C’était presque inespéré, mais me retrouver à cette table avec Alison, j’avais vécu cette situation si souvent dans mes rêves que j’avais du mal à me persuadé que c’était pour de vrai cette fois. Il fallait vraiment qu’elle sache ce que je ressentais, si pour moi ça avait toujours été clair, je ne m’étais pas aperçu de mon manque de transparence envers elle.

- Bien sur que je le suis.

Je n’avais jamais été aussi sincère, je n’aurais pas d’autre chance pour lui dire combien elle m’avait manqué, alors je laissais sortir ce qui était resté enfoui depuis trop longtemps dans mon cœur. Le regard d’Alison venait de changer, j’apercevais comme un pincement d’espoir, comme une lueur à peine perceptible, mais qui me réchauffait déjà le cœur.

Il était temps que je pense à moi, j’étais avec la seule fille que je n’ai jamais aimée, et je ferais ce qu’il faut pour qu’elle me pardonne. Son sourire me faisait défaillir, et une moue douce apparaissait sur mes lèvres pendant que je la contemplais dubitative autour de son gobelet qui se vidait. Sur ses dernières paroles, je tendais les mains sur la table, en venant chercher les deux d’Alison.

- Je te laisserai du temps.

Mes doigts venaient chercher ceux de ma voisine, mes yeux ne quittaient plus les siens, et sans parler, je restais à couver ses magnifiques yeux d’un bleu limpide mes paumes contre les siennes. Je priais pour que le temps s’arrête, et que cet instant reste gravé pour toujours dans mon cœur qui se desserrait doucement en pensant à elle.

- Alison …

Je ne pouvais que prononcer son prénom dans un soupir lascif. Je savais je ne pourrais pas forcer les portes de son cœur, ni de son pardon. Alors c’était avec un douloureux courage que je venais relâcher ses mains lentement. Chaque centimètre qui nous séparait restait comme un couteau qui s’enfonçait avec autant de centimètre dans ma poitrine.

En me remettant debout, j’avais besoin d’au moins autant de courage pour tenir sur mes jambes. Il fallait que je lui laisse du temps, et pourtant c’était de nouvelles secondes, heures, jours sans elles qui me lacéreraient un peu plus à chaque instant passé sans elle. M’approchant de mon amie, je la regardais encore avant de venir enfouir mon visage contre le sommet de son crane.

- Merci de m’avoir écouté.

Je retenais mes larmes, mais quelques impertinentes réussirent à fuiter le long des beaux cheveux d’ors d’Alison. Je caressais ses cheveux du bout de mon nez avant de laisser glisser mes lèvres sur son front chaud où je déposais un baiser plein de tendresse. Mes paupières se refermaient quelques seconde avant que je lance dans un soupir.

- Prends soin de toi.