J’ai pas de raison d’être aussi nerveuse et pourtant, j’crois que je ne l’ai jamais été autant de toute ma vie. C’est ridicule. On s’est vu des tonnes de fois et on a couché ensemble. Qu’est-ce que je pourrais bien anticiper de plus? Oh, mais tu sais très bien quoi ma vieille, arrête un peu de te foutre la tête dans le sable et voit les choses en face! Sauf que non, je continus de nier ce que ma conscience ne cesse d’essayer de me faire comprendre. Cette rose, ce message… C’était si beau, touchant. J’en suis littéralement resté sans voix, complètement scotché sur place. Personne n’avait jamais fait ça pour moi. Alors c’est avec cette même rose à la main que je me rends chez toi, j’ai pris le temps de me changer après les cours, de me doucher… de me faire belle rien que pour toi Silas. Je n’ai jamais vraiment porté attention à cette journée qu’est la St-Valentin avant aujourd’hui. Pour moi, c’était simplement cette journée de l’année où je reçois tout un tas de fleurs, de chocolats, de peluches et autres cadeaux de la part de tout plein de gens dont je n’ai rien à cirer. Mais là? C’est différent. Je cogne à ta porte et j’hésite une fraction de seconde à retourner exactement d’où j’arrive, mais tu ouvres la porte avant que je n’ai le temps de le faire. « Hey.. »

Je n’ai jamais été aussi nerveux. Je pense avoir fait le tour de l’appartement dix fois pour être certain que tout sois propre, impeccable même. Depuis la soirée à la Lowell House, j’ai beaucoup de difficulté à penser à autre chose que ton corps contre le mien qui ne fait plus qu’un. Pas dans le sens où j’ai envie de toi, oui quand même un peu, mais plus dans le sens que je veux plus de toi. J’appréhende le moment où tu arriveras à l’appartement puisque je t’ai dit que je pourrai t’avouer quelque chose en face. Or, je ne suis plus certain de vouloir. La dernière fois, ça s’est très mal passé et je n’ai pas envie de regretter par la suite. Mais, je n’ai plus le temps de réfléchir que tu cognes à la porte. Du moins, je pense que c’est toi, si ce n’est pas le cas, je le vire à coup de pied au cul. J’ouvre la porte et tu es là, aussi belle, sinon plus que d’habitude, ma rose à la main. « T’es magnifique. J’ten pris, entre. » Je te regarde avec admiration te débarrassant de ton manteau. « Tu veux quelque chose à boire ? T’as faim ? » J’ai voulu jouer dans la quétainerie, je l’avoue. Je nous ai fait une fondue au chocolat et nous ai acheté pour l’occasion une bouteille de champagne. Pas un mousseux bas de gamme là. Un vrai champagne, que tu peux voir sur la table.

Tes yeux glissent sur mon corps et je ne manque pas une seule miette de ce regard luxuriant que tu poses sur moi. Je souris, bien sûr, contente de l’effet obtenu alors que j’ai à peine mis les pieds dans ton appartement. « T’es magnifique. J’ten pris, entre. » Tu m’aides à retirer mon manteau et je me sens légèrement stupide avec ma rose à la main, mais avise rapidement tes préparatifs là derrière et me sens soudainement bien mieux. J’suis pas la seule à avoir mis le paquet apparemment. « Tu veux quelque chose à boire ? T’as faim ? » J’humecte lentement mes lèvres et me délecte déjà à l’idée de goûter à ce que tu as préparé. « Oui.. enfin, tu sembles avoir tout prévu alors… autant en profiter. » Je me sens terriblement niaise tout à coup, mais chasse tant bien que mal ces idées de ma tête. J’ai pas envie de me brimer ce soir parce que ma stupide conscience se fou de ma gueule. J’ai toujours tout foutu en l’air dès que j’avais quelque chose de bien…mais pas cette fois et surtout pas ce soir. Alors sans plus attendre, j’avance vers la cuisine et m’approche de la fondue au chocolat, zieutant tous les fruits sur la table et attrapant finalement une fraise que je viens mettre directement dans ma bouche, y croquant lentement pour en savourer la saveur. « Mmh.. tu sais que j’adore la fondue au chocolat? »

« Oui.. enfin, tu sembles avoir tout prévu alors… autant en profiter. » J’ai tout prévu peut-être, mais ce n’était pas pour moi et je me demande si ce n’est pas trop. Ce n’est plus mon genre de faire ce genre de faveur. Même que je trouve ça stupide, je n’ai pas envie que tu me trouves pathétique de tout faire ça pour toi, mais je ne sais pas ce que tu penses de la St-Valentin, d’habitude. « C’est trop, pas vrai? » Oui, je me sens stupide, mais je n’y peux rien, je voulais lui faire plaisir ce soir. Je te regarde te diriger vers la table où un agencement est disposé et je te suis. « Mmh.. tu sais que j’adore la fondue au chocolat? » J’aurais pu sourire, mais te voir croquer dans cette fraise, a fait agir en moi un truc de nouveau à ton égard. « Je le savais pas, mais maintenant si. » Je te souris, te regardant dans les yeux, prenant une fraise à mon tour que je trempe dans le chocolat et croque dedans, au même moment que mon téléphone se met à sonner. Mauvais timing… Vraiment. Je ne comptai pas répondre, mais lorsque j’ai vu mon numéro de téléphone en Allemagne, je n’avais plus trop le choix. « Pardon, j’vais le prendre, c’est mon père ! » Je m’éloigne et vais dans le salon pour m’asseoir sur le canapé et décroche. « Oui papa… Oui, j’vais voir Amalthia demain… Non, je sais pas. Oui papa… Je sais pas quand sera le mariage, mais on est ensemble depuis peu, laisse nous du temps hein… Oui, moi aussi. Dis à maman que je l’embrasse. Bye. » Et je recrache revenant dans la cuisine… « Scuse mon père qui voulait s’informer d’un truc ! » Et je fais comme si de rien était, puisqu’en fait… C’est vraiment rien.

« C’est trop, pas vrai? » C’est plus fort que moi, je souris largement et j’ai du mal à cacher ce que je pense. « Honnêtement, c’est beaucoup. Mais t’en fais pas, j’aime ça. » Parce que j’aime qu’on en fasse énormément pour moi. C’est ça d’être une reine j’imagine. Alors je savoure lentement ma fraise avec une expression de satisfaction sur le visage avant de te demander si tu savais à quel point j’aime la fondue au chocolat. De toutes les fondues, c’est de loin ma favorite. « Je le savais pas, mais maintenant si. » J’hoche la tête et te regarde attentivement alors que tu manges ta propre fraise trempée dans le chocolat. J’ai presque envie d’aller goûter à tes lèvres après ça ne serait-ce que pour savoir si elles goûtent les fraises et le chocolat, mais ton téléphone vient légèrement briser le moment. « Pardon, j’vais le prendre, c’est mon père ! » J’hoche la tête et te suis du regard alors que tu disparais vers le salon. Je dépose ma rose sur la table et attrape un morceau de banane que je mâchouille en écoutant distraitement ta conversation. Sur le coup, je ne réalise même pas que tu parles anglais –alors que tu parles normalement allemand à tes parents-. Enfin, ce n’est que lorsque j’entends ce nom que ma tête se tourne rapidement dans ta direction. « Oui papa… Oui, j’vais voir Amalthia demain… Non, je sais pas. Oui papa… Je sais pas quand sera le mariage, mais on est ensemble depuis peu, laisse nous du temps hein… Oui, moi aussi. Dis à maman que je l’embrasse. Bye. » Amalthia? Je sors mon propre téléphone et fait une recherche rapide pour confirmer mes doutes. C’est bien ce que je croyais, c’est une Eliot. Mais une minute. Mariage? Mon sang commence à bouillir dans mes veines et lorsque tu reviens vers moi, l’air de rien, je suis presque certaine qu’il y a de la fumée qui me sort des oreilles. « Scuse mon père qui voulait s’informer d’un truc ! » Je fronce les sourcils. « Il voulait savoir comment allait ta futur femme?! » J’ai craché les paroles plus que je n’ai posé la question, mais j’arrive pas à y croire. Tout ce temps, toutes ces belles paroles… alors que t’es fiancé!?

Enfin décidé à passer aux choses sérieuses, ou du moins à partager une fondu au chocolat avec toi, je reviens tout fringant dans la cuisine, mais je vois tout de suite que quelque chose ne va pas. Ton regard me tire des éclairs. Tu me fusilles royalement des yeux. Je comprends finalement pourquoi tout ce remue-ménage. « Il voulait savoir comment allait ta futur femme?! » Eh merde ! J’aurais dû parler allemand comme je le voulais au début, mais mon père aurait trouvé ça bizarre que je lui réponde dans ma langue maternelle, alors qu’il me parlait anglais. « Je... » Je soupire, ne sachant quoi dire pour le coup. « T’avais pas à entendre ça. C’est tellement rien et j’suis pas fiancé ! » C’est mon père qui fait tout un mélodrame pour que je la demande en mariage cette fille. Pour moi, elle n’est rien de plus qu’un parasite brun de plus dans l’univers. Une pauvre merde de chien qui se colle à ma chaussure. « C’est pas du tout ce que tu crois… C’est… » Je n’en reviens tout simplement pas. « Il y a une bonne explication à ça, tu vas voir ! » Par où commencer ? Parce qu’après tout, tu as le droit de toute savoir de A à Z, non ? Tu le mérites, ça, c’est clair. Surtout, que je n’ai pas envie de te prendre pour une connerie du genre et ça serait bien mon genre de tout gâcher. Je ne cherche pas mes mots, même si on dirait que oui, c’est seulement que je cherche les bonnes phrases à dire et je sais que ça ne joue pas à ma faveur, mais bordel… Tu me fais un effet monstre qui m’enlève tout moyen.

« Je... » Je croise les bras sur ma poitrine et te fixe ardemment en attendant une réponse de ta part. Tu vas pas t’en tirer sans explication sur ce coup-là Silas parce que si tu trouves pas les bons mots, j’vais simplement tourner les talons et foutre le camp et tu n’me reverras plus. « T’avais pas à entendre ça. C’est tellement rien et j’suis pas fiancé ! » Oh vraiment? « Bah écoute, excuse-moi d’avoir entendu alors que tu disais gentiment à ton papa que t’étais depuis peu avec elle et que tu ne savais pas il était pour quand ce putain de mariage! » J’ai haussé le ton, j’en suis consciente, mais j’en ai rien à foutre si vous voulez que j’sois franche. Je gesticule même en parlant et, heureusement pour toi, on n’a pas encore commencé à manger parce que j’aurais tout aussi bien pu m’emparer d’un pic à fondue pour te le rentrer dans l’œil. « C’est pas du tout ce que tu crois… C’est… » Je secoue la tête. C’est quoi Silas? Parle. Parle avant que j’m’en aille. « Il y a une bonne explication à ça, tu vas voir ! » Je renâcle et détourne le regard un instant avant de te faire à nouveau face. D’un doigt, je te pointe et continue de gueuler. « Tu ferais bien d’avoir une bonne explication, une putain d’bonne explication même pour m’avoir mené en bateau tout ce temps Silas Rothschild. Parce que si j’apprends que t’es réellement en couple avec une connasse d’Eliot toi aussi, j’fou l’feu à ton appart et j’te laisse brûler dedans, on est clair?! »

Je me sens complètement minable à ce moment précis. Comment t’expliquer que ce n’est qu’une mise en scène. Un coup monté de toute pièce par nos parents pour qu’on se mettre en couple ? Tu ne vas jamais me croire, puisque tu sais très bien qu’ils sont en Allemagne. Le pire, c’est que c’est la stricte vérité. Tu débites ton speech en gueulant, j’en reçois presque des postillons tellement tu es fâchée, tandis que je soupire. « J’suis pas vraiment en couple avec elle. c’est juste pour que nos parents nous foutent la paix et nous croient amoureux. Ils voulaient que je sois avec une fille friquée de bonne famille et ils nous ont tendu un piège, me faisant croire que ma mère était descendu me voir. » Je me passe la main sur ma nuque et te regarde, aussi démunie que jamais. L’ancien Silas est en train de faire surface, parce que tu me rends faible Serah. Je perds tous mes moyens, avec toi. « Mais lorsque j’suis arrivé au point de rencontre, c’était Amalthia qui y était. Elle aussi s’était faite tendre un piège... » Comment voulait-elle que j’invente tout ça. Je suis peut-être intelligent, là n’est pas le problème, mais si c’était un mensonge, j’aurais simplement dit autre chose. La première excuse qui me serait passée par la tête. « Faut que tu me crois. Elle est rien pour moi. J’ai jamais menti ou mené en bateau. » Je me mords la lèvre, espérant que tu me crois, mais je me demande si c’est le cas

« J’suis pas vraiment en couple avec elle. C’est juste pour que nos parents nous foutent la paix et nous croient amoureux. Ils voulaient que je sois avec une fille friquée de bonne famille et ils nous ont tendu un piège, me faisant croire que ma mère était descendue me voir. » Je fronce les sourcils sans réellement comprendre, déjà un peu plus calme, mais définitivement pas rassuré ou même convaincu. Je croise à nouveau les bras sur ma poitrine, me refermant, me protégeant contre ce que tu risques de dire et qui risque de me blesser. J’ai du mal avec cette situation Silas… beaucoup de mal. « Mais lorsque j’suis arrivé au point de rencontre, c’était Amalthia qui y était. Elle aussi s’était fait tendre un piège... » À t’écouter parler, on dirait que t’as pris le premier scénario de film qui te venait à l’esprit pour te sortir de ton merdier. Ça ne fait pas beaucoup de sens toute cette histoire, mais en même temps, c’est justement trop tiré par les cheveux pour être inventé. « Faut que tu me crois. Elle est rien pour moi. J’ai jamais menti ou mené en bateau. » Je fronce tellement les sourcils que j’en ai pratiquement mal à la tête. Je te dévisage, tente de voir la sincérité dans ton regard et réalise que je ne te connais peut-être pas assez pour savoir si tu mens ou non et ça aussi, ça me fait peur. N’empêche que là n’est pas le problème. Non, le vrai problème, c’est que j’tiens à toi et que j’ai jamais laissé personne me faire du mal comme tu risques de m’en faire si j’te laisse entrer dans ma vie. Qui est-ce que j’essaie de berner là? T’es déjà entré dans ma vie. Bien trop pour en ressortir d’un claquement de doigt. « Et qu’est-ce qui me dit que cette histoire est vraie? Pourquoi tu n’serais pas simplement en train de raconter l’histoire que tu racontes à toutes tes putes juste pour les avoir dans ton lit ensuite, mh? Si ça se trouve, on est des dizaines à avoir reçu cette foutu rose aussi! » En parlant, j’attrape la pauvre fleur que je jette contre ton torse. J’ai la rage Silas, mais vois-tu pourquoi je suis aussi frustré?

Lorsque je termine de te parler, je ne sais plus où me mettre. J’ai tellement envie que tu me crois que ça en devient une nécessité. Ça ne peux pas se terminer comme ça entre nous, alors que rien n’a encore débuté. Que je n’ai pas réussi à te dire ce dont je voulais tant te dire malgré moi. Je t’écoute parlé et je soupire, c’est vrai que ça pourrait ressembler à ça, mais c’est tellement faux. J’attrape la rose que tu viens de plaquer contre mon torse et la regarde longuement avant de te regarder. « Je… » J’ose rien dire, je sais que ces paroles devraient sortir de ma bouche, mais je ne trouve pas que c’est le bon moment. Ce n’est pas comme ça que j’avais imaginé lui dire ces quelques mots, mais elle ne me laisse pas trop le choix. « C’est qui qui arrive à me faire changer d’humeur en un claquement de doigts ? » Je tiens fortement la rose dans ma main et ce symbole ressemble à un rejet pour moi et ça me blesse, même si je ne le devrais pas. « J’avais pas du tout envie de te dire ça ainsi, mais de toute façon, dans les deux cas, tu vas partir en courant, alors autant me ridiculiser. » Je n’arrive pas à croire que je vais dire ça. « Tu veux savoir pourquoi tu devrais me croire ? Parce que tu m’fais perdre la tête. Tu vas surement penser que c'est une tactique pourrie pour t'avoir dans mon lit ce soir, mais fuck off.  J’pense qu’à toi depuis des semaines et la dernière fois qu’on s’est vu dans la chambre d’hôtel, c’était une bombe à retardement. » La suite des mots reste pris dans ma gorge, j’ouvre la bouche, mais rien ne sort. Je m’approche de toi et te regarde droit dans les yeux, ne déviant pas le regard une seule seconde. Je veux que tu comprennes tout ce que je ressens, mais ça fait des années que je n’ai pas avoué ce genre de chose à quelqu’un… Ce n’est pas facile pour moi. « Je tiens beaucoup trop à toi, beaucoup plus que je ne l’aurais pensé, Serah. J’pense sérieusement que… que j’suis en train de tomber amoureux. Je… » Je baise la tête, ne voulant absolument pas voir le rejet dans tes yeux et me dirige vers le canapé et m’assieds ne te regardant toujours pas. « Mais bon, j’dois pas être le seul qui se ridiculise devant toi sachant que c’est impossible entre vous. J'suis juste un numéro de plus sur ta liste de prétendants.  » Pourquoi lorsque je crois trouver une personne ou du moins une fille qui pourrait me combler, me donner ce que j’ai besoin, ça tourne toujours au vinaigre.