Le simple fait que Coco soit d'accord avec elle arracha un sourire si extraordinaire à Bambi que personne n'aurait pu croire qu'elle avait de la fièvre à cet instant précis. Du moins personne la connaissant peu, et passant à côté d'elle sans y prêter attention plus que cela. C'est un bon plan ça, s'en foutre... renchérit-elle de plus belle, pas décidée à déprimer ce soir. La déprime, c'était fini, l'italienne profitait à sa façon, même si cette façon était foncièrement dangereuse... encore une fois, elle s'en soucierait demain ! En même temps je suis en bonne compagnie, ça aide fit-elle valoir après sa beuglante l'ayant certes essoufflée, apeuré quelques pigeons mais détendue comme jamais. Coco, lui, parfaitement en forme, lui rappela l'existence de sa fièvre en lui pinçant le nez et, si elle fronça aussitôt ce dernier, suivit son pote sans même émettre de retenue. Je me sens bien moi... je pourrais même m'envoyer en l'air toute la nuit tellement je suis en forme ! reprit-elle, nature peinture, sans filtre, alors qu'ils arrivaient à l'hôtel du jeune homme. Bambi se moquait bien du public et pouffa telle une adolescente une fois dans l'ascenseur. Bah quoi ? C'est vrai ! Je suis vivante et j'ai l'intention d'en profiter !

Effectivement s'en foutre était un bon plan pour l'heure. Mais il ne fallait pas pour autant oser penser que Coco minimisait les problèmes de son amie. Loin de là, il était inquiet dans le montrer, et savait déjà qu'il allait devoir d'une manière ou d'une autre lui foutre un coup de pied au derrière, la secouer. Servir de bonne compagnie était une chose, mais être un bon ami en était une autre. Alors qu'ils arrivaient à l'hôtel, la Bibi se montrait imprévisible, ce qui fit rire le jeune homme. Tu serais pas un peu en manque, toi ? En manque d'affection et plus. Oui, il ne pouvait s'empêcher de noter tous ces petits indices. Lui qui pourtant la pensait avec une jolie rousse, bien rangée, comme à ses habitudes. Oui, il avait l'image de l'italienne qui souvent, était en couple. J'en doute pas mais peut-être qu'une douche froide pour commencer ce serait pas mal tu crois pas ? Après un peu de paracétamol. Dit-il en l'invitant à quitter l'ascenseur pour rejoindre sa chambre. Elle ne semblait nullement réclamer sa propre chambre d'hôtel, alors autant rester ensemble, et au moins il s'assurerait qu'elle ne fasse pas de bêtises.

La question méritait d'être posée : Bambi était-elle en manque ? D'affection, de câlins... à l'entendre s'exprimer et à la voir agir, cela ne pouvait qu'être évident. Et d'ailleurs, si l'italienne haussa les épaules d'un air faussement détaché, ce petit rougissement à ses joues prouvait aisément combien Coco venait de taper dans le mille. Pas ma faute si je suis seule et que personne veut de moi ! maugréa-t-elle discrètement, mâchoires serrées. Je dois être devenue moche... ou fade ! soupira-t-elle alors qu'il en rajoutait une couche en parlant de douche froide et de paracétamol. Dans le genre rabat-joie, il se posait là ! J'ai pas envie de me coller sous la flotte moi ! T'es pas drôle... tu vois toi aussi t'es comme les autres tu me trouves pas belle et fade, au point de vouloir me coller un paracétamol ! leva-t-elle les yeux au ciel en pénétrant dans la chambre. Mais c'était sans compter sur son envie de s'amuser... ou plutôt de faire des conneries. Pour la garder dans la chambre, ce n'allait pas être gagné. Tu crois que si je commande de la lingerie ultra coquine au room-service ça va me permettre d'avoir un câlin ?

Aux vues des humeurs de la demoiselle, Coco s'abstint de poser davantage de questions. A l'évidence la rouquine n'était pas ce qu'il avait imaginé, ou du moins elle ne l'était plus. Qu'importe, en parler maintenant ce serait sûrement devoir infliger à Bambi un tsunami de vilaines émotions. Moche ou fade ! Ce qu'il faut pas entendre ! Elle était difficile avec elle-même là, carrément injuste. Bambi était un canon sur pattes, et elle avait un charme bien à elle. Coco, n'avait jamais vraiment cru à l'amitié sans ambiguïté. Pour lui, être hétérosexuel et ami avec une nana que l'on trouvait jolie, c'était impossible. Peut-être pour ça qu'il avait souvent dragouillé gentiment la belle italienne. Mais il avait aussi vite compris que ce n'était la nature de leur lien et s'y était tenu. Mais la laisser dire qu'elle était moche et fade c'était trop demander. Tu sais que tu n'es pas très lucide ce soir ? Tu dois avoir 40° de fièvre cocotte, le paracétamol c'est même pas assez ! Puis tu seras encore plus belle une fois la fièvre évincée. C'est comme ça qu'il faut voir les choses.. Il faisait preuve de bonnes volontés, et d'un bel état d'esprit le Coco, et surtout il essayait de ne pas trop s'amuser du comportement de Bambi au risque de se faire détester. Mais ça n'empêchait que ce n'était pas évident. Elle l'inquiétait autant qu'elle l'amusait ce soir. Alors qu'il se déchaussait, il relevait le regard vers elle, amusé. Tu te paies ma figure là ? Ben quoi c'était étonnant tout ça. De la lingerie au room service, un fre hud tard le soir sur la place du Troca'.

Ben quoi c'est vrai ! protesta-t-elle en haussant les épaules, s'affalant joyeusement sur le lit en fixant le plafond, subitement d'un intérêt certain. Bambi ne contrôlait plus ses pensées et encore moins ses gestes, dominée par un manque cruel d'amour après tant de déceptions et de trahisons. Trop d'un coup pour son petit cœur fragile... Je suis très lucide ce soir, au contraire ! Mais une fois sans fièvre je vais redevenir ennuyeuse, celle que l'on abandonne et que l'on trahi... même si j'aime bien que tu m'appelles cocotte... Son discours n'était pas bien cohérent et pourtant, dans la bouche de l'italienne, il signifiait quelque chose. Elle se redressa pour consulter un catalogue de lingerie proposé par l'hôtel, alors que Coco s'étonnait de ses agissements. Très sérieuse, elle brandit son catalogue et ôta sa robe pour lui montrer sa lingerie. Bah nan ! C'est pas avec ça que je vais draguer hein...

Bien sûr c'était archi faux. Elle était toujours aussi agréable à regarder et toujours aussi pétillante. Mais il n'allait pas lui jeter des fleurs pour qu'elle se sente mieux. Il voulait que ça vienne d'elle, et il allait la secouer assez fort pour qu'elle y arrive. Elle ne l'avait pas habitué à tout cela, que voulez-vous ! Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de ma Corleonesi ? Une femme de caractère. C'est ainsi qu'il l'avait connue. Pleine de bonnes intentions, forte et affectueuse. En la voyant se procurer ce fameux catalogue il vint s'installer près d'elle, l'air intéressé. Pff, de quoi tu parles ! La Bambi que je connais aurait même dragué vêtue d'un sac poubelle. Il en faisait trop peut-être, mais pourtant il le pensait véritablement. Qu'elle ait été déçue il n'en doutait pas mais il lui refusait catégoriquement de s’apitoyer. Allez donne moi ça ! Oui, il voulait se rincer un peu l’œil, quoi, et ragoter un peu avec Bambi tiens. Regarde les, t'as rien à leur envier, tu serais même parfaite pour servir de modèle. C'était un sacré compliment de la part d'un mec qui adorait la photo.

D'abord étonnée par la réaction de Coco, l'italienne partit bientôt dans fou rire sans nom. La fameuse Corleonesi douce, aimante, aussi pétillante que les bulles du plus grand champagne de la création se trouvait belle et bien en face du jeune homme, mais doutait. Doutait d'elle-même, de ses charmes, de son existence. Bambi cessa de rire pour hausser les épaules, un maigre sourire ourlant néanmoins ses lèvres. D'un sac poubelle ? Mmh... ça veut dire que ma lingerie actuelle est pas top, ça... fit-elle une petite moue, le charriant au passage. Sa tenue était parfaite, et damnerait le plus saint des saints. Mais Coco s'empara bientôt de son catalogue, sans doute en vue de se rincer l’œil, la complimentant au passage, provoquant un joli rougissement... et une envie folle de le prendre à son propre jeu. Ah oui ? Mais vu que t'es photographe... t'as qu'à me prendre en photo ! se releva-t-elle pour s'approcher, féline. S'il pensait ses dires, il ne refuserait pas. Un photographe digne de ce nom ne refuse jamais un bon modèle...

Non ce n'était pas ce qu'il voulait dire. Au contraire, il essayait bêtement de lui dire qu'un rien l'habillerait, alors un bel ensemble n'était que bonus, même si ce n'était pas de la lingerie telle que celle qu'elle avait dans l'idée de commander. Non c'est pas ce que je disais. Répliquait-il sans avoir l'air désolé. Il ne l'était pas. Elle avait peut-être mal compris mais lui l'avait complimenté plus qu'autre chose n'est-ce pas ? Alors il feuilletait le catalogue de lingerie, non pas comme un pervers obsédé mais comme amoureux de la gente féminine et de la photographie, jusqu'à ce que la demoiselle finisse éclairée par l'idée d'une siècle. Okay ! Mais paracétamol avant ! Disait-il en la pointant du doigts l'air de la mettre en garde, et déjà lui aussi se réjouissait à l'idée de la photographier. Puis lui tendant le catalogue, il finissait par ajouter. Choisis-en alors, fais toi plaisir, et tu n'auras qu'à les garder après ça. Oui il réglerait volontiers la note à la fin de son séjour. En attendant, il s'était redressé, avait quitté son lit pour récupérer son appareil digne d'un professionnel qu'il n'était pas. Mais la passion l'animait. Un peu comme avec la musique.

Coco acceptait son idée. Bambi n'y croyait tellement pas qu'il lui fallut quelques secondes avant de s'en persuader, et de se mettre à sautiller telle une gamine dans la pièce, avant de prendre un verre d'eau ainsi qu'un paracétamol effervescent pour l'y mettre. Tu vois je suis obéissante ! papillonna-t-elle des yeux d'un air à la fois innocent et tout à fait ravi. L'italienne adorait les shootings, mettre en valeur ce que son corps avait encore s'attirant - son dos mis à part. Une chance que le jeune homme soit d'ors et déjà au courant d'une partie de son histoire tragique et qu'il n'y ait donc rien à craindre là dessus. Sérieux ? Tu m'offres un ensemble ? Pour la timide brune, c'était Noël. Tant et si bien qu'elle lui sauta au cou pour embrasser ses deux joues, tellement proche de ses lèvres qu'on aurait presque pu croire qu'elle l'aurait fait exprès. Nature peinture, elle reprit le catalogue afin de choisir un ensemble classe, rouge - sa couleur préférée - pour mieux le commander et l'enfiler dans la salle de bain, ne revenant que pour prendre son médicament et se présenter à son pote photographe. Alors, que penses-tu de ce choix pour notre shooting de la mort qui tue ?! Bien évidemment, Bambi avait choisi des escarpins de sa propre collection pour aller avec...

Coco était bien conscient que cette pastille de paracétamol ne serait pas suffisante. Pourtant il osait se dire que c'était mieux que rien et qu'avec un peu de chance une nuit de repos lui ferait le plus grand bien. Ouais je suis fier de toi cocotte ! A-t-il taquin et déjà trop concentré sur son appareil. Ce joujou auquel il tenait au moins autant qu'à sa guitare. C'était à se demande qui offrait quoi à l'autre ce soir. Cette série de photos c'était aussi fait pour lui faire plaisir même si jamais il n'aurait pensé le faire avec elle en lingerie. Et pourquoi pas après tout hun ? Puis voilà qui semblait ravir la demoiselle tiens ! Un sourire amusé s'apposait à ses lèvres alors qu'il finissait amusé avec ses bisous presque trop plein d'audace mais qu'il mettait sur le coup de fièvre, de l'excitation du shooting. Fallait-il préciser qu'elle était ravissante ? Outrageusement ravissante. Alors qu'il tamisait doucement la lumière de sa chambre d'hôtel il commentait. C'est parfait.. les escarpins c'est.. une excellente idée. Il ne l'avait vu comme ça, dans un lieu pareil en plus. Donc il en prenait plein la vue mais il allait vite lui falloir se resssaisir. Tu n'as plus qu'à faire vibrer l'objectif.. Dit-il en tirant sur l'unique attache à sa chevelure. Cette soirée était pleine de surprises!