Ça y était, le jour fixé avec Grace arrivait enfin. Pour l'occasion, Bambi s'était vêtue avec un gros blouson ainsi que des gants, refusant d'attraper la crève ou la grippe pour ses deux derniers mois de grossesse. L'italienne avait prévu un gros bidon de jus d'orange, des mignardises salées et sucrées, afin que personne ne meure de faim. Bien qu'elle ait eu du mal à atteindre le parc de Boston Common en voiture, ce fut un soulagement que d'arriver la première, avec son gros sac plein de vivres. A croire que les Harvard's Lionesses allaient faire un siège pour dominer le monde cette après-midi... ceci dit, ce n'était pas si éloigné de la vérité. En tout cas, la brunette attendait avec impatience que les filles arrivent, afin de pouvoir faire connaissance avec toutes celles qu'elle n'avait pas encore le plaisir de connaître...

Cecilia m’avait parlé de ce groupe de fille qu’elle décidait de rejoindre à Harvard, une équipe féministe pour des actions importantes. Je n’étais pas bien certaine de la portée de chacune des actions, je ne savais pas du tout dans quoi je pouvais bien m’engager, pourtant je suivrais ma colocataire les yeux fermés, et je n’hésitais pas à lui demander un formulaire d’inscription.

Aujourd’hui c’était la première rencontre des filles, je me demandais bien qui pouvait assister à notre réunion. Je crois que Sofia s’était inscrite elle aussi, mais à part les cabots, je restais curieuse de voir les autres. Avec un temps pareil, on risquait de prendre un peu froid, et c’est pour ça que je prévoyais des thermos de chocolat chaud.

J’en préparais quatre Thermos d’un litre, de quoi nous réchauffer un peu pendant qu’on écoutera ce que nous prépare la présidente du groupe. J’avais mis de la cannelle pour relever le goût du chocolat, j’en goûtais une tasse avant de partir pour m’assurer qu’il était au top. Enfilant une chaude robe blanche et des bas en laine noir, je m’assurais de rester belle tout en sécurisant la température de mon corps.

Avec des longs gants en laine assortis aux bas, j’emportais mon sac de sport avec les thermos à l’intérieur jusqu’au parc où je me rendais en taxi. Je cherchais du regard ce groupe de fille qui serait mon occupation de l’après-midi, mais je restais bouche bée en apercevant que Bambi en face de ce point de rendez vous dans le parc. Je m’approchais doucement, avec une pointe de recul dans ma démarche.

- Me dit pas que tu es là pour la même chose que moi ? Je vais allez mettre mon sac à main en sureté.

Lorsqu'Eden avait entendue parler d'un nouveau club. Une équipe féministe réalisant des actions, elle n'avait pas hésité une seconde avant de s'y inscrire. Elle qui cherchait un club intéressant depuis son arrivée ici, elle a fini par trouver. Eden n'est peut-être pas la plus grande féministe de la terre, mais elle a envie d'un monde où les filles sont égales aux hommes. Lorsqu'elle était enfant, elle avait souvent entendue des discours disant que les filles ne pouvaient pas faire telles ou telles choses. Parce qu'elles étaient trop fragiles, ou parce que ce n'était simplement pas fait pour elles. Et cela, elle ne l'avait jamais réellement compris. Aujourd'hui a lieu la première réunion des filles, au parc de Boston Common. Elle s'était bien couverte la demoiselle en sortant de la Eliot House, n'oubliant certainement pas de mettre un bon manteau, gants et bonnet pour ne pas avoir trop froid. Elle avait pris le soin d'acheter des gâteaux, un thermos de café et un autre de thé qu'elle apporta avec elle pour cette première réunion. Arrivée au point de rendez-vous, elle s'approche de deux jeunes femmes qui étaient déjà arrivées. Salut les filles, qu'elle s'écrit en s'approchant, vous êtes là pour la réunion des Harvard's Lionesses, qu'elle demande afin de vérifier si elle était bien avec le bon groupe. Hé, Minna. Qu'elle s'exclame en souriant reconnaissant la demoiselle avec qui elle avait fait équipe lors de la "compétition de ski" lors du week-end à Aspen.

Sans grande surprise, une fois que Bambi vit Minna arriver jusqu'à elle dans ce grand parc couvert de neige, sa réaction lui arracha un éclat de rire. M'est avis que tu aurais même dû venir sans... on ne sait jamais ! fit-elle avec humour, sachant pertinemment qu'entre elles, ce serait probablement toujours à couteaux tirés. Ceci étant, l'italienne n'oubliait pas et n'oublierait jamais toute l'aide apportée par la Cabot alors que la Mather était au plus mal, et ses jumeaux en danger... elle lui devait une fière chandelle, et rien que pour cela, en cette journée de présentation des Harvard's Lionesses, la brunette enterrait bien volontiers la hache de guerre. Mais pour te répondre oui, je suis bien là pour le club de féministes... reprit-elle d'une voix douce avec qu'une seconde demoiselle ne se joigne à elle (Eden) qu'elle accueillit avec un sourire en hochant positivement la tête. Sois la bienvenue ! Je m'appelle Bambi, je suis la vice-présidente du groupe... tu es bien au bon endroit et je suis ravie que tu aies pu venir. On attend encore du monde, mais si vous avez faim ou soif j'ai pris pour un régiment...

un pique nique.. sous la neige.. fallait être complètement tarée pour organiser un évènement pareil en fait. venez bien couverts qu'ils avaient dit. non mais j'aurais pu enfiler 32 combinaisons de ski les unes sur les autres que ça n'aurait pas changé le temps glacial en fait. donc ouais, il faisait juste froid et c'était horrible de devoir supporter un truc pareil. alors ouais, la seule raison pour laquelle je venais était que ce groupe me tenait particulièrement à coeur. parce que pour une fois, j'avais la sensation qu'on allait vraiment pouvoir faire entendre nos voix et pourquoi pas, commencer à changer petit à petit les choses. mais putaaaaaain, personne n'avait eu l'idée de se rejoindre dans un café ? ça aurait été tellement plus agréable de discuter de plan et féminisme autour d'une tasse de chocolat chaud. là, j'étais persuadée que j'allais passer plus de temps à faire en sorte de ne pas perdre mes doigts plutôt qu'autre chose. et en plus, il fallait venir avec quelque chose. ouais bah j'avais opté pour une bouteille de vodka et vu comment je gelais déjà, y avait fort à parier pour que je la garde pour moi histoire de me réchauffer -et finir complètement bourrée probablement-. bref, y avait trois filles déjà ensemble et j'supposais que c'était ça. "dites moi, qui a eu l'idée fabuleuse d'organiser ça ici ?" et sentez l'ironie dans ma voix là.

Après les répercussions désastreuses qu'a eu ma participation à la radio que j'avais rejoint en début d'année, j'ai décidé de m'inscrire à un tout nouveau club qui m'inspire pas mal : les Harvard's Lionesses. S'il y a bien une chose que j'ai appris de ma mère, c'est qu'une femme doit toujours être indépendante des hommes et malheureusement, de nos jours, les femmes restent bien inférieurs à ceux-ci et il est temps que ça change. J'ai été surprise de savoir que nous avions rendez-vous dans un parc : il fait tellement froid cet hiver ici que je ne comprends pas comment on va réussir à rester plus de dix minutes dehors. Vêtue d'un gros manteau, d'une écharpe, de gants et d'un gros bonnet, j'arrive au lieu de rendez-vous où attendent déjà quelques filles. « Qui a eu la mauvaise idée de faire notre première réunion dehors ? », que je demande en riant aux filles alors que je me frotte les mains.