Il avait eu besoin de sortir, ce soir. Prince de glace dont les entrailles veuillent se réchauffer pour la mauvaise personne, il préfère s’échapper dans un lieu de débauche et se fondre dans la masse de corps en fusion. Débauche à son image, avec trop de richesses étalées, trop d’argent dépensé, trop de bouteilles achetées, trop de regards échangés. La fête, cela n’a jamais été son domaine de prédilection, mais il sait y faire malgré tout. Ce n’est pas si difficile, au final. Il faut juste qu’il parvienne à cesser de réfléchir, à se laisser porter par la musique, à vivre. Un peu d’alcool, pour aider, évidemment, car si se déconnecter était si facile que cela, bien plus de monde se laisserait aller. Il bouge, le gamin qui a grandit trop vite, bouge au rythme de cette musique qui vient envahir son esprit. Il a quelques amis, de ceux qui ne sont pas si proches mais si simples pour se lâcher, pour oublier, pour se retrouver en même temps. Ses yeux se perdent dans la foule, avant que finalement ils ne soient attirés par la sirène un peu plus loin, princesse des eaux qui semble pourtant aussi à l’aise sur terre. Ses yeux l’attirent, ce corps qu’il détaille avec aisance, qu’il s’imagine caresser du bout de ses doigts. La sensation que cela lui procure, cet imaginaire corporel, le rassure bien plus que tout alcool qu’il ne pourrait ingérer. Il a l’impression que la normalité l’entoure à nouveau, qu’il retrouve un pied dans la réalité, et la créature onirique l’attire encore plus. Ses pas le portent, sourire aux lèvres. Il lui tend la main, pour l’attirer dans sa danse ou pour qu’elle l’amène dans la sienne, dans ces mouvements envoûtants qui emportent ses désirs.

Enchanteresse d’une nuit, il sait le pauvre mortel qu’il met les pieds dans un piège mortel qui ne tarde pas à se refermer autour de lui. Piège de désir, piège de velours qui vient lui coller à la peau. Il l’accueille avec le sourire, avec l’aide du liquide magique dans ses veines, qui coule au sein de son corps au même rythme que l’envie qui vient éclater un peu partout dans son esprit, comme des feux d’artifice emplies de couleurs. Sa peau douce et claire vient se frotter à la sienne, son corps se mélange au sien. Il a le sourire aux lèvres et la chaleur qui dévore ses membres. Son bras devient serpent et s’enroule entour de sa taille de déesse. Elle ne le laisser pas s’échapper, succube refermant ses griffes autour de son cou. Mais lui non plus, il n’a pas envie de la laisser aller danser trop loin, de rejoindre le commun des mortels ne méritant même pas d’effleurer sa peau de porcelaine. Son souffle chaud vient caresser son oreille, et pour toute réponse, il vient dégager ses cheveux d’or de sa nuque, déposant un baiser près de sa mâchoire. Il sourit contre sa peau tendre. “Comme quoi, tu as encore beaucoup à apprendre de moi.” Ses yeux errent le long de la foule autour d’eux, captant quelques regards en leur direction, faisant gonfler la bulle d’égo qui règne dans son coeur. “Je crois que la populace ressent une certaine jalousie à notre égard… est-ce dans ton habitude de te mêler à ces envieux ?” Alcool qui est bien loin de lui lier la langue, lui qui se joue si facilement des mots et des consonnes.

Le désir dans ses mains, l’envie dans son ventre. Elle glisse entre ses doigts, la sirène de ce soir, la sirène de la nuit. Elle fait se réveiller des choses, des trucs qu’il avait eu tendance à oublier, à ne plus apprécier. Elle est toujours si belle, si envoûtante, elle fait danser son esprit et vibrer son épiderme. Il aime jouer, et encore plus avec elle. S’avoir sans réellement se saisir, un baiser volé promesse de tant d’autres. Il veut la faire sienne, et en même temps il veut à jamais la voir si belle, si libre. Elle a les pupilles qui scintillent, deux diamants bruts au sein de cette nuit de décadence. Deux étoiles qui veulent le brûler de l’intérieur. Et il répond à son feu avec autant d’ardeur, alors que y’a des flammes qui veulent dévorer ses entrailles. Elle parle de mensonge, sorcière qui susurre des mots qu’il ne veut entendre, qu’il décide d’ignorer, de balayer d’un sourire. Elle joue avec lui, elle veut retourner la situation, elle veut prendre le contrôle. Elle lui murmure des injonctions, des souhaits, des désirs, des ordres, son corps qui réagit à la présence du sien. Et puis soudain la chaleur n’est plus là, la délicieuse créature va se perdre dans la foule, et il est immédiatement partit à sa recherche. Gamin qui manque d’amour, gamin qui veut se faire homme, prince de glace qui laisse le feu le dévorer, le consumer. Sourire qui s’étale sur ses lèvres, et il va lui aussi se perdre dans cette masse de pêchés ambulants, dansant au rythme d’une vie déchue. Elle n’est pas si difficile à trouver la princesse de la nuit, avec ses cheveux aussi blonds que les siens, fait d’or et d’argent à la fois. Il veut se faire dominant ce soir, avec elle, il veut réussir à la dompter tout en appréciant son côté sauvage. Il veut se battre contre le vent. Dompter la bête sauvage. Alors il l’emprisonne, il se glisse derrière elle, son bras enroulé autour de ses hanches emplies de désir. “Tu ne crois tout de même pas pouvoir m’échapper ?” Ce soir il ne la laisse pas partir. Il la serre contre lui, il veut lui montrer à quel point il la désire, que cette nuit elle va leur appartenir entièrement. “Cela fait bien trop longtemps que je n’ai pas eu d’aussi belle créature entre mes mains pour laisser passer une occasion pareil.”