Ca fait vingt minutes que je t'attends face à l'immense bâtiment abritant les services hospitaliers. 14h30, tu m'as à peine laisser le temps de me lever, d'avaler un bon petit déj, de m'habiller, de m'habiller et de faire tout le chemin jusqu'ici. C'est ça quand on se lève jamais avant midi mais c'est la vie que j'ai décidé de mener. Puis disons que je profite maintenant que je ne suis plus en Afrique et je n'ai pas à me lever aux aurores pour profiter des températures clémentes. Bref. Je pianote sur mon téléphone, tout en voyant les minutes défilaient. Okay je comprends les gens en retard sauf que toi tu sembles être très doué dans ce domaine. Je me doute que tu ne m'as pas posé de lapin, c'est pas ton style et tu aurais sans doute prévenu si tu avais eu un empêchement de dernière minute. Mais enfin je te vois courir comme un lapin, t'es bien essoufflé en arrivant près de moi mais ne reprend pas ta respiration, m'entrainant dans ta course folle." La prochaine fois, donne moi rendez-vous à 15h. " que je dis en plaisantant. Je m'en fou d'avoir attendu, c'est pas comme s'il pleuvait des cordes dehors ou que j'avais un emploi du temps chargé. Arrivés dans le hall, je fais ma curieuse." Pourquoi tu m'as entrainé ici ? Ce n'est pas banal comme lieu de rendez-vous. " Sauf si t'es malade mais je doute qu'on soit là parce que t'as des examens à passer. Je suis quand même dubitative parce que tu m'as dit vouloir me montrer ce qui te passionne. Est ce que t'as une passion bizarre pour voir les personnes se faire charcuter sur la table d'opération ? Je ne sais pas. Je suis confuse.

Bon à savoir que tu n'es pas du genre ponctuel. Maintenant que je suis au courant, je sais que je peux arriver en retard à nos prochains rendez-vous au lieu de poireauter de longues minutes. Je ne te tiens pas rigueur de ce défaut. C'est humain. Nul n'est parfait. Je m'impatiente à savoir ce que tu veux me montrer dans cet hôpital. Je m'attends à tout mais certainement pas à entrer dans une salle de jeux pour enfants avec plein de minimoys qui courent entre les jouets en tout genre. On dirait un autre monde. Une gamine saute sur Alan et lui reproche son retard. Le voir se faire remonter les bretelles pas une enfant me fait bien rire. Mais je conclus surtout que tu sembles bien connaître toute cette marmaille. Je crois que t'es le premier homme qui aime les enfants, que je croise, et je trouve ça tellement mignon, attendrissant. T'as l'air d'un vrai papa poule en interagissant avec cette gamine tellement mignonne. T'es un homme à marier en fait ! Mon sourire s'agrandit face à la timidité de cette petite. Pourtant elle n'a rien à craindre de moi. Les enfants ça me connaît. Sans doute parce que j'en suis une moi même." Macy première du nom. Et toi princesse ? " Que je demande alors que ma voix monte un peu dans les aigus. J'attarape son poignet." Oh mais tu as un joli bracelet. " Ouais un bracelet d'enfant avec des grosses perles de toutes les couleurs. Le truc bien moche mais qui fait sourire. " C'est toi qui l'a fait ? Si oui tu pourrais me montrer comment faire ? " Oui j'ai envie de m'amuser à enfiler des perles sur un bracelet et toi Alan tu ne vas pas y couper non plus. C'est ma petite vengeance pour m'avoir fait attendre.

Vraiment je n'aurais jamais deviné que tu passais ton temps avec des enfants. Mais bon je préfère ça que la cueillette de champignons. Pas que je n'aime pas les bois ou les champignons mais bon on fait mieux comme activité. Il n'empêche que tu n'as pas eu tort en pensant que j'allais apprécier cette journée. Les enfants et mois c'est une grande histoire d'amour. Enfin ça ne veut pas dire que j'ai envie d'en avoir maintenant mais j'aime passer du temps en leur compagnie, sans doute parce qu'ils sont comme moi, à ne pas avoir leur langue dans la poche. Je souris et ris intérieurement quand la petite accepte l'atelier perles. Mon regard se tourne vers Alan et je bat des cils comme pour lui dire "bien fait"." Pas seulement aujourd'hui ! " Les femmes régneront sur le monde, j'en suis persuadée. Telle une enfant sage, je m’assois par terre, croisant les jambes pour commencer notre première activité 100% féminine. Bien hâte de voir Alan avec un collier ultra kitsh. Je m'exécute pour faire le noeur afin que la demoiselle puisse enfiler ses perles." Tu veux que je t'aide aussi Alan ? " Allez je suis généreuse aujourd'hui donc je te le fais aussi." On va avoir de jolis bracelets assortis tous les 3. Le bracelet de l'amitié. " Est ce que je suis une enfant à cet instant ? Totalement.

Je n'ai pas eu une enfance très rose. Enfin je n'étais pas malheureuse mais ça c'est seulement grace à mes frères parce que je n'ai jamais connu de tendresse de la part de mes parents. Un manque dont j'ai souffert mais ça ne m'empêche pas d'être épanouie à l'heure actuelle et encore moins d'avoir un instinct maternel. Bon je n'ai pas envie d'être maman maintenant parce que c'est une trop grosse responsabilité et j'ai pas de sous, mais aujourd'hui j'ai l'occasion de passer du temps avec des enfants et je ne vais pas m'en priver. T'as eu une super idée Alan, mais surtout tu m'as bien cerné. Je me fous un peu de toi en faisant ton noeud et me retient de ne pas rire lorsque tu enfiles précautionneusement les perles sur le fil. On dirait que t'as fais ça toute ta vie. Tu me caches des choses non ? Je crois que les petits me prennent pour une extraterrestre à me fixer avec leurs petits yeux tout mignons." Promis, je viendrais jouer avec vous tous et même que je reviendrai d'autres jours. " Et ouais Alan tu auras le droit de me ramener quand tu le souhaites et dès que j'ai du temps libre à tuer. Je fais un bisous sur la joue du petit Aboubacar et relève la tête vers Alan." T'es jaloux c'est ça ? " Ca pourrait se comprendre." T'inquiètes pas, je fais pas dans le détournement de mineurs. " J'ai bien des défauts mais pas celui là. J'accroche le braceler au poignet d'Alycia et Alan (mère attentive que je suis) et au mien avant de crier fièrement " Voilà on est lié à jamais ! " Tu peux avoir peur Alan !

Ca fait longtemps que je n'ai pas cotoyé d'enfants. Depuis que je suis rentrée d'Afrique en fait. Je me souviens très bien de ces journées que je passais avec les enfants, leur apprendre à lire, écrire, jouer au foot avec eux. Mes moments préférés dans ces terres arides où il est parfois difficile d'oublier les misères. Mais parfois il suffisait d'un simple sourire pour les rendre heureux. Aujourd'hui c'est moi qui suis enjouée de voir la petite Alycia me faire son plus beau sourire avec ses dents de devant qui lui manquent. Vraiment trop mignon. Ca donne envie d'avoir des enfants, enfin des enfants qui ne vivraient pas à l'hôpital. On rêve tous d'un enfant en bonne santé et je ne peux imaginer la tristesse des parents qui doivent laisser leur enfant ici. D'un coup Alan redevient sérieux, à vouloir me parler à l'abri des oreilles qui pourraient trainer. Je me pince la lèvre inférieur quand tu parles d'enfants malades. Bien sûr que je le sais, mais dit à voix haute, ça rend tout de suite la chose plus réel, à mon plu grand désespoir." Oui je me doute que c'est pas drôle pour eux d'être ici. Life is a bitch, comme on dit. " Heureusement que les petits m'entendent pas, c'est pas très correct comme mot. Bref." Je pensais pas que t’avais un coeur aussi énorme, Alan. Et j'aimerais bien revenir de temps en temps. J'ai envie de les rendre heureux ces enfants. Ils le méritent. " Et j'aimerais pouvoir faire plus mais je suis pas médecin, pas Dieu non plus. Enfin bon être là c'est déjà beaucoup et ça me fait plaisir de me rendre utile." Oh tu crois que la prochaine fois, on peut organiser un atelier peinture. En plus tu auras des camarades à ton niveau. " Difficile de ne pas te charrier à ce sujet.