J'étais pas à la Dunster mais pour le coup, j'allais y aller. Charlie avait besoin de moi, de me parler. Pourquoi ? J'en savais encore trop rien mais je supposais que j'allais le savoir bien assez vite. Me rendant sur place, dans cette maison qui m'accueille pour la deuxième année, je restais morose, dépressif presque. Camila me manque. Camila me manque énormément, beaucoup trop pour que ce soit supportable. Et heureusement qu'il y a mes amis. Heureusement que Charlie est là, pour me remonter le moral, pour m'aider à essayer d'aller mieux. Alors ouais, je la rejoignais et j'espérais qu'elle aie des bonnes nouvelles à m'annoncer. Non mais parce que les mauvaises, ça allait bien deux minutes. En fait, j'avais besoin de me changer les idées et c'était sur elle que l'attente se faisait ressentir. Arrivant dans la salle commune, elle ne semblait pas encore être présente, alors je m'installais sur un canapé, regardant mon téléphone, notamment les photos de ma fiancée... ex-fiancée. Puis la voix de la jeune dunster, de quelques jours ma cadette, se fit entendre, me poussant à relever le regard pour le poser sur elle. Me redressant, je la prenais dans mes bras en guise de salutation. « Je.. ouais, je voulais savoir ce que tu avais à dire et je t'avoue avoir besoin de distraction » C'était soit ça, soit faire n'importe quoi et pour l'instant, heureusement que je me tenais. La lâchant finalement, je me réinstallais sur le canapé. « Alors, qu'est-ce que tu as à me dire ? »

Bien sûr que j'appréhendais, je me demandais bien ce qu'elle allait pouvoir me dire, me confier et c'était étrange mais.. ouais, je faisais le déplacement afin qu'elle me confie ce qu'elle avait sur le cœur. Après tout, c'était tout ce que je pouvais faire à présent, être là pour mes amis à défaut de ne plus avoir de petite amie. Fiancée même. Me pointant à la Dunster, elle n'était pas encore là alors je me mis à patienter, dans la salle commune, sur un des canapés. C'était certainement stressant mais j'essayais de me changer les idées et je me dis que sa présence en elle-même me changera les idées également. Une étreinte qui me faisait du bien et me voilà de nouveau installé sur le canapé, désireux d'entendre ce qu'elle pouvait me dire. Je fronçais les sourcils, pas sûr de comprendre ce dont il s'agissait mais... ouais, j'écoutais. Après tout, il fallait que je sois un soutien pour elle comme elle pouvait l'être pour moi. « Tu me fais peur... Vas-y, dis-moi tout » Bien sûr que j'avais peur, c'était assez étrange comme sensation mais ça ne pouvait pas être si mauvais... n'est-ce pas?

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre et pour le coup, le stress montait. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle qui m'attendait ? J'osais espérer une bonne, pour pouvoir neutraliser en quelque sorte le désastre de ma vie. Mais je pense que c'était trop demandé, pour le poisseux que je pouvais être. Un malheur n'arrive jamais seul. Et à ses mots, c'était confirmé. Ça n'allait pas me plaire. La dévisageant, attendant que les mots sortent, je ne savais pas trop comment réagir. Alors je l'écoutais et au fur et à mesure qu'elle m'expliquait, je me décomposais. C'était une blague, n'est-ce pas ? « C'est une blague ? » Fallait qu'ils m'enlèvent ma fiancée, maintenant ma meilleure amie ? La colère monte, et je ne veux pas qu'elle redescende. Au contraire, j'ai besoin de la laisser s'échapper, tant je ne cessais de me contenir depuis des jours. « Tu m'écoutes en train de vivre un véritable calvaire parce qu'Abélard m'a piqué Camila et maintenant tu me dis que toi, t'es fiancée à son frère ? Mais quelle famille de pourris... » Je soufflais, me relevant, faisant alors les quatre cents pas. Ils avaient quoi contre moi sérieusement ?

J’avais l’impression que le destin se foutait de ma gueule mais d’une puissance inimaginable. Camila me manquait, atrocement. J’avais bien du mal à comprendre ce qui l’avait poussée à faire ça, même si d’après ses mots, c’était une rancoeur encore présente qui datait de l’année dernière. Et plus j’écoutais Charlie, plus j’avais envie de tout envoyer en l’air. « Arrête… juste arrête » finissais-je par dire, continuant mes cent pas, n’acceptant pas cette évolution de ma vie. Tout partait en live, ma relation avec Camila et maintenant, ma relation avec Charlie. Parce qu’elle serait quand même bien naïve de croire que ça ne changerait rien. Quand elle finissait par se relever elle aussi, je m’éloignais le plus possible, pour éviter le moindre contact. J’étais monté en pression, bien trop pour que ce soit sain. « Garde ta parole… je vais tenir la mienne. Et je te promets que je vais te laisser tranquille avec ton fiancé. Sans même intervenir une seule fois dans ta vie… T’en fais pas, plus jamais tu n’entendras parler de moi » Le regard dédaigneux, je me dirigeais vers la sortie, parce que je suffoquais ici. J’en pouvais plus, je devais m’en aller, respirer et peut-être un jour vivre plutôt que survivre.