Je marchais depuis maintenant une vingtaine de minutes dans le centre de Nassau, la capitale de Bahamas et, autant l'avouer, j'étais toujours aussi perdu. Normalement j'étais supposé être avec un guide et un groupe mais... je m'étais paumé dans mes photos. Du coup je faisais le tour, à la recherche d'un quelconque indice prouvant le passage d'un groupe, du genre plusieurs sachets d'emballage de glaces jetés par terre. Mais il n'y avait rien. Et mes pieds en avaient marre de marcher. Alors, dépité, je finissais par m'asseoir sur le rebord d'une fontaine à eau, au milieu de la place pour me reposer. Mon regard parcourait les alentours, émerveillé par cette différence entre les Bahamas et Boston. Tout était plus.. reposant, ouais c'était le mot. Peut être que j'avais cette impression parce que j'étais en vacances, que la pression que nous imposait des études à Harvard n'était plus là mais je me sentais détendu, en paix. Et, comme pour compléter ce tableau magnifique, elle était là. Charlie. Elle marchait dans le centre, ses cheveux bruns volant derrière elle. Comme d'habitude je ne lui trouvais aucun défaut, que ce soit ses traits, le contour de ses lèvres si bien dessiné ou ses yeux noisettes... Ouais, il n'y avait rien à changer. Alors, sans attendre plus longtemps, je me levais pour aller la rejoindre. « On dirait que t'es perdue » que je lui lançais, me plaçant derrière elle. Je faisais le fier mais j'étais pas plus avancé qu'elle. Pourtant j'affichais quand même un sourire enfantin. Fallait l'avouer, j'étais content de la retrouver là.

Soupirant, j'ôtais mes lunettes de soleil pour les placer sur ma tête, regardant une nouvelle fois autour de moi pour essayer de retrouver mon chemin. Je me sentais tellement bien ici au soleil, que les bahamas finiraient certainement par devenir un de mes endroits préférés sur terre. Relâcher la pression, voilà ce qui résumait le mieux mon état d'esprit actuel. Je déconnectais totalement de Boston, d'Harvard, et des paparazzis qui semblaient enfin avoir leur limites pour ne pas m'avoir suivie jusqu'ici. J'étais tellement détendue d'ailleurs, que j'avais été assez distraite pour perdre le groupe d'étudiant que j'avais suivi pour découvrir la ville. Rien de dramatique en soit, mais le problème, c'est que je ne parvenais même pas à trouver le chemin pour rentrer à l'hôtel. Il faisait chaud, et commençai à regretter d'avoir enfilé ma combi short par dessus mon maillot de bain.. même si il aurait été difficile de faire moins habillé. « On dirait que t'es perdue » Je me retournais vivement, tombant nez à nez avec Eliam. La surprise passée, j'essayai de ne pas faire attention à ce raté qu'avait eu mon coeur en reconnaissant sa voix bien trop familière. Ca me faisait presque bizarre de le voir ici, car même si je me doutais qu'il faisait partie du voyage au final.. on ne s'était pas vraiment revus depuis notre dispute au restaurant lui et moi. - Je.. commençai-je, prête à lui asséner une réplique cinglante comme à mon habitude.. qui ne venait pas en voyant ce sourire taquin qu'il avait sur les lèvres. - Je ne suis pas perdue, j'explore la ville dis-je en haussant les épaules dans une petite moue qui trahissait la vérité. Bien sûr, j'avais toujours réponse à tout. - Et toi ? Tu essaies de bronzer ? demandai-je amusée en désignant le coup de soleil que je pouvais distinguer sur son bras. Moi je me fous de sa gueule ? A peine.

Elle me disait qu'elle explorait la ville et mon sourire s'agrandissait. Parce qu'elle avait pas vraiment l'air de visiter en fait. Quand je le voyais elle semblait perdue, habillée juste d'un maillot de bain et d'un short, laissant découvrir ses formes parfaites. Formes que je connaissais par cœur à force de les découvrir encore et encore. Mais voilà notre histoire était finie. Et je l'avais enfin accepté. Elle était à Hades et, même si ça me faisait mal de l'admettre, j'avais perdu. C'était peut-être pour ça que j'étais capable de rigoler avec elle, de ne pas chercher à l'énerver, à me venger de ses fiançailles. Elle faisait sa vie et je faisais la mienne. Excepté que je ne voyais toujours pas ma vie sans elle. Parce qu'elle était une partie importante de mon passé, la deuxième femme dont je sois tombé amoureux. A cette pensée, mon cœur se serra. « J'essaye pas, j'y arrive » que je rétorquais avec un clin d'oeil, montrant mon torse bronzé. « Tu sais bien que je réussis toujours tout ». Est-ce que j'étais sérieux ? Pas du tout. J'avais mes défauts, comme tout le monde. Je refusais juste de les admettre devant Charlie. Parce que je voulais qu'elle continue à me voir comme le mec parfait pour elle. Peut-être qu'au fond j'avais pas totalement tourné la page. « Donc tu explorais vraiment la ville ? Dans ce cas je peux t'accompagner, on sait jamais tu peux te perdre ». Je la narguais, totalement. Mais je me disais aussi qu'on arriverait peut-être à retrouver le chemin ensemble. En fait je lui laissais pas vraiment le choix, commençant à marcher devant elle avant de m'arrêter et de me retourner. « Alors tu viens ? » que je demandais en lui tendant la main.

Je le taquinais, sans chercher à le provoquer ou être mauvaise pour une fois et.. ça me faisait du bien. De relâcher un peu la pression avec lui, de ne pas être sur la défensive. A croire qu'on avait presque oublié qu'on pouvait s'adresser la parole sans se bouffer la gueule. Bien sûr que j'étais perdue, et en réalité, je n'essayais même pas de cacher à quel point j'étais loin d'être sûre de moi, là tout de suite. Et puis je levais les yeux au ciel l'air amusée lorsqu'il me disait être parfait. - Evidemment, j'aurais dû y penser commentai-je en riant légèrement. Irrécupérable ce mec, j'vous jure. Je m'approchais de lui pour me mettre à l'ombre, continuant de regarder autour de moi pour tenter de repérer quelque chose de familier qui me rappellerait le bon chemin mais.. non, rien. - Parce que toi tu sais où tu vas ? demandai-je en haussant un sourcil, dubitative. En vrai si il savait comment rentrer, j'étais preneuse. Et puis.. je suppose que ça ne me dérangeait pas de faire un peu de chemin avec lui, aussi. Il commençait déjà à s'éloigner alors que je n'avais pas encore vraiment pris ma décision, quand il se tourna vers moi en me tendant la main. Non en fait, c'était déjà tout réfléchis. - Désolée, une princesse ne prend pas la main des hommes comme ça dis-je en passant devant lui, faisant voleter mes cheveux de manière exagérée pour encore mieux me la péter ah ah. On passait devant une nouvelle fontaine avec un large bassin, et la connerie m'habitant - ou un esprit vengeur ? - je ne ratais pas l'occasion de le faire chier un peu. - Oh regarde ! dis-je en désignant le néant, détournant son attention pour mieux le pousser droit dans la fontaine. - Désolée, c'était trop tentant dis-je, pas désolée le moins du monde.

Elle se renommait princesse et je riais nerveusement. Elle ne s'en rendait peut-être pas compte mais elle allait en être une si ça continuait comme ça. Alors ouais, c'était pas tout beau tout rose comme dans les contes de fées mais au moins elle n'aurait pas à craindre le manque d'argent. Si ça avait été une autre de mes ex, j'aurai continué à déconner sur ça mais c'était Charlie. Et je pouvais juste pas. C'était au dessus de mes compétences. Du coup je la rejoignais devant la fontaine et, m'approchant de celle-ci, je tentais de voir ce que Charlie me montrait. Mais.. il n'y avait rien. Malheureusement, je l'avais compris trop tard. Son plan machiavélique avait marché et j'étais maintenant assis dans l'eau, le maillot de bain trempé. « T'as pas l'air vraiment désolée » que je rétorquais en me relevant, sourcils relevés, air sérieux. J'essayais de lui faire croire que tout ça c'était pas drôle pour la faire culpabiliser mais... ouais, non fallait avouer qu'elle m'avait bien eu. Du coup je craquais et laissais un rire innocent s'échapper. « Par contre... » commençais-je à dire avant de prendre sa main sans prévenir et de l'attirer dans la fontaine, « ..là tu vas être désolée ». Comme ça on était deux dans la même galère. Deux jeunes idiots mouillés à cause de la connerie enfantine de l'un d'eux. Peut-être que ça ressemblait à ça un couple heureux. Ce qu'on avait pas été pendant un an. Et ce que j'aimerais qu'on redevienne si t'avais pas été fiancé à Hades. Mais toi tu le voulais pas. En tout cas c'était ce que je pensais avant aujourd'hui, avant de te voir avec ce sourire sur tes lèvres. Alors, au moment où l'espoir passait les portes de mon cœur, j'osais une remarque, un rappel. « Tu te souviens du baiser que tu m'avais promis ? » Devine la suite Charlie.