Ce message. Il me dérangeait. À quel moment Lauri pouvait-il être engagé avec une personne et que je ne sois même pas au courant à l'heure d'aujourd'hui. Impossible. Impossible. Alors oui, je n'avais pas attendu plus de trente seconde avant de composer son numéro et l'appeler. J'entendais ce bip incessant retentir en attendant qu'il décroche, et ça ne prenait pas longtemps avant que ce ne soit le cas. Comment oses-tu ! Traitre ! Tu m'as caché ça ! Genre je compte pas assez à tes yeux pour me mettre au courant ? J'étais fâchée. Oui. Fâchée comme une fille peut l'être. Et il avait intérêt à avoir une très très bonne explication. Qu'avez-vous à dire pour votre défense monsieur ? Bien dit que je te dis.

A la seconde où t'avais reçu mon message disant qu'on pouvait s'appeler, tu l'avais fait. Je décrochai, pour entendre ta voix boudeuse à l'autre bout du fil, tandis que je riais. J'ai une très bonne défense j't'assure ! Je me levai pour faire les cents pas dans mon petit chalet. Tu vois qui c'est Daya ?

Il ne comprenait pas que ce n'était pas une blague. Sa défense avait intérête à être bonne, parce que je n'allais pas le lâcher. Non je vois pas, mais je l'aime pas. Catégorique, comme la pétasse du monde. J'aimais pas cette fille, elle le méritais pas.

Je secouai doucement la tête en t'entendant râler au téléphone, me laissant tomber sur le clic-clac en allumant ma cigarette. C'est une bonne pote, j'suis sûr que tu la kifferais. Je soufflai longuement et repris. Elle est en galère, le service d'immigration veut pas renouveller son visa malgré ses études à Harvard parce qu'elle n'a pas d'économies sur son compte. J'allais pas les laisser la renvoyer au Mexique !

Lorsqu'il m'expliquait la situation je me sentais conne pour le coup. Je le laissais parler, allumant mon joint lorsque je l'entendais expirer la fumée de je ne savais trop quoi. Mouais... Je comprends que tu veuilles l'aider, mais j'espère que ça te fout pas dans la merde toi. Je l'aimais trop, c'était apeurant. En plus tu étais censé te marier avec moi en première, c'pas du jeu tu respecte pas les règles. Je me faisais un devoir de lui rappeler cela, un véritable devoir. Mais... Je suis prête à te pardonner si tu viens au summer camp et qu'on fasse une bataille d'oreiller complètement défoncé. Dilemma.

Quand bien même ! Ils pourront pas m'enlever ce qu'ils m'ont déjà pris ces enculés. Classe, très classe. Mais bon l'administration américaine avait fait de moi un SDF alors j'leur chiais dessus sans problème. On peut se marier tous les trois sinon, les trouples ça devient populaire il paraît, et moi j'ai rien contre le fait d'avoir deux femmes tu sais ? J'étais prêt à faire ce graand sacrifice pour respecter ma promesse, m'voyez. Je suppose que de toute façon tu voudras jamais te faire rembourser ces billets, et comment je peux refuser une bataille d'oreiller et de la weed avec toi, explique-moi ?

non mais nique le système tu as raison loulou. éh ben ouais, il avait complètement raison pour le coup, mais bon je me devais de l'avertir au moins à un moment ou un autre. alors là, je refuse d'être en trouple, je suis trop possessive, ce qui est à moi est à moi et ce qui est à toi est à moi aussi, on touche pas, on renifle pas, on approche même pas, t'vois le genre ? Bien sûr qu'il voyait le genre, c'était obligé qu'il voit le genre. Je lui laissais aucune chance de toutes les façons. Tu ne peux pas refuser. C'est évident. Comme de l'eau de roche sur mon corps. Puis tu vas passer de trop bonnes vacances enn ma compagnie, tu peux pas rêver mieux façon, tu me verras en avant première en string, c'pas le rêve ça ? Si, tout bonnement,

Je savais bien que je pouvais compter sur toi, y avait pas à chier. Quoi, alors comme ça tu refuserais de me partager ? T'es une vilaine fille. Je tirais une nouvelle taffe en étouffant un rire. T'as pas du tout l'impression d'être dans l'excès des fois hein, non ? C'était cool de t'avoir au téléphone et de pouvoir t'expliquer ma situation avec Daya. J'dois en plus rajouter tes fesses en string en supplément chantilly par-dessus la bataille d'oreiller et les joints ? demandai-je, amusé. Ok c'est décidé, je viens, j'espère que t'es prête parce que ce Summer Camp, tu vas pas l'oublier.

T'étais mon loulou, ma prune des champs, mon champignon des bois. Je ne pouvais pas ne pas te comprendre et accepter. L'excès ? Je suis miss excès moi monsieur. Une vraie folle. J'étais incroyable. Mais sinon, non, je suis juste dans la moyenne pour le coup là. C'est la vie qui veut ça, c'tout. La vie, morte de rire. Certainement pas. C'était mon côté atrocement débile qui ressortait pour le coup. Ah ben si tu viens, c'est sûr que je ne vais pas l'oublier. Mais oui, tu rajoutes cette pointe de chantilly, et tu m'aimes encore plus que d'habitude puis c'parfait. Qu'est-ce que j'aimais parler avec toi, c'était libérateur, simple et agréable. Mais du coup, tu comptes un jour me faire ta demande officielle en mariage ou ça se passe comment ? Retour brutal à la connerie.

Bien sûr que t'étais miss excès et c'était exactement ce qui m'avait fait craquer chez toi. A part ta bouille d'ange évidemment. Dans la moyenne, j'pense pas. T'es jamais dans la moyenne. Toujours loin au-dessus, ou loin en-dessous, mais t'avais pas de juste milieu. Blanc ou noir. Bleu ou rouge. Vert ou rose. Je crois que je suis légalement pas autorisé à en faire deux en même temps, mais quand on aura trouvé un divorce à l'amiable après avoir sorti Daya d'affaire, je pourrai gagner au Loto et faire ma demande sur la tour Eiffel ? Rien que ça. J'avais de grands projets de vie.