« Papa, pourquoi tu es triste ? On est là c’est pas le principal ? » « Hugo, mon chéri.. Tu sais que j’aime quand tu m’appelles Papa Mais là, tu vas grandir, devenir le plus beau et fort des hommes que je connaisse. Tu vas dans un nouveau pays, tu vas te faire un tas de copains et tu vas revoir ton papa. » « Bah c’est toi mon papa.. Et personne d’autres.. »

Vous ne vous êtes jamais posés la question de votre existence. Vous savez, celle dont vous devez réfléchir à votre appartenance dans la société ? Celle où vous devez réfléchir à pourquoi vous êtes là ? Sérieusement ? Toi perso, tu n’as jamais réfléchi. Ah quoi ? Tu vas mourir de ce putain de cancer de merde et tu comptes bien profiter de ta vie un peu tous les jours, sans aucune limite, sans plaisir refusé. Et ouais ? Tu peux baiser qui tu veux, tu peux partir en out quand tu veux, tu peux faire ce que tu veux. Mais t’es obligé d’assister à ses trucs. Le genre de trucs qui te donnent la nausée, auxquels Nélio t’accompagne à chaque fois, un par un. Parce qu’ils ne veulent pas te laisser dans la merde. Alors c’est ça et tu vis.

« Pourquoi t’as couché avec elle ?! Elle est dégueulasse sérieux, imagine elle a le SIDA ? » « J’ai un putain de cancer sérieusement Néo, tu crois que j’en ai à foutre de savoir si cette meuf elle avait le SIDA ou la gale. J’ai couché avec, j’ai même pas pris son numéro et le pire ! Mon dieu qu’elle était bonne mais dégueulasse on est d'accord ! »

Parce que c’est comme ça avec toi, des heures d’espoir pour finalement comprendre que ta leucémie est de retour. Tu aurais pu t’éviter des jours de traitement et faire comme tout le monde, crever. Mais pourtant t’es bien vivant. Vivant à souhait pour le plaisir de ta famille. Mais fatigué du monde qui t’entoure. A côté de ça, tu restes le même, le même gamin qui a toujours vécut avec l’envie de tout défoncer, la détermination à être quelqu’un de simple et à l’autre compliqué. Et puis à quoi bon essayer de lutter, tout le monde meurt un jour non ?

« Hugo ! C’est quoi ce sachet ?! » « Alors.. Déjà ! Ce sachet n’est pas à moi, je le connais pas, jamais vu de ma vie. Mais jette le pas, je vais le redonner à son propriétaire. »

Il en fallait pas plus pour toi. La destruction de cette rechute. Etre de plus en plus mal et trouver espoir dans cette drogue. Une drogue qui a longtemps été fumé et maintenant c’est pire. Tu n’aurais pas du toucher à cette merde. Tu n’aurais pas du toucher à ce machin qui te bouge la vie. L’opium. Personne n’est au courant, et tu vas simplement la chercher pendant les concerts de Nélio. Autant dire que tu n’as rien d’autres à dire ou à faire. Tu as cette merde et tu survis. Pourquoi ? Parce que ça fait du bien, ça te détend, ça te permet d’oublier, de te lâcher prise. De vivre quoi merde. Jugement tu le sens, mais tu t’en bats les couilles de ça, personne n’a vécu ce que tu vis actuellement

« Ta ville préférée ? » « Monaco » « C’est pas une ville Hugo… » « Et alors ? Toi t’es bien là alors que t’es pas humain, je te dis rien. Moi je dis une ville c’est Monaco, que ce soit une principauté ou non, c’est MA ville »

Parce qu’il fallait partir ? Parce qu’il fallait vivre. Cambridge une ville que tu n’aimes pas et Monaco, ma maison. Tu n’as rien d’autres à dire. C’est ta ville, ton chez toi, et pourtant ta mère est partie. Tu n’as pas beaucoup supporté ce choix, tu as toujours pensé qu’elle t’avait abandonné et donc qu’elle n’était pas heureuse avec toi et les jumeaux. Ta relation avec ton père est inexistante, parce que tu ne veux pas entendre parler de lui, parce que c’est pas ton vrai père, t’en es certain. C’est un imposteur. Ton père c’est Karl. Cet homme qui était là pour ta première hospitalisation, celui qui t’a tenu la main pour tes premiers tests, celui qui t’a acheté aussi tous les midis un fast food après les traitements pour que tu puisses reprendre des forces. Et c’était surtout lui qui venait dormir dans ta chambre pour que tu puisses rêver et non faire des cauchemars. Et pas l’autre con, ça c’est clair.

« Comment ça s’appelle déjà ? » « Un groupe de parole, c’est pour vous aider à discuter avec les autres de votre état, votre maladie. Il vous aide notamment à l’assumé et à vous sentir Hugo, ça peut vous être utile, je vous en prescris deux séances pour commencer ? » « Ah, bah mettez-les au nom de Clio Force, elle adore parler à des inconnus et raconter de la merde, ça va lui faire du bien de parler à des gens qui sont forcés d’être là et qu’en ont rien à foutre de sa vie et qui l’écoute quand même. »