Une belle journée aujourd’hui, cela sentait le début de l’été. Les symptômes de ce changement de température étaient plus que visibles : les premiers repas en terrasse mais aussi les tapis de mégots sur les trottoirs de l’université, les cendriers n’avaient plus la côte lorsque le soleil pointait le bout de son nez. D’ailleurs je ne dérogeais pas à la règle en écrasant mécaniquement ma cigarette sur le sol avant de rentrer dans le hall central fin de rejoindre ma salle de cours. Même si le soleil avait décidé de faire sa sortie annuelle, mes cours n’étaient pas en vacances pour autant.  Alors oui, rien ne m’obligeait à y assister : je n’étais pas de retour officiellement mais j’avais décidé de continuer à les suivre même si je redoublais mon année à cause d’une absence relativement longue - de plus de six mois. Même le mot d’excuse de mes parents n’avait pas fonctionné, étonnant. Bref je n’avais pas envie d’abimer ma nouvelle coupe de tombeur à cause des divers étages à monter avec une telle chaleur, la transpiration c’était loin d’être glamour, je me résignais donc à prendre l’ascenseur. Une jolie jeune femme arrivait pile avant que la porte ne se referme et je lui adressais mon plus beau sourire tout en l’examinant du coin de l’oeil. Une jolie blonde qui avait presque tout pour elle, si ce n’est moi dans sa vie. J’appuyais sur le bouton et elle faisait de même, puis l’ascenseur démarrait sûrement trop vite à mon goût, la vue n’était pas si mauvaise maintenant qu’elle était avec moi. Puis un bruit sourd retentissait, l’ascenseur stoppait sa course et une secousse me faisait vaciller, je m’agrippais à l’étudiante. Bonjour le ridicule, un vrai maladroit.« Excuse-moi, j’suis très mauvais en équilibre » dis-je en souriant, je n’allais pas perdre ma confiance pour une fausse chute. « J’crois qu’on est coincé… en plus le bouton pour appeler quelqu’un est cassé ». Ouais, j’étais d’une grande aide, il fallait pas me remercier.

Une belle journée comme celle-ci annonçait le début de l'été. Le soleil était au rendez-vous. Les étudiants sortaient se détendre sur la pelouse fraichement tendue. Les professeurs étaient enjoués à l'idée de terminer l'année. Cet atmosphère attirait les ondes positives. Un nez dehors, le vent qui caressait mes joues et ondulait mes cheveux, les rayons du soleil qui se reflétaient dans mes yeux, j'étais heureuse et épanouie. Il me restait qu'un seul cours et mon après-midi allait être finie. Il me tardait de rentrer chez moi, d'enfiler mon pyjama et de regarder une série Netflix. Je n'avais pas envie de prendre les escaliers pour regagner l'amphithéâtre. J'optais pour la faciliter et la rapidité. Les portes de l'ascenseur allaient se reformer sur moi, in extrémiste, je réussissais à rentrer. Un jeune homme s'y trouvait. Nous appuyons simultanément sur les boutons. Nous n'allions pas au même endroit. Un coup sec, brutal, nous lancèrent à un étage qui ne correspondait pas à nos choix. Je n'osais pas le regarder, ma timidité reprenait le dessus. Puis, l'ascenseur se stoppait au milieu des deux étages ce qui provoquait une légère secousse à laquelle, le mystérieux inconnu s'était rattrapé à mon bras. « Ce n'est pas grave, je déteste les manèges à sensation forte » dis-je en souriant, sa mauvaise chute était drôle. Le démarrage rapide était surement la cause de cet arrêt. « Tu plaisantes ? Ah non mais ce n'est pas drôle ! Je vais trouver une solution » lui répondis-je anxieuse et énervée. Je commençais par essayer d'appuyer sur ce bouton d'urgence. Impossible de l'actionner en effet, il était cassé. Puis, j'essayais d'appuyer sur un deuxième bouton. Echec de nouveau. Nous étions coincés. Mais combien de temps, cela allait-il duré ? « OK, nous sommes coincés à rester ici pour quelques minutes. Je pense que quelqu'un en passant, va surement voir que l'asceneur est HS mais ça peut prendre un peu de temps hélas... » dis-je impuissante et défaitiste. Le professeur de français allait s'en doute se rendre compte de mon absence. Moi qui ne sèche aucuns de ses cours. Il va surement trouver ça bizarre que je sois absente. Je regardais mon téléphone, aucun réseau. « Pour info, on a pas de réseau ! » ajoutais-je désespérée. Je m'asseyais par terre, je n'avais plus rien à faire que de patienter. L'attente allait être longue. Ma seule compagnie était ce jeune homme. J'avais du coup, du temps à lui consacrer. Il en avait de la chance. « Maintenant qu'on a tout notre temps, tu es étudiant je suppose ? ». Moi qui était prise par mes cours et mes dessins, j'allais profiter de ce moment pour le connaître. Je n'avais pas le choix. Le temps allait passé plus vite.

@ALISTAIR WHYTE