D'un coup d'un seul ce que tu voyais être une question à vous poser à deux, pour vous deux, finissait par ne dépendre que de toi dans la bouche de Sally. C'était pas spécialement fait pour te plaire mais tu ajoutais simplement. Ce n'est pas qu'une question d'envie ou de se sentir prêt. Le tout c'est de faire le bon choix.. Tu en avais envie, et là où au début tu avais trouvé que c'était trop tôt, là tu arrivais à te dire que peut-être vous devriez arrêter d'éviter absolu tout cela, comme si c'était la pire chose qui pourrait vous arriver. Comme si la survie de votre couple en serait menacée. Comment je peux être sûr que toi, tu seras prête ? Finalement c'était ce qui te faisait le plus peur. Que le jour où elle tombe enceinte, elle finisse par mal le vivre du fait des derniers mois et de sa perte encore trop récente.

A l'évidence tu n'avais pas de doutes non plus. Plus maintenant. Vous aviez pris le temps de voir ce que vous donniez en couple, et ça dépassait de loin de toutes tes espérances. Alors tes doutes ne portaient nullement sur cela, plus maintenant. Je ne doute pas de nous, non plus. Loin de là. La dernière fois que Roxie avait débarqué chez toi, vous étiez sorti avec votre fille et avec Zoé. C'était avant votre installation dans cette maison qui était la votre. A ce moment-là vous aviez parlé d'enfants, la nuit qui avait suivi déjà tu avais commencé à penser autrement, à te projeter bien plus encore. Alors je te le demande.. est-ce que tu arrives à t'y projeter ? Et je ne parle pas de nous, mais de ta dernière grossesse. C'était délicat mais tourner autour du pot ne vous aiderait pas. Comment tu peux être sure que tu es prête ? Tu étais inquiet pour elle, c'était ce qui te rongeait.

Tu avais besoin de savoir. Que ce soit positif ou négatif. Qu'importe. Tu avais beau être souvent avec elle, vivre avec elle, tu n'étais pas dans sa tête et par conséquent, tu pourrais vite passer à côté de signes importants, c'était certain. Cela dit ses réponses te rassuraient. Elle avait sure d'elle en phase avec ce qu'elle t'expliquait et elle te faisait sourire en te rappelant qu'elle vous aimait, ce dont tu ne doutais jamais d'ailleurs. Ses mains à tes joues, son regard dans le tien, tu en profitais pour dire. Je ne te demande pas seulement si tu te sens prête à avoir un enfant ou à l'aimer, mais je te demande si tu te sens prête à le porter. On a tout le temps devant nous, c'est vrai, mais je veux pas qu'on en perde à minimiser des choses qui finalement pourraient être enfouies. Des souffrances notamment. Dans tout ça finalement ce qui t'importait le plus c'était qu'elle se sente bien dans son corps et dans sa tête. Vous aviez beau avoir une vie intime parfaite, tu osais te dire que la maternité pourrait être problématique autrement, et tu détestais cette idée. Tu ne voulais surtout pas qu'elle subisse quoique ce soit.

Tu savais bien que sa vie ne s'arrêtait certainement pas après un tel événement tragique. Ça aurait pu être le cas, mais tu savais qu'elle était une battante. Elle manquait jamais de se remettre sur pieds, et souvent Zoé avait été son seul moteur. Alors si tu n'avais pas eu de doutes là-dessus, tu avais comme tu peur de réaliser que peut-être ce serait tout juste trop tôt. Oui, c'est vrai que je ne raterai ça pour rien au monde.. Tu n'avais qu'une fille, et tu n'avais pas su à temps que Sally était enceinte de toi. Alors forcément, pour un second enfant, tu ne passerais pas à côté de tout ça, et encore moins quand on sait qu'elle ait la femme que tu aimes.

Tu ne tenais pas à faire cet enfant tout de suite. Par contre, tu avais bien conscience que ton état d'esprit avait changé depuis quelques jours, quelques semaines, et tu ne pouvais pas garder ça pour toi, seul. Ce n'était pas dans les habitudes que vous vous étiez créées en tant que couple. Je dis pas qu'on devrait le faire tout de suite, mais peut-être qu'on devrait lever le pied, se laisser aller, et faire moins attention. Il se pointera quand il le voudra. Souriant quelques peu, tu finissais par à nouveau glisser ta main dans ses cheveux en espérant quelque part qu'elle s'offusquerait pas de ta manière de penser.