⋆ — let's get this party started j’étais au bout du rouleau. littéralement. ma vie était désormais un gros bordel et j’avais aucune idée de comment m’en sortir. faire comme si de rien était ? j’avais essayé mais clairement, je n’étais pas douée dans ce domaine. trouver des réponses ? je crois que dans le fond, je n’avais pas vraiment le courage. je savais pourtant comment faire mais fallait croire que j’étais dans l’incapacité de passer ce cap. à croire que j’étais juste trop faible pour réellement passer le cap. puis philip, il était totalement en train de me laisser tomber dans cette histoire et ouais, mine de rien, ça me foutait un sacré coup au moral. peut être que j’avais été trop bête de penser qu’il serait vraiment d’une aide dans toute cette affaire. alors comme toujours, mon seul réel soutient était sullivan. on changeait pas une équipe qui gagne et j’étais putain de chanceuse de l’avoir dans ma vie. jamais je ne pourrais dire le contraire. assise sur le canapé du salon, comme une loque, j’étais juste en tailleur, le regard perdu dans le vide, ne faisant attention à rien de ce qui pouvait se passer autour de moi. jusqu’à ce qu’elliot arrive. machinalement je finissais par me lever en même temps que la blonde me servant de femme et l’instant d’après, j’étais dans ses bras. ce qui était dingue c’était sûrement le fait que malgré le fait que je bouge j’avais l’air dans un état totalement catatonique. et ouais, c’était triste de réaliser ça. j’esquissais un faible sourire qui avait l’air de tout sauf sincère essayant de me reconnecter un peu à la réalité. « ça s’passe bien » que je répondais d’un ton morne haussant les épaules avant de retourner m’asseoir sur le canapé. ouais, j’étais vraiment pas douée pour faire semblant en fait.

⋆ — let's get this party started faut dire que même si la vie de famille avec Ziggy c’est cool, avoir un cleb qui chie partout dans la maison c’est tout de suite moins cool. sérieux dès que tu rentres c’est la chasse à la merde - où Oscar peut-il bien avoir chié aujourd’hui ? bref, on a saisi. les désillusions s’enchainent surtout qu’en ce moment être positive c’est pas facile facile, tu te fais chier dans ta sombre vie. non pas que tu t’ennuies ah ça non, t’as du travail pour une vie entière si tu le souhaites mais tu trouves plus la motivation en ce moment. seulement quand tu passes du bon temps avec les potes, dehors mais ces moments se font rares et t’as h24 la tête dans tes cours et ce qui s’en suit. ça fait un moment que t’as besoin d’air et tu comptes bien t’oxygéner dès que le spring break aura lieu. tu t’es pas encore décidée si tu allais suivre la troupe havardienne ou bien si t’allais te faire ton propre truc avec qui le voudra, même si t’en rêves t’as juste carrément pas le temps d’organiser tout ça. un train-train quotidien usant, mais au moins parmi ces galères t’as une nouvelle femme dans ta vie et heureusement que tu l’as elle, ça te permet de relâcher toute cette pression paralysante que tu te fous solo sur tes épaules lorsqu’il s’agit de tes études. qui plus est, entre Dina qui s’est cassée à cuba et Elliot en australie, c’est la fête du slip quoi et t’aurais bien envie de partir comme ça toi aussi, sur un coup de tête. bon tu vas pas dire que votre week-end à las vegas ne fut pas exceptionnel, puisque vous voilà femme et femme avec un gosse et un appart mais ouais, c’était un séjour beaucoup trop court. retour à la réalité pour vous deux comme pour Elliot qui est finalement rentré et qui pour l’occasion a promis de passer chez vous. dès que ça sonne, tu bondis du canapé pour aller ouvrir au winthrop qui s’est, en fait, déjà invité à entrer. « ah, Elliot ! il est où le livreur ? » que tu t’enquis pour te foutre de sa gueule en faisant mine de regarder derrière lui. « j’rigoooole. ta tête de con nous a manqué également. » câlin de famille comme il se doit puis là la réaction de Ziggy te frustre un peu. ce qu’elle est frêle ces derniers jours, tu sais pas ce qu’elle a enfin jusqu’ici tu pensais que c’était pour les mêmes raisons que toi mais visiblement il se trame quelque chose. t’en sais rien mais tu comptes bien le découvrir parce que voir ta femme comme ça c’est vraiment déplaisant et démotivant. « .. j’espère que ça se passe mieux que ça en tout cas. » tu ris presque nerveusement, un peu gênée par la réaction de Ziggy. m’enfin, tu sais qu’il ne s’agit pas de toi - tu l’espères sincèrement, mais tu sais que la quincy n’a pas la langue dans sa poche et qu’elle t’en aurait parlé sinon - donc tu ne vas pas t’énerver. tu lances un regard quasiment inquiet à Elliot en haussant les épaules, avant d’approcher les pizzas pour vous mettre à table. « je t’aime Elliot. t’as pris genre, mes deux sortes préférées. » que tu dis en t’excitant, nan sérieux tu mourrais de faim. heureusement que le winthrop n’a pas trainé car quand ton ventre gargouille et que ça vient pas, tu t’énerves. t’as pas trop les mots, l’attitude de Ziggy t’a surprise et tu préfères changer de sujet. « alors, ce voyage en australie ? c’était comment ? »

J’débarque comme une fleur, comme un bg qui est attendu par une foule, alors qu’on va pas se mentir — les filles n’arrêteraient pas de vivre si je ne venais pas. Dans ma légendaire bonne humeur, j’entrais avec une bonne blague cassée par nulle autre que Holly. Les deux s’approchaient et je leur offrais un gros câlin digne d’un Bisounours, avouant qu’elles m’avaient quand même manqué. Je remarque la présence-absence de Ziggy mais je ne dis trop rien. J’ai pas envie de la gêner, j’pense qu’au regard d’Holly, cette dernière n’est pas au courant non plus de ce qui se trame pour elle. La coloc se passe apparemment bien, même si on ressent clairement un manque d’enthousiasme de la part de Ziggy qui repart s’asseoir sur le canapé. D’accord… J’arque un sourcil à l’attention d’Holly, en mode ’si je tombe mal je peux repartir’. Elle hausse les épaules et attrape les pizzas pour les emmener au salon. « Je sais que tu m’aimes. » Je lui offre un large sourire quelque peu arrogant. Puis je m’assois sur le sofa aux côtés de Ziggy et lui prends la main, l’air de rien, geste naturel. En réalité, j’ai envie qu’elle sache que je suis là si elle a besoin mais que j’vais pas la forcer, c’est pas mon rôle. « C’était génial, j’en avais grave besoin. Retrouver la maison, l’océan, ma planche de surf, le soleil — que demande le peuple? » Sérieux, j’avais passé dix jours merveilleux dans le sud, et j’arrivais toujours pas à croire que c’était fini. « Il fait putain de froid à Boston en fait. » Quand tu passes de 35°C à 0°C, c’est le choc thermique. « Et vous, quoi de neuf? Racontez-moi les potins qui circulent à Harvard, qu’est-ce que j’ai manqué? » Bon, j’avais bien lu l’article de CS donc j’étais au courant de quelques trucs, mais j’veux des détails, des gossips croustillants. Nourrissez ma curiosité!

⋆ — let's get this party started et peut être que j’avais l’air affreusement impolie mais pour le coup, j’en avais pas grand chose à faire. j’étais juste au bout du rouleau, j’avais pas le temps de m’embarrasser avec les sentiments des autres. puis dans le fond, autant holly qu’elliot me connaissait assez bien pour savoir que c’était vraiment pas méchant de ma part. j’étais le genre de fille avec toujours le mot pour rire, ils devaient bien se douter que pour que je sois dans un état pareil ça devait être plutôt grave. et j’avais l’air d’une loque à retourner d’un pas traînant sur le canapé mais clairement, j’avais la force de rien. même plaisanter me semblait être une épreuve insurmontable. j’haussais une nouvelle fois les épaules attrapant la télécommande de la télé cherchant n’importe quel programme pour me divertir alors qu’ils parlaient pizzas et voyage. ouais, en temps normal je m’y serais intéressée mais là, j’étais pas dans le mood, j’avais pas envie, j’voulais pas me forcer. tant pis si j’passais pour la plus grande relou de l’univers. le seul truc auquel je ne râlais pas était la main d’elliot qui venait prendre la mienne. c’était les petits gestes qui faisaient tout et clairement, c’était vrai. peut être même que je serais un peu trop mes doigts entre les siens mais y avait des moments où je devais me faire violence pour ne pas fondre en larme. « rien de fou, j’suis pas trop sortie ces derniers temps. » et aller acheter du papier toilette n’était clairement pas le moyen d’avoir des ragots. puis j’sais pas, sûrement que je contrôlais pas grand chose puisque la crise de larme revenait en puissance et cette fois, je n’avais aucun contrôle dessus. « désolée ! désolée, tout vas bien. » ri-di-cule.

⋆ — let's get this party started même si le retour d’Elliot rend ta journée ou plutôt routine de ces deux derniers mois plus amusante, l’ambiance qui a pesé pendant ces deux longues minutes t’a semblé insupportable. t’aimes pas avoir l’impression de devoir zigzaguer maladroitement pour ne pas faire un pas de travers alors que la situation est propice aux fous rires entre amis, soirée cosy bien au chaud à se raconter des conneries. de base ça devait se passer comme ça, mais toi pour l’instant tu fixes les pizzas que tu viens de servir en détournant le regard autant que tu ne le peux à la mine de ta femme qui bien visiblement, n’est pas satisfaite. non non, tu ne parles pas de sa satisfaction envers les pizzas ou quoi mais envers ce tout. ou t’en sais rien, mais tu ne saurais encore moins dire si elle est énervée ou bien très triste et dans ces moments-là, vaut mieux pas gaffer et mettre les gants. tu peux pas t’empêcher de porter sur elle un regard qui se veut rassurant même si Ziggy sait pertinemment qu’elle peut se confier à vous. tu l’espères, tout du moins. « c’est clair que tu t’es mis à l’aise. » que tu réponds à Elliot qui te décrit le paradis dans lequel il était ces dix derniers jours, en haussant les épaules comme si ça t’importait peu. ta jalousie te démange, on va pas se le cacher. tout ça c’est comme un monde parallèle pour toi en fait. même le winthrop admet que boston est dangereusement frappé par le grand froid et c’est pas toi la dernière qui acquiescera. « t’as raté le mauvais temps, j’espère que t’es pas trop dégoûté. » tu rigoles à ta réponse, car c’est clair qu’ici vous êtes tous ennuyés comme never de ce temps de merde, de cette ambiance de merde, de ce froid de merde.. on va dire que vous avez beaucoup de raisons d’être insatisfaits. et le truc amusant c’est que lorsque la voix, fragile, de Ziggy se hausse pour répondre à son tour toi et Elliot semblez prêter une oreille plus attentive que jamais. comme si un silence s’était crée pour la laisser s’exprimer, bien que sa réponse soit carrément neutre. vous avez tout les deux saisis qu’il se passe quelque chose et inutile de se lancer des regards pour vous accorder, tu cherches pas à mettre Ziggy plus mal à l’aise. dans un premier temps t’as pas vraiment de réaction jusqu’à ce que la brune se mette à craquer. ou quelque chose dans le genre, mais dans tous les cas elle est dans le mal. ni une ni deux tu t’approches d’elle pour la prendre dans tes bras « Zig, t’excuses pas. tu sais qu’on est là pour toi et si t’as besoin de te lâcher il y a mais alors zéro problème. » putain, ce que tu détestes encore plus que de voir la vie t’enculer c’est voir la vie enculer les gens auxquels tu tiens. des personnes honnêtes, comme Ziggy. des personnes qui ne méritent pas une once de malheur. mais la vie n’épargne personne, tu l’auras appris à tes dépends.

Ziggy n’est pas bien, pas besoin d’être télépathe pour le deviner. Et Holly n’a pas l’air d’être plus au courant que moi. Ça me rassure, ça veut dire qu’elle ne m’a pas volontairement mis à l’écart, c’est pas que moi mais tout le monde. Alors je lui prends la main pour lui montrer que je ne la force pas à parler mais que si elle veut le faire — ou même ne pas le faire, le silence c’est bien aussi — bah je serai là.

Je crâne un peu sur mon voyage, j’avoue que je le fais un peu exprès pour les faire chier et les narguer. « La prochaine fois j’vous prends avec moi, promis! » Je leur lance un petit clin d’oeil complice. Putain, à force de promettre ça à tout le monde, j’allais devoir organiser une colonie de vacances sur ma terre natale, moi.

Et puis contre toute attente, la petite voix brisée de Ziggy se fait entendre alors qu’elle resserrait ses doigts autour des miens, un peu trop fort pour que ce soit anodin. Et je savais ce qui se tramait. J’avais raison, puisqu’une larme s’échouait sur sa joue, suivie d’une autre, et d’encore une autre, et ainsi de suite. Elle s’excusait, et Holly et moi étions d’accord sur ce point : pas besoin. Pas de ça entre nous. Holly la prend dans ses bras et moi, pour pas l’étouffer dans un trop plein d’affection dont elle ne veut peut-être pas, j’entrelace mes doigts aux siens et couvre nos mains de mon autre main libre. « Si t’as besoin de parler Ziggy, tu sais qu’on est là… » Je me faisais du souci pour elle, mine de rien. C’était mon âme soeur, Ziggy. Et la voir mal me pinçait le coeur. Parle-nous Ziggy, dis-nous ce qui se trame dans ta petite tête… On veut juste t’aider, nous.

⋆ — let's get this party started je crois que dans la finalité, ce n’était juste pas le bon moment pour moi. voir des gens, prétendre que tout allait bien. jusque là, j’avais juste évité holly prétextant avoir une tonne de boulot pour mes cours et restant enfermée dans ma chambre la plupart du temps. mais là ? là, j’avais bien du mal. peut être parce que j’étais fatiguée de me torturer intérieurement de la sorte et que je n’arrivais plus à faire semblant. ouais, c’était sûrement ça. mais concrètement, fallait comprendre que parfois la vie ne tenait qu’à un fil et qu’une simple brise pouvait tout envoyer valser comme si l’on était qu’un stupide jeu de carte. c’était exactement ce qui était en train de m’arriver. et puisque je me prostrée dans le silence plutôt que tenter d’en parler, je coulais en même temps me noyant sous la peine et la trahison que je ressentait. j’avais l’impression de juste regarder défiler ce qui se passait sous mes yeux incapable de réellement m’intéresser à quoi que ce soit. le voyage d’elliot, la soirée pizza, holly fidèle à elle même et.. moi qui fondait en larmes soudainement. bien sûr que je m’excusais parce que j’étais officiellement la briseuse d’ambiance. puis je détestais ça. je détestais chialer de la sorte et mettre tout le monde mal à l’aise. j’avais holly qui arrivait directement pour me prendre dans ses bras, les doigts d’elliot qui se resserrait un peu plus autour des miens et les deux étaient unanimes. ils étaient là. mais là pour quoi ? qui allait réellement me sauver dans tout ça. j’avais l’impression de suffoquer. j’avais envie de m’enfuir loin, très loin et de ne plus jamais remettre les pieds aux états-unis et j’crois que c’était surtout parce que je ne savais pas comment expliquer les choses. « comment vous feriez si vous appreniez soudainement que.. vous aviez été possiblement kidnappés ? que vos parents ne le sont clairement pas, qu’on vous recherche depuis des années et que même un truc ainsi infime que votre prénom n’est qu’un mensonge ? » parce que moi, j’avais besoin qu’on me dise quoi faire.

⋆ — let's get this party started ce n’était donc pas qu’une illusion. quelque chose n’allait pas chez Ziggy et tout de suite tu comprends que ces derniers temps, vous ne vous êtes pas juste rarement croisées mais simplement ton amie-femme-colocataire était au fond du trou alors que toi t’essayais simplement de survivre dans une routine interminable. qu’est-ce que tu peux être con parfois, si seulement t’aurais pu ouvrir les yeux plus tôt sur la situation. dans tes problèmes et tes plaintes tu t’es pas mal isolée et t’en as même oublié d’être là pour Ziggy qui semble être dans un bien pire état que le tien. tu te sens ridicule. car bien évidemment, t’étais pas là quand il te le fallait. t’avais pas été là pour personne ces derniers temps et serrer dans tes bras la brune, ça te fait le réaliser. et tu t’en veux mais alors terriblement, sauf que c’est plus le moment de s’apitoyer sur son sort Holly. tu sens le souffle court de ton amie, tu sens qu’elle a besoin de quelque chose que tu peux pas lui donner et c’est encore pire. n’empêche que tu t’attendais pas à ça. « comment ça, Ziggy ? il t’est arrivé quelque chose ? explique-nous.. » pour répondre, tu laisses un peu d’espace à ton amie. c’est pas en l’étouffant dans tes bras qu’elle se sentira mieux, ça te semble assez sérieux et tu sais pas vraiment quoi faire. tu ne t’attendais pas à ce que la soirée prenne ce genre de tournure mais en fait, t’en es pas moins satisfaite. c’est dans ces moments que tu te sens en confiance, en sécurité. car tes amis comme Ziggy ou Elliot sont ton échappatoire et tu sais que tu peux compter sur eux quoi qu'il arrive.

Je m’attends pas à ce que Ziggy parle. J’m’attends à ce qu’elle reste silencieuse, à pleurer dans nos bras à Holly et moi. Mais se confier? Aussi facilement? Je sais pas, ça ne lui ressemble pas. Mais à croire qu’elle est à un point de non-retour, qu’elle n’en peut plus de garder tout ça enfoui en elle, parce qu’elle parle. Sans se faire prier. Et moi, j’écoute, sidéré, confus. De façon évidente, ses questions n’en sont pas, ce sont des affirmations. Holly la laisse un peu respirer, lui demande des explications. Elle a l’air aussi confuse que nous. Et moi, sa main toujours la mienne, je reste d’abord silencieux. Je réfléchis, j’ai pas envie pour une fois de parler sans retenue. Parce que ouais, sa révélation, ça doit tout changer. Ça a du être son monde qui s’est écroulé. Littéralement. Ses origines, sa famille, son histoire, son enfance, son identité entière. Et pour être honnête… « Je sais pas ce que je ferai à ta place Ziggy. » Personne peut savoir, parce qu’on n’a pas vécu ce que tu vis. C’est compliqué de se mettre à ta place. « T’en es sûre de tout ça? » Test ADN, j’en sais rien moi. Question probablement conne mais je me devais de demander quand même. « Comment t’as su tout ça, Zig…? » Comment t’as pu avoir ta vie totalement retournée du jour au lendemain?