Depuis son arrivée en Amérique, y'a six ans, Mei Lin essaye de penser le moins possible à son passé. Parfois, on lui met sous les yeux, et elle peut pas l'éviter. Surtout en ce moment, de plus en plus fréquemment. Mei Lin aimerait que ça s'arrête. Aimerait que les gens la laissent tranquille. Elle aimerait qu'ils arrêtent de prendre des photos sans son autorisation, arrêtent de poser des questions, et d'inventer des réponses quand elle refuse de prendre le temps d'en donner. Elle aimerait que tout s'arrête, parfois. Elle aimerait pouvoir oublier cette époque de sa vie, son enfance, son adolescence. Elle aimerait pouvoir tout recommencer de zéro, ici, en Amérique. Elle envie ses cousins, beaucoup, d'avoir pas eu à vivre ce qu'elle a vécu. Elle les envie d'avoir grandit dans un pays où la sexualité est expliquée, où c'est pas tabou. Mei Lin aurait préféré avoir un cours de prévention avant d'apprendre ce que c'était de la façon la plus atroce qu'il soit.
Aujourd'hui est un jour comme ceux là. Où elle veut se réfugier dans un trou de lapin, et se cacher, loin des regards inquisiteurs, loin des gens qui l'approchent pour des raisons plus égoïstes les unes que les autres. Non, elle veut pas signer d'autographes. Non, elle veut pas donner le numéro de Jungkook. Non, elle veut pas poser pour un selfie. Non, elle veut juste qu'on la laisse tranquille.
Elle marche, loin du campus, s'enfuie, plutôt. Elle se réfugie proche d'une baraque à frite. Elle se cache derrière, le dos appuyé dessus, les bras ballants à ses côtés.
Quelqu'un l'interpelle, et Mei Lin a de nouveau envie de fuir. Elle a envie de voir personne, envie de parler à personne, envie d'être seule. Elle butte sur le surnom que l'homme lui donne, d'ailleurs. Parce que si c'est probablement un surnom qui lui convient, il n'en empêche qu'elle le supporte difficilement. Après tout, il est pas le premier à l'appeler comme ça. Et elle a pas vraiment apprécié les entrevues qu'elle a eu avec ses prédécesseurs.
Elle tourne son visage vers lui, un sourire plaqué aux lèvres, sourire forcé. S'attend à devoir rembarrer (bien que très gentiment) un gros lourd. Mais ce visage, ces yeux, ces lèvres, ces joues, Mei Lin peut pas les envoyer voir ailleurs. Parce qu'un pincement au cœur le lui déconseille fortement. Elle comprend pas pourquoi, mais suit son instinct, le laisse s'approcher. Et s'il dépasse de peu l'espace personnel dont elle a normalement besoin, elle se recule pourtant pas.
Comme un souvenir enfantin.
Il confirme qu'ils se connaissent, et Mei Lin fronce les sourcils, essaye de se souvenir. C'est un beau souvenir. Une bonne personne. Elle aurait peur, sinon. Pas envie de rester à ses côtés le plus longtemps possible. Mais dans son passé, les gens comme ça étaient rares. Bien souvent effacés par des souvenirs beaucoup plus ravageurs.
Clown. Mei Lin ouvre grand les yeux, comme des soucoupes. Elle se souvient de lui. Bien sûr, qu'elle s'en souvient.
Le sourire faux s'efface, remplacé par un magnifique, rayonnant sourire, terriblement heureux.
Oui, je me souviens. Je suis si contente de vous revoir. Je pensais pas que ce serait le cas un jour.
Elle est heureuse. Heureuse comme le prouve son accent, beaucoup plus prononcé qu'à son habitude. Cet homme lui rappelle cette époque si haït. Mais lui rappelle ces rares moments, à cette époque, qu'elle a apprécié. Ses moments devant la caméra, ses moments avec son oncle, sa tante. Et ce moment là, qu'elle a passé derrière un cirque, avec lui. A rire. Elle qui avait l'habitude de pleurer.
Aujourd'hui est un jour comme ceux là. Où elle veut se réfugier dans un trou de lapin, et se cacher, loin des regards inquisiteurs, loin des gens qui l'approchent pour des raisons plus égoïstes les unes que les autres. Non, elle veut pas signer d'autographes. Non, elle veut pas donner le numéro de Jungkook. Non, elle veut pas poser pour un selfie. Non, elle veut juste qu'on la laisse tranquille.
Elle marche, loin du campus, s'enfuie, plutôt. Elle se réfugie proche d'une baraque à frite. Elle se cache derrière, le dos appuyé dessus, les bras ballants à ses côtés.
Quelqu'un l'interpelle, et Mei Lin a de nouveau envie de fuir. Elle a envie de voir personne, envie de parler à personne, envie d'être seule. Elle butte sur le surnom que l'homme lui donne, d'ailleurs. Parce que si c'est probablement un surnom qui lui convient, il n'en empêche qu'elle le supporte difficilement. Après tout, il est pas le premier à l'appeler comme ça. Et elle a pas vraiment apprécié les entrevues qu'elle a eu avec ses prédécesseurs.
Elle tourne son visage vers lui, un sourire plaqué aux lèvres, sourire forcé. S'attend à devoir rembarrer (bien que très gentiment) un gros lourd. Mais ce visage, ces yeux, ces lèvres, ces joues, Mei Lin peut pas les envoyer voir ailleurs. Parce qu'un pincement au cœur le lui déconseille fortement. Elle comprend pas pourquoi, mais suit son instinct, le laisse s'approcher. Et s'il dépasse de peu l'espace personnel dont elle a normalement besoin, elle se recule pourtant pas.
Comme un souvenir enfantin.
Il confirme qu'ils se connaissent, et Mei Lin fronce les sourcils, essaye de se souvenir. C'est un beau souvenir. Une bonne personne. Elle aurait peur, sinon. Pas envie de rester à ses côtés le plus longtemps possible. Mais dans son passé, les gens comme ça étaient rares. Bien souvent effacés par des souvenirs beaucoup plus ravageurs.
Clown. Mei Lin ouvre grand les yeux, comme des soucoupes. Elle se souvient de lui. Bien sûr, qu'elle s'en souvient.
Le sourire faux s'efface, remplacé par un magnifique, rayonnant sourire, terriblement heureux.
Oui, je me souviens. Je suis si contente de vous revoir. Je pensais pas que ce serait le cas un jour.
Elle est heureuse. Heureuse comme le prouve son accent, beaucoup plus prononcé qu'à son habitude. Cet homme lui rappelle cette époque si haït. Mais lui rappelle ces rares moments, à cette époque, qu'elle a apprécié. Ses moments devant la caméra, ses moments avec son oncle, sa tante. Et ce moment là, qu'elle a passé derrière un cirque, avec lui. A rire. Elle qui avait l'habitude de pleurer.