- 1er Novembre 2017, The Yard.

Je n'ai jamais été aussi heureuse et détendue de ma vie. Ou du moins c'est ce que je crois. C'est toujours difficile pour moi de savoir ce genre de chose après mon 4ème verre. Ou 5ème. Je sais plus trop. J'ai arrêté de compter après un certain temps. Le fait est que j'adore Halloween et que Halloween m'adore. Nika et moi avions l'habitude d'aller de fête en fête, avec nos costumes et notre verre, un peu comme une version adulte du célèbre prote à porte. Des bonbons ou un sort est devenu avec nous de l'alcool ou des œufs. Très mature, je sais, mais en même temps, quand il est deux heures du matin et qu'aucune de nous deux ne sait qui est le président des Etats-Unis, la maturité n'est clairement plus notre top priorité. Cette année, c'est la première fois que je fête Halloween sans Nika. Les années passées, j'étais resté dans ma chambre avec tout un tas de confiserie à regarder Beetlejuice, Hocus Pocus, et l'Etrange Noël de Mr Jack. Aussi une excellent façon de passer Halloween, si vous voulez mon avis, mais clairement pas aussi marrante que de faire la tournée des maisons d'Harvard, dans mon déguisement Harry Potter. A l'heure actuelle, je ne sais pas exactement où je suis donc je préfère m'asseoir, espérant que le banc ou le lampadaire me donne la réponse.

Halloween ou la fête qui fait plaisir aux enfant et qui énerve les parents parce qu'ils devront amener plus tard leurs progéniture chez le dentiste pour cause de caries synonyme d'un excès de bonbons. A Harvard, c'est une occasion de plus de faire la fête et même si la décadence n'est pas forcément mon fort, rester seul chez soi ce soir là est d'une tristesse sans nom. Je m'étais donc armé d'un costume du héros Doctor Strange qui me confirmait que la moustache ne m'allait pas du tout et j'avais passer la soirée dans une des nombreuses fêtes organisé par les Mathers. A la fin de celle-ci, je me dirigeais vers ma voiture quand je croisais sur un banc une fille qui semblait avoir un peu trop forcé sur l'alcool. Etant un gros fan de la saga Harry Potter, je validais son déguisement du jour et lorsque je fus assez près d'elle, je pris de ses nouvelles: " Ça va mademoiselle ? ". Question presque stupide vu l'état dans lequel elle se trouvait...

Quand j'entend quelqu'un me parler, je lève la tête, lui offre un grand sourire, et lève les bras. Sobre, j'aurai surement un peu plus réfléchie avant de répondre aussi chaleureusement à un étranger, mais à ce moment là, je suis très loin d'être sobre donc à la place, je me précipite sur lui et m'appuie sur son épaule. Il faut avouer que je suis aussi un peu rassurée de plus être seule. "Ça va très bien, beau gosse. Et toi ? Pourquoi t'es tout seul ?" Je demande, l'air triste. Puis en l'observant un peu plus, je remarque quelque chose et je fronce les sourcils. En le regardant bien, je me rend compte qu'il n'a pas de bonbons sur lui, ce qui, vraiment, est un sacrilège. C'est Halloween tout de même ! Il lui faut des bonbons, je décide. Et je suis tellement déterminé et sûre de moi que je l'annonce à voix haute. "Il te faut des bonbons," je lui dis. Je regarde à droite et à gauche mais nous sommes tous seuls. Décidant donc de prendre en charge le problème, je plonge ma main dans mon propre sac de bonbons et force la poignée de confiseries que j'ai attrapé dans sa bouches. "Allez, prend les ! C'est Halloween, faut en profiter !"

De toutes évidences, la demoiselle était bien plus éméchée que je ne le pensais dans un premier temps.  Elle avait essayer de se lever et s'était raccroché à mon épaule pour ne pas chuter lamentablement, elle aurait surement mis une éternité à se relever vu son état. Beau gosse ? Toujours sympa d'entendre ça même si le fait qu'elle soit complémentent bourrée atténue quelques peu ce compliment. " Ba ça va bien mieux que toi apparemment... J'aime bien être seul, ça permet de réfléchir. Et toi ? Qu'est que tu fait là en solo ? ", lui demandais-je bien que j'ai un doute quant au fait qu'elle soit encore assez lucide pour répondre à ma question. A la place, elle préfère me fourrer des bonbons dans le gosier que j'avalais difficilement avant de lui dire: " Allez... Je crois que la fête est finis pour toi ! Je vais te ramener chez toi, tu habites loin ? ". Je me vois mal la laisser là, qui sait ce qu'il pourrait lui arriver en cette heure tardive. Elle a presque eu de la chance de tomber sur moi et pas sur un psychopathe aux idées tordues...

Je ne sais pas pourquoi mais j'explose de rire quand il me dit qu'il va surement mieux que moi. Bon après c'est vrai que quand je suis bourrée, j'ai tendance à tout trouver drôle. Surtout qu'il a vraiment pas tort. "T'es marrant," je lui dit avec un sourire idiot. "C'est quoi ton prénom ?" je lui demande avant d'ajouter, "Moi c'est Joy. Parce que je suis toujours joyeuse." Quand il m'explique pourquoi il est là, je fronce les sourcils, mes lèvres faisant la moue. "C'est nul d'être seul. J'aime pas ça," je lui fait savoir en secouant la tête. "Et j'aime pas réfléchir non plus, ça fait mal au cerveau." A ce moment là je n'en pense rien, mais plus tard je serais extrêmement embarrassée par les choses qui sorte de ma bouche. Le voir manger mes bonbons me rend incroyablement contente. "Non la fête est jamais terminée. Tiens prends en d'autre," je dis, cette fois-ci lui donnant à manger un petit Mars. Au lieu de répondre à sa question, je passe mes bras autour de son cou. "Et toi, alors ? Elle est où ta maison ?" Dieu merci, personne d'autre n'est là pour voir dans quel état je suis.

Ah ça je vois bien qu'elle est joyeuse ! Un peu trop même ce soir ! " Alan ", répondais-je à son interrogation alors que je comprenais de plus en plus que ramener cette fille chez elle ne serait pas aussi aisé que je le pensais. Elle a fortement abusé ce soir et si je ne la retenais pas, elle s'écraserait sans aucun doute au sol. Depuis qu'Absolem m'a largué, je n'ai finalement pas d'autre choix que d'opter pour la solitude et je préfère amplement ça que toute personne qui viendrait me réconforter avec des formules mielleuses sans grand intérêt. Et puis... " Si tu n'aimes pas ça, qu'est ce que tu faisais toute seule sur ce banc alors ? ". Elle me fourra une énième friandises dans la bouche, je suis gourmand et ça ne me dérange pas mais quand même, si je pouvais ne pas prendre dix kilos en récompense d'une bonne action, ça m'arrangerait. Je lui avais demandé où elle habite mais visiblement, elle n'était pas encline à me donner une réponse, elle préféra s'accrocher à mon cou, surement pour ne pas tomber, et me demanda où je créchais actuellement. Non pas que ça me dérangeais de l’accueillir à la Mather House, mais je pensais qu'elle préférerait son lit au mien ce soir. " Pourquoi ? C'est pas mieux que tu rentres chez toi plutôt que chez moi ? ", demandais-je à la brunette. Sans compter que ma colocataire Scarlett serait capable de me prendre le chou pour avoir ramené une inconnue dans la chambre...

Je pose ma tête sur son épaule parce que je me sens soudain hyper détendue, presque prête à dormir, un sourire toujours complètement idiot sur les lèvres. "Alan," je répète quand il me dit son nom, essayant de voir comme ça sonne sortant de ma bouche. "Alan, Alan, Alan," je répète encore et encore jusqu'à ce que le nom sonne bizarre. Quand il me demande pourquoi je suis toute seule ce soir, je pouffe, même s'il n'y a vraiment rien de drôle. "J'ai commencé à une soirée avec des amis mais j'ai une tradition, tu vois," je commence à expliquer. "Avec ma meilleure amie on reste jamais à la même soirée toute la nuit, le soir d'Halloween. On fait une version adulte du porte à porte. Du coup j'ai fais plusieurs soirée pour être avec plusieurs amis !" Je m'exclame, les deux bras en l'air. Très vite je me rend compte que c'est une mauvaise idée parce que je perd l'équilibre mais me raccroche de peu à Alan, le bousculant quelque peu. "Tiens, prend des bonbons," je dis encore, le forçant à prendre une poignée de nounours en gélatine. Je plisse les yeux, comme pour rélféchir, avant de dire, "Si, il faudrait que je rentre mais c'est loooooin. T'es déjà aller à San Francisco ?"

L'alcool qui circule en masse dans ses veines fait qu'elle n'est pas dans son état normal mais elle possède un petit coté enfantin qui est très attendrissant. La tête posé sur mon épaule, la demoiselle est calme, détendue et finalement, cette rencontre fortuite s'avère intéressante. Tout s'explique enfin, la jolie brune avait donc cumulé les soirées et par la même occasion les consommations à mon humble avis. Une fois de plus je me retrouve avec des sucreries dans la bouche, elle ne me laisse même pas le temps de respirer tandis que nous avions faillis chuter tous les deux suite à un excès de témérité de la belle. Sans Francisco ? Non mais pas loin. Mes voyages à Los Angeles ne sont guère joyeux cependant puisque j'y vais pour voir ma mère hospitalisée. " Je ne suis pas un grand fan de la Californie.... ". Cette état est synonyme de tristesse en ce qui me concerne et c'est ce qui explique donc mes dires. " Tu n'aurais pas plus près que la Californie ? Parce qu'à ce compte là, autant te ramener à la Mather House. "

C'est fou comme je suis expressive quand je suis bourrée. Et sensible. Je passe d'une émotion à une autre en moins de temps qu'il faut pour le dire. Une coup je rayonne, je rigole, et je suis juste joyeuse, la seconde d'après, je suis toute triste. A ce moment, Alan me dit qu'il n'est pas un grand fan de la Californie et, pour être honnête, ça me brise le cœur. La Californie est ma maison. j'ai grandit là bas, passé quasiment toute ma vie dans cet état et quand j'ai eu besoin d'un refuge, San Francisco et Anaheim m'ont toujours accueillit à bras ouvert. Du coup, ça va pas du tout, du tout, du tout. Il faut changer ça. "Oh mais non ! Il faut aimer la Californie. Il y fait presque toujours beau et chaud et on a ce grand pont rouge et Disneyland et Hollywood. Bon okay, Hollywood c'est si bien que ça en ce moment, avec tout ces porcs, je suis d'accord, mais on a In'n'Out ! Tout le monde aime In'n'Out !" Surtout moi. A chaque fois que je rentre chez moi pour les fêtes ou autre, c'est toujours le premier endroit où je vais. "Tiens, prend des bonbons, ça te fera du bien," je conclus, poussant une nouvelle poignée de confiseries dans sa bouche. A ce rythme là, mon sac sera très bientôt vide, mais pour le moment, je ne m'en occupe pas. "Non, non, non, pas la Mather House," je dis alors en rigolant, retrouvant ma joie. "Je suis une Cabot, moi, pas une Mather," je lui dis comme si c'était évidant, en levant les yeux au ciel.

" Je ne vais en Californie que pour voir ma mère hospitalisée donc je ne suis pas un grand fan de mes voyages là-bas... ", lui dis-je d'une voix triste pour me justifier. Je ne sais même pas pourquoi je lui en parle finalement, c'est quelque chose que je dis à très peu de gens, encore moins à ceux que je viens de rencontrer. Elle aura surement tout oublier demain matin de toutes façons. Ne désirant pas rester sur cette touche dépressive, j’enchaînais avec le sourire sans trop attendre: " Mais si tu m'invite pour un In'n Out, j'aurais du mal à refuser. " Le Alan est un animal gourmand, appâter le avec de la bouffe et il sera dans vos filets en un rien de temps. Mais pour l'instant, je n'ai le droit qu'à des poignées de bonbons dont je me contente amplement. Optons donc pour la Cabot House qui semble le choix le plus judicieux pour cette demoiselle, je l'amenais jusqu'à ma voiture, ou plutôt mon tacot, et l'installais sur la place passager. Me plaçant au volant, je regardais la brunette toujours aussi éméchée et lui dis: " Tu attaches ta ceinture ou je le fais ? ". Une chose est sûre, je ne démarrerais pas tant que sa ceinture ne sera pas mise, il ne manquerais plus que j'ai une mort sur la conscience...