Je ris quelque peu quand je comprends que mes mots t’ont porté à la confusion, te laissant penser que j’étais gay. Non, ça je te l’assure bien, je ne suis clairement pas gay. Il m’est arrivé de coucher avec un ou deux mecs dans ma vie mais j’aime clairement trop les femmes pour les lâcher définitivement. Franchement j’avais une tête à être gay? Bon, pas qu’il fallait une tête spéciale pour être homosexuel, mais quand même… Ça crevait les yeux que je tombais raide pour de belles courbes féminines. Alors tu sembles finalement être d’accord, et j’esquisse un petit sourire. « Je suis pas contre les mecs, mais je préfère totalement les nanas. » Juste pour qu’on soit clairs. Même si bon, en ce moment, les nanas et moi, on n’était pas en osmose. J’avais rompu avec Cléolya alors que je l’aimais et à cause de mes sentiments, je n’arrivais plus à coucher avec aucune autre fille. La merde, quoi. « T’as pas à t’excuser encore une fois. » dis-je en riant quelque peu, nos pieds touchant l’eau de l’océan alors que tu posais la main sur mon bras. Je roulais quelque peu des yeux. J’avais pas besoin de ton empathie… J’préférais changer de sujet. « Pourquoi t’as quitté la Lowell? »

Malicia c’était trompé. Elliot n’était pas gay. Il le confirma une nouvelle fois en précisant bien qu’il préférait les nanas. Okays okays. Reçu cinq sur cinq. Elle fût ensuite désolé pour lui quand il évoqua une rupture mais il se méprit sur sa façon d’agir. Elle n’était pas en train de le prendre en pitié, elle comprenait c’est tout parce que… elle était passé par là. « Je sais » répondit-elle à son « pas besoin de t’excuser. « Mais je suis passé par là. Ça date de Juillet mais j’ai l’impression que c’était hier. » Dit-elle simplement sans entrée d’avantage dans les détails. Elle n’aimait parler d’elle alors elle ne le forcerait pas à parler de lui. Ils se retrouvèrent les pieds dans l’eau, une parfaite distraction pour changer de sujet. Il la questionna sur la Lowell house. « Tu veux la version courte ou la version longue ? » demanda-t-elle en souriant. « La version courte c’est que j’ai perdu ma bourse d’études. Mon père a accepté de payer les frais de la fac que si je devenais Eliot. Bye bye Lowell House ! » Elle prit une inspiration. « Tu vois pour une Vanderbilt, faire partie des " bohèmes et fantaisiste"» - pour cité ses mots vis-à-vis à des artistes - ça fait un peu mauvais genre ! » dit-elle avec une certaine amertume car elle ne partageait pas du tout le même point de vue que cet homme dont elle avait seulement le même sang. « Pour la version longue… Je ne la raconte pas à des inconnus rencontré il y a moins d’une heure. » C’était aussi parce que c’était compliqué et qu’ils passaient un agréable moment, ce n’était pas le moment de tout gâché en lui parlant des problèmes de son passé. « Une autre fois ? » Elle était curieuse de savoir ce qu’il allait répondre à ça.

Non, j’avais pas besoin de ta pitié, de ton empathie, de ta compassion — peu importe ce que c’était que tu me faisais là. J’en avais marre d’être faible, d’être aussi touché par cette relation, d’avoir aussi mal. J’voulais redevenir le Elliot d’avant, d’avant Cléo, d’avant ma rencontre avec Cupidon. Celui qui pensait ne pas être capable d’aimer, qui se fichait de tout et de tout le monde, qui collectionnait les relations d’un soir. Ouais, parce que c’était bien plus simple de vivre ainsi que de survivre avec un coeur en miettes. Toi aussi t’es passée par là, ouais, ben à croire que c’était le mal du vingt-et-unième siècle. Et franchement, si toi en neuf mois t’avais toujours l’impression que ça datait d’hier, ça me donnait pas beaucoup d’espoir pour moi qui avait rompu le mois dernier. Allez, on change de sujet avant que je ne devienne de mauvaise compagnie.

A la place, tu me parlais de la Lowell House, du pourquoi du comment t’étais partie et tu t’étais retrouvée à la Eliot House. « Ouais, je vois le genre. » Mes parents, riches et reconnus eux aussi dans le monde des affaires, ne voyaient que par la Eliot House et son prestige. Quel prestige? Quand j’voyais les membres de cette maison, franchement… Ça me faisait plus de peine qu’autre chose, en fait. « Une autre fois, si tu veux. » Bah quoi? J’allais pas te remballer. Mais franchement, en général, ce qui se passait au Spring Break restait au Spring Break et ne nous suivait pas à Boston. Qui vivra verra. « Et du coup pourquoi t’es pas retournée chez les Lowells? Pourquoi t’as choisi la Mather? » Tu m’avais pas l’air aussi déjantée que les autres Mathers que je connaissais…

Malicia était certaine d’une chose la concernant : elle détestait parler d’elle ! Brent lui avait d’ailleurs souvent fait le reproche par le passé, il savait peu de choses à son sujet et elle était trop secrète. Pourtant, elle racontait sa vie sans mal à cet inconnu. Etonnant ! Elle prenait bien soin cependant de ne pas rentré dans les détails trop personnel, mais elle s’étonnait elle-même de sa franchisse. Aussi, elle lança l’hypothèse de revoir Elliot, pour voir sa réaction. Il n’était pas contre l’idée, tant mieux. Dans tout les cas elle n’attendait rien de lui, juste passé le temps comme maintenant.  « Et du coup pourquoi t’es pas retournée chez les Lowells? Pourquoi t’as choisi la Mather? » «  Besoin d’évoluer ? » Elle ne savait pas s’il comprendrait. «  Tu vois la Lowell House représente un peu pour moi le cocon douillet. L’endroit qu’on connait par cœur et où on se sent en sécurité. J’avais besoin de… nouveauté, de prendre des risques, d’exploité une autre facette de ma personnalité. C’est comme… quitté le nid. Devenir adulte. » Elle avait besoin d’assumer le fait qu’elle était une anticonformiste, son caractère tout sauf unique, le fait qu’elle n’était «  comme tout les filles ». «  Puis j’ai laissé tombé la danse donc mon côté artiste en a pris un coup. » Malgré ça Malicia se sentirait toujours artiste, même sans les Lowell. Elle n’avait peut-être plus la danse mais elle dessinait toujours et elle aimait bien prendre des photos, notamment ici au Spring break. « Petit bonus,  les Mather déteste les Eliot ! » Un détail qui lui plaisait bien. «  Pourquoi Dunster au fait ? »

Besoin d’évoluer. Ouais, j’connais bien ça, ces soucis d’évolution. J’étais toujours pas sûr d’avoir avancé d’ailleurs, pas depuis l’Australie. Problème qui était à l’origine de mon départ de Boston, en plus. Non, ce voyage qui devait m’apporter une certaine forme d’introspection m’avait juste apporté des sentiments et ce qui en suit, une peine de coeur. « Et du coup, ça te réussit pour l’instant? » En gros, est-ce que tu regrettes ou non ton choix? Parce que quitter le nid, souvent, on apprécie au début. Puis après quelque temps, on se dit qu’on aurait aimé rester bien au chaud à la maison. Je pince les lèvres à ton autre confession. « Désolé de l’apprendre. Moi aussi j’ai du laisser tomber quelque chose que j’adorais. J’sais ce que ça fait. » Piloter. Mon seul échappatoire à Boston, l’équivalent de mes heures de surf en Australie. Depuis le crash, j’avais pas remis un seul pied dans un hélicoptère, même si mon psy pensait que je devais remonter en selle pour faire face à mes peurs et calmer mes traumas. Je lâchais un petit rire à ta remarque. Ouais, moi j’étais pas trop dans la guerre des maisons. J’hausse vaguement les épaules. « Je sais pas, c’était une idée comme ça. J’te connaissais pas, j’pouvais pas vraiment deviner juste. Disons que comparé aux Mathers que je connais tu m’as l’air moins… » Folle? Fêtarde? Dépravée? « Extravertie. » Ouais, j’allais m’en tenir à ce mot là…