La journée touchait à sa fin, le soleil commençait à décliner dans le ciel. Je refermai mon étui à guitare et après avoir marché un peu, je regagnai le parking vide et isolé où était garée ma voiture. Ça faisait quelques temps que j'étais garé ici, les flics n'allaient probablement pas tarder à vouloir me bouger. Je rouvris l'étui pour ramasser les pièces à l'intérieur et faire le compte de ce que j'avais récolté, histoire de me donner une petite idée de la journée que je passerais le lendemain. Pas dégueulasse, j'avais assez pour manger ce soir et le lendemain matin, c'était déjà ça. Je refermai la boîte et la glissai dans le coffre de ma voiture et attrapai mon bidon d'eau pour me servir un verre, j'étais assoiffé. Il faisait chaud dernièrement, et si c'était plus facile à vivre que les rigoureux hivers par ici, ça n'était pas aisé pour autant. Je rangeai ce que j'avais utilisé et refermai le coffre de la voiture après avoir récupéré mon sac, des affaires et de quoi payer la piscine municipale. C'était l'heure de la douche, et bordel que j'avais hâte. En me retournant, j'aperçus une silhouette qui longeait le parking. Elle n'était pas si loin, et je la reconnaissais bien. Camila ? laisse-je échapper. Mais que faisait-elle ici ? Je regrettai instantanément de m'être fait remarquer. A côté de ma voiture en plus, histoire de bien lui montrer que je vivais dedans. PAR-FAIT.

peut être qu’ils avaient raison. les psys -mon psy-. à me dire que je ne pouvais pas rester enfermer, que me cloître dans ma chambre ne ferait qu’accentuer la peur que je pouvais ressentir. parce que clairement, cette boule dans mon estomac, elle grandissait de seconde en seconde prête à exploser. mais être à l’extérieur n’était pas forcément mieux. chaque bruit, chaque son me faisait sursauter. à chaque pas, je me retournais, aux aguets, persuadés que quelqu’un serait là. et je ne découvrais que mon ombre la plupart du temps. des gens inconnus parfois qui me regardaient comme si j’étais complètement timbrée. peut être que je l’étais à vrai dire. peut être que quelque chose avait finit par lâcher dans mon cerveau et que la folie avait doucement fait son nid. puis c’était la panique qui s’emparait de moi. le soleil descendait petit à petit pour laisser place à l’obscurité et moi, j’accélérais. je devais absolument être rentrée avant la tombée de la nuit si j’voulais pas faire une crise de panique en pleine rue. et c’était de nul part que sortait soudainement mon prénom me faisant avoir une syncope par la même occasion. le coeur qui bat atrocement vite, mes yeux qui cherchent le responsable et.. « lauri ? » y avait un peu tout qui s’était envolé pour laisser place à l’étonnement. ramenant mes bras contre moi, j’hésitais une seconde regardant la route qui me restait à faire et le chemin me séparant de lui avant d’opter pour la seconde option. et c’était mes bras qui venaient l’entourer -toujours trop démonstrative- mais y avait une éternité que nos chemins n’avaient pas pris la même direction. « qu’est-ce que tu fais ici ? » à boston j’entends. et pourquoi.. ta voiture semble avoir une autre fonction que simplement te conduire du point A au point B.

Camila. Ce prénom évoquait beaucoup de choses pour moi. Il rappelait mes quatre dernières années à Washington avant que tout s'écroule. J'avais recroisé Loïs, et maintenant Camila. Le karma. Cette jeune femme libre comme l'air, aussi aimable que détestable, avait été mon point faible alors que je remettais mes sentiments pour Loïs en question quelques années plus tôt. Je fermai les yeux et l'étreignis en retour lorsqu'elle me serra dans ses bras. Ça faisait bien trois ans qu'on ne s'était pas vus, peut-être un peu plus. Quand j'avais décidé de sauver mon couple avec Loïs, j'avais mis une distance entre Camila et moi qui s'était progressivement transformée en perte de contact lorsque les événements s'étaient accélérés pour moi. J'te retourne la question, répondis-je en m'écartant un peu pour la regarder. Elle était toujours aussi belle, y avait pas à chier c'était une femme magnifique, peut-être même encore plus qu'avant maintenant qu'elle avait mûri. J'm'attendais vraiment pas à te voir. T'es à Harvard alors, c'est officiel ? Mais finalement, pourquoi j'étais surpris ? Avant même ses dix-huit ans, ses parents lui faisaient déjà remplir le dossier d'inscription. C'était écrit qu'elle étudierait ici, quand bien même ça ne l'enchantait pas plus que ça. J'étais curieux de savoir comment ça se passait pour elle désormais... mais j'allais devoir lui expliquer ma situation, et c'était loin de me plaire comme idée.

est-ce que ce serait impolie de demander ? probablement. je sais pas tellement ce qui reste de nous en fait. on est toujours amis ? peut être, peut être pas. j’dirais que vu l’absence de nouvelles des deux côtés c’est probablement plus le cas. puis on a compliqués les choses aussi, on a pas su se contrôler et je suis consciente que ça a foutu un sacré bordel de ton côté alors.. ouais, je sais juste pas. j’viens quand même vers toi parce que t’es pas un inconnu, que j’aurais pas pu faire comme si je ne t’avais pas entendu mais je t’avoue que c’est bizarre après tout ce temps. « ouais bah.. ouais » et c’était logique en fait. tu m’avais côtoyé, tu savais que j’avais pas tellement eu le choix. avoir mon ticket pour harvard, c’était la seule chose qui me garantissait de garder l’accès à mon compte en banque alors en soit, libre ou pas libre, j’avais du faire des concessions sur certaines choses. « ma mère voit en moi la future architecte de la maison blanche, alors tu sais, y a qu’à harvard que je peux obtenir un tel niveau » je plaisante mais vieille wildingham a toujours eu des rêves démesurées. probablement bien plus haut que ceux qu’elle n’a jamais pu atteindre mais ouais, avais-je le choix ? probablement pas. et ce deal entre nous me permettait d’être plus ou moins tranquille par moment. « j’savais pas que t’étais ici toi aussi. j’sais même pas ce que tu deviens en fait » mais les distances c’est toi qui les avais mis en premier lieu et après.. le temps avait fait son oeuvre.