Tu ne voulais même pas te mêler de leur histoire. Tu ne la sentais pas cette histoire. Tout était allé beaucoup trop vite, et c'était sorti de nulle part. Mais à la fin en quoi ton opinion importait hein ? Parce qu'en vrai Elyes, tu n'en voulais pas à Sally d'être avec Aaric. Tu lui en voulais de t'avoir négligé, de l'avoir fait passé avant toi, alors même qu'elle apprenait tout comme toi que vous étiez potes. Mais soit, cette situation avait assez duré, et ta vie était déjà un merdier alors tu n'avais pas besoin de d'ajouter d'autres préoccupations. Elle semblait épanouie dans son histoire alors tant mieux. Non je vois pas Sally. Explique moi. Tu avais appris qu'ils s'étaient mariés à Vegas, mais tu ne voulais pas en parler. Tu venais de lui dire qu'elle n'avait pas à se soucier de toi et qu'elle n'avait qu'à vivre sa petite histoire sereinement. Tu ne voyais pas quel autre problème, elle pourrait avoir mais tu voulais savoir. Tu ne voulais pas être le mec qui compliquerait quoique ce soit pour elle quand finalement, tu n'avais pas fait partie de l'équation dès le début. Puis, elle était ta sœur,
malgré tout, et au final tu ne voulais que son bonheur, qu'elle méritait tant.

A l'évidence, tu t'étais trompé Elyes en pensant que son seul problème concernant Aaric. Toi, tu pensais sincèrement qu'elle avait fini par mettre de côté vos différents par rapport à toute cette histoire des soeurs Mendoza. J'en sais rien, elle est louche votre histoire. Aaric amoureux et sérieux, j'ai encore du mal. Je me méfie c'est tout. Votre histoire sort de nulle part, et t'as déjà trouvé le temps de te marier à Vegas. Enfin quelque chose te dérangeait et ne tournait pas rond. Mais ce n'était pas ton histoire alors volontairement tu dédouanais, pour ne être à blâmer si ça ne fonctionnait pas, ni même si ça fonctionnait. Tu venais de lui que tu avais appris pour son escapade à Vegas. Avoir une relation sérieuse avec une nana c'était à minima connaître son nom, avoir discuté avec elle de sa vie, de ses proches. Comment avaient-ils fait pour ne pas se rendre compte de ta présence dans leurs vies ? Mystère. Ça ne te vexait pas du tout, par contre ça te confortait dans le fait que c'était allé trop vite. Tu te faisais du soucis, voilà tout. Oui mais ce que tu as pour Zoé, elle l'a jamais eu pour moi, Sally. Je suis pas un pantin. Tu sais combien de fois on a essayé de la voir avec mon père, et parfois même quand je ne le voulais pas. J'ai jamais eu un quart d'heure : soit parce qu'elle ne venait soit parce qu'elle était trop défoncée. Je me donnerai pas cette peine sous prétexte qu'elle est train de crever parce qu'elle a passé sa vie à tiser, à se défoncer, et se shooter. Et ça j'aurais aimé que tu lui dises. J'aurais aimé que sois de mon côté, en lui fermant la porte fermement, plutôt que de te ranger de son côté simplement parce qu'elle aussi a eu le malheur de porter un gosse neuf mois. C'était dit. Voilà ce qui t'avait tant perturbé. Que ta soeur, que ta mère puisse te demander de laisser une chance à cette femme ne serait-ce que pour un café quand toi tu le refusais depuis toujours. Peut-être mais ce dont moi j'avais besoin c'est que toi tu lui montres que tu es ma sœur, et qu'elle n'était pas ma mère, parce que la mienne est celle qui m'a élevé et aimé. Elle s'est pointée comme une fleur,  elle est restée et d'un coup d'un seul, j'étais plus ton frère. J'étais celui qui devrait voir sa mère pour ne pas avoir à le regretter. Ta famille c'était elles. Ta mère, ta sœur, ta nièce. Quant à celle qui t'avait porté, tu avais décidé qu'elle n'était rien le jour où pour la énième fois qu'elle te posait un lapin.

Effectivement Alexys était passée par là. D'ailleurs cette soirée avec elle t'avait fait beaucoup de bien. Elle était la seule avec qui tu pouvais parler vraiment, en dehors de votre mère. Puis tu ne parlais pas à votre mère comme tu pouvais parler à Alexys de sa meilleure amie. Oui, d'ailleurs j'ai manqué de m'étouffer avec une cacahuète tant je m'y attendais pas. Oui Alexys avait demandé des cacahuètes au barman, et quand elle t'avait dit que Sally et Aaric parlaient d'officialisation de mariage, tu as été pris de court. T'es en train de me dire que tu t'envoyais en l'air avec un de mes potes, c'est normal que ça me perturbe Sally. Puis d'un coup d'un seul, ça devient sérieux comme si ça faisait des mois. On se fait du soucis pour toi, tu peux pas nous le reprocher. On dit seulement que d'un point de vue extérieur, ça semble aller trop vite, et si demain faut te ramasser à la petite cuillère on sera là, mais c'est pas ce qu'on veut. T'as pas le droit de nous en vouloir de nous faire du soucis pour toi. Pas après ce qui avait pu se passer avec Jamie. Elle avait beau être passer à autre chose, tu avais peur pour ta sœur. Sally c'était une romantique, et elle méritait enfin de se poser, aucun doute là-dessus mais tu ne voulais pas qu'elle se brûle les ailes. Je prends rien contre moi Sally. J'ai une dignité et je fais des choix. Je vais pas attendre qu'on les défende pour moi. Voilà ce que m'a appris. Faire des choix, les assumer, s'écouter, et ne pas se négliger. Bon, tu étais bon Elyes. Mais trop bon, trop con c'était pas pour toi. Je peux pas Sally. Je ne veux pas la voir, et tant pis si j'ai des regrets. Que maman veuille accompagner sa sœur, c'est son choix ; que tu veuilles soutenir ta tante, ça me convient aussi. Mais moi, je ne peux pas. C'était vraiment au dessus de tes forces, surtout que tu savais maintenant qu'elle n'était en pleine forme. Tu te préservais aussi et même si tu avais besoin du soutient absolument de Sally, tu pouvais faire sans. Tu te sentais bouillonné un peu, et déjà il allait te falloir évacuer toute cette tension en toi.

S'il y a bien une personne de qui tu ne te méfiais pas c'était bien Alexys. Tu ne t'étais même pas posé la question de savoir pourquoi elle avait su avant toi, avant votre mère, et ça tout simplement parce que tu avais appris à la considérer comme de la famille même si vous entreteniez une amitié pas très assumée. Oui j'aurais préféré, aussi. Mais sans plus. Cela s'était fait comme ça. Il n'y avait pas non plus à secouer terres et mers. Puis, tu étais fairplay et tu reconnaissais que vous ne traversiez pas la meilleure des périodes vous frère et sœur, sacré duo de tête de mules ! Tu ne veux pas entendre ce qu'on essaye de te dire Sally.. On ne dit pas qu'il est mauvais, ou qu'il n'en vaut pas la peine. On dit juste que vous allez peut-être beaucoup trop vite c'est tout. On ne s'excusera pas de nous inquiéter pour toi, même si tu le demandais ! La dernière fois que t'es tombée amoureuse, t'as failli en crever. Je veux pas de ça moi. Tu mettais les vrais mots là-dessus pour la première fois. Tu avais peur que tout aille trop vite, que ces deux amoureux s'enflamment, et que le soufflet finisse par retomber. Quant à Alexys.. leur histoire dure depuis longtemps. C'est encore autre chose. Et ça tu n'avais à t'en mêler ni de près ni de loin, même si il t'arrivait de la taquiner là-dessus. Mais tout ça n'avait rien à voir avec Sally. Alors n'insiste plus. Tu m'as rabâché cette histoire trop de fois. Si j'avais voulu la connaître, j'aurais fait les démarches y'a des années déjà. Là, je veux juste oublier toute cette histoire et retrouver ce que j'ai toujours connu. Un vrai lien mère/fils avec votre mère, et une relation très proche avec ta sœur. Ta génitrice n'avait pas sa place dans cette équation.

Tu entendais ce que te disais ta sœur, et mieux tu comprenais le fait qu'elle s'agace de savoir qu'avec Alexys vous parliez beaucoup d'elle. C'était évident que quand il s'agissait d'avoir un avis contraire au sien, c'était pas fait pour lui plaire. Tu perds ton temps, on s'excusera pas pour non plus. Autant que ça soit clair pour la suite. Tu ne pouvais pas faire autrement. Tu tenais à Sally. Tu te faisais du soucis pour elle tout comme elle s'en faisait pour toi. Et Alexys était sa meilleure amie. Tu savais que si quelque chose ne tournait pas rond tu pourrais compter sur elle pour te le dire. Tant mieux alors si tu ralentis les choses. Te brûle pas les ailes, c'est tout ce que je te demande. Tu connaissais Aaric. Tu savais que les relations amoureuses n'étaient pas spécialement son fort. Sally était plus sentimentale, mais quand Bushnell t'avait dit être amoureux, tu t'étais inquiété deux fois plus. Ton pote s'était peut-être emballé trop vite, tu n'en savais rien mais ta priorité était Sally. Toujours, même si ça te faisait chier de perdre ce bon pote. Tu as simplement soufflé un coup quand elle se comparait à Alexys et quand elle sermonnait sous prétexte que tu n'étais pas foutu d'avoir une relation au top. Tu étais le genre de mecs à être en couple c'était indéniable, et ton célibat durait ces temps-ci, mais tu n'avais plus la tête à ça. En tout cas pas en ce moment. Quand elle te confiais qu'elle laisserait tomber, tu as récupéré ton téléphone coincé dans le pli du canapé. Merci ! A ce point-là ? Oui. Tu ne voulais plus parler de cette femme.