Cause I was filled with poison, but blessed with beauty and rage — with @Alejandro Ortega
Ce soir, Alejandro m’avait invitée à dîner. J’étais toute excitée à l’idée de le voir, il m’avait manquée et nous ne nous étions pas vus depuis le lendemain de l’anniversaire de mes amis. Malheureusement il y avait une ombre au tableau. En effet, entre la dernière fois où nous nous étions vus et aujourd’hui, j’avais couché avec mon meilleur ami. Et bien qu’Alejandro et moi n’étions pas un couple, je n’avais pu m’empêcher dès le lendemain d’éprouver un sentiment de culpabilité. Je me retrouvais alors piégée entre les sentiments que j’avais pour lui et mon meilleur ami que je n’avais pas vu arriver. Ce dernier m’avait d’ailleurs fait part de son envie de se mettre avec moi, et nos disputes concernant Alejandro et mon envie de rester seule devenaient récurrentes. Pas plus tard que ce matin, il avait invité Alejandro dans ma maison des Hamptons dans le seul but de nous nuir tous les deux. Je me retrouvais complètement perdue, et ne savais pas comment lui annoncer tout ça. Malgré tout, mon envie d’éviter de le prendre pour l’idiot qu’il était loin d’être, l’emportait sur ma peur, et je décidais alors de tout lui avouer ce soir. Aux alentours de dix-huit heures, je prenais un bain chaud dans le but de me relaxer un peu et une fois sortie de ma baignoire, je me dirigeais vers mon dressing, afin d’enfiler une petite robe bleue ciel. Je m’apprêtais un brin devant mon boudoir, puis fin prête, je sorti sans affaires de rechange, sachant pertinemment qu’après mes révélations, chacun dormirait de son côté. C’est légèrement anxieuse que j’entrais à l’arrière de ma Mercedes en direction de chez lui. Je me pinçais la lèvre inférieure tout le trajet durant, la boule au ventre qui cachait nos retrouvailles. Une fois arrivée devant sa porte, mon coeur battait de plus en plus fort. Je sonnais après dix longues secondes de réflexion, puis entendis ses pas alors qu’il venait m’ouvrir. Je l’observa avec un sourire radieux. Sourire trompeur, puis venais à la commissure de sa lèvre en guise de baiser, caressant sa joue avec tendresse. « J’ai l’impression que ça fait une éternité qu’on ne s’est pas vus toi et moi. Tu m’avais manquée … » dis-je. Il m’avait réellement manquée.
Heureux de recevoir Harper à dîner, Alejandro avait hâte bien sûr. Autant le dire tout de suite, il avait acheté les coquilles st-jacques chez un traiteur, mais on lui avait assuré qu'elles étaient délicieuses. Après les cours, il était vite passé acheter un riesling allemand avant d'aller chez lui pour se changer, faire un jogging rapide, prendre une douche et se faire beau pour miss Kennedy. Bon, en vrai, l'Espagnol mit juste un shirt à manches longues, des pantalons casuals et se mit même une casquette sur la tête. On était la semaine après tout et il serait surpris de voir Harper débarquer en robe de bal.
Le gardien appela à l'étage simplement pour confirmer que son invitée était dans l'ascenseur. Oui, elle avait accès désormais, enfin, en autant qu'elle dise vite fait son nom au gardien, elle était dans la liste des admis quoi. La jeune femme ne tarda pas à cogner à sa porte et il alla ouvrir vite fait. Sourire de part et d'autres, baiser, câlin, la soirée commençait bien.
-C'est toujours trop long, que veux-tu... Entres- je t'en prie.
Une fois la belle entrée, il fermait la porte et enchaînait comme d'habitude. Alejandro semblait de bonne humeur, comme toujours ou presque. Les traits un peu tirés, merci à certaines nuits d'études plus longues que d'autres. Fallait fini sa dernière année sur un haut et non un bas.
-Les coquilles sont déjà dans le four, j'ai juste à le partir. Avec des frittes, ce sera succulents. Je nous sers du vin en attendant?
Il aurait bien aimé boire ce vin dehors, sur son balcon, mais il pleuvait aujourd'hui. Peut-être était-ce signe d'un mauvais présage. Si Harper était d'accord avec son plan de match, alors il sort deux coupes, les sert rapidement et puis ils vont s'installer dans son salon après pour un petit tchin et goûter au vin.
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Toujours la boule au ventre, j’entrais à l’intérieur de l’appartement d’Alejandro, toujours aussi magnifique et chaleureux mais constatait que le jeune homme avait une petite mine. Toujours aussi beau bien évidemment, mais il avait l’air de ne pas avoir eu une bonne nuit de sommeil. Je caressais sa joue avec un petit sourire. « Tu vas bien mon coeur ? » demandais-je, fronçant légèrement les sourcils. J’avançais alors que le Dunster refermait la porte derrière moi. Je souriais à l’idée qu’il nous préparait à manger ce soir, même si évidement il n’avait pas été à l’origine de l’entière préparation, je trouvais extrêmement attentionné qu’il s’occupe de la cuisson. Personnellement, je n’avais jamais ouvert un four de ma vie. « Oh avec grand plaisir pour le vin. J’ai hâte de goûter au plat, j’adore les coquilles St-Jacques. » souriais-je faiblement, me disant que je n’allais peut-être pas y goûter. Je sentais le moment parfait pour lui annoncer que j’avais couché avec un homme qu’il a en horreur, arriver et me sentais horriblement mal. Je me pinçais la lèvre. Tandis qu’il allait nous chercher deux ballons, j’observais la pluie battante s’abattre sur la magnifique terrasse d’Alejandro. Même le temps n’était pas avec nous. Je m’asseyais finalement sur le canapé alors que le jeune homme nous servait le vin et je trinquais avec lui à notre soirée. Ironie bien amère. J’amenais le verre à mes lèvres, et répliqua finalement. « Mmm … pas mal celui-ci, dis-moi ! » en parlant de son Riesling. Je décidais de ne pas entamer tout de suite la conversation, voulant profiter au moins un minimum de sa chaleureuse présence à laquelle je n’avais pas eu droit depuis un peu moins d’une semaine. « Raconte moi ta semaine, tu as du beaucoup réviser pour avoir cette mine là. » riais-je doucement pour le taquiner avant de déposer avec douceur ma main sur la sienne.
Harper, instinctivement sans doute, et parce qu'elle est aussi intelligente qu'observatrice, remarquait que le beau brun avait les traits tirés, plus qu'à l'habitude en tout cas. Sa main vient se poser contre celle de la jeune femme et il la fait glisser près de ses lèvres pour déposer un baiser contre celle de son amante. -Les nuits sont courtes ces temps-ci.
Qu'elle s'en remarque, s'en préoccupe et qu'elle l'appelle "mon cœur" avait dont de lui réchauffer le cœur justement et Alejandro vint embrasser Harper, d'un doux baiser sans plus de prétention. Il était déjà en cuisine pour préparer le tout, démarrer le four, ouvrir la bouteille de vin et répondait depuis cette pièce.
-C'est vrai? Je suis un grand amateur de fruits de mer aussi.
Revenu dans le salon avec les coupes de vin, ils purent trinquer et en prendre une gorgée. Harper s'esclaffa qu'il était bon ce vin. Alejandro n'avait pas payé particulièrement une fortune, c'était qu'un vin de semaine après tout, mais quand même... Pas question de boire du mauvais vin.
-C'est vrai, il est équilibré, pas trop sucré. J'ai bien choisi.
Le bras étendu sur le canapé, il enveloppait ainsi un peu Harper et souriait à sa question. Ah oui, la semaine... Le jeune homme esquissa un sourire aussi amusé et enleva sa casquette.
-Si c'est vrai, beaucoup de travaux à remettre aussi. Des équivalents d'avis légaux, des requêtes introductives d'instance et j'en passe. Tu verras quand tu seras rendue à cette étape toi aussi. La semaine prochaine, j'ai trois examens et quatre autres la semaine suivante... Comme j'ai l'intention de finir en beauté, je dois travailler pour.
Alejandro se rapproche un peu, ancre son regard dans celui d'Harper et ajoute avec un petit sourire plutôt séducteur, il est vrai:
-Tu es, pour moi, dans cette semaine de fou, une bouffée d'air frais, ma sauveuse.
S'il ne se mérite pas un baiser après cela, il va bouder l'Espagnol! Après, naturellement, il demandait à son tour:
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« Oh … à ce point ? » Je le regardais légèrement attristée qu’il ne dorme pas assez alors que j’étais la championne des insomnies. Je souriais lorsqu’Ale me disait être un amateur de fruits de mer, j’en raffolais personnellement. Je l’attendais de mon côté, puis il vint finalement nous servir le vin que je trouva excellent. « Tu aurais fait un excellent oenologue je suis sûre, d’après ce que j’ai pu voir par le passé. » disais-je sincère. Je l’écoutais attentivement me parler de sa semaine, il avait du travail, et je culpabilisais de lui sortir ça au mauvais moment. Néanmoins, je souriais faiblement à sa dernière phrase. Comment pouvait-il être aussi adorable et moi si horrible ... Je le regardais avec tendresse et caressa sa joue timidement. Je ne pouvais rien répondre à ça, je me serais sentie trop hypocrite, et avec lui, je ne pouvais pas. « Oh semaine difficile à venir, j’imagine. » Et j’imaginais bien, puisque c’était mon tour de parler. « Oh eh bien aujourd’hui j’ai eu un cours qui portait sur le droit administratif à l’ère de Trump, à part ça, j’ai été pas mal surchargée cette semaine avec un essai à écrire sur les structures et fonctions gouvernementales. » Je prenais une pause, regardant mon verre le temps de quelques secondes avant de reporter mon attention sur Alejandro. Mon coeur battait la chamade, je me sentais super mal, d’autant plus que je réalisais à cet instant ma peur de le perdre. Je n’avais jusqu’alors pas réalisé. Mais je me lançais. « Alejandro, j’ai … Il faut que je te dise quelque chose. » Je prenais ma respiration puis continuais. « Je sais que toi et moi on est pas vraiment en couple, mais je sais pas, j’ai eu la sensation d’avoir fait une connerie. La semaine dernière, j’ai … j’ai vu Franklin, et … on a … j’ai couché avec lui. » Je ne le regardais pas dans les yeux, je ne pouvais pas après ce que j’avais fait. Je n’avais jamais eu ce genre de relations, je ne savais pas comment ça se passait, jusqu’à ce que je comprenne que si je me sentais mal, c’est que j’avais peut-être fait une bêtise. Mais les sentiments restés en suspens pour Zéphyr lorsque j’avais rencontré Alejandro avait refait surface et je me retrouvais perdue, bien que j’avais fait comprendre à Zéphyr que je ne pouvais pas être avec lui. Je regardais finalement Alejandro. « Dis quelque chose, je t’en prie … » C’était la première fois que j’avais peur pour nous deux. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, je n’avais jamais eu à faire ce genre de révélations de ma vie, encore moins avec lui.
Alejandro eut un léger rire et un peu gêné, se passa la main derrière la nuque.
-J'ai l'habitude, t'inquiètes.
Ce n'est pas la fin de session à longueur d'année non plus. Après, le beau brun trouve que son amante exagère un peu niveau compliment sur son choix de vin. Pas que c'était hypocrite de sa part ou quoi, du tout même. Sans doute est-ce parce qu'elle est américaine qu'elle est impressionnée. En Europe, le vin est tellement intégrée à la culture, tout le monde s'y connait. En tout cas, c'est ainsi dans l'entourage d'Alejandro.
-Oh, je connais juste ce que mon grand-père m'a appris. Crois-moi, je ne ferais même pas un œnologue amateur.
Après, quand il avouait à la belle brune qu'elle était une bouffée d'air frais dans sa semaine de fou, elle se contente de lui caresser la joue et après un petit moment à la regarder, à lui sourire, il finit par faire une petite moue déçu qu'elle ne fasse pas plus. Bon, tant pis... il prit une gorgée de vin et écouta la suite.
-Ouep...
Harper aussi était occupée bien sûr, cela ne l'étonnait pas le moins du monde. Qu'elle mentionne Trump avec une sorte de mépris dans la voix ne manqua pas de l'amuser. Ils le détestent probablement autant l'un que l'autre, mais au moins, il n'est pas son président.
-Si jamais tu veux un avis ou des conseils, n'hésites pas. J'ai fait les mêmes cours l'année dernière.
Un silence se glisse ensuite et Alejandro remarque bien qu'Harper est pensive, l'air tracassé ou quoi. La jeune femme, par ses paroles, ne tarde pas à lui expliquer pourquoi. Franklin... ce fut comme un coup de brique dans le front qui laissa place à un réflexe.
-Franklin? Le mec qui a refusé de me serrer la main à la fête?
Hey oui, c'est avec ce même mec qu'Harper, sa fréquentation, venait de coucher et évidemment, comme Alejandro sait qu'ils sont des amis de longue date... Cette fois, ce fut son tour d'être silencieux, de prendre une gorgée de vin et de poser son verre en plus de se décaler d'à côté d'Harper. L'ambiance était moins chaleureuse tout à coup. Parler, parler... pour dire quoi? Il lui lança un regard.
-Qu'est-ce que tu veux que je te dise? Comme tu as dit, on n'est pas vraiment en couple.
Devait-il être content qu'elle lui en parle? Tout dépend de la suite des choses en fait. Si c'est pour lui annoncer qu'entre Franklin et elle, c'est sérieux, qu'elle est amoureuse de son ami, alors non, aucune raison de se réjouir... Et cette fin de semaine dans les Hamptons qui s'en vient drôlement vite... Alejandro eut un sourire, ironique et découragé tout à la fois.
-C'est drôle tu sais. Ces temps-ci, quand on me demande "hey, quoi de neuf", je réponds, tout content, que je vois une fille, que pour le moment, on se fréquente, mais que je pense que c'est du sérieux cette fois. À mes amis proches, j'ose même dire que je suis amoureux comme je ne l'ai pas été depuis longtemps. Est-ce que je me suis trompé de penser cela? Que nous deux, c'est sérieux?
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Je souris timidement à sa remarque bien que je trouve ça adorable que son grand-père lui ait appris ça. J’aurais bien eu des choses à apprendre de mon grand-père, pensais-je. « Tu es modeste. » Nous parlions finalement de nos semaines respectives, et le jeune homme me proposa ses conseils qui n’auraient jamais été de refus si toutefois il acceptait encore de m’aider après mes futures révélations. Après tout, le jeune homme était un dunster et doué d’intelligence. « Avec plaisir Ale, je sais que tu excelles en plus dans ces matières. » Non pas que ce n’était pas mon cas, bien au contraire, seulement je nous aurais bien vu travailler ensemble. On va plus loin lorsque l’on est unis après tout, mais ça, c’était quand on allait pas voir ailleurs. D’ailleurs, très vite, je lui racontais tout. Je ne pouvais pas le garder pour moi, il fallait que je le lui dise. Mais ce silence pesant s’installa, la faute à mes bêtises avec Zéphyr qui faisait tout pour me détourner d’Ale depuis quelques temps. J’avais un énorme coup de chaud qui me prenait par la poitrine, la gorge et je me sentais honteuse. Honteuse aussi d’avoir cédé à mes pulsions, moi qui m’était pourtant jurée de ne pas en tenir compte. Le jeune homme se décalait, laissant ma main glisser le long de la sienne pour se retrouver sur son canapé. Je baissais les yeux. C’était bien ce Franklin là, effectivement. Je le regardais de nouveau, je ne savais plus vraiment quoi dire sur cette seconde phrase. Nous n’étions pas en couple effectivement, pourtant il y avait bien quelque chose, mais quoi ? Je l’écoutais attentivement, le coeur battant. J’entendais le mot sérieux. Je n’étais même pas certaine de ce que cela voulait dire et pourtant ce qu’il me disait me prenait par les tripes. Je me sentais minable. Horrible. « Je me sens tellement … mal Ale, si tu savais. » Je soupire, pensive. « Je sais pas, nous deux c’est bien, qu’est ce que tu veux dire par sérieux ? » Je me sentais perdue, mais je n’avais pas la moindre envie de le perdre lui. Je le veux. Je l’aime …
Peut-être qu'il était modeste, peut-être qu'il était lucide aussi. En tout cas, même si, lorsqu'Harper et lui se voient en général, c'est plus pour passer du bon temps que pour étudier, si jamais elle voulait de son aide, il était prêt à l'offrir. La jeune femme ne dit pas non et mentionnait qu'il excellait dans ses matières.
La soirée allait pour le mieux, les coquilles étaient au four tout comme les frittes, lorsqu'Harper décida de cracher le morceau et d'avouer sa relation avec son ami Franklin. Alejandro avait été plutôt surpris. Il avait cru, naïvement, que son désir unique pour elle était partagée. En ce moment, il ne se verrait pas embrasser, toucher, encore moins coucher avec une autre. Pour Harper, cela n'avait pas été un problème, même si maintenant, il y avait de la culpabilité dans sa voix. Il était temps de faire une petite mise au point. Déjà, il prit un peu ses distances et une part de lui avait envie de dire à la jeune femme que cela ne servait à rien de s'apitoyer sur son sort, il était temps d'assumer ses gestes. Puis, à ce qui suivit, l'Espagnol eut un regard vers le ciel. Ô désespoir, mer de mélancolie.
-Par sérieux, je veux dire qu'on se fréquente dans le but d'un jour sortir ensemble, être en couple, si?
Ou bien l'avait-elle brillamment fourvoyé à ce niveau. Personnellement, il ne dirait pas "je t'aime" à une fille avec qui il veut simplement coucher. C'est un engagement de plus et même s'il a bien compris que pour Harper, rien en ce monde n'est simple, il reste qu'il la voit, s'il couche avec elle, c'est bien parce qu'un jour, il espère qu'elle sera sa petite amie, officielle sur facebook et tout.
-Le fait que tu poses la question est plutôt révélateur. Alors jouons cartes sur table tu veux? Est-ce que tu l'aimes?
Ce serait le clou dans le cercueil de leur relation encore inexistante, mais au moins, il serait fixé.
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En l’entendant, j’eu un mal fou à avaler ma salive. Couple. Tourner à deux. Moi qui avait tant l’habitude de marcher en solitaire. Je n’étais même pas avec lui que j’avais déjà peur de le perdre alors que serait-ce en couple … Je n’étais pas certaine de vouloir de ça, et même, je ne comprenais parfois pas ce terme. Finalement, tous les deux pouvions nous dire en couple puisque nous faisions tout comme un couple normal. On se disait qu’on s’aimait, nous faisions l’amour passionnément, nous marchions ensemble, voyagions ensemble, allions à des soirées ensemble, butions du vin ensemble. Et j’aimais tout ça, alors pourquoi tout changer ? J’acquiéçais timidement, doucement, comme une enfant qui tentait de comprendre les règles de sa nouvelle maison, après en avoir brisée une. Mais sa phrase me glace le sang. Je ne savais même pas y répondre. Oui ? Non ? Peut-être ? J’en sais rien ? Probablement ? Pas autant que toi ? « Je … je t’aime davantage … » dis-je d’une voix brisée, une énorme boule dans la gorge. J’étais certaine de mes sentiments pour Ale, mais en ce qui concernait Zeph, je n’y comprenais plus rien. Le flou total. Je ne pouvais pas nier mes sentiments pour lui, c’aurait été mentir. Mais je me rendis alors compte que je n’avais jamais dit à Zéphyr que je l’aimais. D’amour du moins. Je n’étais plus sûre. Je m’embrouillais l’esprit. Je mettais mon visage entre mes mains, ramenant ma chevelure en arrière, complètement paumée. « Je crois que je me suis perdue quelque part. » Le regard dans le vague, je continuais. « Ale, je t’aime. Mais juste avant que je te rencontre, il n’y avait que lui et moi, constamment. Je crois qu’on a simplement peur de se perdre. » En effet, il m’avait avoué que le fait que je rencontre Alejandro lui faisait prendre conscience de certaines choses, tandis que moi, je perdais toute conscience. Et je comprenais petit à petit que même si je faisais l’autruche en voulant ne pas me mettre en couple des deux côté, il allait me falloir faire un choix. Je repoussais encore l’échéance. Je le regardais finalement droit dans les yeux, lui prenant la main des miennes. « Je t’aime. Et j’ai pas envie de te perdre. Mais je crois que j’ai besoin de temps pour comprendre tout ce qui se passe. »
En effet, pour Alejandro, ils étaient en bonne voie de devenir un couple, puisqu'en apparence, ils ont déjà tout d'un couple. Pas qu'en apparence d'ailleurs... Cette histoire de coucherie avec Franklin, il le prend personnel, parce qu'il se doute bien qu'Harper ne l'a pas fait et vu comme un simple coup d'un soir ou un coup de tête impulsif. Sinon, elle ne se serait probablement pas donnée la peine de lui en parler. Elle l'aimait davantage? L'Espagnol plissa des yeux.
-Davantage? Je suis rassuré...
Sous-entendu par Harper selon ce qu'il lit: j'aime l'autre aussi, mais moins. Oh, le beau brun n'est guère surpris de devoir se battre pour le cœur et l'âme de miss Kennedy. Il n'a jamais cru un instant que ce serait facile. Il commence juste à se demander si elle ne jouerait pas par hasard sur plusieurs tableaux à la fois et s'il ne risquerait pas de finir comme le dindon de la farce. Alejandro finit sa coupe de vin, se dépêche de s'en servir encore. C'était le meilleur moyen de faire passer la douleur d'une certaine façon, ce pincement au cœur qui le prenait. Harper avait beau d'ailleurs répéter qu'elle l'aimait, une part voulait la croire, une autre, plus lucide peut-être, se montrait plus sceptique. Elle l'aime... mais davantage. Après une autre gorgée de vin, il acquiesce, faisant un effort de compréhension.
-D'accord... De toute façon, tu sais, je ne t'ai pas demandé de le perdre ou d'arrêter de le voir, pas même après qu'il m'ait humilié à cette fête.
Ceci dit, il aurait peut-être préféré quand même qu'elle ne couche pas avec... Puis, cette requête de temps. Alejandro ferme les yeux et s'imagine balancer sa coupe de vin sur le mur, crier. En vrai, il inspire et enlève sa main de la sienne en plus de lui jeter un regard bouillant d'impatience.
-De temps?! Tu ne trouves pas que tu commences à m'en demander beaucoup? Je suis prêt à ce qu'on prenne tout le temps qui faut, vraiment, mais je n'accepterai pas non plus que tu puisses passer de lui à moi. Va falloir te décider. Du temps... Combien de temps han?! ... C'est ça, tu ne peux pas me le dire...
Il reporte son attention devant lui et vient pour prendre une autre gorgée de vin, mais se ravise et la pose sur la table basse, avant de se lever.
-Je vais voir si les coquilles sont prêtes.
Alejandro en profitera bien sûr pour décompresser un peu seul, repasser le fil de cette conversation dans sa tête et tout ce qu'elle implique. En tout cas, elles seront sacrément bonnes les coquilles st-jacques!
Ce soir, Alejandro m’avait invitée à dîner. J’étais toute excitée à l’idée de le voir, il m’avait manquée et nous ne nous étions pas vus depuis le lendemain de l’anniversaire de mes amis. Malheureusement il y avait une ombre au tableau. En effet, entre la dernière fois où nous nous étions vus et aujourd’hui, j’avais couché avec mon meilleur ami. Et bien qu’Alejandro et moi n’étions pas un couple, je n’avais pu m’empêcher dès le lendemain d’éprouver un sentiment de culpabilité. Je me retrouvais alors piégée entre les sentiments que j’avais pour lui et mon meilleur ami que je n’avais pas vu arriver. Ce dernier m’avait d’ailleurs fait part de son envie de se mettre avec moi, et nos disputes concernant Alejandro et mon envie de rester seule devenaient récurrentes. Pas plus tard que ce matin, il avait invité Alejandro dans ma maison des Hamptons dans le seul but de nous nuir tous les deux. Je me retrouvais complètement perdue, et ne savais pas comment lui annoncer tout ça. Malgré tout, mon envie d’éviter de le prendre pour l’idiot qu’il était loin d’être, l’emportait sur ma peur, et je décidais alors de tout lui avouer ce soir. Aux alentours de dix-huit heures, je prenais un bain chaud dans le but de me relaxer un peu et une fois sortie de ma baignoire, je me dirigeais vers mon dressing, afin d’enfiler une petite robe bleue ciel. Je m’apprêtais un brin devant mon boudoir, puis fin prête, je sorti sans affaires de rechange, sachant pertinemment qu’après mes révélations, chacun dormirait de son côté. C’est légèrement anxieuse que j’entrais à l’arrière de ma Mercedes en direction de chez lui. Je me pinçais la lèvre inférieure tout le trajet durant, la boule au ventre qui cachait nos retrouvailles. Une fois arrivée devant sa porte, mon coeur battait de plus en plus fort. Je sonnais après dix longues secondes de réflexion, puis entendis ses pas alors qu’il venait m’ouvrir. Je l’observa avec un sourire radieux. Sourire trompeur, puis venais à la commissure de sa lèvre en guise de baiser, caressant sa joue avec tendresse. « J’ai l’impression que ça fait une éternité qu’on ne s’est pas vus toi et moi. Tu m’avais manquée … » dis-je. Il m’avait réellement manquée.
Heureux de recevoir Harper à dîner, Alejandro avait hâte bien sûr. Autant le dire tout de suite, il avait acheté les coquilles st-jacques chez un traiteur, mais on lui avait assuré qu'elles étaient délicieuses. Après les cours, il était vite passé acheter un riesling allemand avant d'aller chez lui pour se changer, faire un jogging rapide, prendre une douche et se faire beau pour miss Kennedy. Bon, en vrai, l'Espagnol mit juste un shirt à manches longues, des pantalons casuals et se mit même une casquette sur la tête. On était la semaine après tout et il serait surpris de voir Harper débarquer en robe de bal.
