, un bien grand mot pour deux personnes dans la lune, nous n'avions juste pas fait gaffe et ça nous coûtait nos voitures. Je me méfierais de la version de la demoiselle moi si j'étais vous, ça a l'air d'être le genre de personne qui assume pas ses conneries, commentai-je auprès de l'agent assez fort pour que tu m'entendes en m'allumant une cigarette, sous l’œil perdu de celui-ci.

Je n'étais pas prête à affronter les policiers, pas prête à expliquer ce qu'il s'était passé alors que je n'en ai pas la moindre idée. J'étais perdu dans mes pensées... et peut-être qu'entre le boulot, les études, ma relation qui vole en éclat et le déménagement, j'suis morte d'épuisement. Je sors de la voiture lorsqu'on me le demande et contourne celle-ci pour retourner auprès de toi et du deuxième agent. Au même moment, je remarque les feux de circulations clignoter rouge... J'ai bien fait l'arrêt, mais j'ai surement reparti trop vite, ou bien on a tous les deux cru que c'était à notre tour de passer. J'en sais rien... ça me soule de pas m'en rappeler, alors que j'étais là bordel ! Méfier de MA version ? C'est toi qui ment là, à faire comme si tu me connaissais pas alors que j'suis ton ex. D'ailleurs, j'assume justement cette connerie-là, d'être sortis avec toi. Je tourne la tête vers l'agent et replace la mèche de cheveux qui est tombé sur mon visage. Les feux sont en panne. J'étais à l'intersection et j'ai cru que c'était à mon tour de passer, alors c'est c'que j'ai fais. Ouuuuh est-ce que c'est vraiment ça qui est arrivé ? J'en sais rien. Mais je prie pour que ma version colle moindrement avec la tienne ou du moins celle des témoins.

Moi qui mens ? Je tournai la tête vers toi en soufflant ma fumée droit dans ta face. A faire comme si j'te connaissais pas ? C'est l'hôpital qui s'fout de la charité là. C'était qui le plus distant de nous deux depuis cette nuit-là ? Clairement pas moi. J'vois même pas comment tu peux m'demander de m'sentir responsable de ta tromperie, j'ai pas d'responsabilité dans votre couple. On marche sur la tête. Comment j'pouvais me sentir responsable ? J'le percevais pas comme si t'avais cédé uniquement parce que c'était moi. Partant de là, forcément on se comprenait pas. T'as cru ouais, on fait tous des erreurs. Comme moi j'avais cru pouvoir te faire confiance sur cette nuit-là, mais non, fallait que tu foutes tout en l'air. C'est quoi l'intérêt ? Vous savez quoi finalement, collez-moi les responsabilités que vous voulez, j'veux juste en finir. D'ailleurs si j'peux m'permettre, les enfants ne devraient pas pouvoir conduire, dis-je en te lançant un regard en coin. J'en avais assez de tes regards de travers à mes blagues au club de chasteté, de tes piques par sms, de ta gueule d'enterrement même pas une minute après qu'on ait baisé. Tu m'avais vraiment traité comme ton godemichet et tu comprenais pas que j'sois en colère ? J'avais plus rien à foutre ici, je t'avais bien assez vue.