semelles qu’embrassent l’bitume, tu fauches le sol goudronné d’un fox-trot improvisé sous l’œillade complice d’la lune et d’ses sempiternelles adoratrices lumineuses.
clope pincée entre tes lèvres flétris, cette dernière n’tarde pas à clamser contre l’asphalte lorsque tes opales percutent l’enseigne peu attrayante du black dog.
ça fera l’affaire !
haussement d’épaule alors qu’tu pousses la porte translucide d’la pulpe d’tes doigts, mélodie aromatique qu’heurte aussitôt ton olfaction, qui t’enivre d’par la subtilité du rhum blanc jusqu’à l’éther complexité des vieux rhums millésimés.
c’est ton odorat qui t’guide jusqu’au bar, là où t’autorises tes papilles gustatives à forniquer avec le liquide ambré, toi qu’a opté pour la spécialité des lieux qui porte l’même nom qu’la bâtisse.
lippes scotchées contre ton verre, tu papillonnes la salle d’un battement d’cil indiscret, à la recherche d’une distraction pour flinguer l’sablier du temps qui semble s’éterniser sur cette nuitée chiatique.
ton regard s’éternise sur une silhouette en particulier, une d’entre celles qu’tu as, jadis, apprécié les teintes bistrés qui jaspent son palpitant.
tu flottes jusqu’à elle, lui imposant ta présence d’un sourire carnassier, crocs lactés qui détonnent contre cette obscurité lascive, derniers qu’tu plantes dans ta chair rosée.
– iris.
berceuse empoisonnée qu’tu fredonnes pour l’hypnotiser, tes prunelles impérieuses qui lui ordonnent d’se prosterner.
tu la veux.
là. maintenant.
– j’t’ai connu moins… affublée !

@deirdre m. wheelan

Que cherches-tu Deirdre ? Le pâle de tes lèvres recouvert du carmin nocturne, le délavé de tes prunelles habillé de sombre. Une robe ténébreuse et des talons fins pour souligner la silhouette. Que cherches-tu ? Proie offerte ou Chasseresse ? Le danger te hante à flirter de nouveau avec les vestiges d'Iris. C'est aussi incongru que ça en a l'air, la noirceur et les bas-fonds te manquent. Autant que la lumière et les apparats des hautes sphères. Tu ne peux te passer ni de l'un, ni de l'autre. Un peu à ton image. Pour ce faire, tu t'aventures dans l'ombre de Clay, ce flic étrange qui avait un frère aussi doux qu'un agneau, celui pour qui ton cœur a presque ouvert sa trappe sombre, si tant est que son existence soit une vérité. Les deux ont disparu, il n'en reste que des vestiges dans cet endroit. Le rhum s'offre à tes lèvres avides, le regard se disperse au gré des tourments qui te reviennent par miettes. Une voix résonne à tes oreilles. Une voix pour laquelle tu n'as même pas besoin de l'image. Le grave du timbre te hérisse au plus profond, partagée entre appréhension et un désir bien plus sombre, impérieux. « Orion. » Les lèvres s'étirent et dégagent l'ivoire de tes dents. Le Chasseur vient obtenir son dû et la tentation d'y offrir l'exsangue de ta gorge t'inonde. « Iris n'est plus, tu l'as sans doute remarqué ? » C'est souvent que tu venais me hanter là bas et je t'ai abandonné comme un anonyme. J'ai espéré ton retour autant que je le redoute. « Tu n'as rien à chasser ce soir ? » provoque les lèvres boudeuses et l'absinthe du regard. Tu ignores tout de moi, tu connais tout de mes ténèbres alors jouons encore un peu puisque tu t'offres à moi.

– orion.
o. ri. on.
trois syllabes.
phonèmes miaulés qu’étirent tes lippes, parsemant tes opales d’une flopée d’étoiles scintillantes.
regard constellé qui flirte contre l’épiderme lactescente d’ta gourmandise nocturne, dévorant ta pulpe rosée pour apaiser ton appétit.
pourquoi est-elle – encore – nippé ?
toi qui la veut dépouillé de toutes étoffes encombrantes.
– iris n'est plus, tu l'as sans doute remarqué ?
œil de lynx, félin à la curiosité malsaine.
témoin d’tout et de rien.
rien n’t’échappe !
haussement d’épaule pour batifoler ton innocence alors que tu moisissais d’son absence, elle qui t’a dupé comme un débutant.
elle en payera l’prix !
– et t’es qui, maintenant ?
mimique faussement intéressé alors que tes lèvres mignotent ton verre, goulée qu’embrase ton œsophage, laissant derrière elle les vestiges corrosives d’son pèlerinage t’picoter la gorge.
– tu n'as rien à chasser ce soir ?
rictus qui t’déforme l’visage, traits massacrés par ton amusement soudain.
il était temps !
– si. mais j’me disais qu’tu pourrais m’aider à choisir ma proie.
elle est déjà là, ta proie.
juste devant toi.
iris ou pas.
consentante ou pas.
t’avales les maigres centimètres qui séparaient vos deux défroques, lui imposant ta proximité suffocante.
taille que t’harponnes d’une poigne ferme, l’obligeant ainsi à faire volte-face.
vue d’ensemble sur la salle bondé, c’est ton bassin qu’effleure son derche alors que ton accent captive son ouïe d’un murmure capiteux.
– joue avec moi.
prosodie mielleuse aux effluves lubriques, celle qui caresse ta langue d’une douceur artificielle.
ordre falsifié pour bercer l’oppression.
tu n’veux pas qu’elle s’éclipse, qu’elle glisse entre tes griffes affûtés.
hypocrisie qui t’sert de choker pour étouffer l’être damné qui beugle à l’intérieur de toi.
trop faible pour l’combattre, t’en as fait ton allier le plus précieux.
diable incarné.
monstre sanguinaire.
c’est toi, storm, ta propre bête sauvage.

@deirdre m. wheelan

Ce n'est pas par hasard que tu es venu ce soir. Les prunelles délavées observent le Téméraire, s'amusent et s'effraient de l'aplomb du Violent. Plus imprévisible qu'Orion n'existe pas. Elle aime cette violence sourde en lui. Elle redoute cette part sombre qu'il éveille en écho chez elle. La tentation est trop grande pour ne pas y succomber pourtant. Tu es faible jeune femme. « Celle que tu veux. » Elle ne s'abaissera pas à délivrer son nom, son identité, trop de clés pour cette carapace que je m'applique à forger depuis toutes ces années. Un jour peut-être. Le sourire se fraie un chemin sur la bouche sanglante lorsqu'il expose ses projets de chasse. L'aider à choisir, cela pourrait être drôle. Mais Deirdre, tu es naïve de croire que ce soir il s'intéresse à une autre. Et encore plus niaise de t'en sentir flattée. Le feu embrase son ventre lorsqu'elle sent le bras masculin agripper sa taille pour la retourner. Le souffle exhale rapidement de sa poitrine en mouvement. Deirdre voudrait trouver la force de lui résister, mais le jeu est une sombre échappatoire, la distraction recherchée aux tourments. Les ténèbres au profit d'autres plus sombres encore. De sa croupe, elle effectue un léger mouvement en direction du bassin inquisiteur histoire de nourrir un peu les braises dignes de Mag meld dans le feu masculin. Les phalanges de la Sombre attrapent celles du fauteur de troubles, ses lèvres murmurent effrontées. « Tu veux jouer vraiment ? » Orion voulait toujours jouer, ce n'étaient que les préliminaires de leur duel. « Donne-moi envie de jouer alors. » ajoute la Téméraire tandis que ses phalanges se replient sur la chair hostile histoire d'y planter un peu plus ses griffes.

corps familier au prénom étranger.
tu n’t’en fais pas pour une banale épellation.
les paroles peuvent bien changer, voire s’effacer complètement, tant que la mélodie, elle, conserve la même eurythmie.
– celle que tu veux.
bonne réponse.
c’est toi qui décide.
imagination sans fin, sempiternelles fantaisies qui caressent ton esprit chimérique.
tu feras d’la brune une version améliorée d’iris, fignolée à ton image, façonnée selon tes goûts et tes désirs.
lubie silencieuse qu’étire tes lippes en un sourire narquois, celui qui frôle l’insolence, qu’embrasse une audace presque scandaleuse.
caprice extravagant qui s’transforme soudainement en chasse humaine.
proie que t’as déjà repéré, celle qu’est à deux doigts d’tomber dans l’piège que t’as agilement élucubré.
paluches curieuses qui flirtent avec les courbes délicates d’ta capture nocturne, la pulpe d’ses doigts qu’effleure ton épiderme lorsque ton bassin batifole son derche.
– tu veux jouer vraiment ?
oui.
rictus qui n’cesse d’déformer tes traits sous l’halo pussilanime de l’éclairage.
inutile d’répondre à sa question à haute voix.
elle t’connait bien, l’ancienne iris.
la réponse, elle la sait déjà.
– donne-moi envie de jouer alors.
griffes qu’elle plante dans ta chair, effronterie qui t’arrache un soupir embrasé.
souffle ardent.
épiderme brûlant.
tu t’enflammes contre son hardiesse, verre qui t’encombre, soudainement.
emprise affûtée dont tu t’dégages, liquide ambré qu’incendie ta langue.
cul sec !
ton attention qu’elle capte aussitôt qu’tu t’débarrasses du godet qui t’gêne.
piqué à vif.
– ok. choisis n’importe quelle gonzesse dans c’bar…
tu murmures.
tes doigts qui papillonnent, qui s’immiscent sous l’étoffe qui drape sa peau fiévreuse.
barrière insignifiante pour un storm.
– et, si j’parviens à l’embrasser en moins d’une minute, tu passes la nuit avec moi.
t’omets d’émettre c’qu’elle y gagne si, toi, t’échoues.
parce qu’il y a aucune autre conclusion envisageable qu’une victoire écrasante d’ta part, orion.
elle salira tes draps, quoi qu’il en soit.
un point c’est tout.

@deirdre m. wheelan

psst:

Tu es un drôle de poison Orion. De ceux dont on redoute la substance mais desquels on ne peut empêcher l'ivresse. Et le goût se prononce pour le péché. Ma bouche l'appelle presque. Elle se fend d'une insidieuse soumission lorsque le Téméraire prêche par sa nonchalance. Celle que tu voudras Deirdre. Vraiment ? Le cadeau est trop précieux. Alors tu joues Deirdre. Tu le marques de ton désir le plus profond par l'acéré de tes ongles. Tu déroules ta prestance à ses pieds mais tu signifies symboliquement la défense. Les attaches, tu t'en es libérée il y a bien longtemps. On ne mélange pas le cul et le cœur. Pourtant, ce traître absent manifeste bien quelques fols battements en sa présence conquérante. Le soupir masculin oppresse ton bas-ventre. Malsain. Il l'est et tu l'es d'autant plus. Tu devrais fuir, mais tu prends goût à la Douleur, malheureuse enfant. Tes yeux se plissent sous le défi. Sur ce choix qui n'en est pas un. Aucun doute, Orion parviendra à ses fins. Il y parvient toujours. « Et je gagne quoi moi ? » s'amuse la Complice tandis qu'elle se retourne pour lui faire face. L'insolence de ton souffle Storm. Il est heureux que tu ignores comme il embrase mes noires flammes. Elle ajoute, intransigeante. « Si tu n'y parviens pas avant, parce que tu y parviendras de toute manière, c'est toi qui passera la nuit avec moi et selon mes règles. » Aussi tordues peuvent-elles être. Elles ne le sont peut-être pas autant que les tiennes, mais va savoir lequel de nous deux est le plus étrange.

Spoiler: