Depuis quelques jours on pouvait sentir l’air se rafraîchir, la pénombre envahir ces matins qui d’habitudes resplendissent déjà d’une lueur éclatante. L’hivers avait bien des visages tristes et morose, pourtant à chacun de mes réveils, je passais à côté de la chambre de Charlie, j’entrouvrais sa porte pour la regarder dormir encore un peu, et je souriais.

Aujourd’hui je crois qu’on pouvait dire que ma sœur était redevenue maitre de ses actes, son corps, ses décisions, quand je posais mes yeux sur elle, j’étais tellement fier et heureux. Je ne regrette pas d’être resté m’occuper d’elle, même si en réalité, Alison me manquait de plus en plus.

Le week end j’avais l’habitude de laisser ma jumelle flemmarder un peu, mais aujourd’hui j’avais prévu un autre programme, je voulais l’emmener dehors, malgré ses poumons fragiles, j’appréciais de pouvoir passer du temps avec elle à l’extérieur, et puis on avait pris nos précautions maintenant, je sais comment m’occuper d’elle.

M’attelant doucement à la cuisine, je préparais quelques pan cakes, juste comme Charlie les aime. Je lui servais un jus fraichement sorti du réfrigérateur et posait mon verre à côté du sien ainsi que deux tasses de cafés sur un plateaux adapté pour la situation. Ça sentait déjà tellement bon que j’étais tout content en entrant dans la chambre de la dormeuse.

Je posais le plateau sur une table de chevet, celle qui n’était pas encombrée avec le téléphone de ma sœur. Me rapprochant doucement, je venais lui caresser la joue avec un doigt pour essayer de la tirer de ce sommeil qui avait l’air plus profond que d’habitude. J’appréciais la voir si paisible, elle méritait après tout ça un peu de quiétude.

- Charliiiie !!

Venant déposer un baiser sur sa joue, je venais me glisser à côté d’elle sous les couvertures, c’est vrai qu’on y était bien au chaud. Le plateau déjeuner juste à côté de moi, de l’autre ma jumelle, il ne manquait rien pour commencer une journée comme je les aimes. Avec une main sous la couverture je venais doucement la chatouiller où je savais qu’elle était sensible pour la réveiller un peu plus.

- C’est l’heure du petit déjeuné !

J'avais passé une nuit affreuse. A me tourner et me retourner au fil des heures, ne parvenant pas à m'enlever de la tête la vision de ma meilleure amie dans son lit d'hôpital. La simple idée qu'elle ne puisse jamais sortir de son coma me terrorisait. J'étais.. terriblement inquiète. A tel point que j'avais bravé mon dégoût de l'hôpital pour venir la veiller autant que je pouvais. Voir Hades et Abélard dans cet état me rendait malade.. et tout ça faisait que j'avais littéralement le moral dans les chaussettes. Dans un demi-sommeil, je sentis vaguement les doigts de Cael caresser ma joue, et j'enfouissais un peu plus ma tête dans l'oreiller. C'était déjà l'heure de se lever ? Je le sentais venir sous la couette et alors que je commençai à émerger, je venais me blottir contre lui en gardant les yeux clos, rassurée de sentir son parfum familier. Puis soudain, je sentis ses doigts me chatouiller là, aux hanches, exactement là où je craignais le plus. - Noon pas là ! dis-je mi-grommelant, mi-souriant, tout en bougeant vivement pour lui échapper. Je finissais alors par me redresser, lui faisant une grimace peu convaincante, avant de découvrir le plateau de petit dej qu'il avait fait. - Oh, t'es le meilleur dis-je en venant le prendre dans mes bras. Puis je me décalais pour lui faire de la place, frottant mes yeux marqués. J'attrapais immédiatement mon téléphone, ayant l'espoir au fond d'avoir une bonne nouvelle concernant l'état d'Agathe.. mais je n'avais aucun message. Je reposais alors mon téléphone, attrapant l'un des verres de jus d'orange. - Je t'ai pas entendu rentrer hier soir, ta garde a été longue ?

HJ: c'est parfait :)

J’appréciais de pouvoir encore faire sourire ma sœur, même si c’était par le truchement d’une chatouille, je n’hésitais pas à continuer pour voir encore son sourire. J’avais encore l’image de Charlie en larme à l’hôpital, et il fallait que j’arrive à lui changer les idées. L’idée du petit déjeuné me paraissait une bonne alternative pour commencer.

Quand elle venait me serrer dans ses bras, j’en profitais pour me serrer un peu contre elle, j’adorais ces moments qui n’appartenaient qu’à nous. C’était comme si rien autour n’avais d’importance, comme si on pouvait rester comme ça pour l’éternité. Charlie se reculait doucement en avec une mine un peu plus réveillée quand je commençais à poser le plateau sur les draps .

- Elle va bien, on aurait déjà eu des nouvelles dans le cas contraire.

Je savais qu’elle était en train de regarder si elle avait des nouvelles de son amie, et même sans parler je comprenais à sa mine déçue qu’elle n’ait pas encore reçu de message. Quoi qu’il arrive je préférais imager que la famille De Belgique voulait rester entre eux, tout comme je crois que j’avais besoin de passer un peu de temps avec ma sœur.

- Je n’ai pas voulu te réveiller en rentrant, je t’entends chaque nuit te battre avec Morphée pour quelques heures de sommeils.

En rentrant pas trop tard, j’avais pour habitude de passer dans sa chambre, l’embrasser sur la joue pour lui souhaiter bonne nuit, mais avec les évènements récents, j’essayais de ménager chaque seconde que Charlie pouvait avoir de repos. Lui accordant un sourire affectueux, je sortais son jus d’orange du plateau pour le lui tendre.

Elle savait que je serais toujours là pour elle, du moins je l’espérais. J’avais mis ma vie sur pause il y a trois ans quand elle avait eu ses problèmes de drogues, mais chaque fois que j’avais besoin d’elle, Charlie restait à mes côtés elle aussi. Mes yeux restaient sur elle, comme si chacun de ses battements de cil pouvaient captiver mon regard au possible.

- Il faut que tu manges un peu, après on ira se promener tous les deux, tu as besoin de te changer un peu les idées.

- Elle va bien, on aurait déjà eu des nouvelles dans le cas contraire. Je levais mon regard vers lui, pas vraiment étonnée de voir qu'il n'avait pas mis bien longtemps pour comprendre ce qui me tracassait. Je savais qu'il avait raison, pourtant, je ne parvenais pas à chasser cette peur qui me tordait l'estomac. Elle n'allait peut-être pas plus mal, mais elle n'allait pas mieux non plus. Et tant qu'elle resterait dans le coma, elle ne pouvait pas aller bien c'est clair.. Je soupirai légèrement en reposant mon téléphone, essayant de chasser les pensées négatives de mon esprit pour me concentrer sur le super petit déjeuner que Cael avait préparé. Et j'en profitais pour lui demander si il était rentré tard de sa garde à l'hôpital, puisque que je ne l'avais pas entendu rentrer. - Je n’ai pas voulu te réveiller en rentrant, je t’entends chaque nuit te battre avec Morphée pour quelques heures de sommeils. Je fis un léger sourire en écoutant mon frère parler. Il avait toujours très bien parlé - l'éducation des Weaver sans doute - et inutile de préciser combien cela me faisait craquer à chaque fois. - C'est.. compliqué en ce moment dis-je en passant ma main dans mes cheveux. Et je savais que je n'avais pas besoin de fournir davantage d'explications. - Merci ajoutai-je en souriant en attrapant le verre de jus d'orange qu'il me tendait, croisant mes jambes en tailleur sous la couette. J'acquiesçai doucement à ses mots, n'attendant pas pour attraper un pancake. La gourmandise allait me tuer un jour. - Mmmh mon dieu c'est trop bon dis-je en fermant les yeux un instant de béatitude. - Des étudiants en avaient fait l'autre fois à la Dunster. Cette confrérie est juste au top, je suis tellement contente d'avoir écouté Pluton et de l'avoir rejoint ! On est comme une famille dis-je, emballée. Et puis ma bizutrice est super sympa, Capucine tu la connais ? Elle est adorable dis-je tout en lui faisant passer l'assiette de pancake.

Spoiler:

Charlie ne dormait pas assez en ce moment, je voyais bien son visage se décomposer à chaque fois qu’elle pensait à son amie, et ce matin encore j’étais à mon tour terriblement frustré de lire cette mine rabougrie chez ma jumelle. Si j’appréciais vraiment Agathe, je me souciais plus de l’état de ma sœur que de celui de la comateuse.

Est-ce que c’était mal de ne réserver ma compassion pour celle qui avait partagé le même placenta que moi ? Je ne pourrais jamais penser à quelqu’un d’autre tant que Charlie ne retrouvera pas un semblant de sourire. Le déjeuner comportait tout ce que ma sœur aimait, et sans m’étendre trop sur le manque de nouvelle des de Belgique je voulais aérer un peu l’esprit de ma blondinette adorée.

Quand elle commençait à ouvrir un peu plus les yeux, j’appréciais la voir retrouver doucement ses esprits après que je la chamaille un peu. Elle commençait à taper dans le plateau garni que je lui avais préparé, je savais exactement ce qu’elle préférait. La voir s’exalter en mangeant un pancake c’était juste magique.

- Bon appétit !

Un reste de notre enfance en France, j’avais gardé un petit accent frenchie dans certaine situation et le déjeuner c’était un de mes plus beau souvenir. Je revoyais ma sœur si petite, et déjà pétillante de gourmandise. Je prenais un pancake pour en mangeant un avant qu’elle ne finisse tout le plateau en l’écoutant parler de sa confrérie.

- Une famille ? Hey, je croyais que c’était moi ta famille !

J’adorais l’idée qu’elle ait trouvé une maison qui lui correspond, si ça pouvait lui permettre de s’émanciper, de devenir plus indépendante c’était une bonne chose, même si je devais avouer que j’avais terriblement de mal à la laissé s’envoler sans moi. Je me retournais sur elle en la dévisageant avec mes petits yeux de chat triste, titillant sa joue avec mon doigt pour effacer une larme de sirop d’érable qui pendait le long de ses lèvres.

- Tu seras ma sœur rien qu'à moi, à tout jamais !

En lui offrant mon plus beau sourire, je continuais de la regarder avec des yeux qui transpiraient tout l’amour que j’avais pour ma jumelle. Il y a des regards qui sont tellement plus lourds de sens que des mots, je savais quand je croisais le sien que rien n’était plus fort que ce lien qui nous unissait tout les deux. En passant mes bras autour de ses épaules, je venais doucement blottir sa tête dans mon cou pour la caler avec la mienne dans un câlin qui nous ferait du bien à tout les deux.

Je n’ai pas les mots pour la réconforté, je n’ai jamais été doué côté sentiment, mais quand elle est dans mes bras, j’ose penser que Charlie arrive à oublier un instant sa peine, ses doutes et ses craintes concernant l’hospitalisation de son amie. Je venais déposer un baiser sur la tempe de la blonde en la gardant encore un peu contre moi.

- Tu devrais t’habiller, on va sortir tout les deux, je pense que ça te fera du bien de penser à autre chose.

Je vantais les mérites de la Dunster et en même temps, ce n'était pas pour rien que je souhaitais rejoindre cette confrérie. J'admirais leur valeurs, ainsi que leur réputation sur le campus. - J'espère qu'ils m'accepteront parmi eux une fois que le bizutage sera terminé, on verra. T'aurais dû venir avec moi. "Les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais" ajoutai-je, l'air malicieuse. - L'ambiance est top là bas, les soirées aussi et puis, chaque profil est différent et hyper intéressant. je suis sûre que ça va me pousser à donner le meilleur de moi même Je savais qu'il était difficile de rejoindre les confréries du campus, tant elles étaient séllect, mais j'espèrais bientôt être une des leurs. Et évidemment, ce beau discours titilla mon frère. Je riais légèrement en le voyant faire son jaloux, avant de pousser un léger cri lorsqu'il me monta à moitié dessus ah ah. Cael, certainement le meilleur remède à ma morosité. Je fis une petite moue en voyant son visage adorable, le laissant faire lorsqu'il essuyait le sirop d'érable au coin de ma bouche. - A tout jamais répétai-je doucement, captant son regard. Je savais que je pouvais compter sur lui, il était la personne qui m'était la plus proche.. et celle qui me comprenait le mieux. Je me blottissais contre lui lorsqu'il se rapprocha, fermant les yeux en soupirant un instant. Aller, les choses finiraient par aller mieux pour Agathe. Il fallait que j'y crois. - Oui, bonne idée dis-je en baillant légèrement, m'extirpant des draps pour me diriger vers la salle de bain. - On va où ? demandai-je en haussant le ton pour qu'il puisse m'entendre de là où j'étais.

Lorsqu’elle me parlait de sa future maison Dunster, je lui avouais combien j’étais un frère possessif et jaloux, mais ça elle le savait déjà. Pourtant j’adorais l’idée qu’elle y ait trouvé une place où elle se sentait sereine et épanouie.

- Je pense pas que j’aurais pu venir, j’aurais été jaloux de toute cette attention autour de toi.

Je savais combien ma sœur aimait être le centre de l’attention, et si elle me laissait la couver plus que je ne devais le mérité, j’avais su accepter qu’elle ait quand même besoin de voler de ses propres ailes. La laissé entrer dans cette confrérie c’était une façon de prouver ma confiance, même si j’avais énormément de mal à lâcher la bride.

- Il y a certaine folie que je ne voudrais pas voir revenir à la surface.

Si Charlie avait pu surmonter son addiction il y a plusieurs années, la plaie de ses mauvais choix qui avait pu déchirer notre vie était restée ouverte. La vision de ma sœur dans cet état hantait encore certaine de mes nuits et jamais je ne la laisserais retomber dans ces travers.

Depuis ces années j’essayais de ne pas reporter la faute sur ma sœur, je savais que c’était entièrement la mienne. Si j’avais été plus à l’écoute j’aurais su l’empêcher de faire ça. Aujourd’hui je n’avais pas envie d’en reparler, mais encore moins envie qu’elle ne prenne ce genre de folie à la légère.

- Je suis content que tu t’y amuses. J’aime voir ma sœur chérie avec le sourire, oui, ce sourire-là !

Venant taquiner une de ses fossettes du doigt, je l’obligeais à sourire malgré sa journée difficile. Je sais que Charlie est un peu insouciante parfois, et c’est pour ça que je resterai toujours là pour elle. Je lui expliquais que je resterais sa famille à jamais en la serrant contre moi comme je sais si bien le faire.

La vérité c’est que c’est moi qui serait perdu sans ma sœur, elle est tout ce que j’ai et jamais je ne pourrais lui faire comprendre combien je tiens à elle. Laissant cette dernière sortir du lit pour allez s’habiller, je n’avais qu’une seule hâte c’était qu’on se retrouve pour notre sortie rien qu’à nous où j’arriverais à lui changer vraiment les idées.

- C’est une surprise ! Tu as juste à te faire belle comme tu en as l’habitude. Mais couvre toi un peu, c’est à l’extérieur.

Charlie était toujours la plus belle, quel que soit les circonstances, alors je la laissais s’apprêter en imaginant ses yeux quand elle découvrirait ses animaux qu’elle aime depuis qu’on est petit. Je rapatriais les restes du déjeuner sur le plateau en bordant le lit de ma sœur comme il faut pendant qu’elle se préparait pour sortir.

- Ne t’inquiète pas, je sais que ça te plaira.

Je prenais une douche rapide en essayant de ne pas trop me laisser emporter par mes pensées négatives concernant Agathe, me concentrant davantage sur les paroles de Cael. Essayant aussi de me convaincre que tout allait rentrer dans l'ordre, et que j'allais bientôt retrouver ma meilleure amie. J'ignorais tout de l'endroit où il comptait m'emmener, et en même temps, c'était son truc à lui, les surprises. Il était le meilleur avec Chaol pour me changer les idées et me faire sourire. Une fois douchée, habillée et apprêtée, je venais le rejoindre dans ma chambre, découvrant mon lit bien fait et bien bordé. Ça aussi, c'était du Cael tout craché. Parfois, on pouvait le confondre avec ma mère dans sa façon de me couver. - Prête à changer d'air dis-je avec un clin d'oeil, attrapant mon rouge à lèvre sur ma coiffeuse pour m'en appliquer un peu. Ma grosse écharpe enroulée autour de mon cou et emmitouflée dans mon manteau, je suivais Cael jusqu'à l'entrée de la suite, me demandant où est-ce qu'il allait m'emmener.

En laissant Charlie terminer de se préparer, j’imaginais déjà ses yeux pétillants quand on arriverait devant l’enclos de ses animaux préférés. Sans lui dire où on allait, je laissait l’esprit de ma sœur vagabondé en espérant que ça l’aiderait à ne plus penser à sa meilleure amie qui ne pourrait pas profiter de si tôt d’une balade en plein air.

- T’es parfaite !

Avec mon index je taquinais le nez de ma jumelle quand elle sortait de la salle de bain, juste pour la faire sourire avant qu’on quite finalement la pièce pour commencer notre journée en plein air. J’attrapais une veste pour faire face à la fraicheur d’une journée d’hivers sans m’inquiéter d’avantage du froid.

Il faisait un temps assez doux pour la saison et si ma sœur avait trop froid, je la couvrirais avec une veste en plus, la mienne. En arrivant sur le parking, je décidais de prendre ma voiture pour garder la surprise jusqu’au bout, je faisais monter Charlie à côté de moi en lui demandant de bien s’attacher avant qu’on prenne la route.

- Tiens, c’est ta chanson ça.

Je montais le volume de la radio parce que je savais parfaitement que sur le CD qu’elle aimait tant, c’était la chanson préférée de ma sœur. J’avais entendu Charlie la chanter si souvent que je pourrais la chanter avec elle, mais je préférais l’écouter elle sans avoir à massacrer la chanson avec ma voix pas toujours musicalement juste.

Le zoo de la ville n’était pas très loin, il avait suffi de deux chansons avant qu’on arrive et que je gare la voiture sur le parking. J’observais la réaction de ma jumelle quand elle découvrait l’endroit où je l’avais emmené. J’espérais que même dans son état elle saurait apprécié la compagnie d’aux être vivants qui lui rappellerait combien ce monde est tout petit.

- On est arrivé.