Une journée pour le moins ordinaire pense le jeune Elijah, qui ne vît désormais plus que pour son boulot. Il est dans cette période décisive de sa vie où la minute compte. Délaissant pour le moment toute ces histoires de coeur. Fallait qu’entre ces histoires avec les filles, ces histoires avec les gars, il n’était pas des plus stables. D’ailleurs, il n’en avait vécu que très peu tout au long de sa vie, de toute évidence trop libertin pour s'éterniser dans une telle relation.  

Enfin bon aujourd’hui, c’est recherche d’appartements. Et c’est depuis son pieu, qu’Elijah regarde le plafond du yacht. Perdu, ses jambes étalées le long de son lit s’engourdissent à force de rester là, inanimées. Ses doux cheveux ornent les traits fins de son visage et caressent doucement son cou. Il détaille attentivement les meubles qui décorent sa chambre, se questionnant chaque jour sur le si oui ou non, il devrait se barrer d’ici, payer une location dans un petit appartement. Sauf que c’est auprès de Julian, son petit frère qu’Elijah se sent le plus chez lui. comme à sa place. Ici, tandis que le temps semble s’arrêter, le destin lui semble offrir des solutions.

Son téléphone sonne et alors il se lève avant de se diriger vers la sortie. Aujourd’hui il était question de visiter un appartement dans le centre-ville. Il n’était d’ailleurs pas sur que celui-là lui plaise réellement ; parce que bon quitter un yacht de millionnaire pour loger dans un appartement c’est pas spécialement des plus évident se disait-il.

C’est au bout d’une vingtaine de minutes que le jeune Elijah arrive à destination. Presque machinalement, l’éphèbe attrape une cigarette et la porte à ses lèvres. C’est devenu comme une vilaine habitude dont il refuse de se séparer. Et alors qu’il déambule avec classe, il recrache la fumée et balaye les environs pour y trouver l’appartement en question. Très vite, son regard est attiré par un appartement qu’il ne connait que trop bien. Il se sent de plus très stupide de ne pas l’avoir reconnu avant. Mais il ne l’eut pas reconnu tout de suite sous sa nouvelle appelation. Il jette sa cigarette tout juste commencée et entre dans le bâtiment.

[...]

Il arrive finalement devant la porte et l’idée de recroiser Benji l’amuse un petit peu. Faut dire que la dernière fois qu’ils se sont vu, ils s’étaient vraiment bien amusés. Alors Elijah s’accoude à la porte et en voyant ces courbes qu’il connaît si bien, il prononce quelques mot à son attention.

« Ca fait un bail, Skelington ou devrais-je dire Monsieur Lynch maintenant ? » un petit sourire au coin des lèvres.

Voilà qui aurait sans aucun doute quelques chose qui vient réjouir notre jeune Elijah, et n’y voyez là aucune tentative de rechute dans cette spirale de sexe sans sentiments, sans attache. Pour certains, tantôt un autre épisode dramatique dans la vie des deux hommes tantôt une rencontre qui tombe à pique tandis que vraisemblablement Elijah est simplement ravi de voir que Skelington a remonté la pente. D’ailleurs quand Benji répond à sa petite pique, il est chose aisé de remarquer qu’il est plutôt de bonne humeur.

- « Je suis comme même triste que tu n'es pas pris la peine d'envoyer un carton d'invitation. » affirme t-il en tirant la moue

Parce que bon, a priori, et sans le moindre doute il est facile de deviner que cela a tout à voir avec sa nouvelle situation, qu’on appelle la vie de couple. Maintenant qu’il vivait avec Jonathan, il paraissait bien plus posé qu’à l’accoutumée et ça amuse Elijah. Ça l’amuse tellement qu’il en oublie qu’il est là pour visiter les lieux. Alors quand Benji le lui rappelle, il se reprend rapidement sans pour autant en oublier cet humour qui le caractérise.

- « Petite visite de courtoisie, je présume. Quoique je ne serai pas contre faire le tour du propriétaire.   », moqueur.

Cela se voyait comme un nez dans la figure qu’Elijah n’était pas uniquement la pour une visite de l’appartement. En effet, celui-ci ne l’avait visité que trop de fois durant son aventure avec celui que l’on appelle maintenant Benjamin Skelton Lynch. Certes tout cela avait commencé par l’annonce qu’il avait lu dans l’un des journal de Boston mais dans le fond ce n’est sans doute pas ce qui l’a motivé à se rendre jusqu’à la demeure du dit jeune homme. D’ailleurs à le regarder, on devine très facilement qu’il est toujours très en forme et ce n’est pas pour en déplaire à Elijah. Pourtant quand Benji lui fait remarquer que de nombreuses choses ont changé depuis le temps, il est saisit d’un spasme.. Un frisson danse le long de son épiderme puis c’est au tour d’un long soupir de s’échapper. Il est certain que voir que même le plus solitaire des gars qu’il connaissait, avait fini par se ranger et fonder une famille ; ça lui avait foutu une sacrée claque.

« C’est vrai que pour le coup la visite n’est pas vraiment nécessaire. Je dirai même que c’était plus une excuse pour voir comment tu allais, Skelington. »

Ceci expliquant cela, il devient toute suite plus clair quant au pourquoi Benji ne lui donna plus de nouvelles. D’un saut plutôt audacieux, Elijah s’affale dans le canapé avant de demander une bière au maître des lieux. « Tu penses qu’un type comme moi, va finir par se ranger Skelington ? Parce que bon j’ai vraiment merdé avec Arizona, vieux. Je suis pas sûr que ça soit fait pour moi, “Être Prisonnier d’une relation” », quelque peu inquiet.

C’est étrange. Jamais Elijah n’aurait possible d’avoir une telle discussion avec Benji. Faut dire qu’ils en avaient eu des journées, des soirées bien à eux.. Mais posé de la sorte, à se regarder dans le blanc des yeux, à boire un verre ? Weird. Il se souvient bien plus clairement des nuits torrides et passionnelles qu’ils ont passé ensemble. Et pas de cet homme à qui il pouvait faire confiance et se confier. Elijah se saisit de la bière que lui tend Benji avec plaisir avant de prendre le temps d’en savourer une lampée. Rien ne valait une bonne bière pour évacuer stress et coup du sort. Et malgré tout ils sont là à discuter, plus à écouter pour Elijah pour le moment. « C’est vrai que maintenant tu es ce père de famille bien rangé et marié. Ça me fait tout drôle de repenser que toutes nos aventures, c’était il n’y a pas si longtemps que ça. » répond t-il comme pour rebondir sur ces dires.

Il est chose vraie quand Benji lui explique qu’en pensant de la sorte, il mettrait un peu plus de temps mais la vie l’avait façonné ainsi et pas autrement. Elijah n’était pas du genre à se mentir à lui-même ou quoi, la seule femme qu’il aurait voulu épousé c’était Arizona. Et ça faisait maintenant des années que tous les deux, ils ne s’étaient pas recroisés. Alors quand Benji prononce son nom à son tour, il est comme épris d’un spasme ; d’un léger frisson qui vient parcourir son échine de long en large.

« J’ai aimé cette femme comme un fou. J’ai d’ailleurs pensé tenir le bon bout avec elle. Je vivais dans ce truc que les gens appellent le bonheur. Mais à la première difficulté j’ai pas pu le supporter. Parce qu’elle et moi, c’était du concret. Parce qu’on était pas ses deux protagonistes de romans à l’eau de roses. », s’interrompt il un instant. « J’ai finalement pris mes distance d’elle parce que bon tu connais mes vieux... » épris d’un soupir las « Quand ils ont découvert pour sa maladie, ils m’ont sommé de rompre avec elle. Je l’ai pas fait pour eux mais pour elle, parce que je sais de quoi ils sont capables. Puis parce que j’avais honte que celle que j’aime, vive avec ça. Qu’elle vive avec ça sans que je m’en rende compte. Et depuis je lui ai jamais donné signe de vie »