J'arrive. SMS à peine envoyé qu'Eliot était sans aucune hésitation sorti de sa chambre d'hôtel, non sans déposer un baiser d'au revoir à Margot avec comme simple explication "Anja, hôpital, je t'expliquerai". Certes, annoncé de la sorte, la rousse avait toutes les raisons de croire qu'un incident grave était arrivé à la meilleure amie de son petit-ami, et Eliot, trop préoccupé par l'état actuel d'Anja, ne prit guère le temps de rectifier et rassurer son regard inquiet. Après tout, c'était aussi un incident grave, très grave, à en croire le sms. Il ignorait les détails encore, mais n'en désirait pas plus que ça d'un côté, réagissant derechef en jouant l'ami contrôlé et assuré - alors qu'il n'en était rien. Sur le chemin de l'hôpital, il était aussi agité que s'il avait été celui qui avait découvert ce fameux test de grossesse dans la poubelle de Margot et accélérait comme il fallait pour arriver au plus vite à l'hôpital au sud de Vientiane. Cet hôpital qu'il ne pensait pas revoir d'aussitôt. Mais faut croire qu'on le poussait à y passer plus souvent que celui de Boston, mauvais signe pour des vacances, n'est-ce pas ? L'avantage ceci dit était qu'arrivé à destination, Eliot ne perdit pas de temps à tenter de se repérer, il trouva facilement l'accueil et les patients et quand une tête blonde qu'il reconnaissait assez facilement se dévoila dans son champ de vision, il accourut vers elle. « Hey hey hey ! » Qu'il la salua, légèrement essoufflé par sa course effrénée.   « Dis-moi tout alors, t'étais où ? Quand ? C'était qui ? Les infirmières sont venues te voir ? T'as fait un test complet ? Tu vas bien ? » Paniqué, Eliot ? Nooooon. Il enchaînait juste les questions à une vitesse grand V pour s'entraîner au championnat du monde de panique du mec qui découvre que sa presque petite sœur portait peut-être un gosse dans son ventre alors qu'elle n'était encore qu'une simple étudiante et qu'aux dernières nouvelles, la dernière personne avec qui elle avait coïté s'avérait être son meilleur pote, son frère. Nope, pas paniqué, tout va pour le mieux du monde.

panic! at the hospital — La respiration courte, tu courrais jusqu'à l'hôpital tout en envoyant, tant bien que mal, des messages à Eliot pour lui demander de venir. Noora était restée à la chambre d'hôtel de Jaden, beaucoup trop attaquée par l'alcool et autres substances que vous aviez pu prendre la veille, à essayer de comprendre quelle soirée vous aviez bien pu passer. Toi, tu savais toujours pas dans tous les détails ce que vous aviez fait mais ce test de grossesse qui avait trouvé foyer dans ton sac à main t'avais vite alerté. Il était positif. Et s'il était dans ton sac c'était sûrement qu'il y avait une raison non ? T'avais pas envie d'y penser, t'avais pas envie d'y croire. Tu ne pouvais pas être enceinte. Et puis quoi encore. Cela voulait dire que le père serait Elias ou Pluton et dans un cas comme de l'autre, c'était pas possible de les imaginer père même si le second semblait un tant soit peu plus posé que le premier. Bref, tes pas étaient lourds et c'est totalement paniquée (même si  tu te forçais à te contenir) que tu arrivais au comptoir. La nana semblait ne pas bien comprendre l'anglais, ce qui t'énerva encore plus. « Allez chercher une collègue, je sais pas ! » crias-tu en montrant d'autres secrétaires. Enfin, on t'emmena dans le couloir où tu allais devoir attendre pour passer et tu savais que ça allait être interminable. Frénétiquement, ta jambe droite n'arrêtait pas de sauter. Bientôt, tu n'aurais plus d'ongle. Quand soudain, Eliot entra dans ton champ de vision et tu te levas pour aller à sa rencontre. Il t'attaqua avec mille et une questions et tu ne savais même pas par quoi commencer. T'ouvris la bouche et la refermas deux secondes plus tard, ne réalisant toujours pas pourquoi vous étiez ici. Voir ton meilleur ami en totale panique, plus que toi limite, te donnait une bonne baffe. Vous étiez vraiment dans ce couloir pour que t'ailles vérifier si t'étais enceinte, ou non. « J'attends. J'attends qu'on me prenne en charge. » dis-tu en te faisant violence pour ne pas crier et pleurer sous le poids du stress. Qu'est-ce que t'allais foutre d'un enfant à ton âge ? Célibataire en plus. Le combo parfait ouais. Tu voyais d'ores et déjà tes parents être déçus de toi et putain, ça faisait mal rien que d'y penser. « Eliot qu'est-ce que j'ai fait ? » demandas-tu, abattue.

Si Eliot était dans un état de panique, imaginez Anja. Quand bien même, elle semblait moins agitée qu'Eliot, ce dernier la connaissait assez bien que dans sa tête, ça devait être le boxon. A juste titre. Ce n'était pas un incident mineur, sans importance. Loin de là. « Comment ça tu attends qu'on te prenne en charge ? Ils ne sont pas encore venus te voir ? T'attends depuis combien de temps, qu'est-ce qu'ils foutent ? » S'insurgea Eliot, en montant le ton, sur les nerfs, impatient. Il tourna la tête frénétiquement autour d'eux, à la recherche de médecins ou d'infirmières libres sur il pourrait lâcher sa nervosité. A en croire presque qu'il en était père de ce gamin - alors que non, ô grand jamais. Mais lorsqu'il s'agissait de ses proches, il prenait tout pour lui Eliot, il ne prenait jamais rien à la demi-mesure; suffit de voir comment il agissait avec Margot ou Athena. Anja ne faisait pas exception. La voir dans cet état de panique le rendait tout aussi paniqué, quand bien même il était censé jouer le rôle du grand frère calme et contrôlé, il n'y arrivait pas. Ceci dit, la tête abattue d'Anja une fois qu'ils s'étaient isolés dans un coin du couloir eut une tendance à le faire inspirer et expirer, à se forcer à se calmer. Elle avait besoin de lui, d'être rassurée et non d'être encore plus paniquée. Soufflant un bon coup, il se passa la main dans les cheveux avant d'attirer la jeune femme dans ses bras. « Heeey, ça va aller Anja, ça va aller ! » Il n'était pas réellement sûr que "ça va aller" à vrai dire, mais elle semblait à deux doigts de s'effondre, chose qu'il ne voulait pas, en plein milieu de l'hôpital, qui plus est. « Raconte-moi ce qui s'est passé, exactement. Peut-être que c'est juste un foutu malentendu.. » Qu'il proposa, le plus doucement possible une fois l'avoir détachée de ses bras et l'emmener s'asseoir, plus loin, dans la salle d'attendre. Un 'malentendu', oui, espérons-le.