Malgré les craintes, les doutes de début de soirée, il avait pleinement su profiter de sa soirée – avec un coup de pouce de l'alcool, et désormais il ne restait plus rien de ces questions qui vagabondaient dans son esprit sans jamais lui laisser un instant de répit. À vrai dire, il n'avait pas réellement eu le temps de s'abandonner à ses pensées ; son regard s'était trop souvent égaré dans la profondeur des orbes d'Hermes, effaçant tout le reste, les détails, les incertitudes, et lorsque ce n'était des échanges de regards, il s'était laissé entraîner sur la piste pour danser près de lui. Déboussolé, déstabilisé, il avait eu beaucoup de mal à être coordonné dans ses pas, un peu comme si c'était la toute première fois qu'il dansait, alors que tout le monde était bel et bien au courant des années de danse qu'il avait derrière lui. Ils avaient été proches oui, mais sûrement jamais autant qu'ils avaient pu l'être ce soir. Pour une fois, juste pour un soir, il s'était autorisé à chasser de sa tête tout ce qui le poussait à noyer ce qu'il ressentait pour cette âme qui faisait battre son coeur un peu plus fort ; simplement s'autoriser à être heureux, juste un peu. Alors, il profitait de chaque précieuses minutes qu'il écoulaient à ses côtés, c'était comme effleurer le bonheur, le caresser, puis le toucher bel et bien pour s'assurer de sa réalité. Hermes avait cet effet-là, l'effet d'un soleil en pleine tempête. Aussi effrayant qu'agréable, il appréciait la chaleur de ses gestes et celle de son sourire, c'est principalement pour cette raison qu'il s'était laissé tirer à l'extérieur, puisque quoi qu'il en soit, il ne l'aurait pas laissé filer sans lui.

La brise fraîche de la nuit frappait son visage de plein fouet, c'était doux, c'était apaisant. Il avait fait si chaud à l'intérieur qu'il pourrait se mettre à pleuvoir, là, tout de suite, ça ne l'aurait pas dérangé. Eloan balançait doucement la tête en arrière pour observer la beauté du ciel, cette couleur sombre, étincelante d'étoiles plus brillantes les unes des autres. Il aurait pu se perdre à les compter, les recompter, recommencer encore et sans jamais s'arrêter, cependant, son ami captait son entière attention lorsqu'un surnom peu commun passait la barrière de ses lèvres. La tête dorénavant tournée en sa direction, un sourire attendrit marquait sa bouche presque instinctivement. « -Arrête, ça fait des années que je danse mais ce soir j'ai été lamentable, faut dire que j'avais de quoi être déconcentré, n'est-ce pas ? », un rictus aux coins des lèvres, amusé par son propre sous entendu ; « -Mais sinon je suis d'accord avec toi honey, c'était vraiment cool », concluait le blond, toujours aussi souriant, n'ayant même pas hésité une seconde à l'ajout d'un surnom qui aurait pu rendre la situation quelque peu gênante. « -Je crois que tu as raison, je m'en occupe ! », aussitôt dit, aussitôt fait. Il avait extirpé son téléphone de sa poche pour rédiger un rapide message à son chauffeur et lui indiquer l'adresse à laquelle se rendre. Bien qu'il ne se servait que rarement de ses services, c'était tout de même utile d'en avoir un à sa disposition. Alors qu'il verrouillait son portable après une réponse positive, il rangeait son cellulaire en posant à nouveau les yeux sur Hermes, amusé par son approche qui semblait vouloir être faite en douceur, probablement par peur de le brusquer. Il le laissait donc poursuivre sur sa lancée ; il paraissait terriblement confiant et ça le rendait d'autant plus attirant. L'alcool dans le sang, l'euphorie de l'instant et le fait qu'il se sente réellement à l'aise à ses côtés le poussait simplement à être Eloan, sans filtre, sans gêne, juste celui qu'il était en l'absence des gens qui ne le connaissait que d'apparence. Ceux qui ignoraient tout bonnement qu'il pouvait être aussi provocateur que joueur ; c'est donc sans hésiter une seconde qu'il rompait la distance restante en agrippant habilement le col de la veste de son ami afin de tirer doucement dessus pour le rapprocher de lui, assez proche pour que son corps heurte le sien.

L’ambiguïté de leurs deux visages proches l'un de l'autre lui plaisait beaucoup, sans compter que de là, il pouvait sans problème sentir le souffle d'Hermes sur son visage. Un rictus malicieux logeait sa bouche alors qu'il soutenait son regard ; « -Je serai ravi de venir chez toi », murmurait-il à son tour, et sur ces mots il venait embrasser sa joue, lâchant délicatement sa veste. Ayant reculé de quelques pas pour ne pas avoir à l'enfumer ; il sortait une cigarette, consumant cette dernière pour attendre patiemment l'arrivée du chauffeur qui ne vivait pas si loin et qui, par conséquent, ne devrait certainement pas tarder. « -En tout cas, je tenais à te dire que t'es vraiment beau ce soir », déclarait Eloan, non sans avoir du mal, les yeux rivés sur le bâton cancérigène coincé entre ses doigts. Il avait été incapable de faire un compliment à Hermes de toute la soirée, sûrement à cause du monde autour, cependant il n'était jamais trop tard. Plusieurs minutes filaient, des petits regards en coin, d'autres beaucoup moins discrets ; une voiture noire s'arrêtait enfin tout près d'eux. « -Vôtre carrosse est avancé monsieur Goodwin », lançait le blond, ricanant doucement alors qu'il lui ouvrait la portière arrière pour le laisser grimper dans le véhicule le premier ; suivant aussitôt le mouvement. C'est donc assit sur la banquette qu'il laissait à Hermes le soin d'indiquer l'adresse au chauffeur avant que celui-ci ne se mette en route. Durant le trajet, Eloan profitait du calme pour venir, l'air de rien, agripper la main de son ami et la tenir fermement dans la sienne, un peu comme s'il craignait de le voir disparaître d'un seul coup ; ce qui finalement était assez idiot. Ce n'est que lorsque la voiture s'arrêtait dans le quartier d'Hermes qu'il se rendait compte avoir enlacé ses doigts aux siens, comme si c'était absolument normal ; au fond, ils étaient plus à ça près. Le plus jeune se penchait légèrement pour taper amicalement sur l'épaule de son chauffeur pour lui faire comprendre – comme d'habitude, qu'il mettrait la note sur le compte de son père. Eloan ouvrait alors la portière, tirant doucement son vis-à-vis à l'extérieur en faisant de son mieux pour ne jamais avoir à lâcher sa main, parce qu'en effet, la chaleur de sa paume se trouvait être très agréable. La brise plus fraîche que précédemment venait le frapper à nouveau, tandis qu'il posait les yeux sur la personne incroyable qui était à ses côtés ; « -Je te suis honey ».