Il est tard. Un peu trop d'ailleurs quand tu sors finalement de ton cours. La journée t'avais complètement assommé de thermes en tout genre mais aussi par l'appauvrissement de tes batteries. Tu avais faim aussi. Indéniablement. Ton ventre ne cessait depuis une heure de danser la macarena, tu devais à tout prix manger, et rejoindre le monde de la procrastination. N'ayant nullement l'envie de rejoindre ta voiture, rouler pour rentrer chez toi, tu finissais par prendre une tout autre option, celle de la eliot house. Une chambre t'attendais toujours la bas, seul, à l'abris des regard et surtout calme. Tu savais pertinemment que la moitié des bleus n'avaient que d'yeux pour leurs études que papa et maman payaient chèrement et donc qu'ils attendaient en retour une efficacité de premier ordre. Un concept totalement méconnu de la mather house qui, eux, préférait totalement se murer entre eux, avec une belle bouteille de scotch parce que tout de même, fallait pas déconner. Une fête l'est que si l'alcool est goûteux et non bon marché. C'est donc après plusieurs minutes de marche que tu rentres dans ta maison, dans cet espace lumineux, brillant, t’accueillais. Quelques étudiants confortablement assissent près de la cheminée, parlait de la bourse, de son avantage, ainsi que le monde si cette trouvaille n’existait pas. Forcément, tu détournes tout de suite les talons, c'est pour ce genre de conversation futile que tu ne venais presque plus ici. Au lieu de te ressourcer, bien souvent, tu en ressortais la tête dévoré par le premier eliot avec une rhétorique parfaite. Trop dangereux.

@Rosalie E. Ardvidsson

Un énième soir où ton père t'appelait pour s'assurer que tu es en vie. Un énième soir depuis la prise d'otage qui lui trottait encore bien plus dans la tête que dans la tienne. Il avait peur pour toi mais tu ne pouvais pas lui en vouloir, c'était un père avec sa fille après tout. Balayant les escaliers deux à deux alors que ton père assistant à la scène par FaceTime te disait de faire attention, tu arrivas dans la cuisine à la recherche d'un peu de tranquillité. Tu étais obligée d'être à la Eliot House quand il t'appelait. Tu avais déménagé de ton appartement paisible que tu louais seule pour une colocation avec deux pauvres inconnus. Ton père ne s'en remettrait pas et viendrait lui même rompre le bail s'il savait. Tu devais prendre des pincettes et emmener le sujet doucement, en attendant tu improvisais. Faisant chauffer un plat au micro-onde mit en place, tu écoutas à moitié ton père te rappeler les dangers des ondes de cette machine tueuse selon lui. Tu l'aimais mais l'âge ne lui allait pas, il devenait de plus en plus cynique, pointilleux et plus le temps passait plus son rôle de père protecteur t'agaçait. Tu n'étais plus une petite fille pourtant il se refusait d'y croire. "Non ne vient pas le week-end prochain." Il avait enfin réussi à avoir ton attention en parlant de venir te rendre visite, c'était inévitable pourtant tu devais l'éviter à tout prix. Quittant la cuisine, t'avançant vers l'escalier tu comptais mettre fin à la discussion. "Je viendrai, bientôt. Allez bisous." conclus-tu alors que tu tombais nez à nez sur Marin qui entrait. "Surprenant" glissas-tu laissant exprimer ce à quoi tu pensais. Un Marin dormir à la Eliot House, ce n'était pas tous les soirs que tu pouvais voir ça.

Tes talons se tournent, pourtant des voix masculines et féminines continuent de bourdonner dans tes oreilles, à croire qu'ils avaient envie à ce moment même de faire les vocalises. La fatigue te trahissait. Tu étais irritable et surtout, elle était visible sur ton visage à cause de quelques traits tirés, marque des nuits agitées dont tu faisais l'expérience en ce moment. Et si tu pensais être arrivé au bout de ta journée épuisante, tu en étais encore loin, surtout à la vue de l'eliot devant toi, surprise semble-t-il aussi. « Je sais que tu as encore du mal avec ma beauté, mais de là, à ne plus le cacher.. c'est gênant, tu sais ? » entamais-tu la discussion en esquissant un léger sourire, tu ne pouvais t'empêcher de sortir des mots de ta bouche, pour qu'ils effleurent, même lui piquent le visage. Tu voulais qu'elle réagisse. Ton mode opératoire, toujours, au fond tu n'avais pas changé, même après toutes les épreuves qui s'étaient dressées sur ton chemin. Tu continues ta marche, dépose sur l'îlot centrale de la cuisine ton sac pour les minutes suivantes piocher dans le réfrigérateur. Finalement, seul la crème anglaise trouvait grâce à tes yeux, tu en sortie le bidon d'1L en sachant pertinemment que se serait ton seul repas de la soirée. « Quoi ? » demandais-tu finalement en la voyant toujours dans l'encadrement de la porte. « Tu veux venir me liker dans la vraie vie maintenant ? » que tu demandes à nouveau, en souriant, ne pouvant cacher plus longtemps ta surprise à ce propos. Te haïssait-elle ? Mais pas assez pour finalement oser t'adresser la parole sur un site de rencontre. Et tu ne t'étais pas démonté, jamais, un perol ne doit jamais se laisser marcher sur les pieds.