Arf, je m'en veux. Des mois que ma mère veut me voir et j'annule la rencontre avec Callum au dernier moment avec des excuses bidons, comme quoi j'aurais des examens, comme quoi lui aussi. J'y tenais en plus. Mais vu l'état de Callum, des rencontres étaient impossibles. Il a encore l'arcade éclatée, les lèvres tuméfiées et j'ai beau couvrir son visage de baisers magiques, il fait peur à voir. J'ampute ma mère du bonheur de voir sa fille mais pas sa petite-fille. Je lui ai promis de déposer Jane chez elle ce week-end, elles passeront une semaine grand-mère/petite-fille. Je loupe les cours de vendredi, Callum nous accompagne, ce fou, prêt à souffrir quinze heures de route jusqu'en Louisiane et le retour. Alors on embarque dans la vielle caisse de mon chéri, vendredi aux aurores, direction la Nouvelle-Orléans. Le voyage a beau être pénible, Jane chouine, j'ai le mal des transports, le moteur fait un boucan pas possible, mais je suis heureuse. Quinze heures de route plus tard, je dépose Jane chez ma mère, je passe en éclair, je lui dis que je ferai le chemin retour de nuit, que j'ai du boulot demain, que je peux pas rester longtemps. Ma pauvre maman, je lui arrache un petit peu plus le coeur à chaque fois que je m'enfuis si vite alors qu'elle ne m'a pas vue depuis des mois. Mais voir sa petite-fille, ça compense. Une semaine toutes les deux, rien que toutes les deux, c'est elle qui viendra jusqu'à Harvard en avion samedi prochain pour me rendre ma puce. La vérité c'est qu'il est hors de question de faire le voyage retour de nuit. Il est hors de question de dormir chez ma mère vu l'état de Callum, moi je veux des rencontres de rêve, pas qu'elle se dise que je me suis encore trouvée un mec pas bien, puis on peut pas se permettre de payer un motel alors nous échouons chez une vieille connaissance à moi, une amie de longue date que j'ai connu au collège. J'ai retrouvé son numéro au fin fond de mes contacts, je l'ai appelée avec un mini espoir et bingo : on a un endroit où passer la nuit. Teresa, donc, nous accueille avec le sourire, soirée à se marrer en jouant au tarot à trois, puis Callum et moi allons nous coucher sur le vieux sofa rouillé. Ça doit lui rappeler des souvenirs. Petite nuit pépouze, à l'autre bout des Etats-Unis, chez une presque inconnue. La vie est une drôle d'aventure. 7h. Le réveil nous arrache au sommeil douloureusement. J'aurais bien dormi quelques heures de plus, je suis bien là, calée contre le torse de Callum, le dos sur le matelas à ressorts du sofa. "C'est toi qui a mis l'alarme aussi tôt ?" Je demande avec une voix grincheuse. Ma voix du matin. Je pense à la longue journée de route qui nous attend. Jusqu'à Boston. Viou, j'ai pas le courage. "Merci d'être venu jusqu'ici." Petit bisou du réveil. Bisou nuage.

Ta connerie avait fait tomber à l’eau la super envie de Roxanne. T’avais déconné, elle ne voulait pas t’faire rencontrer sa mère dans cet état. Pauvre idiot. Tu décides malgré tout de l’accompagner, tu t’refuses qu’elle s’avale quinze heures de route à elle toute seule. Peut-être l’avait-elle déjà fait mais il en était hors de question maintenant que t’étais là. Alors tu l’accompagnes, tu loupes les cours et t’avais prévenu Mme Bitcham de la boulangerie que tu ne serais pas présent aujourd’hui. Vous roulez avec les chouinages et les ronflements de Jane. Vous roulez en chantant à tue-tête les chansons qui passent sur l’auto-radio. Vous roulez en posant ta main sur sa cuisse, la faisant glisser parfois sous le tissus de sa robe. Ouais, t’avais toujours une main baladeuse pour Roxanne. Toujours. T’aimais la toucher, t’aimais l’aimer.

Après des heures de route sans fin, Roxanne dépose Jane chez sa grand-mère et vous filez passer la nuit chez une vielle amie à elle. Un canapé miteux en guise de couchage, une Roxanne exténuée à tes côtés, tu n’peux t’empêcher de laisser tes doigts parcourir son corps avant de fermer les yeux et plonger dans le sommeil en aillant pris soin de programmer ton réveil. C'est toi qui a mis l'alarme aussi tôt ? T’ouvre tes yeux dont l’un est encore bleui par les coups de Caleb. Ouais. dis-tu d’une voix rocailleuse en t’étirant de tout tes muscles dans le lit. Merci d’être venu jusqu’ici. Ses lèvres rosées qui se posent chastement sur les tiennes, tu glisses un bras autour de sa taille. C’est normal, Rox. La prochaine fois, on prends l’avion hein ? Ca ira plus vite.. lui réponds-tu avec un sourire en coin avant de sortir de sous la couette. J’meurs de faim ! grognes-tu en te levant et en enfilant un vieux jogging qui te tombait sur les hanches. Allez debout, femme ! lances-tu en voyant que Roxanne ne bougeait pas du clic-clac. On a une longue journée qui nous attends. dis-tu en enfonçant tes poings dans le canapé lit et en lui attrapant la lèvre inférieur du bout des dents.

Boh, il a pauvre mine mon Callum. Avec son oeil tuméfié. Alors que je dépose un petit baiser sur ses lèvres, je sens son bras qui vient enrouler ma taille. J'aime avoir ses mains sur moi. Il a toujours les mains chaudes. Une peau brûlante. "C’est normal, Rox. La prochaine fois, on prends l’avion hein ? Ca ira plus vite..." Je roule les yeux en riant, ouais, ouais, en avion. Monsieur l'apprenti boulanger et madame la serveuse, salaire de misère, dans un avion. Il se glisse hors des draps. Quel courage ! Je suis encore enroulée dans la couette, comme un sushi. "J’meurs de faim !" Je hoche la tête en baillant. Ouais moi aussi, c'est pas le potage de Teresa qui m'avait rempli la panse. "Allez debout, femme ! On a une longue journée qui nous attends." Ses dents attrapent ma lèvre, je plante mes yeux rieurs dans les siens. "Aaaarf t'es un vrai tortionnaire." Péniblement, j'aventure mes pieds hors de sous la couette. Mes petits orteils nus frissonnent sur le parquet, en quelques enjambées, je viens blottir mon petit corps à moitié nu contre celui de Callum. Contre sa peau brûlante. Mon radiateur préféré. Je tends une oreille vers le couloir, j'me souviens qu'on est pas tous seuls, faudrait pas réveiller notre hôtesse. Je farfouille dans mon sac de voyage, en sort de quoi m'habiller. En deux temps, trois mouvements, j'enfile un collant, un jean par-dessus, un sous-pull, un tee-shirt, une polaire. Et puis des méga chaussettes. Tue-l'amour au possible mais qu'est-ce que j'ai froid, je grelotte rien qu'à voir Callum dans son jogging fin comme du papier. "On a le temps pour un petit-déjeuner ou on prend la route tout de suite ? T'as des trucs de prévus à Boston ?" Rapport au réveil à sept heures du matin j'entends. J'avais posé des congés au Caffe et puis je m'étais arrangée pour m'avancer dans mon travail, j'aurais bien profité d'une grasse matinée sur le clic-clac. Puis je mourais pas d'envie de retrouver le siège de la voiture, il avait commencé à prendre la forme de mes fesses au bout de quinze heures de route. "Je pourrai conduire un bout si tu veux." Pas que j'y tienne plus que ça. Mais j'avais mon permis, pas de caisse, mais mon permis. Toujours dans mon sac. Qu'il puisse finir sa nuit sur la route. Je fais glisser une mèche de ses cheveux derrière son oreille, caressant du bout de mes doigts un hématome sur sa joue.

Pendant que Roxanne s’habille, tu fais comme chez toi et prépare le café. Comme tu l’avais dit à Roxanne t’avais une faim de loup mais l’idée du petit déjeuner de folie qui t’attendait à quelques heures de voiture d’ici te donnait un peu de courage d’attendre. On a le temps pour un petit-déjeuner ou on prend la route tout de suite ? T'as des trucs de prévus à Boston ? Je pourrai conduire un bout si tu veux. T’as un sourire sur les lèvres qu’il devient difficile de cacher. Tu files à la cuisine, verses du café dans deux mugs trouvés dans un placard et revient vers ta petite amie. Tient, boit ça, ça te réchauffera. On dirait un esquimau là. On part pour Disney, pas pour le pôle nord. Tu lui tends la tasse et pose tes fesses contre le radiateur près de la fenêtre. Ah, j’t’ai pas dit ? Tu bois une gorgée du café encore chaud, pose ta tasse sur la table et part fouiller dans ta petite sacoche. Quelques pas et t’es devant ton esquimau, lui tendant une petite enveloppe dans laquelle se trouvaient deux billets d’entrée une journée à DisneyLand avec un petit déjeuner dans un restaurant avec des dizaines de personnages. Ouvre là. souffles-tu en déposant un baiser sur le bout de son nez.

Mon homme est au café alors que je m'emmitoufle sous des épaisses couches de tissu. Il revient vite, deux mugs fumants à la main. Y a ce sourire qui vient fendre son visage. Je l'adore ce sourire là. Celui qui plisse son nez mouché de tâches de rousseur, qui fait scintiller ses canines, qui étire ses lèvres roses. C'est magique ce sourire, ça dissipe ma moue grincheuse, caractéristique du matin et puis surtout c'est contagieux, voilà que moi aussi, je souris en le fixant de mes deux yeux pas réveillés. "Tient, bois ça, ça te réchauffera. On dirait un esquimau là. On part pour Disney, pas pour le Pôle Nord." Mon coeur fait un bond dans ma poitrine, si j'avais pas ma tasse brûlante entre les doigts, je lui sauterais au cou. "Disney ?!" Aïe, ma voix est partie dans des aigüs atroces, le genre qui percent les tympans. "Ah, j’t’ai pas dit ?" Non tu m'as pas dit, non. Mon rêve ultime de môme. Ma mère m'avait cousu les robes de Belle, de Pocahontas, de Mulan. Je chantais le Roi Lion à tue-tête dans toute la maison. J'allais à l'école avec un cartable Peter Pan. Robes que j'ai depuis refilées à Jane, cartable que j'ai gardé dans un coin en attendant sa première rentrée. Je vois Callum farfouiller son sac, en sortir une enveloppe qu'il vient me déposer dans les mains. "Ouvre la." Je souris tellement que j'en ai les joues qui brûlent, je sens le bout de mon nez rosir alors qu'il y dépose ses lèvres. Je dépose mon mug fumant sur le bord de la fenêtre et je fais glisser mes doigts sous le papier mauve et puis je sors finalement les deux cartons. Deux places pour le royaume de Mickey Mouse. Je plisse les yeux, je lis bien petit-déjeuner royal ? Je rélève mes yeux vers Callum, des yeux cracheurs d'étoiles. "Je t'aime trop." Hop, chassés la fatigue, le réveil matinal, les courbatures du voyage. Je viens passer mes bras autour de sa taille. "On est des parents horribles, j'adore." Je ris un peu, je crois que je suis trop heureuse pour avoir des remords. De toute façon, Jane, les princesses, c'est pas son truc. J'ai bien essayé de l'initier à La Petite Sirène, à Robin des Bois. Nope. Rien à faire. Je me dégage de ses bras, je me jette sur mon sac, emballe mes affaires en un rien de temps et je bois mon café en quelques gorgées pressées. On allait quand même pas faire attendre DisneyLand.

Je t’aime trop. Les milles étoiles qui pétillent dans ses yeux valent toutes les heures en voiture du monde. Roxanne a cinq ans après cette nouvelle et ça te réchauffe le cœur de la voir ainsi. Ah oui, vraiment ? lui souris-tu en passant tes bras autour de ses épaules, lui dégageant une mèche de ses cheveux blonds de sur son front. T’avais préparé ça après avoir revu Roxanne suite à cette fameuse « bagarre ». Elle semblait tellement déçue de ne pas pouvoir te présenter à sa mère dans cet état, et tu comprenais pourquoi d’ailleurs, que t’avais organisé ça avec les quelques économies que t’avais de côté. On est des parents horribles, j'adore. Si peu. Jane passait du bon temps avec sa mamie, t’allais en passer du bon avec ta copine. C’était pas si horrible que ça. On l’emmènera quand elle sera plus grande, elle profitera plus dans quelques années. Quand elle aura la taille pour faire autre chose que le monde des poupées et quelques spectacles, et quand elle sera en âge de se créer des souvenirs qui restent . Allez, faites vos affaires mademoiselle Bates, on décolle. Tu files à la salle de bain, te rinces le visage, te laves le dents, te coiffe un peu et enfile une tenue plus correcte qu’un simple jogging. Beau gosse. Lorsque tu reviens, vos affaires sont empaquetées et Roxanne serait presque en train de te disputer pour que tu presses le pas. Tu souris. Et c’est parti. Vous laissez un petit mot sur la table pour vos hôtes d’une nuit et filez à travers la brume matinale. Quelques heures de route plus tard et ton ventre qui gargouille en criant famine, vous arrivez enfin sur le parking du parc à thème le plus célèbre du monde. T’avais eu la chance d’y aller à Paris lors de vacances passées chez tes grands-parents, en Bretagne. Ici, ce serait la première fois. P’tit dej ? J’ai réservé une table au Café de Mickey, tu vas rencontrer le grand patron ! dis-tu en glissant tes doigts dans ceux de Roxanne et marchant le long de la grande rue qui menait jusqu’au village Disney.

"On l’emmènera quand elle sera plus grande, elle profitera plus dans quelques années." Je hoche la tête en souriant. Ouais, quand elle sera plus grande, aujourd'hui, c'était au tour de sa mère de rajeunir. "Allez, faites vos affaires mademoiselle Bates, on décolle." J'ai pas besoin de son signal, je me jette déjà sur nos sacs, prête au décollage. Je suis tellement excitée que j'ai presque aucun remord à quitter l'appart sans dire au revoir à notre hôte. A la revoyure, peut-être. J'arrive même pas à dormir durant le trajet, je passe la bande son de Tarzan sur mon téléphone puis celle de Cendrillon, je nous mets dans l'ambiance. Et puis on arrive sur le parking. Je cligne plus des yeux. Ils sont tellement écarquillés, manquant de sortir de leur orbite. Des statues géantes à l'effigie des personnages de mon enfance. Je veux rien oublier, je m'imprime le décor sur la rétine. "P’tit dej ? J’ai réservé une table au Café de Mickey, tu vas rencontrer le grand patron !" Je hoche de la tête tout sourire et puis je bondis hors de la voiture. Je sers la main de Callum tellement fort, je dois la broyer. Putain, faudrait me voir, à sautiller comme les gosses de la famille juste devant moi. Callum baby-sitter, j'vous jure. Alors qu'on marche en direction du village, je pose mes yeux brillants sur lui, un grand sourire de gamine sur les lèvres : "Alors dis moi tout, plutôt team Aladdin ou Merlin l'Enchanteur ?" Question fondamentale. Je vois tout un tas de monde qui grouille partout, mais je suis bien trop joyeuse pour que mon côté agoraphobe se manifeste. Puis j'ai mes doigts entrelacés dans ceux de Callum, je suis bien, c'est pas cette foule qui va m'effrayer. Il m'entraîne dans un petit restaurant, sur le toit, des géantes oreilles de souris, symboles de la firme. Je le suis, je ris, je souris. "Fais gaffe, je vais m'habituer à la vie de princesse..." je lui murmure à l'oreille alors qu'une serveuse nous escorte jusqu'à une table.

Vos pieds claquent sur les pavés gravés à l’image de la célèbre souris. Au loin, on aperçoit les plus hautes tours du château mythique devant lequel les rêveurs d’un jour se font tous photographier. A n’en point douter, vous n’y écoperez pas. Mais avant de mettre les pieds dans ce parc, tu l’emmènes dans un petit restaurant où déambulent un tas de personnage pendant que vous vous gaveriez de céréales, croissants et autres pancakes. Alors dis moi tout, plutôt team Aladdin ou Merlin l'Enchanteur ? Robin des bois. réponds-tu du tac au tac sans même réfléchir à la question. C’était ton côté aventurier ça, te Callum qui adorait partir en balade pour découvrir un tas de jolis coins cachés. Ca faisait bien longtemps que ce Callum n’avait pas ressurgi : entre les études, la boulangerie, Jane et Roxanne, tu trouvais difficilement le temps de partir à la recherche de cascades cachées. Et toi ? J’paris que t’es plutôt Princesse Rebelle. Les tatouages, tout ça. dis-tu avec un haussement de sourcil avant de la laisser passer en lui tenant la porte du restaurant. Tu annonces votre arrivée, ta réservation au nom de Fraser et la petite dame vous fait monter à l’étage et vous installe en vous présentant le buffet, juste au fond à droite. Fais gaffe, je vais m'habituer à la vie de princesse... Tu poses ta veste sur le dossier de la chaise. Faut qu’je prenne des cours, c’est ça ? Moi qui pensais pas trop mal me débrouiller… minaudes-tu en attrapant les doigts de Roxanne et les porter contre tes lèvres pour un baise-main des plus princiers. Tu te diriges vers le buffet, attrapes une assiette et commences à regarder c’que tu voudrais prendre. Nom de dieu ! Femme, j’veux des petits dej’ comme ça tous les jours, jusqu’à nouvel ordre, compris ? souris-tu à la Dunster en mettant dans ton assiette des œufs, du bacon, des petites saucisses, quelques viennoiseries, des tranches de pain de mie, trois portions individuelles de nutella et.. un verre de jus d’orange. Me regarde pas comme ça, j’ai faim j’ai dit. lui réponds-tu alors qu’elle dévisage ton assiette d’un drôle d’œil. Et c’est que mon premier passage.. ajoutes-tu à demi mot en retournant à ta place.

"Robin des bois." Y a pas l'ombre d'une hésitation, je le regarde en souriant. Ouais, le justicier de Sherwood, c'est lui. Puis il a les yeux du renard. "Et toi ? J’paris que t’es plutôt Princesse Rebelle. Les tatouages, tout ça." Je hoche la tête, un petit sourire espiègle qui plisse le bout de mon nez. "Maintenant que tu le dis, il me manque juste les cheveux." Aaah, des beaux cheveux bouclés. J'en avais rêvé. Ma tignasse pouvait en témoigner d'ailleurs, cramée à maintes reprises par mon fer à boucler quand j'étais ado. On s'installe à table, à l'étage, près d'un buffet gigantesque. J'ai l'impression que les pancakes, fruits et autres friandises manquent d'en dégringoler à chaque instant. "Faut qu’je prenne des cours, c’est ça ? Moi qui pensais pas trop mal me débrouiller…" Il attrappe ma main, y dépose ses lèvres. Moh non, il a pas besoin de s'entraîner, il est né en gentleman le Callum. "Tu sais danser déjà, le béabat du prince, c'est plutôt moi qui vais devoir me mettre à niveau." C'était clairement moi la Cendrillon de ce couple, je me suis pourtant jurée d'apprendre la valse. Il se lève et je l'imite, je m'approche du buffet avec des yeux énormes qui crient famine. Je vois l'assiette de Callum se remplir, se remplir, merde mais ça va déborder. "Me regarde pas comme ça, j’ai faim j’ai dit. Et c’est que mon premier passage.." Il retourne à sa place comme un pacha, je vois sa langue lui glisser sur les babines : "J'ai hâte de voir ta tête dans les loopings après ça !" Je lui lance en riant alors que je me sers des oeufs et des tranches de pain beurré avant de revenir à table. Des loopings, des loopings, je fais ma maligne. La vérité c'est que j'ai jamais mis le pied dans un manège, j'en ai jamais eu l'occasion. Et puis faut m'imaginer : moi qui ait le ventre retourné après une heure de route, qui devient verte à la moindre secousse, moi je m'imagine la tête en bas ? Je croque dans une tartine et puis je le regarde un sourcil haussé : "Je dois t'avouer un truc..." Je lève mes yeux sur lui, comment je fais ce terrible aveu ? "Jamais de ma vie je suis montée dans une montagne russe." Never ever. Et puis je me retiens d'ajouter le plus terrible : j'ai le vertige. Pauvre Callum, l'aventurier, le voilà qui s'est entiché d'une fille bien mieux les pieds sur terre qu'à voler dans les airs. Mais voilà, je suis à Disney, avec l'homme que j'aime, je me sens pousser des ailes, j'me sens devenir une gosse qu'a peur de rien. "J'ai hâte." Je beugue.

J'ai hâte de voir ta tête dans les loopings après ça ! que tu l’entends te lancer alors que tu rejoins votre table. Tu regardes ton assiette débordante de nourriture puis Roxanne qui te rejoint avec à peine un quart de ce que tu as pris. J’suis résistant. lui souris-tu en tapotant ton ventre du plat de ta main. Tu croques dans un petit pain au chocolat. Tu mangeais enfin, les gargouillements de ton ventre étaient devenus vraiment désagréable. La faim est une sensation désagréable t’façon. Je dois t'avouer un truc... Jamais de ma vie je suis montée dans une montagne russe. Tu poses la fin de ton pain au chocolat sur le côté de ton assiette et t’empares ta fourchette pour planter une mini saucisse. Un sourire amusé et impatient s’étire à présent sur tes lèvres. Tu penses déjà aux photos prises dans certaines attractions et te fait la promesse de toutes les acheter pour immortaliser ça, alors. Y’a une première fois à tout, Bates. dis-tu en mordant dans ta fourchette. On commencera tout doux si tu veux. Tu verras, le monde des poupées c’est pas si brusque que ça. la taquines-tu en mâchouillant ton morceau de saucisse. Niveau sensation, toi t’en connaissais un rayon. La dernière en date c’était la catapulte de fête foraine : cette grosse boule qui t’expulse dans les airs à une vitesse impressionnante. Tu l’avais fait avec Levi, avant l’été. Levi qui était revenue à Boston il y a quelques jours.. il faudrait peut-être que tu en parles à Roxanne avant qu’elle ne l’apprenne car tu l’as vu par toi-même : tout fini par se savoir. Mais est-ce qu’aujourd’hui était le bon moment ? Surement pas. Ou peut-être que si.. peut-être que le décor et l’ambiance magique lui feront plus facilement avaler la pilule ? J’ai hâte. Tu vois ce millier d’étoiles dans ses yeux et pour rien au monde tu ne voudrais ternir ce regard par une nouvelle qui risque de ne pas lui plaire, alors tu ne dis rien. Plus tard, on verra ça plus tard. Oh regarde ! glousses-tu comme un enfant alors que le capitaine Crochet arrive jusque votre table et s’installe à vos côtés avant de passer son bras autour des épaules de la Dunster. Bas le crochet, Pirate. Cette sirène est la mienne ! plaisantes-tu en riant avant de sortir ton téléphone pour prendre une photo de Roxanne et Crochet.