BORN ; C’était en Janvier 1983. Le vingt-trois, plus précisément, à une heure tardive de la nuit, lorsque la lune était pleine et que les étoiles tentaient de se faire voir par-dessus les nuages. Dans la pénombre, dehors, on y voyait rien, tout était silencieux. Le vent avait comme cessé de souffler, les arbres avaient cessés de bouger, de grandir, les animaux, quant à eux, s’étaient figés. Dormaient-ils ? Une chose était sûre, la nature retenait sous souffle quant à l’arrivée d’un heureux évènement : la naissance d’un petit garçon. Ce n’était pourtant pas une mine joyeuse qu’arboraient les deux parents. Chacun connaissait le point de vue de l’autre : un enfant, pour sauver leur couple, franchement ? De plus, le père aurait largement préféré une fille. Mais ce fut le cri strident d’un petit garçon qui se fit entendre jusque dans la forêt qui attendait cet enfant, qui attendait qu’il brise le silence pour reprendre leur souffle et dormir sereinement. Les sages-femmes avaient le sourire aux lèvres ; malgré qu’elles aient souvent fait naître un enfant dans leur carrière, chaque nouvel évènement était magnifique, unique. Les deux parents semblaient avoir retrouvé le sourire lorsque le petit avait pointé le bout de son nez.

FATHER ; Pourtant, ce fut de courte durée. La mère, qui ne pouvait rien faire d’autre que d’être constamment auprès de son fils, était obligée de laisser son compagnon de côté. Compagnon qui ne tint pas plus de trois ans dans une situation telle que celle-ci. Le petit Swan ne comprenait pas, ne comprenait plus. Il voyait papa et maman se disputer constamment, jusqu’au jour où papa ne rentra pas à la maison. Il se passa un long moment ainsi, jusqu’à ce que le petit Swan puisse voir son père seulement de temps en temps, un week-end sur deux, comme le disait les grands. Papa s’était battu pour avoir son enfant au moins une semaine sur deux, en vain. Puis il replongea. Alcool, jeux, motos, courses illégales, et bien sûre, des relations sans lendemain. Il ne se posait que quelques mois, jamais plus. Il engendrait des enfants, parfois sans le savoir, parfois en ayant pleinement conscience qu’il avait encore un gosse sur les bras, un gosse qu’il ne voulait pas assumer, un gosse qu’il reniait. Il y en avait eu de nombreux, dans ce genre. Sûrement beaucoup trop. Papa avait totalement disparu de la vie de Swan, jusqu’au jour où il apprit qu’il avait un cancer du foie, sûrement dû à son addiction à l’alcool. Il lui restait à peine six mois à vivre lorsqu’il a décidé de débarquer dans la vie de Swan pour tout lui annoncer ; c’était comme prendre une baffe en pleine figure. Swan, il a pas vraiment compris ce qu’il se passait. Il a été troublé, perdu pendant ces six derniers mois. Il a passé les meilleurs moments de sa vie, avec son père, mais aussi les pires. Ce genre de situations changent un homme : Swan est devenu alors distant, froid avec les autres, Swan, il avait perdu la notion du temps, il ne savait même plus qui il était.

MOTHER ; Pendant ce temps-là, pendant que papa se battait pour avoir la garde de son fils, maman, elle, elle sortait avec ses amies, elle essayait d’oublier le mauvais, elle essayait d’oublier cet homme, bien qu’elle n’oubliait pas son fils. Ce petit, il passait le plus clair de son temps chez les parents de sa mère. Ce petit, il s’amusait à l’école, il essayait de pas trop penser à son père, ni à sa mère, il pensait à ses amis. Ce fut quelques années comme ça, deux, peut-être trois tout au plus. Rien de bien méchant, le temps que maman se remette, que maman tombe sur la bonne personne. Cette bonne personne, elle est miraculeusement apparue dans leur vie, il fallait simplement être patient. Ainsi, dans cette vie de rêve, maman laissa son fils, s’occupant précieusement de son nouveau compagnon. Puis les années passent, il y a le mariage, le premier enfant qui occupe tout le temps de maman. Mais cette fois-ci, son compagnon ne part pas, parce que le couple est solide. S’en suit d’autres enfants, un chien, une maison. Une vie rêvée. Une vie, dans laquelle Swan se sentira parfois exclu, mais il gardera cela pour lui, de peur de gâcher le bonheur de toute la famille. Et puis, à nouveau, Swan subit un coup dur. Swan, il perd son grand-père, puis sa grand-mère. Ils partent, comme ça, sans prévenir. Ils s’en vont sans qu’il ne puisse leur dire au revoir. C’est dur, ça fait mal. Ce genre de situations changent un homme : Swan est devenu alors solitaire, discret, Swan, il avait perdu la notion du temps, il ne savait même plus qui il était.

CAREER ; Swan, il a jamais vraiment eu trop de mal à l’école. C’était simple, c’était beau. Swan, c’est à douze ans, un niveau excellent, bien que quelques techniques à revoir, il entre en sport-étude, il se construit doucement, il grandit, mûrit et bien que se sentant seul, il parvient à trouver refuge dans son sport favori. Certains remarques aussi son talent en dessin, en origami, en peinture, en photographie. Swan, il veut tout tenter, il a du mal à se fixer à un art en particulier. Il préfère se concentrer sur sa future carrière, celle qui l’attend très certainement s’il ne s’égare pas trop, s’il bosse à fond. Il s’accroche quelques fois à des filles, parfois même, à des hommes. Mais son coach le remet facilement sur le droit chemin, il ne doit pas perdre de vue son objectif. Pourtant, y’a ce garçon, dans son équipe. Il en pince pour lui. Il semble avoir aucun défaut aux yeux de Swan. Les deux garçons commencent quelque chose, mais leur histoire est interrompue par de nombreux facteurs : les insultes, le harcèlement. Mais les deux jeunes hommes arrivaient à faire face à tout cela. Ils n’ont néanmoins pas pu faire face à une séparation prématurée, une séparation dû à cet homme auquel Swan s’était amouraché. Il n’était pas assez performant au hockey sur glace. Pas assez du moins par rapport à Swan qui grimpait rapidement. Le gamin est rentré les mains dans les poches tandis que Swan s’est juré d’aller jusqu’au bout, pour lui, pour ce gamin dont il était amoureux. Alors il a tout donné, jusqu’à aller trop loin l’année de ses vingt-quatre ans. Une blessure grave, parce qu’il forçait trop, parce qu’il est allé trop près du soleil et qu’il s’est brûlé les ailes, le gosse. Une jambe, un genou, qui n’a pas réussi à le soutenir jusqu’au bout. Une légère blessure mal soignée, il a tout de même continué, au point de stopper sa carrière. Il en a souffert Swan. Il a voulu baisser les bras sur sa vie. Il avait jamais pensé à son avenir. Swan, il pouvait toujours marcher, mais pas forcer, après quelques mois de rétablissements ; alors il préférait sortir pour se vider la tête, pour oublier, pour passer à autre chose. Ce genre de situations changent un homme : Swan est devenu alors désinvolte, impulsif, Swan, il avait perdu la notion du temps, il ne savait même plus qui il était.

REBORN ; Malgré cette mauvaise passe, Swan, il a eu du soutien. Suffisamment en tout cas pour lui rappeler qu’il avait beaucoup d’argent et qu’il était doué en arts visuels. C’est ainsi que la vie lui a offert une seconde chance. Il est alors entré à Harvard en tant qu’étudiant en arts visuels. D’abord quatre ans, il a obtenu un baccalauréat. Puis trois années de plus, afin d’avoir un master et enfin deux ans pour un doctorat lui permettant de devenir professeur d’université. Ainsi, ne se voyant pas autre part qu’à Harvard, il a postulé aussitôt après son obtention de diplôme et fort heureusement, le jeune homme a pu enseigner l’art visuel dans cette prestigieuse école. Cela fait désormais quelques mois qu’il s’y trouve en tant que professeur. Il est passé du côté du Staff, des adultes de cette institut. Ce genre de situations changent un homme : Swan est devenu alors calme, réfléchi, Swan, il avait retrouvé la notion du temps, il avait redécouvert qui il était réellement. Swan venait de vivre une renaissance.