Tu fais couler l'eau sur tes mains pour les laver. Tu sors des chiottes après une petite vidange, tu ignores ce qu'ils mettent dans leur cocktail mais cette boisson a un effet plutôt diurétique sur toi. Pour l'instant, tu passes une bonne soirée, tu as bien bu, bien mangé et même si ta cavalière t'a foutu un vent, tu ne t'ennuis pas et tu te régales presque. Tes yeux se lèvent pour que tu croises ton propre regard dans le reflet, tu as l'air d'un pingouin dans ton costume bleu et noir. Tu le regardes avec dégoût, putain tu as la rage qu'il t'ai coûté aussi cher. Tu t'es ruiné pour une soirée, ça te saoul, tu aurais préféré dépenser ces sous dans autre chose, dans n'importe quoi mais pas dans un costume. Tu te laves les mains avec insistance, tu as toujours été un peu maniaque sur les bords. Une fois tes mains bien propres, tu attrapes quelques feuilles pour les essuyer, tout en te regardant dans le miroir. Tu es pas mal, tu n'es pas non plus un mannequin international mais tu as un truc qui change. Ton regard change de cible quand tu entends la porte s'ouvrir. Deux jeunes dont les hormones semblent être titillés entre dans les toilettes pour mecs. Tu soupires désabusé. Toi qui déteste les microbes, tu trouves que baiser dans des chiottes c'est d'un manque de goût. - Sales porcs, que tu balances sur un ton indigné tout en quittant les chiottes. Tu empruntes le couloir te ramenant jusqu'à la soirée. En chemin, tu croises un petit minois que tu commences à connaître de plus en plus intimement. - Miss Rothschild, votre tenue est à l'image de votre réputation. Superficielle.

@A. Olympe Rothschild

Tenue de Yaël:

Le bal de fin d'année. J'avais cette hâte d'y aller, et maintenant que j'y suis, je m'y sens terriblement mal. Comme si je n'étais pas à ma place. En fait, il me rappelle étrangement la soirée de Thanksgiving qui s'est terriblement mal terminée. J'essaye de m'amuser avec mes amies, en ayant bu qu'un seul cocktail alcoolisé. Mais, je sens que mon estomac me le refuse. J'ai la nausée, la tête me tourne, et tous les souvenirs reviennent en mémoire. Mes cauchemars se réalisent dans mon esprit, et la torture du hangar réapparaît violemment. Je dis aux filles que je vais prendre l'air, mais je me dirige rapidement vers les toilettes. Si j'essayais de vomir, peut-être que mon état s'améliorerait ? Les mains moites, je traîne ma longue robe avec difficulté, ayant presque du mal à tenir debout. Je suis à deux doigts du malaise. La chaleur, le brouhaha des étudiants et mes souvenirs ne s'entendent pas. Je me tiens au mur quand deux personnes me bousculent en s'embrassant fougueusement avant de rentrer dans les toilettes un peu plus loin. Là, je vais vomir. J'avance d'un pas plus rapide, mais une tête connue m'interpelle. « Je ne suis pas d'humeur Marshall ! » Cinglante. Je sens bien l'ironie dans sa voix, et cette robe, j'y tiens particulièrement puisqu'il s'agit de la robe de bal de promotion de ma mère. Alors ses remarques, je m'en fiche totalement. L'énergie que je mets pour me contenir est trop importante pour que mes jambes me portent encore. Je m'attrape à l'épaule du jeune homme, tombe presque dans ses bras. Il faut que j'aille dehors, prendre l'air, je n'en peux plus d'être enfermée ici. « Tu veux bien m'aider à sortir d'ici Yaël ? » C'est la seule chose que je vais te demander ce soir. Guide moi dehors s'il te plait.

@Yaël Marshall

Tu vois du monde ce soir, tout Harvard est réunis dans une unique et même salle. Ils ont mit le paquet sur la décoration cette année. C'est sombre mais en même temps lumineux, même toi qui n'as pas beaucoup de goût en matière de déco, tu trouves ça joli. Ce n'est absolument pas ton délire et tu as galéré à trouver un costume qui ne fasse pas trop borderline. Tu es presque dans le thème Yaël, tu peux être fier de toi. Tu as même arrangé un tant soit peu tes cheveux, tu es plutôt beau gosse dans ce costume mon cher. Tu quittes les chiottes plus vite que prévu, tu ne peux pas rester là alors que deux étudiants vont baiser et manquer de classe. Tu aimes bien les lieux publics pour ce genre de petite sauterie mais les toilettes, c'est contre tous les principes auxquels tu crois. En sortant, tu croises Olympe malgré toi, tu aurais dû t'en douter, tu croises tout le monde ce soir. Elle a l'air plutôt blanche de peau mais tu la sais capricieuse, tu ne fais même plus attention. - Comme si ça changeait de d'habitude. Tu lèves les yeux au ciel d'un air désabusé. Elle t'exaspère quand même bien comme il faut. Tu veux lui lancer une nouvelle remarque mais elle pose négligemment sa main sur toi et manque de tomber dans les vapes. Par réflexe, tu la rattrapes et la supportes pour qu'elle ne tombe pas par terre, tu te doutes que cette robe doit être hors de prix. - Qu'est ce qu'il se passe ? Que la petite Olympe te tombe dans les bras, ce n'est pas normal. Elle te demande d'aller dehors. - Si, bien sûr, il y a une porte là-bas, ça va aller pour marcher ? Tu es trop concilient Yaël, surtout après toutes les vacheries qu'elle t'as balancé dans la gueule depuis six ans. Tu l'aides à accéder à l'extérieur, l'air frais te fait un bien fou à toi aussi. Putain, tu revis. - En fait, tu as une maladie grave dont tout le monde ignore l'existence ? Bah quoi ? Ça se pourrait et ça expliquerait son agressivité avec le monde entier. Enfin, surtout avec toi.

Je me sens mal, trop mal pour rester à la vue des autres. Le moindre faux pas, et je vais faire la une des journaux à scandale, à grands coups de « Elle a beaucoup trop bu. » ou encore « Quelle décadence ! Pas si parfaite l'héritière Rothschild ! » Et ça, il en est hors de question. Je garde le cap depuis si longtemps, que je ne veux pas m'en détourner pour des souvenirs idiots et un malaise au milieu de la foule d'Harvard. Alors je fuis, avant de tomber sur Marshall, qui se sent obligé de venir m'embêter au pire moment de ma soirée. J'essaye de lui faire comprendre que ce n'est pas le moment, mais il se sent obligé de me faire une remarque. Je l'entends, de loin, sans trop y faire attention. Et je sens mes jambes qui ne me tiennent plus. Tomber dans ses bras n'était pas vraiment la meilleure option mais je n'ai pas eu le choix. J'ai besoin de lui, maintenant. Et je ne peux pas faire autrement. Je m'appuie sur lui et le suis vers la sortie. L'ouverture de la porte me fait un bien fou, une renaissance. Je sens mes poumons se gonfler entièrement avec cet air frais, et cette impression d'emprisonnement s'efface petit à petit. Je préfère tout de même le lâcher, et m'asseoir sur l'une des marches. Les bras en arrière, la tête tombe instinctivement alors que je prends une grande inspiration. Mes cheveux libres tombent vers le sol dans une étrange cascade brune. Je ferme les yeux, retrouve mes esprits. « Je ne pense pas non. » Peut-être que si au final, mais si c'est le cas, je ne suis pas au courant. Je lui ai déjà parlé du Soudan, mais dois-je évoquer un événement aussi récent que ma nuit dans le hangar avec les autres étudiants ? « J'ai quelques angoisses d'enfermement en ce moment. » Simple, mais assez pour satisfaire sa curiosité normalement. Je tourne la tête vers lui, comme un pantin désarticulé. Les grands yeux s'ouvrent devant lui, encore un peu hagard. « Merci. Je te laisse rejoindre ta cavalière, elle va se demander où tu es passé. »

@Yaël Marshall

L'air frais te fait un bien fou. Tu commençais à étouffer dans ce lieu bondé d'étudiants dont les hormones sont titillés au maximum. Le bal est l'événement que tout le monde attend, les bons comme les méchants, ceux qui veulent juste s'amuser ou foutre la merde. Il y en a pour tous les goûts, du spectaculaire comme de l'ennuyeux. Tes yeux se ferment, tu savoures ta bonne dose de liberté. Tu inspires longuement et remplis tes poumons d'air pur. Tu n'en restes pas moins un jeune qui n'a pas fini de grandir donc tu sors une clope de ta veste de costume et la pose sur tes lèvres. Tu prends également ton briquet et te retourne lorsque Olympe te parle. - Des angoisses d'enfermement ? Tu repenses forcément à la discussion que vous avez eu par messages et à l’enlèvement que tu as subis à cause de certaines ravisseurs. Tu allumes ta clope et tu inspires un grand coup. - Laisses tomber, je n'ai pas de cavalière ce soir. Tu rigoles légèrement en extirpant la fumée de tes poumons goudronnés. - Elle m'a planté pour mon cousin, tu sais, on dirait un mauvais film des années 90, au bal de promo. Ça m'apprendra à inviter une fille sans lui donner son identité. Tu tires une nouvelle fois sur ta clope et viens t'asseoir à ses côtés. - Tu vas mieux, ça te fait du bien un peu d'air ? Tu n'as pas froid ? Elle est bras nus la petite. Tu t'intéresses à elle, c'est nouveau. Tu regardes de nouveau droit devant toi, tu profites d'une petite pause, d'un peu de calme bien mérité.

L'air de l'extérieur me fait du bien. Un peu comme cette fois où les policiers nous ont sorti du hangar. Je ne croyais plus en sortir, je pensais qu'on allait tous y passer, qu'on allait se mutiler encore et encore jusqu'à ce que l'on meurt, ou que quelqu'un refuse de suivre les règles. Et ces angoisses là, ne me quittent plus. Les cauchemars ne cessent de se répéter. Les endroits clos me rendent malades, la foule m'empêche parfois de respirer. Et ce soir, ce mélange de sensation ne fut pas le meilleur. Maintenant que je suis enfin libre, je me sens beaucoup mieux. Reprendre mes esprits un peu à côté du jeune homme. « Le Soudan oui... et les histoires à l'université plus récemment. » Ne pas épiloguer. Il posera des questions s'il veut en savoir plus. Mais il a forcément entendu parlé des enlèvements au bal, puis du maître chanteur. Et peut-être même qu'il a subi ces événements. Il m'annonce que sa cavalière est partie avec son cousin. Sérieusement ? « Tu l'as invitée sans donner ton identité ? Ça fait un peu psychopathe non ? » Il rit, ça n'a pas l'air de le perturber. Moi, je suis venue seule, et ce n'est vraiment pas plus mal. Yaël s'assoit à mes côtés. Je sens la fumée de sa cigarette arriver jusqu'à mes narines et secoue l'air d'un battement de la main devant mon nez. Je n'aime pas vraiment cette odeur, elle est même très désagréable. La musique tambourine encore dans mes oreilles, et je l'entends derrière ma porte fermée derrière nous. Si j'ai froid ? Je me rends compte que oui, sûrement parce que j'y pense. « J'ai eu besoin de sortir trop rapidement pour prendre ma veste. » Inconsciemment, je crois que je me suis un peu rapprochée de lui. Je le regarde un peu de dos, et finis par me redresser, assise plus droite, tenant mes bras que je frictionne légèrement pour enlever cette sensation de froid. Un slow retentit, une musique que j'aime bien. Je commence à secouer la tête au rythme. Roh ! Et puis, à quoi bon ?! Je me lève péniblement, lui fait face, et lui tends la main. « Tu danserais avec moi ? J'aime beaucoup cette chanson. » Je suis même prête à accepter ton refus Marshall.

@Yaël Marshall