Les nuits étaient courtes et les cernes paressant sous le clair de ses yeux en témoignait. La Sophistiquée avait troqué sa classe habituelle pour des tenues plus naturelles ces temps derniers. Les mèches de jais négligemment relevées en chignon floue, les prunelles délavées ornées de lunettes qu'elle avait échangé contre les lentilles invisibles, un jean et un pull cintré, mais jamais ô grand jamais sans ses escarpins, Deirdre pouvait se targuer d'être ce genre de femme à préserver quoi qu'il arrive une sorte de classe naturelle. Peu lui importait finalement son apparence, là où pendant des années, elle avait entretenu son règne d'artifices, la priorité était de maintenir ses bons résultats et d'étudier suffisamment. Maintenant plus que jamais, la Solitaire ne perdait pas de vue son objectif, monter sa firme restait sa seule ambition, la seule qui vaille la peine. Le professeur commença ainsi le premier cours de la matinée, qu'elle partageait avec les étudiants en médecine, pour son plus grand désarroi. Rien de pire que ces faux humanistes qui prônaient une apparente volonté curative de l'autre pour pouvoir mieux en étudier les morceaux. Un Grand Blond arrive suffisamment en retard pour devoir chercher une place, le Professeur l'invite alors à s'asseoir au premier rang, à la seule place vacante, à côté d'elle, comme par hasard. Ses lèvres soupirent et les billes agacées se lèvent vers le plafond, ne manquait plus que ce... mauvais garçon ? A côté d'elle, super... Un boulet de plus. Voilà qu'ils vont d'ailleurs devoir faire équipe pour un travail sur plusieurs semaines. Plutôt mourir que de se taper Hyde Black en continu, parce que oui l'un et l'autre connaissaient leurs noms, et c'était sans doute pas parce qu'ils l'estimaient. « Je te préviens, tu as intérêt à bosser, je refuse d'échouer par ta faute. » lance les lèvres acerbes alors que son visage et son verbiage lui envoient tout le mépris dont elle est capable.

Les examens approchent à grands pas et ce n’est pas de tout repos. Les travaux s’accumulent, formant une pile géante ayant l’air d’une montagne insurmontable. La procrastination n’est pas mon dada, mais je tiens à remplir mes obligations auprès des Wild Indians. Je ne dois pas perdre de vue la raison pour laquelle je suis retourné sur les bancs d’école : eux, ma famille. Ils sont tout ce que j’ai. Je ne supporterais pas de regarder un autre membre mourir sans savoir ce que j’aurais pu faire pour le sauver. Tout comme je détesterais être mis à l’écart parce que je dois étudier. Du coup, je fais les deux et ça me coûte quelques heures de sommeil par semaine. Résultat? Je me suis réveillé en retard, ce matin. C’est comme ça que je me suis retrouvé à côté de toi… la parfaite petite Eliot et ce ton condescendant que t’adores utiliser. Ce n’est pas comme si je l’avais voulu, hein. Je n’ai pas eu le choix, c’est tout. Puis, j’ai bien l’impression que cette situation ne t’enchante pas plus que moi. Je ne t’accorde même pas un coup d’œil. Tâchons de rendre cela le moins désagréable possible, veux-tu? J’suis pas d’humeur à supporter ton caractère de merde. Puis, le Professeur parle d’un travail d’équipe et… ouais… on va devoir travailler ensemble. « Je te préviens, tu as intérêt à bosser, je refuse d’échouer par ta faute. » Suuuuper. T’as le don de m’énerver, Deirdre. Bien sûr, si jamais on échoue ce sera automatiquement de ma faute. Le méchant garçon ne prend pas ses études au sérieux. Je soupire et affiche un de ces sourires arrogants dont j’ai le secret. « Moi aussi j’suis content qu’on travaille ensemble. » Mon regard croise le tien et je le soutiens en guise de défi.  « J’pourrais nous faire échouer juste pour t’emmerder. » Je hausse les épaules. Tu sais rien de moi.

HJ: Sorry pour l'attenteee! J'étais en absence!

Elle le déteste. Lui et ses cheveux trop blonds, ses yeux trop clairs, sa gueule de petit angelot rebelle parfaite. Va te faire foutre Black, lance ses yeux métalliques en mitraille comme réponse muette à la provocation qu'il lance. « Tu ne peux être que content, je suis bien meilleure que toi. » Ce qui n'est pas ton cas. Ses dents viennent marteler un peu le charnu de ses lèvres pour réprimer une amorce de sourire qui s'empare d'elle. C'est nerveux, se dit-elle. Il ne peut en être autrement. Ce mec va s'amuser avec elle, parce qu'elle a un enjeu et lui aucun. C'est pas possible qu'un je-m'en-foutiste- comme lui trouve un quelconque enjeu à ses études. Harvard a du l'accepter pour sa politique de quotas, c'est la seule explication de sa présence, de ce qu'elle juge être un nivellement par le bas. « T'es vraiment qu'un stupide gamin. Si t'as du temps à perdre tant mieux pour toi, ce n'est pas mon cas. » Elle ouvre machinalement les pages de son bouquin pour chercher des infos sur le devoir. Elle bosserait toute seule si il le fallait mais elle n'avait pas envie de lui faire ce cadeau en même temps. « File-moi ton mail et je t'enverrai un premier jet. Que ça te plaise ou non, je rendrai quelque chose de toute façon. » Et il récoltera tous les lauriers, c'est comme ça qu'il est arrivé jusque là, c'est sûr, il profite des jeunes demoiselles , leur sort un numéro ou de charme ou bien fait semblant de travailler et il passe la matière. Elle a gagné le gros lot, c'est super.