J'étais crevé, épuisé. Il était certain que j'allais passer mon week-end à hiberner. Je ne sortirais pas, parce qu'il fallait vraiment que je récupère toutes ces heures de sommeil perdus et que je me concentre de nouveau sur les cours. Même s'il était vrai que je voulais me sociabiliser, je voulais aussi réussir mon année. Cela restait d'ailleurs mon objectif principal. Mais aujourd'hui, j'avais une séance de sport. Je me sentais pas du tout prêt pour ça, j'avais peur que mon corps ne supporte pas, mais je n'avais pas le choix. Alors je me dirigeais d'un pas très lent vers les vestiaires, baillant et les yeux à moitié fermé. Je rentrais à l'intérieur, avançant jusqu'à un des casiers. Je m'installais, commençant à sortir mes affaires. Puis, du bruit me faisait relever la tête vers une personne que je n'aurais jamais du voir. Une fille à moitié nue en train de se changer. C'était quoi ce bordel ? « Merde merde merde ! » lâchais-je en me tournant, fermant les yeux et mettant mes mains pour me cacher, au cas où c'était pas déjà assez de juste me retourner. « Euh.. Tu t'es trompé de vestiaire ! » disais-je en essayant de rester clair. Il était certain que je ne m'étais pas trompé, j'avais quand même pas pu rentrer dans le vestiaire des filles.

En arrivant à Harvard, j'avais décidé de me remettre au sport pour de bon. Il est vrai que j'ai une morphologie plutôt avantageuse sans faire le moindre effort, mais je n'ai pas pour autant envie de grossir ou de devenir flasque. Un corps musclé, c'est toujours plus joli n'est-ce pas ? Je sortais d'une séance de handball, qui m'avait d'ailleurs complètement crevée, il est clair que je n'ai plus l'habitude. Je n'ai jamais été une grande sportive mais j'en faisais au lycée quoi. La reprise n'est pas simple mais une fois sortie du cours, je suis ravie, que ça fait du bien. Un sourire aux lèvres, je me dirige vers les vestiaires, et comme à mon habitude, je mets une plombe à prendre ma douche. Je me retrouve seule dans les vestiaires, tant pis, je suis au calme comme ça. J'enroule une serviette autour de mon corps -on ne sait jamais- et vais récupérer mes affaires dans mon casier. Et là, j'entends une voix jurer à pleins poumons. Une voix masculine qui plus est. Oh putain. Je pourrais être à l'aise avec mon corps, c'est vrai, mais ce n'est absolument pas le cas, je suis pudique comme pas deux. Je commence à rougir sans me contrôler. Le jeune homme en question se cachait les yeux comme un enfant, mais autant dire que je ne faisais pas la fière non plus, je me demandais même si c'était moi qui m'étais trompée de vestiaire du coup. C'est toi qui a dû te tromper, des dizaines de filles étaient là il y a même pas dix minutes ! m'exclamais-je à mon tour complètement paniquée, alors que j'essayais tant bien que mal de garder ma serviette contre moi.

Une journée normale, fatigué mais à vouloir quand même faire ma séance de sport habituel. J’étais peut-être pas le plus grand des sportifs, mais j’essayais d’entretenir mon corps un minimum quand même. Sauf qu’une fois dans le vestiaire, prêt à me changer pour aller rejoindre la piste d’athlétisme, je pouvais voir une jeune fille. A moitié nue, avec seulement une serviette autour de son corps. La panique se faisait ressentir, alors que je détournais immédiatement mon regard et mon corps tout en entier. C’était pas possible, comment est-ce que ça pouvait arriver ? J’étais sûr qu’elle s’était trompée de vestiaire, mais pour elle, c’était moi le fautif. « Mais non.. J’ai pas pu me tromper quand même ! » Je pouvais pas croire ça. Surtout moi, le mec timide et coincé avec les filles, qu’est-ce que je foutrais dans les vestiaires de celle-ci ? A part pour me foutre une bonne dose de peur et de stresse supplémentaire. « Euh.. du coup, on fait quoi ? » J’arrivais pas à réfléchir, je savais juste qu’elle était en serviette derrière moi et que moi, j’avais déjà commencé à poser mes affaires dans un des vestiaires. Mais je me voyais pas me tourner naturellement pour récupérer mes affaires comme si tout était normal dans le meilleur des mondes. J’en étais incapable.

Alors que j'étais toujours enroulée dans ma serviette, nue comme un vers, j'écoutais le jeune homme se confondre en paroles incompréhensibles. Il était visiblement aussi gêné que moi. En même temps, il est compliqué pour quiconque -je trouve- de rester calme dans ce genre de situation. Jetant un œil dans mon casier, j'en profitais pour attraper mes sous vêtements ainsi que des fringues à me mettre sur le dos. Et puis mince, ce n'est pas le premier gars qui m'aurait vue à poil, bien qu'il n'y en est pas des dizaines non plus. A la question du jeune homme, toujours dos à moi, je ne pus m'empêcher de rigoler. Nan mais sérieusement, cette situation est à la fois amusante et horriblement gênante. On va reprendre nos esprits, tranquille, et je vais m'habiller en deux minutes top chrono. Au final, je n'avais même pas vu à quoi il ressemblait, et lui non plus. Serviette attachée tant bien que mal autour de ma poitrine, je commençais à enfiler mes sous vêtements tout en prenant soin de regarder en direction du gars. Tu t'appelles comment jeune homme intrusif ? Sans réfléchir, je lui faisais la conversation, comme si de rien n'était. Au point où nous en étions, il valait mieux être à l'aise que l'inverse, non ?

Comment est-ce que je faisais pour souvent me retrouver dans des situations compliqués comme celle-là ? Non mais sérieux, qu'est-ce que j'avais fait pour mériter ça ? Je restais immobile, impossible de bouger, toujours dos à elle. Et clairement, je ne savais pas quoi faire, je ne savais pas comment je pouvais me sortir de cette situation. Alors je préférais lui demander ce qu'elle voulait faire, parce qu'après tout, c'était elle qui était à moitié nue. Très bien, elle allait s'habiller alors que j'étais là. Génial. J'étais tellement gêné. J'avais jamais autant eu envie de mourir de toute ma vie. Je ne disais rien, jusqu'à ce qu'elle me demande mon prénom. Ah, on allait parler tout à fait normalement ? « Bah.. Maxwell ! Et.. toi ? » Putain, comment j'étais pas bien sur ce coup. Je savais qu'elle était en train de s'habiller, je savais que là, derrière moi, il y avait une fille nue. Et ça, pour le mec timide que j'étais... bah c'était dur. On pouvait pas dire que j'avais eu l'occasion de voir beaucoup de filles nus. « Je.. J'suis vraiment désolé de te mettre dans.. cette situation gênante.. » Après tout, c'était ma faute. J'étais pas au bon endroit, j'étais pas dans le bon vestiaire et je voulais pas passer pour un gros pervers l'ayant fait en le voulant.

Qu'est-ce qui me prenait d'entreprendre la discussion avec cet inconnu ? De toute manière, il fallait bien que je trouve quelque chose à dire sinon j'allais rester figée pendant de longues minutes. Maintenant que le mal était fait -entre guillemets- j'essayais de ne plus y penser. Contrairement à un gars lambda, le jeune homme en question n'avait pas regardé une seule fois vers moi, ce qui me surprenait. Soit il était extrêmement timide et gêné, soit il était gay. J'ai pour habitude de tomber sur de gros lourds ou de grands séducteurs, mais pas sur des mecs intimidés par une fille nue. C'est aussi une des raisons pour lesquelles je me permets de discuter avec lui. J'adore ce prénom ! m'exclamais-je sans réfléchir, ce qui me valait un sourire alors que j'enfilais mon soutien gorge puis mon débardeur. La situation me donnait vraiment envie de rigoler mais pour l'heure, je me retenais. Une fois complètement rhabillée, j'attrapais mon sac et venais me planter face à lui. Je tique un court instant en constatant qu'il est extrêmement beau. Regarde c'est tout bon. Sans rancune ? Un sourire se dessinait sur mon visage alors que je lui tendais ma main pour serrer la sienne. Ce serait bête de se disputer pour si peu.

Le malaise était présent. Le malaise était palpable. Mais je la laissais se rhabiller sans rien, restant debout, dos à elle. Il fallait juste que je patiente, que j'évite de rendre cette situation encore plus gênante. Sauf qu'elle lançait elle-même la conversation, ce que je trouvais étrange évidemment. Mais je lui répondais, essayant d'être clair et de bien me faire comprendre malgré la panique en moi. Elle aimait mon prénom, c'était déjà ça. Mais moi, je ne savais toujours pas le sien étant donné qu'elle ne m'avait pas répondu. J'attendais patiemment dans le silence, n'osant rien dire. Jusqu'à ce qu'elle vienne se poster devant moi, habillée. « Oui.. sans rancunes ! » C'était une mauvaise coïncidence, une rencontre étrange. Mais bon, il m'arrivait toujours des trucs étranges de toute façon, pourquoi est-ce que cela changerait maintenant ? « Je peux peut-être me faire pardonner ? » demandais-je en affichant un léger sourire. Après tout, c'était ma faute. C'était moi qui m'était trompé, alors il serait normal que je me fasse pardonner de la façon qui lui conviendrait le mieux.

La situation était des plus gênantes, et pourtant, il ne me mettait pas si mal à l'aise que cela. En effet, j'avais paniqué au début et je ne savais pas où me mettre. Au fil des minutes, je me détendais un peu et constatais qu'il était bien plus stressé que moi. En même temps, c'est lui le fautif dans l'histoire, ça peut se comprendre. Une fois revêtue correctement, je décide de mettre de côté cette animosité en lui demandant son prénom. Bien entendu, étourdie comme je suis, j'avais moi-même oublié de lui donner le mien. Ah oui moi c'est Kelsey. Je suis fatiguée, ça doit être ça. Mon sac de sport sur l'épaule, je commençais à lui faire la conversation comme si de rien n'était. Tranquillou quoi. Sa question me valu un nouveau sourire, alors que je le regardais avec les yeux doux. C'est vrai qu'il est mignon physiquement, mais aussi dans sa façon d'agir. Tu as une idée ? Pourquoi pas ? Une nouvelle rencontre étrange mais qui s'annonçait sympathique finalement. J'étais prête à sortir pour vaincre le froid de l'automne, écharpe autour du cou.