Une soirée entre filles, ça ne se refuse pas. J'avais beau me répéter que j'étais devenue maman, que je n'avais plus le temps pour ça, ça ne m'empêchait pas de passer la porte du Royale histoire de boire une bière... pour commencer. Le problème dans ce genre de soirée, c'est qu'un verre en cachait un autre et bien souvent, les copines étaient là pour te rappeler à quel point ton merveilleux homme ne t'en voudra pas. Clairement, elle n'avait jamais vu le regard noir d'Osean, celui qui te rend minable. Ce soir comme trop peu d'autres soirs, j'allais devoir être forte et ne pas succomber à l'appel  du deuxième verre. C'était ma mission de la soirée et en bon soldat, je l'acceptais. Pour ce faire, je traînais à l'arrière du peloton. C'était plus facile d'être celle de la fin, d'être oublié par le barman. Là où c'était plus compliqué, c'est quand le barman avait suivi toute ma scolarité à Harvard et qu'il semblait se foutre de ma gueule quand je lui expliquais que j'étais devenue une femme active et rangée. Je suis sage, merde. C'est si difficile que ça à comprendre ? Hum. Je suivais mon amie de prêt, c'était la mission boisson et j'avais été réquisitionné. Tandis que mon amie commandait toute sorte de cocktail, je demandais une simple bière. Une boisson "basique" que le nouveau barman venait à faire mousser dans l’embarras. Je laissais échapper un petit soupir agacé avant de lui sourire pour me rattraper. « Ne serait-ce pas.... le petit bouche trou de Lockhart que... voilà... » Mon regard se tourna aussitôt vers l'armoire à glace qui se trouvait à mes côtés. « Cooper, quelle surprise ! » Ce mec me faisait flipper. Un regard vers le barman qui avait l'air de galérer avec ma bière et je tournais la tête à la recherche de ma blonde d'amie qui m'avait lâché. Great. J'haussais les sourcils et reportant mon attention sur le jeune homme. « L'alcool est la seule chose qui a bien voulu de ta compagnie ? » demandais-je d'un air amusé. Il semblait profiter de la bouteille ce soir et en réalité, je commençais à me demander si je n'allais pas regretter ce que je venais de dire. Une petite moue et je regardais à nouveau le barman en oubliant totalement Cooper à mes côtés.

La situation n'était pas évidente. Entre le barman qui mettait un siècle - au moins - à remplir mon verre de bière et Clay à mes côtés qui faisait fuir mes amies à cause de sa lourdeur. Cette masse de muscle avait le don de me mettre mal à l'aise quand je le voyais venir. Par chance, on ne se croisait jamais et d'un côté, quand je le voyais sous l'emprise de l'alcool et solitaire, je me demandais s'il y avait un cœur sous ce muscle ambulant. Je fus surprise d'entendre le silence à mes répliques. Disons que je m'attendais à me prendre un retour à m'en faire grimacer. « Plus pour longtemps. » Mais rien de cela. Je pinçais mes lèvres en ne le regardant pas et en mettant la pression au barman qui semblait stressé. Premier jour ? « Hey,.... Glaçon. » demande Clay sans aucune once de politesse. Aussitôt, je lance un regard noir au barman qui s'empresse d'attraper une pince. Le jeune homme s'arrête dans son mouvement et agacé, Cooper saisit le glaçon pour que tout se déroule plus vite. Sérieusement, ma bière d'abord. Cooper et son air peu aimable pouvaient attendre. « Je garde ma bonne humeur pour moi. » - « On a cru comprendre. » J'veux dire, il n'avait pas besoin de nous faire un dessin pour nous faire comprendre qu'il était un vrai connard quand il le souhaitait. « Et j'm'en voudrais de faire sauter tes points de suture en te faisant rire aux éclats. » - « Merci de t'inquiéter de ma santé Cooper. » Je le fusillais du regard, peu contente de le voir divulguer des informations aussi importantes à mon sujet. Ça ne regardait personne et pas même lui d'ailleurs puisqu'il n'était pas sur mon dossier. « Tu devrais rentrer chez toi, tu fais pitié à voir » et sur ces mots, j'arrachais ma bière des mains sur barman pour tourner les talons.

Je ne connaissais pas Clay Cooper et je n'étais pas du genre à me faire un avis sur une personne sans la connaître, mais son côté flippant me donnant envie de partir en courant quand il me parlait et quand il avait bu, comme ce soir, j'avais juste envie de le gifler pour le faire réfléchir. Mais attendez, avec la masse musculaire qu'il était, allait-il au moins sentir l'une de mes gifles ? Dans tous les cas, je ne trouvais pas mieux que de lui conseiller de rentrer chez lui plutôt que de rester au bar tel un ivrogne. Je m’apprêtais à partir ensuite, mais pas le temps. « Je ne l'ai pas terminé. » me dit-il en levant doucement son verre. Je me retrouvais dans cet espace étrange du bar. Je n'étais plus sur mon tabouret, mais juste à côté, non loin de Cooper et quelques mètres plus loin, se trouvait mon groupe de copines qui étaient en train de se faire draguer par des étudiants. Dans un soupir, je m’asseyais à nouveau au bar en gardant un œil sur mes copines. « Tu manques une occasion... » Je n'avais aucune envie de me faire draguer par un lourdingue. Je pinçais mes lèvres sans même regarder la montagne. Pour le coup, ma soirée au bar commençait à tourner au vinaigre, me donnant fortement envie de rentrer chez moi. L'un des mecs arrive au bar pour demander une nouvelle tournée, il était ivre et semblait penser qu'il allait repartir avec l'une d'elles. Seulement, il ne se rendait pas compte qu'il était en train de se faire avoir en payant une tournée générale. « Bon et toi. Si je m'y prends... délicatement pour tes... Ça ne te dirait pas de... ? Après quelques verres évidemment » Ni une, ni deux, je tournais vivement la tête vers Cooper pour le fusiller du regard. Il est sérieux là ? « Quoi ? Tu veux me masser les pieds après quelques verres ? » lui demandais-je en m'énervant. J'avais très bien compris le message, mais comme il me parlait comme un ado, j'y répondais de la même manière. « Et tu sais quoi Cooper ? » Puis, j'attrapais son verre que je finissais cul-sec. « Je t'emmerde ».

« J'ai pas de chance alors. Je tombe sur la seule qui a une morale. » Il m’agace et pourtant, je suis son regard en direction de ma bague de fiançailles. Mon "verre entre copines" tournait au cauchemar et si Osean entrait dans les lieux à ce moment précis, qu'il voyait mes fameuses copines se faire draguer de la sorte et qu'il me trouvait à discuter avec Clay, il allait aussitôt se faire des films. Je serais incapable de le tromper et c'était pour cette raison que je me montrais si désagréable. Je n'étais pas du genre à juger les gens, mais franchement, j'avais beaucoup de mal avec Cooper. Je n'arrivais pas à le cerner, à comprendre qui il était vraiment. Est-ce qu'il n'était qu'une brute au sale caractère ou bien, est-ce qu'en réalité, il avait aussi un côté doux ? Je n'aimais pas, ne pas réussir à comprendre, alors quand ça arrivait, je me montrais froide comme ce soir. « J'serais invité? » - « Non » répondis-je aussitôt en essayant de masquer le fait que son verre m'avait brûlé la gorge. Je ne voudrais pas de lui à mon mariage, qu'est-ce qu'il ferait à mes demoiselles d'honneur ? Et puis... le mariage, je ne savais pas quand il allait avoir lieu. « Cela dit pour l'enterrement d'ta vie de gamine, n’hésite pas. J'ai déjà le costume. » - « Tu te vends maintenant ? » Je ne savais pas si j'avais envie de rire ou pleurer. « L'idée de te voir te trémousser devant moi me file la gerbe Cooper. » Et je pesais mes mots. Bon et d'ailleurs, qu'est-ce que je faisais encore ici ? Je rassemblais mes affaires, je n'allais pas pouvoir rester plus longtemps. « Ça suffit pour ce soir. » Je tournais le regard vers le barman qui venait de refuser son dernier verre à Clay. « Elle se porte garante de ma.... docilité. » Je haussais les sourcils avant de faire non de la tête. « Je n'ai rien à voir avec lui. Et je serais à votre place, je ne lui donnerais pas d'autre verre... Il ressemble déjà trop à un alcoolique là... » Petite grimace et j'allumais mon portable pour me réserver un taxi.

Cooper était ivre et avait donc le don de me rendre détestable. Je n'étais pas dans mon assiette à cette soirée. J'étais fiancée et me faire draguer de la sorte avait tendance à me gêner. Surtout que Clay était assez lourdingue, il faut dire ce qui est. Cet homme m'avait toujours impressionné de part sa carrure et sa profession. Un policier qui travaille dans le secteur de la drogue pour une droguée... tout de suite, il y a le signal alerte qui se met en route. Bien que je sois clean aujourd'hui, je n'ai jamais vraiment parlé avec Clay, jamais sympathisé, alors ça n'aidait pas à l'apprécier. Surtout que là, il était en train de se vendre pour faire le chippendale à mon enterrement de vie de jeune fille. Le dégoût devait se lire sur mon visage quand je ripostais en lui disant que j'avais envie d'en vomir juste en y pensant. Il ne répondait pas et ne semblait pas percuter et ce n'était pas plus mal. Je ne pensais pas tellement au fait que je pouvais être blessante par moment et un jour, ça allait se retourner contre moi. Le jeune homme semblait ne pas vouloir partir, demandant un nouveau verre qui lui était refusé par le barman. Peut-être qu'il comptait sur moi pour faire changer d'avis le serveur, mais non. Je comptais bien partir et rentrer chez moi. Sauf que la pique que je venais de lancer ne passer par du tout. « Un autre » Je fronce les sourcils en regardant la scène. Cooper saisit le bras du barman avec force, prenant au dépourvu le jeune homme et attirant l'attention de tout le monde. « Un autre » - « Clay, s'il te plait... » que je demandais en m’arrachant de lui et en posant ma main sur la sienne, celle qui avait agrippé le mec derrière le bar. « J'ai dit un autre. » et mon autre main venait se poser sur l'autre main de Clay pour qu'il évite de faire quelque chose de mal. Ok, la situation était en train de déraper et en partie à cause de moi. Great. Je ne pouvais pas partir, parce que j'aimais pas partir comme ça, surtout avec ce que j'avais sous les yeux. Peu importe le fait que je ne portais pas Clay dans mon cœur, il était ivre et je ne voulais pas que ça parte en cacahuète. « Assise » me grogne sèchement Clay en se tournant finalement vers moi. Je fronçais les sourcils en le regardant, le lâchant. « Ne me parle pas comme ça Cooper » répondis-je en restant calme. Je ne suis pas son larbin. « On s'en va... Je te ramène chez toi » que je sifflais en tirant sur son poignet pour qu'il se bouge.