La musique m’envoûte, c'est toujours plus fort que tout. L'ambiance étouffante, le bruit assourdissant. La chanson de mes talons qui me plaît tant habituellement, est effacée par ce vacarme. Mais ça me fait du bien. Ça efface un peu mes idées. Ce soir, j'suis assez contente de travailler. J'ai besoin de changer d'air, d'éviter d'avoir de penser à cette histoire. Ash va bien, pour le moment. Mais à chaque moment de la journée, je me demande ce qu'il se passe pour elle, si elle n'a pas été enlevée, si son appartement n'a pas été vandalisé. Je suis toujours plus ou moi en panique. Je regarde mon portable plusieurs fois dans la soirée, entre deux danses, au milieu des commandes. Et puis, il y a Marzia. Cette fille, j'sais pas ce qu'elle me veut. Elle a vu ce que j'avais fait dans le cimetière cette nuit là, mais elle prend contact avec moi. Ça a mal commencé. Parce que j'ai pas l'habitude qu'on s'occupe de savoir si je vais bien ou pas. Alors j'ai pas compris. Qu'est ce qu'elle me veut cette nana ? J'suis plutôt brute, j'l'ai même insultée. C'était pas le moment, c'était pas la bonne soirée pour apprendre à m'connaitre. Et elle aurait pu s'barrer et ne même pas répondre. Mais elle a continué, alors j'devais m'excuser, et l'inviter à boire un verre ce soir. Le taf ne m'en empêchera pas, j'essayerai de prendre une pause. La comprendre, la déchiffrer, c'est mon objectif de la soirée. Que cache ces yeux de biche ? J'me méfie toujours des jolies filles, ce sont souvent les plus manipulatrices et celles qui cachent les plus gros secrets. Une main se pose sur mon épaule. Oui je sais. Je monte sur l'estrade avec l'aide de mon collègue. Un bon quart d'heure de danse m'attend. Et alors que je me sens emportée par la musique, mes pupilles se posent sur elle. Putain, elle est solaire cette fille. J'essaye de me reconcentrer, mais j'crois qu'à ce moment présent, je ne danse plus que pour elle.

@Marzia S-Prada

T'es le genre de fille qu'on remarque, tu sais. Je t'ai déjà vu trainer dans les couloirs, avec l'une de mes amies d'ailleurs. C'est pour ça que, lorsque je t'ai croisé dans le cimetière, enduit de peinture... Je n'ai pas su garder le silence. À l'aide de ma pote, j'ai pu trouver ton numéro de téléphone et échanger quelques textos avec toi. Je ne sais pas par quel miracle, mais j'ai réussi à te faire croire que j'étais une bonne personne... C'est pas trop le cas. Enfin je ne suis pas non-plus la pire mais ce serait mentir de dire que je suis le genre de meuf à envoyer des textos comme ça à ses amis pour s'assurer qu'ils vont bien. Je suis plutôt égocentrique dans le genre, tout doit tourner autour de moi. Même Dina pète des câbles parfois, me menace de changer de meilleure amie parce que je ne réagis pas à ses petites crises de princesses. J'suis pas influençable. Bref - on s'est donnée rendez-vous à ton travail, j'sais pas exactement c'est quoi le poste que tu occupes au People's Republik mais je ne vais pas tarder à l'apprendre. Vêtue de seulement une petite robe blanche, je rayonne sous les black-light de la soirée. Mes yeux te cherchent à travers la foule, puis finalement tombent sur toi. Tu me regardes, Echo, tu danses sur l'estrade et mes yeux te transpercent. Un petit sourire apparait sur mes lèvres et j'arque un sourcil. T'es délicieuse, quand tu bouges comme ça. Mais il en faudra plus pour m'impressionner... et bien plus pour te faire pardonner d'avoir été vache gratuitement avec moi. Je croise les bras, attend que tu finisses ton numéro pour réclamer mon due.

J'danse jusqu'à la dernière minute. J'aurais voulu que tu viennes avec moi, que tes doigts frôlent ma peau, me tiennent les hanches jusqu'à brûler le tissu qui séparent nos peaux. J'essaye de faire fuir toutes ses idées un peu trop chaudes pour le moment. Je fuis ton regard ou je le transperce. C'est toujours noir ou blanc, jamais gris. Il n'y a plus que toi et moi dans la pièce, et je te déshabille forcément plus du regard que tous les autres. Cette robe blanche te va à merveille, et le jeu de transparence est exquis. Une main sur ma cheville et je saute dans les bras de mon collègue qui me récupère sans grande difficulté. J'suis petite pour son mètre 98, et j'suis toujours contente de le trouver pendant les embrouilles. J'avance vers la blonde et lui attrape la main pour l’entraîner vers le bar. La laisse devant alors que je monte dessus pour passer derrière. Me retourne, les coudes posés sur le bois propre, la tête posée dans la paume des mains. « Qu'est ce qui vous ferez plaisir mademoiselle ? » Le dernier mot, en français, prononcé avec une articulation poussée et un sourire naissant. T'es belle et tu l'sais, tu peux pas l'nier. C'est compliqué de résister. J'pourrais essayer de me faire pardonner autrement qu'avec un verre, mais voilà... j'te sens fugace et volage, avec cette pointe de feu dans les yeux, et j'sais pas si tu ne m'en mettrais pas une si je t'attirai vers la réserve...

@Marzia S-Prada