Mardi 9 janvier - Ces deux derniers jours n’auront pas été fameux pour toi ; entre l’anniversaire de Basile où non seulement t’as dû l’observer se faire tourner autour par de trop nombreuses chiennes en chaleur, mais où l’humour manquait cruellement également, et l’accident de Kale qui l’a mis en mauvais point, tu sais plus vraiment où donner de la tête. T’es pas spécialement bien, faut te l’avouer. Tu préfèrerais clairement que rien de tout ça ne se soit passé. Alors ce soir, tout juste après ta sortie de l’hôpital où se repose Kale, t’as décidé de voir autre chose. Du monde, du beau monde. Et histoire de pas t’y pointer seule et de faire profiter une bonne amie à toi, de lui faire voir autre chose à elle également, t’as donné rendez-vous à Erin à 21h30 devant le bar. Tu la trouves trop renfermée, voire coincée sur bien des choses, et t’es persuadée que ça lui ferait du bien de se détendre un peu, de s’ouvrir, de se décoincer en bref. Alors, vêtue d’un simple jean moulant noir et d’un haut près du corps bordeaux, une veste en cuir et des escarpins Louboutin donnant un peu plus d’intensité à ton look, tu te plantes devant l’entrée du bâtiment, les yeux plantés sur ton téléphone en attente de nouvelles de la part de la Dunster. Et là, il te reste plus qu’à patienter.  

Mardi 9 janvier 2018 - 21h30
Je ne comprenais plus ce qui m’arrivait. Dimanche, j’étais aux éclats de rire  fêter la baby shower de Summer. Lundi, je fondais en larmes face aux nouvelles attaques du maître chanteur. Heureusement, j’avais mon point d’ancrage entre la Dunster House et Brent. Grâce à ces deux choses qui semblaient être peu de chose, finalement, j’avais réussi à arrêter de pleurer grâce à ça. Le lundi soir, j’avais dormi au loft. J’avais du mal tout de même à quitter Brent, je me sentais forte à ses côtés, éloignée je me sentais un peu plus faible.
Ce mardi, tout était encore trop frais dans ma tête. Après discussion avec Brent, j’avais décidé que je ne devais pas avoir peur, que je ne devais pas m’enfermer pour autant. Alors j’avais accepté l’invitation de la mather, Louve. J’avais quelques affaires avec moi au loft, mais il me manquait tout de même l’essentiel pour me préparer. Alors je m’apprêtais comme je le pouvais. J’avais enfilé un jean avec un body noir à manche longue avec de la dentelle sur les manches. J’avais noué mes cheveux en une queue haute, mon lisseur étant à la Dunster house.
Mes talons aiguilles noirs et une doudoune noir tendance sur le dos, j’embrassais une dernière fois Brent, lui demandant de ne pas m’attendre car je ne savais même pas moi-même à quelle heure j’allais rentrer. Ce que je n’avais pas dit au Dunster, c’était que j’avais mis par précaution une bombe lacrymogène tout de même. Une fois sortie du loft, je l’avais en main.

Vingt-une heure trente. J’étais à l’heure et la mather aussi. Je m’approchais après avoir rangée ma bombe lacrymo. « Salut beauté. » Une fois la bise faite, j’affichais un sourire, sincère de la voir mais qui cachait bien des choses. J’avais ce sentiment d’être observée que j’en étais un peu mal à l’aise. « On entre ? Histoire qu’on se commande un petit verre. » Je ne me souvenais pas d’être venue récemment. En fait, hors mis le nouvel an avec Brent, je ne me souvenais pas de mettre amusée en dehors d’une soirée dans un appartement. Dans un bar, cela remontait à beaucoup trop longtemps. On s’installait tranquillement, nous n’étions pas au bar, il était rempli de monde pour un mardi. Mais une table s’était libérée, de quoi être tranquille entre copines. « Tu sais ce que tu vas prendre ? » Pour ma part, je voulais être en pleine possession de mes moyens au cas où. Mais je me doutais que la mather ne me laisserait pas prendre un soft.

T’as pas pu t’empêcher de tourner en rond en attendant Erin, les yeux rivés sur l’écran de ton iPhone dans le seul but de trouver une occupation. Te mettre à la page sur les dernières crises actualités concernant des potes que t’aurais pas vu depuis des semaines ou des mois, par exemple. Mais bien vite, t’es sortie de ta bulle, la voix de ton amie résonnant dans ta tête. Un sourire prend place sur ton visage alors qu’enfin tes yeux se décollent de ton téléphone pour observer la Dunster. « J’ai failli me transformer en glaçon. » que tu lances en rigolant pour la taquiner alors qu’elle vient te faire une bise. « Je te suis chaton. » Tout juste avant d’entrer dans le bâtiment, tu déposes un baiser sur sa joue. Tu la sens tendue, pour une raison qui t’échappe, et tu comptes tout de même tenter de comprendre pourquoi. Mais si au moins tu réussis à lui faire penser à autre chose, ce sera déjà amplement suffisant. Et finalement, vous venez vous installer à une table qui se libérait tout juste. Sans perdre de temps, tu saisis la carte et ton index glisse sur cette dernière pour sélectionner ton premier verre de la soirée. T’as besoin de penser à autre chose, à cause de Lui, à cause de Basile qui te torture l’esprit. T’es pas certaine qu’il s’en rende compte, mais les faits sont là : ça te fait du mal. Sans doute qu’il en serait fier s’il savait à quel point toutes ses petites conneries t’affectent. « J’espère que t’aimes la vodka. Un Cosmopolitan, ça te dit ? » Tu la questionnes indirectement, parce qu’au fond, tu t’en fous : tu fais déjà signe au serveur de venir pour pouvoir commander les deux premiers verres. Deux Cosmopolitan, et elle aura pas d’autre choix que de le descendre. Tu lui lances d’ailleurs un large sourire taquin, avant de reprendre finalement : « Alors, dis-moi tout. J’ai dû rater beaucoup trop de choses, faut que tu me mettes à la page ! Comment tu vas en ce moment ? » Bien sûr, tu poses pas cette question pour rien. T’as senti qu’il y avait quelque chose de louche et t’aimerais comprendre. Parce que si t’es en mesure de l’aider, tu comptes bien le faire qu’importe tes petits tracas.

Mardi 9 janvier 2018 - 21h30
« Désolée. » dis-je machinalement quand elle me disait avoir failli se transformer en glaçon. Pourtant j’étais à l’heure, mais elle devait avoir eu un peu d’avance. Qu’importe, le principal était d’être à deux pour s’amuser un peu, et ne plus penser à rien. Une bise sur ma joue et je souriais. On rentrait toutes les deux, on sentait bien qu’on avait envie toutes les deux de s’amuser rien que de la façon dont on entrait dans le bar, malgré le fait que mon esprit était totalement ailleurs. Mais, je voulais faire bonne figure devant elle, je n’avais pas forcément envie de parler de mes malheurs. C’était une chose qui m’avait beaucoup aidé avec Brent, il voyait les choses toujours de façon positive, il cherchait à aller de l’avant, et on l’avait fait ensemble. Seulement, les nouvelles attaques du maître chanteur, ce sang sur mon lit la veille au matin, mes cheveux qui étaient maintenant trop court pour moi car il avait coupé des mèches dedans. Il s’était introduit chez moi, et ça devenait trop pour que je puisse intérioriser.
Assise l’une à côté de l’autre, on parcourait la carte ensemble. Je n’étais pas une grande fêtarde, alors je connaissais que les basiques. La demoiselle me proposait un Cosmopolitain, et celui-là en faisait partie. « Je ne connais pas, mais je fais confiance en la plus grande des mathers, alors c’est partie ! » m’exclamais-je enjouée. Après tout, rien de telle qu’une mathers pour s’amuser, faire la fête, et passer du bons temps. Puis venait le moment de prendre des nouvelles, je n’avais pas forcément envie de parler du maître chanteur. Je n’en parlerais qu’une seule fois ce soir. « Disons que ce n’est pas que du bonheur. Le Maître Chanteur s’en est pris une fois de plus à moi et mon coloc’, James. Mais heureusement, j’ai mon petit bonheur qui s’appelle Brent avec qui je suis depuis le nouvel an. » terminais-je avec un grand sourire rien qu’en pensant à lui. « Mais ce soir c’est Hakuna Matata, sans aucun souci. » J’avais chantonné la fin de la phrase en rigolant, après tout, pour une DisneyGirl comme moi, les chansons étaient une référence. « Et toi alors ma jolie, comment tu vas ? » J’imaginais que dans le monde des mathers, les sentiments étaient ressentis d’une façon différente, un peu moins fort, moins multipliée.
Le serveur ne trainait pas à nous ramener nos verres, la couleur était jolie, il donnait envie en tout cas. Et même si en temps normal je ne buvais pas forcément, pour ce soir, j’accepterai de me mettre la tête à l’envers. « Je suis sûr que tu nous as prévu un programme pour nous ce soir non ? » rigolais-je. J’imaginais bien que Louve savait comment s’y prendre pour divertir une soirée, surement bien mieux que moi en tout cas.