La vie. Le grand mystère de l'univers ! Beaucoup de gens méditent dessus. À quoi ça sert ? Pourquoi est-elle ce qu'elle est ? Pourquoi semble telle si dure ? Pourquoi on s'y sent mal à l'aise, comme dans un lieu qui nous serait étranger et où il nous semblerait impossible de nous y plaire ? Comme beaucoup, j’ai détesté cette vie qui m’étais offerte. Je n’avais rien demandé et elle me semblait difficile à assumer. Trop de douleurs, dans l’enfance surtout. Et le poids des mots et des maux qui font surface à l’adolescence… on ne peut rien y faire, on se prend les pieds dans ce passé qu’on a voulu oublier. La mort était omniprésente. Je ne voyais qu’elle et j’en avais peur en même temps. Elle m’attirait, me subjuguait. J’étais mal. Mal dans mon corps, mal dans ma tête, mal avec ma famille, mal à l’école, qui n’a rien fait pour me retenir. Mon avenir me semblait aussi noir que l’étaient mon passé et mon présent. La vie ne m’intéressait plus, elle ne pouvait rien m’offrir de bon. J’étais persuadé être condamné au malheur éternel. Le suicide, j’y ai pensé. J’ai même essayé de le tester et c’est là que ma vie a en quelque sorte changé, pour évoluer, pour commencer à devenir meilleure. C’était encore loin d’être parfait, mais ma famille, ou devrais-je dire, mon frère et ma sœur, ont commencé à faire plus attention à moi. J’avais un peu moins l’impression d’être le vilain petit canard. Cependant, rien n’était encore comme je l’espérais. J’ai pensé à faire une deuxième tentative, mais je n’y suis pas parvenu. Une petite voix intérieure me rappelait à la raison. Celle-ci me disait qu’il fallait cesser de fuir et faire un peu d’introspection. Connaître et comprendre mon passé pour pouvoir aller de l’avant. Cette voix me disait que si ma vie actuelle ne me convenait pas, c’est qu’une autre vie m’attendait et qu’il fallait donc que je me donne les moyens de « me bouger ». Bien sûr, quand on va mal, cette petite voix, on a tendance à vouloir l’étouffer ! Elle ne nous dit pas du tout des choses que l’on veut entendre ou encore qui nous arrange.

Cette voix, j’ai fini pour l’écouter. D’une oreille distraite tout d’abord, puis plus sérieusement. Elle m’expliquait que ma vie pouvait prendre un nouveau sens. Qu’il y avait des gens qui sont là pour m’aider, pour me faire voir un avenir meilleur. Une nouvelle vision de la vie m’est alors apparu très clairement. C'est un jeu. Des épreuves vous sont attribuées. Et on doit passer ces épreuves en gardant ce fil rouge : semer le bien autour de soi. Si vivre pour moi me semblait inutile, alors je voulais offrir cette vie aux autres. Au fil des épreuves que je passais, parfois très dures, je me rendais compte d'une chose : c'est qu'après chaque épreuve, que je passais en suivant toujours le fil rouge, j’étais récompensé par un bien, parfois dérisoire, parfois inestimable, mais toujours inespéré. « Derrière chaque mal, se trouve un bien ». Et cela est totalement vrai ! Évidemment, « passer des épreuves », ça n'est pas inné ! Il faut les règles du jeu, du jeu de la vie. Et ces règles, je les ai trouvées. Pas tout de suite, c'est vrai, parce que je les trouvais stupides.

Grande révélation pour moi ! Aussi surprenant soit-il, la vie a un mode d'emploi. C'est très complexe, mais très riche. Ça permet de passer les épreuves et de comprendre que le bonheur est en nous et qu'il faut seulement l'accepter et accepter son développement. Pour avancer, il faut des repères. Et les repères existent, il faut seulement ouvrir les yeux et ouvrir son coeur. Il y a le bien et le mal, qui sont clairement définis. Ça parait ridicule de dire ça, mais comment vivre sans ces deux repères fondamentaux ? J’ai accepté de jouer le jeu de la vie selon les règles. On peut aussi choisir de ne pas jouer et de louper cette grande expérience. Moi, j’ai préféré me lancer, je n'avais rien à perdre ! C'était « seulement pour essayer », et aujourd'hui, je ne regrette vraiment pas ! Je ne dis pas que je trouve le jeu toujours marrant ; parce que parfois, les épreuves sont subtiles... mais en tout cas, je suis « heureux », je suis bien et content d'être ce que je suis, même s’il y a plusieurs choses que j’aimerais corriger et ça, je ne pensais pas que ça pouvait m'arriver. Vous vous demandez probablement ce qui s'est passé ? Je vais donc commencer depuis le tout début...

« Je crois qu’il se réveille, docteur. » Vous avez déjà entendu votre réveil sonner alors que vous pensiez encore avoir quelques heures devant vous ? Essayez de vous rappeler avec quelle peine insurmontable vous tentiez d’ouvrir les yeux... Ce que je ressentais à ce moment-là, c’était la même chose. Mais puissance dix. Il n’y avait pas de réveil qui sonnait. Une fois mes yeux ouverts, je les referme immédiatement en me redressant sur le lit sur lequel je me trouvais. Cette lumière, elle faisait mal aux yeux, c’est affreux. Mais où est-ce que je me trouvais ? Ça devrait être interdit des néons aussi puissants. J’avais pu vaguement distinguer deux silhouettes en face de moi. Tout d’abord, mon frère, ainsi qu’un homme au crâne dégarni, en blouse blanche. Il s’agissait probablement de ce dis docteur. « Quelqu’un peut me dire où je suis ? » J’avais de la difficulté à parler. Je devais être malade, quelque chose comme ça... mais pourquoi je n’étais pas dans mon lit ? Aussi, loin, que je me souvienne, j’étais parti me coucher, puis je suis allé en cours, comme d’habitude pour finalement revenir à la maison et... mais voyons, après les cours, j’ai fait quoi déjà ? « Sevan, ne nous refait jamais ça. » En plissant les yeux, pour ne pas être aveuglé par cette lumière agressive, je constate que mon frère s’était approché de moi. L’homme à la blouse blanche, fini par prendre la parole. « Avez-vous des douleurs quelque part ? Des difficultés à vous exprimer ? » C’était qui ce type ? Je ne comprenais pas ce que je faisais ici. « Euh, non, je pense que ça peu aller, sauf à mon bras, là. » Je pointe mon poignet du doigt avant de poser mon regard sur celui-ci. Un bandage le recouvrait. J’étais vraiment perdu et c’est à ce moment-là que ma mère et mon père firent interruption dans la salle où nous étions. Aussitôt, mon frère s’est jeté sur notre géniteur et commença à lui dire tout ce qui lui passait par la tête en le frappant. L’accusant que c’était de sa faute si j’ai essayé de mettre fin à mes jours. Attendez deux secondes... Quoi ? Puis, des flashs me revient en tête. Moi dans la salle de bain, en train une lame de rasoir dans la main... puis trou noir. C’est donc pour cette raison que je suis ici. Rapidement, alors que mon frère était toujours en train de crier après mon père, des personnes arrivèrent et le séparèrent de lui. Je ne comprenais plus rien. Depuis quand prenait-il ma défense ? Je n’ai jamais été proche de lui. Il a fallu que j’essaie de m’enlever la vie pour qu’il me porte enfin un peu d’attention ?

Lorsque le personnel de l'hôpital me permit enfin de sortir du centre hospitalier, alors que je croyais retourner à la maison et reprendre un cours de vie à peu près normal, mon père m'emmena dans un centre spécialisé pour les dépressifs. Quelque chose du genre ! Ils s'occupaient des gens mal dans leur peau. Je sais que je ne me sentais pas au top de ma forme, mais était-il vraiment nécessaire que l'on m'interne ici ? Je ne m’y sentais pas vraiment à ma place, comme nulle part ailleurs, d'ailleurs. J’ai fait quelques consultations avec des psychologues qui s'occupaient de moi, qui surveillaient attentivement tous mes faits et gestes pour être certains que je ne faisais pas quelques choses que je pouvais regretter ou faire du tort à l'institut, prenant bien soin que je prenne les cachets que l'on m'avait prescrits. Vous savez, le temps ne passe pas rapidement lorsque vous êtres enfermer entre quatre murs. Oui bon, j’exagère un peu, je pouvais tout de même sortir à l'extérieur de la chambre dans laquelle je me trouvais, mais quand même. Ce n'était pas chez moi et j’avais l'impression de me retrouver en prison. Tous les patients du centre n'étaient pas des plus sympathiques. Plusieurs me criaient des injures à la tête. Me traitant de lâche, et ce, plusieurs fois par jour. À un moment, je ne voulais même plus sortir de ma chambre, je me renfermais sur moi-même encore plus que je ne l'étais déjà. Par chance que mon frère venait me voir le plus souvent possible avec son meilleur ami, Kenny. Oh Kenny, mon amour de jeunesse. Non, je ne lui ai jamais avoué et je ne sais même pas s’il s’en est aperçu ou encore s’il s’intéresse à la gente masculine, mais il était tellement gentil avec moi. Toujours attentionné, même lorsque mon frère m’ignorait totalement. Il venait me voir de temps à autre pour me parler et je me sentais bien. Son sourire ravageur faisait des merveilles sur ma personne. Je lui dois beaucoup à Kenny. Il m’a énormément aidé à trouver la voie de la guérison. Il m’a même aidé plus qu’il ne le pense à me pousser à tracer mon petit chemin de vie et faire ce que je suis aujourd’hui.

Puis le grand jour arrive où je peux enfin sortir de cet institut. Ce n’était pas encore la grande joie pour moi, et même si j’avais encore du chemin à faire, je voulais recommencer à vie à zéro. Repartir sur de bonnes bases et pourquoi ne pas partir à l’étranger pour me ressourcer ? Cependant, mon frère ne faisait que me surveiller et blâmait ma sœur de ne pas être assez présente pour moi. Or, je n’avais pas besoin qu’on me chouchoute. Tout ce que je voulais, c’était de la tranquillité. C'est à la limite où il ne m'étouffait pas en me surprotégeant, à être toujours collé ou presque à moi. Venait vérifier toutes les nuits, si j’étais toujours dans ma chambre, saint et sauf. C'était agaçant, mais je ne m’en plaignais pas. Jamais je n'aurais osé lever le ton sur mon frère, ni même lui faire des reproches, mais aussi, parce que j’avais enfin l'impression d'exister. Cela ne m’empêchait tout de même pas de vouloir partir faire des études ailleurs. Ayant toujours eu une passion pour l’action. J’ai décidé de partir au Canada pour aller suivre un programme sport, étude. Cela allait certainement me faire le plus grand bien. Mon frère n’était pas certain que ce soit une bonne idée, mais Kenny lui a dit qu’il serait temps de me laisser voler de mes propres ailes. Lorsque je dis, que ce mec est parfait ?

Les mois au Canada ont passé à une vitesse folle, et il était désormais temps pour moi dépenser à mon avenir. À ce que je voudrais faire comme métier. C'est un jour où je me suis rendu à la bibliothèque que j’ai découvert réellement ce que je voulais faire dans la vie. Un métier qui aurait le don de pouvoir aider des personnes qui en ont vraiment besoin. Je voulais opter pour la médecine du sport. Le soir même, j’ai pris une chance d'en parler à ma mère et pour seule réaction elle m'annonça : « Tu n'as pas le profil pour faire de telles études. » Elle était sérieuse ? Est-ce que c'est trop compliqué de dire à son enfant qu'on croit en lui ? Elle allait voir de quoi j’étais capable, j’allais lui montrer que je pouvais avoir un métier respectable. Je suis entré à McGill en médecine du sport, où j’ai appris à prendre confiance en moi. À devenir un jeune homme sympathique qui aime aider son prochain. Je trouve que chacun à sa place dans ce monde et personne ne mérite de passer par où j’ai vécu. Sauf qu’un bout d’un moment, après plusieurs plaintes incessantes de mon frère qui me suppliait de revenir à Boston, j’ai enfin cédé. Je n’étais pas certain que c’était une bonne idée. J’avais peur que les fantômes de mon passé resurgissent, mais je devais avouer qu’Harvard était l’une des meilleures écoles pour terminer mes études. Mais comment faire pour intégrer cette université ? Je n’avais pas les moyens d’y faire mon entrée et encore moins pour le déménagement. J’eus droit à de l’aide financière pour y parvenir et après tous les tests nécessaire pour parvenir à mes fins, j’ai pu crier : « Harvard… Me voilà ! »