"Ah mais oui! Les chips." J’esquisse un sourire contrit en attendant que tu reprennes complètement tes esprits. C’est bon de voir que la perte de mémoire semble remonter à peu près au même moment pour nous deux. Après, j’sais pas ce qu’il en est des autres, faudrait que je parle avec eux. "Euh ok mais... On est où là exactement?" Je suis ton regard et fait rapidement le tour de la pièce. Certain dorment encore, d’autre non. J’reconnais un peu plus loin la jumelle de Suzy, Carter et aussi sa meilleure amie, Louison. Du reste, je ne connais personne. Eh merde, elle est pas enceinte d’ailleurs Louison? Faudra que j’aille voir comment elle va. Mais d’abord, toi. "Wow mais c'est quoi ce délire..?" Je secoue négativement la tête et m’assoit à côté de toi sur le lit franchement dégueulasse où t’étais allongé –le miens n’était pas vraiment mieux, qu’on se le dise. « J’sais pas, j’comprends pas non plus… Apparemment, on est enfermé et on nous a tout prit. Aucun moyen de contacter l’extérieur.. » Je pose ma main sur la tienne, pour ton réconfort ou le miens, j’saurais pas dire en fait.

@Sacha C. Angharad

La situation était hautement critique mais depuis que tu avais croisé cet énergumène à la chevelure de feu, tu commençais enfin à respirer à un rythme acceptable. Son approche te perturbait légèrement tout de même, rien de déplaisant non plus. C’était juste… déroutant. Personne ne t'avait parlé avec tant d'ambiguïté, c'était de la drague ou quoi ? Non, impossible. Louison Chamberlain n'attirait que très peu de monde ou alors il te fallait travailler au corps pour qu'on puisse s'intéresser à toi. Bref, après vous être rendus en catimini aux ressources fournies par vos « agresseurs » tu t’étais empressée de finir une bouteille d’eau sous l’oeil malicieux de ton nouveau complice. Puis, tu t’étais emparée de son poignet pour le supplier de t’aider à sortir de ce pétrin. Tu ne savais pas encore pourquoi la connexion de tes neurones t’avait fait réagir aussi follement mais c’était trop tard, Alistair avait fait les frais de ton angoisse. Néanmoins, il n'avait pas fui ni crié, c'était bon signe, trop bon signe « T’as raison, on aurait vraiment dû se rencontrer avant. » lui lanças-tu pendant qu’il dévalisait les étagères pour gonfler ton tee-shirt de provisions. D’où il sortait ce type ? Pourquoi tu ne l’avais jamais croisé auparavant à la Mather House ? Quelque chose te faisait dire que vous étiez faits pour vous entendre. Il avait l’air aussi vif et déjanté que toi. Une fois chargés à bloc, tu avais suivi les indications du jeune homme en le suivant jusqu’à sa paillasse. Tu t’y étais alors affalée en même temps que lui tout en déposant tes courses entre le matelas et le mur, histoire de ne pas vous faire repérer après votre descente. Très vite tu t’étais ruée sur une barre chocolatée, bah ouais l’enlèvement ça crevait et le fait d’être enceinte aussi. « T’es à Harvard depuis longtemps ? » lui demandas-tu tout en mangeant, la bouche pleine « J’imagine qu’on a tout le temps pour se découvrir… Enfin, je comprendrais que tu n’aies pas envie de parler avec moi, je suis un peu hystérique sur les bords, t’as déjà pu le voir d’ailleurs » lui confias-tu en léchant ton pouce plein de chocolat « Hmm…Ça te dit qu’on se pose tour à tour une question ? Complètement au pif hein et on ment pas ! Tu peux même commencer s'tu veux ! » lui proposas-tu en fronçant tes sourcils et ton petit nez pour le dissuader de te tromper.   

J'émergeais peu à peu et je restais allongée sur mon matelas, calmement. Il ne fallait pas que je cède à la panique, mais plutôt que j'essaie de retrouver la mémoire. Il y avait le bal de Thanksgiving et Noah. J'étais accompagnée de Noah. Je me souviens que nous avons bu, je crois que... En fait, je n'arrive pas à me souvenir davantage. Il y avait Noah et là, autour de moi, alors que je me trouvais sur ce matelas inconfortable, je ne reconnaissais personne. Au vu de leurs vêtements, ils venaient tous de la même soirée que moi et à ce que je comprenais, nous étions bloqués ici avec aucun moyen de communiquer. Des vacances de rêve. Le pire dans tout ça ? C'est ce mal de ventre que j'avais, parce que, pour parfaire le tout, j'étais dans la plus mauvaise des périodes pour me faire kidnapper. Alors, dans un grand silence et d'un ton morose, sans même me redresser pour voir la tête des gens, je faisais la demande la plus gênante de ma vie : « L'une de vous aurait-elle miraculeusement un tampon sur elle ? ». Que ma vie de merde commence !

@Louison Chamberlain @Sacha C. Angharad @Victoria Nott @Carter E. Marriott-W. @Lily Penelope Underwood @N. Hippolyte Dunford @Louve Perol @Florence M. Castelli

Je reconnais que je suis légèrement en train de commencer à paniquer. Légèrement, hein, parce que ce n'est pas le moment de devenir hystérique devant tout un tas de gens que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam. Cependant, une voix me sort de ma spiral anxieuse et les mots qu'elle prononce me font faire un pause. Manquait plus que ça. Je lève les yeux au ciel parce que vraiment, on est à l'Université tout de même. A son âge, elle pourrait apprendre à se débrouiller. "Attend," je lui dis avec un soupire. "J'en ai toujours dans ma pochette." Je tâtonne pour trouver mon sac mais je ne trouve rien. La panique me gagne alors à nouveau parce que y avait toute ma vie dans cette pochette. Mon téléphone, mon porte feuille, mes papiers d'identité, mes clefs, il y avait tout. Et je ne la trouve pas. "On m'a volé mon sac !" Je dis cette fois haut et fort, regardant les autres membres du groupe. "Je suppose que je ne suis pas la seule," j'ajoute de façon plus grognon, en remarquant que personne ne semble avoir ses affaires. Génial. "Désolé," je répond à la fille, sans vraiment le penser, me concentrant plutôt sur le fait qu'on m'a volé toutes mes affaires et que je suis dans un dortoir sordide, sans fenêtre, enfermée avec tout un tas d'inconnus et une fille qui a ses règles.