On était sur la route sans avoir fixé de destination, sans savoir où nous allions. Ni combien de temps d'ailleurs On pouvait être parti pendant quelques heure tout comme on pouvait partir pendant quelques jours. Ça ne tenait qu'à nous. De mon côté, je n'avais rien prévu pour le week-end. En même temps, j'avais pas l'habitude de vraiment prévoir d'avance à moins qu'on me demande. Je laissais la vie venir comme elle était. Pas de stress. Juste le fait de prendre ce qui arrivait et de profiter de chaque seconde. À quoi bon être vivant sinon? Passer son temps le nez dans les bouquins, suivre une horaire stricte à la minute près ou encore se faire chier au boulot pour le restant de nos vies? Malheureusement, c'était comme ça pour beaucoup trop! Beaucoup trop de personne voyait la vie comme elle était tracée. L'enfance, les études, le boulot et puis voilà. On se retrouvait après tout ça sans réellement avoir vécu. On avait simplement regarder la vie passer devant nos yeux, comme si on assistait à une représentation cinématographique. Il suffisait d'ailler dans les rues de Boston pour voir ces gens, ces robots fonctionner ainsi sept jours par semaines, cinquante-deux semaines par année. Rien de moins. Tous vêtus selon les standards qu'exigeaient leur employeurs, tous réglés comme des horloges pour effectuer ce qu'on leur demandait comme on leur demandait. C'était plutôt déprimant de penser qu'un jour notre tour viendrait. Que ce serait nous qui aurait des obligations, des responsabilités. Qu'on aurait des familles. Des maris  ou des femmes qui comptaient sur nous. Des enfants qui dépendaient de nous. La petite maison qui ne demandait qu'à être nettoyée encore et encore. Quand je pensais à ça, j'avais simplement l'image de la bonnes épouses qui prenaient soins des enfants, qui s'occupaient de la maisonnée, qui s'occupaient également des repas alors que l'homme, lui, travaillait pour faire vivre sa famille. D'un ennui mortel si vous voulez mon avis. Et c'est clairement pas ce que j'avais en tête pour moi. Pas pour le moment. Oui, un jour, j'allais finir par me poser, par trouver la personne avec qui je voulais passer ma vie. Mais ce n'est pas ce que je cherchais en ce moment. J'avais vécu une fois une relation qui aurait valu la peine qu'on se batte pour, qui aurait valu la peine de dire C'est le seul et l'unique. Mais comme toujours, comme toutes les relations de couple, un de nous deux avait fait en sorte que ça finisse par ne plus fonctionner, que la flamme qu'il y avait entre nous s'éteint. La flamme de la passion avait plutôt laissé place à celle de la colère, de la haine. La haine qu'il m'est laissée toute seule alors que j'avais le plus besoin de lui. La haine qu'il soit revenu comme un cheveux sur la soupe sans même se douter de ce que j'avais pu vivre en son absence. La haine parce qu'il avait temps voulu me protéger après cet épisode qu'il avait fini par m'étouffer, étouffer cette flamme. Depuis plus rien. Plus rien qui m'avait donné envie de me dire que cette personne pourrait être la bonne et que j'étais prête à faire une croix sur les autres pour elle. Et je ne me faisais pas de fausses espoirs. C'est pas avec des rencontres via Tinder que ça allait arriver. La plupart des gens ne faisait que s'inscrire sur ce genre d'application pour se trouver une date pour la nuit. Et pour une seule nuit en général. Notre génération, nous étions comme ça. Consommation, consommation et consommation. On utilise et on jette. Voilà ce qu'on faisait. Et le pire, c'est qu'on faisait tout ça sans même s'en rendre compte, sans même en avoir quelque chose à faire. Exactement comme le jeune homme assis à mes côtés n'avaient rien eu à faire de mon nom. D'ailleurs, il profita d'un moment de silence pour m'avouer qu'il ne s'en souvenait pas. Par chance, je m'attendais pas à tomber sur le prince charmant parce que je me serais pris un râteau en plein visage!  "Savannah" répondis-je simplement sans trop de cérémonie. Je me disais quand même au fond de moi-même que de mon côté, j'avais pris la peine de retourner sur la conversation Tinder juste pour avoir son nom en mémoire. C'était pas une question de Wow, je suis follement amoureuse de toi ou j'en ai quelque chose à faire. Juste une question de savoir vivre. Mais apparemment le mather n'avait pas pensé que c'était quelque chose à faire. Tant pis. J'allais quand même pas gâché ce qui pouvait être un périple intéressant parce que monsieur jouait les connard dès les début. Des gars comme lui, j'en avais déjà vu. C'était pas le premier à être comme ça à l’université. Une histoire de coeur brisé bien souvent. Mais pour être honnête, ça ne m'intéressait pas vraiment. J'avais aucune envie de savoir pourquoi il était comme ça, ni d'essayer de le sauver et de le convaincre que le grand amour existe. Difficile à faire quand on y croit pas plus qu'il le faut nous même. On allait bien voir après tout ce qui allait advenir de ce voyage. J'avais pas de but précis quand j'avais proposé ça au jeune homme. Suffisait de me dire que faire mes preuves que les idées débiles me venaient en tête. J'étais comme ça. Je détestait qu'on mette en doute ce que je disais, je me sentais toujours obliger de me justifier, de prouver ce que j'avançais même si c'était débile. Et sans savoir pourquoi, c'était pire quand c'était un mec qui le faisait. Parce que si c'était une fille, elle était simplement une bitch, une peste qui tente de se prouver quelque chose à elle-même. Tandis que les mecs passaient leur temps à se prouver tout. Bref, aller savoir ce qui se passait dans ma tête dans des moments comme celui-là. Pour faire la conversation, j'avais demandé à Ael s'il avait l'habitude de partir sur la routes ainsi avec des inconnus. À attendre sa réponse, il n'avait même pas l'air de sortir de la ville très régulièrement. Et pourtant, il y avait tellement à découvrir autour de Boston. Bon j'avais beau dire qu''il ne sortait pas beaucoup de la ville, je vivais une situation assez semblable.  "Non, pas vraiment. Normalement, je privilégie les endroits publiques." Ouais, on se l'était toutes faites dire. Ne pas rencontrer d'inconnu seule, ne pas monter dans sa voiture, ne pas partir sans informer les autres de son horaire, sa destination. Rien. J'avais absolument rien respectée de ça. À part peut-être le fait d'avoir mentionné que je partais en road trip avec un mec rencontré sur Tinder dans une brève conversation SMS avec Carter. Pas assez de détail pour qu'elle puisse aider les autorités à me retrouver s'il m'arrivait quelque chose. D'ailleurs, Ael continua avec le fait qu'il pouvait être un violeur ou ce genre de personne qu'on veut pas fréquenter.  "Je veux pas te vexer mais tu as pas l'air d'un violeur. Juste d'un mec qui se cherchait une nana pour passer un bon moment. Tu n'aurais jamais accepté aussi vite si tu avais une fille dans ta vie. Je me trompe?" Parce que s'il avait une copine, une fille dans sa vie, il était clairement pas le roi de la fidélité. Soit ça, soit elle avait vraiment une confiance aveugle en lui en le laissant partir avec une fille dont il ne connaissait même pas le nom, pour un séjour dont il ne connaissait la durée, ni la destination. Personnellement, je suis pas du genre tigresse qui suivrait son copain à la trace pour être certaine de ne pas être cocue. Mais il y avait quand même des limites. Je ne laisserais pas mon petit ami partir avec une parfaite inconnue de cette façon. Alors, oui, j'avais jugée qu'il devait être célibataire. On s'était quand même rencontré sur Tinder. Il ne fallait pas l'oublier. Il devait bien se douter que j'étais seule de mon côté aussi. Ou peut-être qu'il n'en avait rien à faire. Ouais, je penchais plus pour la deuxième option. Le gars nonchalant qui prend la vie comme elle arrive sans se poser de question.Il avait plus l'air de ce gars là. Après tout, suffisait de le regarder pour comprendre que les filles pouvaient facilement avoir envie de lui. Il avait bel allure, une belle gueule. C'est d'ailleurs ce qui m'avait attiré sur sa photo de profil. On va pas se le cacher, je prenais jamais vraiment le temps de lire la description que les gens mettaient. La plupart ne savait pas quoi écrire et écrivait des choses sans importance. Et celui qui a dit que le physique n'avait pas d'importance ne vivait clairement pas à notre époque. "Je suis curieuse de savoir ce qui t'as poussé à accepter d'ailleurs." Même si j'avais ma petite idée de ce qu'il avait derrière la tête. Je voulais voir s'il allait cacher son jeu ou le dévoiler au grand jour. Et si on allait vraiment passer un bon moment.

Road trip baby // Savannah Dawson-Reed ※※※ Ce road-trip allait forcément être très intéressant, il allait devoir faire des efforts, des gros efforts pour ne pas rendre le voyage trop… ennuyant. Ce n’était pas dans ses habitudes, mais il y avait une première fois à tout puis il se montrait honnête dès le début. Il n’avait pas retenu son prénom, pas parce que c’était elle, parce qu’il était simplement comme ça en règle générale. Elle était assez mignonne donc ça aurait pu être une raison de le retenir, mais il avait une mémoire plutôt courte surtout pour les prénoms des autres. C’était pas de sa faute – c’était jamais de sa faute de toute manière. « ça te dérange pas si je t’appelle sav’ ? » Ouais, très clairement il faisait beaucoup d’efforts pour le coup comme quand elle répondait à sa question, il faisait en sorte de faire la discussion un petit peu. Le jeune mather n’avait pas envie que la jeune femme finisse par le fuir, finisse par s’ennuyer avec lui, ce n’était pas le but. C’était la première fois de sa vie qu’il partait comme ça, en voyage avec une femme qu’il ne connaissait pas. Il n’avait pas assez d’argent pour partir comme il en avait envie, il était juste bloqué dans cette ville. « Tu as bien raison. » Les tarés il y en avait partout et il aurait pu être un de ses tarés, très clairement. Ael laissa un petit rire sortir de sa bouche en entendant sa réponse, en l’entendant lui dire qu’il ne ressemblait pas à un violeur et heureusement d’ailleurs. Il ne touchait jamais une femme sauf si elle en avait envie, il ne forçait personne à coucher avec lui. « Je suis pas du genre à avoir une copine tout court. » Le jeune homme laissait une nouvelle fois un petit rire sortir de sa bouche ne pouvant pas faire autrement. « Mais sinon c’est ça, je cherche juste à passer du bon temps comme tout le monde sur ce site de rencontre. » Puis il l’avait clairement écrit, il ne tournait pas autour du pot, jamais. Ce n’était pas son genre de cacher ce qu’il voulait réellement, il aurait bien envie de se faire la brune qui était à ses côtés, il ne le nierait aucunement si elle finissait par lui demander. « J’en sais rien. Parce que j’ai jamais réellement fait un truc pareil dans ma vie alors pourquoi pas ? Puis t’es loin d’être désagréable donc j’pense pas que je passerais un mauvais moment avec toi. »