Ton enfance, elle n'aurait pas pu être plus parfaite qu'elle l'a été. Tu vivais le parfait bonheur et ce même si tu es le petit dernier de la fratrie. Toi t'es celui qui a eu les vêtements troués des autres, les vieux jouets passé mode et qui a dû oublier l'idée de faire des études poussées. Tes parents s'étaient des gens au grand coeur et c'était ce qui faisait leur richesse. Parce que de l'argent ils n'en avaient pas, ou très peu. Même si ton père était policier dans la ville, son salaire n'était pas ce qu'il y avait de mieux. Puis avec cinq enfants c'était un peu difficile d'arriver étant donné que vous aviez tous des besoins différents.

Tu n'avais que douze ans lorsque ta mère vous a quitté. Elle a été atteinte d'un projectile lors d'un vol au petit dépanneur du coin. C'était un accident et quand on dit qu'on se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment, c'est exactement ce qui est arrivé avec elle. Ton père fut anéanti lorsqu'il a su. Au point où ses collègues lui ont interdit de se rendre sur les lieux de l'accident ce soir-là. Ils ne voulaient pas que la scène lui soit gravée à tout jamais dans sa mémoire.

Suite au décès de ta mère, ton père il a sombré dans l'alcool et il a perdu son boulot. Vous vous êtes retrouvé à la rue, sans un sous. Les services sociaux s'en sont mêlés, mais vu le manque de ressources vous êtes finalement atterris dans la maison de votre tante. Votre cas n'était pas prioritaire semblerait-il. Heureusement pour toi, tout ça ne t'as pas vraiment affecté. Tu étais probablement trop jeune pour te rendre compte de ce qui était en train de se passer.

Vous étiez cinq enfants, mais tous différents les uns que les autres. Toi tu n'étais proche de personne, sauf de ton frère ainé - Andrea. Tu lui faisais confiance, tu l'aimais. Il était pour toi le père que tu n'as jamais connu - d'abord trop absent à cause de son boulot et ensuite trop brouillé par l'alcool. Tu pouvais tout lui raconter sans qu'il ne porte de jugement sur toi. Tu lui confiais tous tes petits secrets d'adolescent. La relation entre vous deux était bonne, enfin parfaite pour toi. Sauf que tu te souviendras toujours de ce jour où on t'annonça qu'il était lui aussi parti. Il avait mis fin à ses jours en prétextant ne pas être heureux. Tu n'as rien compris sur le coup et tu as surpris cela pour un abandon. Tu lui en as longtemps voulu, te maudissant de porter la poisse. Si seulement tu ne lui avais pas cassé les oreilles avec tes conneries, peut-être aurait-il eut l'impression d'en avoir moins sur les bras ? T'en sais rien.

Plus vieux, lorsque tu as atteint l'âge de la maturité, tu as multiplié les conneries. Tu as passé des nuits dehors, tu as abusé des bonnes choses comme on dit. Tu n'as pas fait attention et d'ailleurs pour ça on n'a failli te perdre. Tu t'es retrouvé dans un endroit que tu ne connaissais pas. Un endroit à faire peur. Là où les gens se réveillent une seringue dans le bras, ou ne se réveille tout simplement pas. C'est en ouvrant les yeux que tu as compris que tu étais en train de perdre la carte. Tu as donc tout cessé - par toi-même. Tu t'es promis que plus jamais tu n'allais touché le fond, tu n'as donc plus jamais consommé et tu as modéré sur l'alcool. Ton problème n'étant pas ce nectar délicieux tu as su comment te contrôler.

Une fois que tu t'es repris en main tu t'es trouvé un poste de journaliste dans une petite firme de la ville. Un vieux local avec une toute petite équipe qui publiait des billets sur ce qui se passait en ville, voir dans le monde. Tu as fait ta place et pour combler les trous dans ton horaire tu t'es amusé à jouer les guides touristiques. Ta petite ville c'était ce que tu connaissais le mieux. Les endroits à fréquenter et surtout à ne pas fréquenter. Tu le sais par expériences et c'est probablement bénéfique pour les touristes qui viennent en ville et qui n'y connaissent rien.

Y'a quelques mois on t'a choisi pour être le guide d'une équipe de reporter de Boston. Ils disaient être là pour faire un article sur la pauvreté. Le chef de l'équipe a vu tes billets, ta façon d'écrire et il a apprécié. Au point où il t'a proposé de le rejoindre à Boston pour un boulot. Tu ne t'es pas posé plus de questions qu'il le fallait. Tu as fait tes bagages et t'es parti.

Sauf qu'avant ton départ tu as rencontré ce gars lors d'une fête organisée en ville. T'es du genre fier et beau gosse. Tu l'as donc abordé sans gêne et voir même un peu amoché par l'alcool. Sauf que toi ça t'en prend beaucoup pour flancher sous l'effet de l'alcool. Tu as donc agis en gentlemen jusqu'à ce que ce soit une rencontre un peu plus poussée. Tu t'es laissé transporter par la musique, mais surtout par la proximité qui unissait vos deux corps. Le plaisir de la chair c'est dans tes cordes.. mais les départs hâtifs le lendemain aussi. Tu t'es donc éclipsé laissant ce petit ange se souvenir de ce voyage. L'histoire c'est que tu te serais attendu à tout, sauf le revoir ici à Boston.