« Je m’en fous de son père et de la relation que t’as avec lui. Moi c’est ta relation avec Serah qui m’intéresse. » Tu crois quoi? M’intimider parce que tu connais son paternel? Parce que tu l’as rencontrée bien avant moi? C’est pas comme ça que ça marche mon petit gars. Elle te rend fou, ok. Pourtant t’as pas l’air très passionné quand tu dis ça. Non, t’as l’air plutôt fermé et défaitiste. Et ça ne me plait pas trop. « Alors quoi? Parce que t’es pas sûr tu vas même pas essayer? Si tu tenais vraiment à elle comme tu me le dis, tu réagirais pas comme ça. Et puis, pourquoi tu penses pas que ce soit possible? » Elle ne t’avait pas dit, hein? Elle ne t’avait pas dit qu’elle aussi, elle était folle de toi. Je retenais un petit rire. Elle m’avait demandé si je pensais qu’elle pouvait tomber amoureuse. De toi. Alors c’est qu’elle se posait vraiment des questions, Silas. Mais ça, j’te le dirais pas. C’était pas à moi de dire tout ça. C’était pas ma place.

Mais t’es con ou tu le fais exprès ? S’il y avait vraiment une quelconque relation avec Serah, je ne serais certainement pas ici en train de m’emmerder à essayer de te prouver que je tiens vraiment à elle et que jamais je ne lui ferai du mal. Donc, il n’y a aucune relation et sans doute qu’il n’y en aura jamais, mais ça tu n’as pas l’air de le comprendre. Même que tu me dis que je ne dois pas tenir à elle… Et ça, j’avoue que ça me joue dans la tête. Tu viens de faire sonner une clochette. « Attends… Tu le penss réellement ? Au contraire, si tu savais… Je pense que c’est impossible, parce que j’veux pas la faire souffrir. J’veux pas lui faire du mal. J’aimerais la protéger, la rendre heureuse, la voir sourire... » Je me racle la gorge et passe une main derrière ma nuque. « Nos modes de vie ne sont pas fait pour être en couple. Surtout le sien ! » Et non, je n’allais pas élaborer. Non, je n’allais pas te dire que je ne suis plus capable de toucher une autre personne, depuis que je lui ai fait part de mes sentiments. Non je n'allais pas faire mon jaloux et te dire que ça me tue de la savoir avec d'autre. Que je l’attends comme un con et que ce n’est même pas certain que j’aille la chance de l’avoir un jour. « T'es content ? Tu peux y aller maintenant ! » De toute façon, peu importe ce que je pourrais te dire Elliot, tu ne seras sans doute jamais content.

Tu tiens supposément à elle mais t’es pas foutu de faire des efforts et d’essayer. C’est quoi ton problème, hein? J’vais pas te laisser lui retourner le cerveau pour qu’au final tu te dégonfles. J’lui laisserai pas faire la même erreur que j’ai faite : tomber amoureuse pour la première fois pour qu’au final l’objet de tes désirs s’éloigne du jour au lendemain par manque d’investissement, manque de courage, manque d’amour ou que sais-je. Et blablabla, le discours du bad boy incapable d’aimer, moi aussi je l’avais tenu. Pendant des années. J’m’étais seulement récemment rendu compte que ce n’était que du pur bullshit. Et ta phrase là, elle me fait serrer les dents. « T’insinues quoi par là? Son mode de vie? Alors quoi, elle est trop salope pour toi? Elle s’en tape trop pour que tu veuilles essayer de la faire changer d’avis? » Prouve-moi que j’ai tort parce que si c’est ça que tu voulais dire, t’allais réellement te manger mon poing dans la gueule. « Et ton ‘je suis pas assez bien pour elle’, ‘je vais la faire souffrir’ etc, la ferme. Les seules barrières qu’il y a entre vous, c’est toi qui les érige. » Et si je me permettais de te dire tout ça, c’était parce que je parlais d’expérience. « Non, j’y vais pas, j’en ai pas encore fini avec toi. Réponds à mes questions d’abord et on verra après. » Parce qu’en plus t’es insolent et impoli? Waouh, tu cherches vraiment pas à faire bonne impression.

Lorsque le ton de ta voix monte, je fronce les sourcils, ne sachant pas du tout pourquoi tu faisais ton caca nerveux, tout d’un coup. Et là, je comprends. Je comprends que ma phrase aurait pu être interprétée dans ce sens-là, alors que pas tout à fait. Ce n’était pas ce que j’avais en tête. T’as une bonne opinion d’elle de la traiter ainsi, je n’y avais même pas pensé à ça.. « Quoi ? Mais t’es malade ? Pourquoi j’irais l’insulter de la sorte ? Son mode de vie… Elle a jamais été en couple, elle a jamais aimé quiconque. Elle ne sait pas le faire alors, elle fait ce qu’elle connaît. » J'adorerais pouvoir lui montrer et lui faire connaître. J’en avais marre, j’en avais vraiment foutrement marre de me faire interroger de la sorte. J’ai vraiment l’impression d’être en faute dans tout ce que je peux faire, tout ce que je peux dire. « À quoi bon répondre, lorsque tout ce que je dis est déformé ou interprété d’une différente manière. Ou tu vas toujours trouver quelque chose à dire. Aie l'opinion que tu veux de moi, j'en ai rien à foutre. » Tu n’as qu’à donné le bonjour à Serah. Et tu penses que je vais répondre à tes questions ? Bonne chance mon gars !

Pourquoi t’oserais l’insulter de la sorte? « Parce que tu serais pas le premier. » Tu crois quoi? Si tu la connais si bien, tu sais qu’elle a cette réputation. Alors fais pas le mec choqué. Mais au final, tu perdais patience, tu perdais ton sang-froid, ça se voyait que je t’énervais avec mes questions. Et limite, ça me faisait sourire. Mais ce sourire, je ne l’affichais pas, parce qu’il t’aurait encore plus foutu les nerfs. « Écoute Silas, j’vais être honnête avec toi. J’étais comme Serah y’a encore deux mois de ça. Jamais été en couple, jamais été amoureux, je pensais qu’à ma petite gueule, à mes potes et à mes conquêtes. Et puis, j’ai rencontré quelqu’un. Je me suis mis avec elle, j’suis tombé amoureux. Tout ça pour dire que les gens changent. Et crois-moi, j’étais le gars que personne s’imaginait en couple. Jamais. Quand j’ai annoncé ça, la plupart ont cru à une blague. Bref, si moi je l’ai fait, elle est encore plus capable de le faire. Et tu devrais pas abandonner ou passer ton chemin si tu ressens quelque chose pour elle, juste sous prétexte qu’elle sait pas faire. Ça, c’est le prétexte qu’elle se donne elle, pour se protéger. Et encore une fois, j’te dis ça parce que je le sais, j’étais exactement pareil. Mais quand bien même elle saurait pas faire… Ça s’apprend. Les relations, ça demande des efforts, des deux côtés. » Waouh, regardez-moi, à donner des leçons sur l’amour et les relations et à jouer les Cupidons. À mourir de rire.

C'est certain que le mot pute a déjà traversé mon esprit plus d'une fois lorsque je faisais référence à Serah, mais c'était bien au début, lorsque je fuyais ses multiples avances comme la peste. Aujourd'hui, cela ne m'avait pas du tout traversé la pensée et j'avoue être resté choqué que tu m'accuses de ça, alors que tu es supposé savoir que j'apprécie peut-être un peu trop ta meilleure amie. Ce qui fait, au bout d'un moment, je commençais à en avoir plus qu'assez de me faire réprimander de la sorte ou accuser à tort de ce que je peux dire. Je n'avais qu'une hâte et c'est que tu me laisses enfin tranquille, mon burger qui était sans doute devenu trop froid et qui finira à la poubelle et moi. Sauf que toi, tu en as décidé autrement et tes paroles, me firent ouvrir les yeux de surprise... Wow ! « J'men balance de ce qui peut t'être arrivé dans ta vie... C'est triste, mais t'es pas Serah. Mais... tu la connais sans doute plus que moi, alors, j'pense bien que... Ah puis merde ! Cette fille m'ensorcelle alors oui, j'vais aller la voir ! » Je vais sauter sur l'occasion et voir ce qui pourrait advenir de nous. Tu as raison... Si je n'essaye pas, je ne saurai jamais si cela peut fonctionner. Qui n'essaye rien, n'a rien, comme l'on dit. « Mais toi qui la connaît si bien, tu n'aurais pas des conseils à me donner, à propos de Serah évidemment ? » Étais-je en train de me jeter dans la gueule du loup ? Aucune idée, sauf que tu étais partie sur un élan de gentillesse, autant en profiter un peu.

T’as intérêt à faire un effort parce que j’te raconte pas ma vie pour rien, ok? Je m’ouvre pas comme ça à tout le monde, si j’le fais avec toi c’est pour te faire prendre conscience de quelque chose, pour que tu comprennes un peu mieux Serah. Parce qu’elle et moi, on fonctionne exactement de la même façon. Et quand tu commences à parler, j’perds sincèrement patience. Parce que j’ai beau faire des efforts avec toi, t’as pas l’air de me le rendre. Sauf que petit à petit… Oui, tu m’écoutes enfin, mes mots ont enfin atteint ton cerveau. Et quand tu me demandes des conseils, je lâche un petit rire. Sérieusement? C’est à moi que tu demandes ça? J’hausse quelque peu les épaules. « Suffit juste de trouver un juste milieu. Elle a besoin d’être poussée, mais pas trop parce que sinon elle va se renfermer. Et c’est pas évident, faut tenter, juger par toi-même pour trouver les limites. » Même moi parfois je la pousse un peu trop ou pas assez. C’est ça, le plus dur, avec Serah. « T’as pas intérêt à lui faire du mal par contre. Sinon on se reverra, et ça sera pas que pour discuter. » Meilleur ami protecteur? Ouais, à fond.

À t’écouter parler, j’ai l’impression que je vais me tirer moi-même dans la gueule du loup. L’écouter, être là pour elle et prendre soin d’elle, aucun souci, je serai l’homme de la situation, mais la pousser. Comment je fais ça, au juste ? Je ne suis pas plus avancé que toi, à ce que j’ai pu comprendre, en matière de relation homme, femme alors, je suis un peu pris au dépourvu, vois-tu ? Tu le vois certainement sur mon visage que je ne suis pas certain de savoir quoi faire, mais malgré tout, je ne vais pas abandonner. « Je vais être à elle aussi longtemps qu’elle voudra de moi, et je vais la supporter et être là pour elle, tout autant. Mais tes pseudo-menaces, fourrent toi les ou je pense, okay ? » Ça, j’avais beaucoup de mal à accepter ça. Je n’allais certainement pas me laisser parler comme ça par un petit bouseux dans ton genre. Le respect, ça se fait à deux.

Serah, parfois, elle a besoin qu’on la pousse à faire un pas en avant, à prendre un risque quand ça concerne quelque chose qui la fait flipper. Comme les relations. L’amour. Fallait que tu lui montres que tu l’acceptais telle qu’elle était, que t’essayerais pas de la changer, mais qu’elle pouvait se laisser tomber dans tes bras n’importe quand, tu la rattraperais. Tout en lui laissant son espace vital, sans l’étouffer. Et là était toute la difficulté : trouver un juste milieu. J’hoche la tête à tes mots. C’est bien, t’as l’air plus décidé qu’au début de notre conversation. « C’est pas des menaces. C’est une mise en garde. J’laisserai personne lui faire du mal. Si tu la rends heureuse, tant mieux. Si elle te brise le coeur, tant pis. Mais si elle s’ouvre à toi et que c’est toi qui lui brise le coeur… » J’haussais les épaules quelque peu nonchalant, exprimant une petite grimace. J’avais vraiment besoin de finir ma phrase? J’pense pas. « Allez, bon app. Et prends tes couilles à deux mains et va lui dire ce que tu ressens. Ça se passera bien. » te lançais-je avant de tourner les talons et de partir vers mon hôtel. Ça se passera bien, parce qu’elle ressentait la même chose. Elle me l’avait dit. Mais encore une fois, c’était pas à moi de parler pour elle.