j’sais pas pourquoi je t’appelais mais.. je le faisais. je le faisais parce que j’avais besoin de parler, parce que j’étais pas bien. parce que j’avais été lâche et qu’après le trop plein d’informations, j’avais juste fui la demeure familiale. j’avais laissé nora-blue toute seule avec mes parents mais j’crois qu’à ce point là, on ne pouvait strictement rien me demander. et j’craquais, j’craquais littéralement. j’avais beau comprendre, j’avais l’impression qu’on m’avait délibérément mentit pendant toute ces années. ça plus la fatigue, forcément, ça faisait pas bon ménage. alors quand j’entendais ta voix de l’autre côté du téléphone, je craquais immédiatement. j’fondais en larme, comme ça, sans être capable de retenir quoi que ce soit.

T'étais partie pour je-ne-sais-combien de temps, on avait dû annuler notre weekend ensemble à cause de la bombe familiale qui t'étais tombée dessus. Ton sosie, ta... soeur jumelle? J'savais pas en fait, c'est ce que j'imaginais mais j'en savais rien. Et tu m'appelais, alors je décrochais directement avant même la première sonnerie. Quoi? Je t'avais dit que je me tiendrai à disposition. "Vega?" Et rien à l'autre bout du fil. Rien, à part tes sanglots qui me serrent le coeur. Putain. "Bébé... Je suis là, calme-toi... Parle-moi, qu'est-ce qui se passe?"

et je suis désolée parce qu'en soit, c'est ridicule. puis j'ai pas envie de t'embêter avec ça non plus. alors ouais, c'est bête de pleurer comme ça. ça va rien changer et j'dois probablement te mettre mal à l'aise. j'me sens nulle, j'ai froid mais j'ai pas envie de rentrer. j'ai pas envie de parler à qui que ce soit à part toi. j'suis mal. j'ai du mal à tout assimiler. "je.." j'ai envie de rentrer. j'ai envie de pouvoir me réfugier dans tes bras. mais j'peux pas et j'sais même pas par quoi commencer. "personne comprends j'crois. ma mère était enceinte de jumelle mais.. elle est morte née. alors c'est pas logique.. je.. j'en sais rien" ils avaient contactés l'hôpital en question mais moi, j'étais juste paumée. "j'veux rentrer" que je suffoque entre deux crises de larmes.

Sérieux, je déteste entendre ou voir quelqu'un pleurer, parce que ça me fait mal. Mais alors toi... Ouais, c'est encore pire, c'est dévastateur. Mais je suis là pour toi, je te l'ai dit et je le pensais, je te l'ai promis. Alors si t'as besoin de pleurer, d'évacuer, j'suis là pour ça. Même si faudrait que tu me parles pour que je comprenne ce qui se passe, parce que tu m'inquiètes. Ok donc c'était bien la théorie des jumelles. Morte née? Bah, elle est pas censée être... morte, du coup? Enfin, j'me retenais bien de poser des questions pour l'instant, je jugeais que c'était pas vraiment le moment. "Rentre alors. Y'a rien qui t'empêche de reprendre l'avion et me retrouver à Boston." Et si y'a quelque chose qui t'en empêche malgré ta volonté... "Ou alors je viens. Je peux prendre le jet de mes parents, j'serais là dans un petit deux heures si c'est ça." Plus rapide que l'avion. Même si j'étais pas sûr d'avoir ma place au milieu de votre famille en crise. Mais au moins, même si tu refusais, tu savais que j'étais là.

j'crois que c'était la première fois que je me sentais pas chez moi à la nouvelle orléans. mais j'crois que c'était beaucoup trop d'information pour ma petite tête. c'était beaucoup trop de choses à encaisser d'un coup et.. ouais, j'pouvais juste pas là. c'était comme des mensonges, pas vrai ? parce qu'en soit, on avait volontairement omis de me dire la vérité et putain, c'était grave dur. c'était compliqué d'apprendre tout ça à mon âge. "j'ferais que repousser les choses" j'pouvais fuir. venir te retrouver mais le problème, il serait toujours là. alors sûrement que c'était pas la meilleure idée. "tu ferais ça ?" on s'connaissait pas depuis super longtemps, t'étais pas obligé. t'avais pas à faire quoi que ce soit pour moi. pas à débarquer ici pour plonger tête la première dans mes problèmes. "si t'en as pas envie c'pas grave" vraiment.

Ouais, je proposais de venir te rejoindre parce que... pourquoi pas? J't'avais promis être là quand t'en aurais besoin, et selon moi là, t'en avais grandement besoin. Et ouais, t'aimerais bien que je le fasse, même si tu ne veux pas me déranger. C'est ce que tu comprends pas en fait. Ça ne me dérange pas. Ce qui me dérange, c'est de t'entendre pleurer à l'autre bout du fil et d'être impuissant. Alors j'attrape ma veste, mon sac que j'avais initialement préparé. Vérifie rapidement que j'ai mon passeport, et je sors de la villa en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. "Attends, je te reprends dans 30 secondes." Je mets notre appel en attente, contacte James, le pilote attitré des Maxwell, pour lui demander de préparer immédiatement le jet privé, puis commande un taxi qui arrive en une trentaine de seconde alors que je te reprends. "J'suis dans le taxi, j'vais sur la piste. T'es dans quelle ville exactement? Savoir où il faut que j'atterrisse."

je vais pas t'en tenir rigueur, j'vais pas t'en vouloir, crois pas. j'suis pas comme ça, j'ai pas envie d'être chiante, de réclamer des choses que tu n'as pas à me donner. et j'sais pas, d'un coup tu me mets en attente et j'comprends pas. j'en profite pour essayer de respirer un peu, pour me calmer, et c'est ta voix qui revient soudainement. "nouvelle orléans, en louisiane mais.." j'souffle pour reprendre finalement "t'es vraiment pas obligé. j'te jure, c'est pas grave" et j'ai fais quoi pour mériter quelqu'un comme toi dans ma vie ? non mais parce que je ne comprends vraiment pas comment j'ai fais pour avoir autant de chance en fait. et putain, ça me faisait du bien que tu sois dans ma vie. vraiment. et j'savais que ouais, la seule chose que je voulais là c'était te serrer dans mes bras, rester contre toi mais j'voulais pas non plus t'imposer ça.

"Tais-toi Vega. Tu comptes je t'ai dit. Et je suis là pour les gens qui comptent. Que tu sois à Cambridge, à la Nouvelles-Orléans ou à l'autre bout du monde, si t'as besoin de moi, j'accoure." Le taxi me dépose rapidement sur la piste où le jet privé m'attend. "Vega, j'vais devoir te laisser pendant deux petites heures, j'aurais pas de réseau une fois dans les airs. Mais promis je fais au plus vite okay? File-moi l'adresse où tu veux que je te rejoigne exactement par sms et j'me débrouillerai pour y arriver." Je ne perds pas de temps pour monter à bord de l'appareil, James allant s'installer et préparer le décollage. "Faut que je te laisse... Ça va aller toi?" Le temps que j'arrive, j'veux dire.

j'te jure, j'fais vraiment tout ce que je peux pour ne pas t'envahir. pour pas que tu te sentes coincé avec moi. alors ouais, j'tenais certainement pas à t'imposer de venir me rejoindre parce que t'avais sûrement autre chose à faire que te taper quasi 4 heures d'avion pour venir sécher mes larmes. puis on pourrait se voir quand je serais back et voilà. sauf que t'avais clairement pas l'air de voir les choses comme ça et.. ok. "d'accord" que je finissais par souffler. j'allais pas me battre. c'était pas moi. "je.. ok, je t'envoie ça." alors t'allais vraiment débarquer, comme ça ? j'en revenais pas en fait. j'crois que personne n'avait jamais fait ça pour moi. "oui, oui, t'en fais pas." j'irais probablement boire un verre. ou deux. peut être même trois. tant que ça me permettait de rester loin de chez moi. "merci" que je lançais doucement avant que tu ne raccroches. maintenant ? je n'avais plus qu'à t'attendre.